Catégories
Actualités Communiqués de presse Politique universitaire

Communiqué de presse – Publication du Rapport de la Coalition pour le Boycott Académique à l’Université de Genève

En réponse à la publication par l’Université de Genève du Rapport sur le rôle des universités dans le débat publique, la Coalition pour le boycott académique à l’Université de Genève (CBAU), composée par des membres de la Coordination étudiante pour la Palestine de l’Université de Genève (CEP-UNIGE), la Conférence universitaire des associations d’étudiant·e·x·s (CUAE) et le groupe de travail boycott académique du collectif Boycott, Divestment and Sanctions (BDS) Genève, ainsi que par des membres de la communauté de l’UNIGE, publie aujourd’hui un nouveau Rapport.

Ce présent Rapport veut d’abord être une réponse critique au rapport du Comité scientifique de l’Université de Genève (UNIGE) publié en février 2025, ainsi qu’à la deuxième version publiée le 23 mai dernier . Il apporte également de nouveaux arguments — supplémentaires à ceux déjà développés dans le rapport de la CEP-UNIGE du 6 juin 2024 — afin de démontrer la légitimité des demandes étudiantes en comparaison avec l’illégitimité du rapport du Comité scientifique de l’UNIGE.

Face au génocide en cours à Gaza, au système d’apartheid et d’occupation coloniale imposé sur toute la Palestine et aux violations massives des droits humains commis dans la bande de Gaza, les demandes et la mobilisation de la communauté universitaire constituent une réponse légitime, historiquement ancrée et juridiquement fondée. Ces formes d’actions ont démontré leur efficacité dans d’autres contextes et ne peuvent être disqualifiées sous prétexte d’une supposée réserve institutionnelle.

Les universités, en tant qu’institutions publiques, ne peuvent se réfugier derrière une interprétation minimaliste de leurs responsabilités ou instrumentaliser la liberté académique pour éluder leurs obligations. Il est nécessaire de rappeler que le maintien des partenariats avec des universités israéliennes peut non seulement être interprété comme un appui implicite, mais constitue une violation des obligations impératives de droit international. De plus, des responsabilités pénales individuelles pourraient découler de l’article 264 du Code pénal suisse.

Nous ne pouvons donc que rejeter les conclusions du Comité scientifique. Un travail d’évaluation des partenariats institutionnels, ainsi que de la politique d’achat de l’UNIGE, couplé par une suspension au moins temporaire de ces partenariats, comme cela a été suggéré aussi par plusieurs membres du comité scientifique dans leurs commentaires, semble une réponse nécessaire, même si très tardive, aux obligations de l’Université découlant du droit international.

En effet, des démarches comparables à celle du Comité scientifique de l’Université de Genève menées au Mexique, en Irlande, à Lausanne et ailleurs, montrent que des réponses institutionnelles à la hauteur de l’urgence morale et juridique sont non seulement possibles, mais aussi déjà mises en œuvre. Le contraste avec la posture actuelle de l’UNIGE met en évidence un manque de volonté politique, doublé d’une stratégie rhétorique destinée à justifier des décisions prises sans concertation avec la communauté universitaire.

L’usage détourné des concepts de liberté académique et de réserve institutionnelle sert ici de rempart contre des demandes légitimes formulées par la CEP-UNIGE. Ce refus de répondre à une mobilisation démocratique fondée sur des principes éthiques risque de fragiliser durablement la crédibilité de l’institution.

Nous recommandons donc au Rectorat de l’UNIGE de répondre favorablement aux demandes formulées par la CEP-UNIGE, notamment la suspension de toute collaboration avec des universités ou instituts de recherche israéliens ainsi que des activités de normalisation du gouvernement israélien, et une intervention auprès de Swissuniversities qui irait dans la même direction.

Nous recommandons aussi de rétablir un dialogue sérieux et démocratique avec l’ensemble de la communauté universitaire. Ce dialogue devrait notamment s’inscrire dans le cadre de l’Assemblée universitaire, dont les récentes élections, marquées par la victoire des candidat·e·x·s de la CEP- UNIGE, témoignent d’un large consensus autour de ces revendications.

Enfin, dans un contexte international où certaines universités aux États-Unis collaborent avec les autorités pour cibler les étudiant·e·x·s engagé·e·x·s, tandis que d’autres résistent et défendent leurs étudiant·e·x·s et employé·e·x·s, il est impératif que le Rectorat de l’UNIGE mesure l’importance de son rôle. Il lui revient de défendre l’autonomie de l’Université de Genève, de protéger une communauté engagée et prête à assumer ses responsabilités, et de faire de l’université un lieu de courage, de justice et d’intégrité face aux crises mondiales.

