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Communiqué de presse – Publication du Rapport de la Coalition pour le Boycott Académique à l’Université de Genève

En réponse à la publication par l’Université de Genève du Rapport sur le rôle des universités dans le débat publique, la Coalition pour le boycott académique à l’Université de Genève (CBAU), composée par des membres de la Coordination étudiante pour la Palestine de l’Université de Genève (CEP-UNIGE), la Conférence universitaire des associations d’étudiant·e·x·s (CUAE) et le groupe de travail boycott académique du collectif Boycott, Divestment and Sanctions (BDS) Genève, ainsi que par des membres de la communauté de l’UNIGE, publie aujourd’hui un nouveau Rapport.

Ce présent Rapport veut d’abord être une réponse critique au rapport du Comité scientifique de l’Université de Genève (UNIGE) publié en février 2025, ainsi qu’à la deuxième version publiée le 23 mai dernier . Il apporte également de nouveaux arguments — supplémentaires à ceux déjà développés dans le rapport de la CEP-UNIGE du 6 juin 2024 — afin de démontrer la légitimité des demandes étudiantes en comparaison avec l’illégitimité du rapport du Comité scientifique de l’UNIGE.

Face au génocide en cours à Gaza, au système d’apartheid et d’occupation coloniale imposé sur toute la Palestine et aux violations massives des droits humains commis dans la bande de Gaza, les demandes et la mobilisation de la communauté universitaire constituent une réponse légitime, historiquement ancrée et juridiquement fondée. Ces formes d’actions ont démontré leur efficacité dans d’autres contextes et ne peuvent être disqualifiées sous prétexte d’une supposée réserve institutionnelle.

Les universités, en tant qu’institutions publiques, ne peuvent se réfugier derrière une interprétation minimaliste de leurs responsabilités ou instrumentaliser la liberté académique pour éluder leurs obligations. Il est nécessaire de rappeler que le maintien des partenariats avec des universités israéliennes peut non seulement être interprété comme un appui implicite, mais constitue une violation des obligations impératives de droit international. De plus, des responsabilités pénales individuelles pourraient découler de l’article 264 du Code pénal suisse.

Nous ne pouvons donc que rejeter les conclusions du Comité scientifique. Un travail d’évaluation des partenariats institutionnels, ainsi que de la politique d’achat de l’UNIGE, couplé par une suspension au moins temporaire de ces partenariats, comme cela a été suggéré aussi par plusieurs membres du comité scientifique dans leurs commentaires, semble une réponse nécessaire, même si très tardive, aux obligations de l’Université découlant du droit international.

En effet, des démarches comparables à celle du Comité scientifique de l’Université de Genève menées au Mexique, en Irlande, à Lausanne et ailleurs, montrent que des réponses institutionnelles à la hauteur de l’urgence morale et juridique sont non seulement possibles, mais aussi déjà mises en œuvre. Le contraste avec la posture actuelle de l’UNIGE met en évidence un manque de volonté politique, doublé d’une stratégie rhétorique destinée à justifier des décisions prises sans concertation avec la communauté universitaire.

L’usage détourné des concepts de liberté académique et de réserve institutionnelle sert ici de rempart contre des demandes légitimes formulées par la CEP-UNIGE. Ce refus de répondre à une mobilisation démocratique fondée sur des principes éthiques risque de fragiliser durablement la crédibilité de l’institution.

Nous recommandons donc au Rectorat de l’UNIGE de répondre favorablement aux demandes formulées par la CEP-UNIGE, notamment la suspension de toute collaboration avec des universités ou instituts de recherche israéliens ainsi que des activités de normalisation du gouvernement israélien, et une intervention auprès de Swissuniversities qui irait dans la même direction.

Nous recommandons aussi de rétablir un dialogue sérieux et démocratique avec l’ensemble de la communauté universitaire. Ce dialogue devrait notamment s’inscrire dans le cadre de l’Assemblée universitaire, dont les récentes élections, marquées par la victoire des candidat·e·x·s de la CEP- UNIGE, témoignent d’un large consensus autour de ces revendications.

Enfin, dans un contexte international où certaines universités aux États-Unis collaborent avec les autorités pour cibler les étudiant·e·x·s engagé·e·x·s, tandis que d’autres résistent et défendent leurs étudiant·e·x·s et employé·e·x·s, il est impératif que le Rectorat de l’UNIGE mesure l’importance de son rôle. Il lui revient de défendre l’autonomie de l’Université de Genève, de protéger une communauté engagée et prête à assumer ses responsabilités, et de faire de l’université un lieu de courage, de justice et d’intégrité face aux crises mondiales.