Catégories
Activités Actualités Conférences

Lundi 12 mai à 18h30 – Town Hall Meeting organisé par la CUAE

En un an au Rectorat, Audrey Leuba n’a fait qu’enchaîner les scandales : arrestation de 50 étudiant.e.x.s dans les locaux de l’université, plagiat dans le rapport du Comité Scientifique, contrôles d’identités à l’entrée des bâtiments, emails abusifs envoyés à l’entièreté de la communauté universitaire, et tellement d’autres choses.
Après l’annulation du “Town Hall Meeting” organisé par le rectorat, le rendez-vous pour un vrai débat démocratique à partir de 3 textes différents, sera lundi 12 mai à 18h30 en U600. Venez pour faire le bilan d’un an de ce nouveau Rectorat, discuter de la démocratie au sein de l’Université de Genève, et de la place de cette institution au sein des débats de société.

Avec la présence d’étudiant.e.x.s, de membres du corps intermédiaire, de professeur.e.x.s, et du Collectif pour la liberté académique, la démocratie et la solidarité !

Catégories
Activités Actualités

Offre d’emploi – secrétaire permanent.e.x – 40%

La Conférence Universitaire des Associations d’Étudiant.e.x.s (CUAE) cherche un.e.x secrétaire permanente.x à 40%. Entrée en fonction: 1er août 2025 (ou à convenir).

Profil souhaité :


– Être étudiant.e.x immatriculé.e.x à l’université de Genève ;
– Être disponible pour deux ans au minimum ;
– Avoir une bonne expérience des milieux associatifs de l’université ;
– Aisance orale et communicationnelle nécessaire ;
– Être motivé.e.x par les activités politiques et syndicales de la CUAE ;
– Être en accord avec les valeurs de la CUAE (cf. les statuts) ;
– Être à l’aise avec les outils informatiques courants ;
– Être très disponible (horaires irréguliers, souvent le soir) ;
– Capacité à travailler de façon autonome et en équipe ; avec deux autres secrétaires permanent.e.x.s et en coordination avec le comité de l’association ;
– Des connaissances d’autres langues que le français seront valorisées ;
– Des bonnes connaissances des institutions académiques genevoises sont un sérieux atout ;
– La connaissance et/ou l’intérêt pour les réseaux associatifs et militants de Genève sont fortement valorisés.

Les secrétaires permanent.e.x.s sont chargé.e.x.s de tenir des permanences d’aide aux étudiant.e.x.s, d’assurer le fonctionnement quotidien de l’association, et d’apporter un soutien aux projets en cours.

Vous trouverez plus d’infos sur les activités de l’association sur notre site internet: www.cuae.ch

Pour toute question ou renseignement nécessaire sur le poste, n’hésitez pas à nous solliciter.

Les dossiers (lettre de motivation + CV) sont à envoyer jusqu’au 17 mai 2025 à l’attention d’Emiliano Zanelli :

par e-mail à cuae@unige.ch ou par voie postale à :
CUAE – c/o Uni Mail, 40 boulevard du Pont-d’Arve – 1205 GENÈVE

———

Catégories
Actualités Communiqués de presse

Communiqué de presse de la CUAE : « Effectivement, ça tombe mal »

Audrey Leuba (2025, April 9) Audrey Leuba promet que des mesures « seront prises »
https://www.lemanbleu.ch/fr/Actualites/Geneve/Plagiat-a-l-UNIGE- Audrey-Leuba-promet-que-des-mesures-seront-prises.html

La CUAE, syndicat étudiant et faîtière des associations d’étudiant.e.x.s de l’Université de Genève, a convoqué une conférence de presse aujourd’hui, mercredi 16 avril 2025, suite à une accumulation d’événements depuis plusieurs semaines, voire depuis l’entrée en poste d’Audrey Leuba et du Rectorat, le 1er avril 2024.

Le 4 avril dernier, le quotidien Le Courrier a dénoncé un plagiat dans le rapport du comité dit « scientifique ». Suite à cette annonce, le Rectorat de l’Université de Genève a communiqué et pris position publiquement en minimisant l’ampleur du problème, comme dans l’intervention d’Audrey Leuba le 9 avril sur le plateau de Léman Bleu (cf. citation dans le titre). Par ailleurs, elle refuse de reconnaître sa responsabilité et se dédouane complètement, alors même qu’un membre du Rectorat, Édouard Gentaz, est membre du comité scientifique depuis sa création en mai 2024. De plus, les conséquences évoquées à l’heure actuelle par le Rectorat ne sont pas adéquates : à la place de retirer le rapport et d’entamer un réel processus démocratique, le Rectorat prévoit quelques modifications au niveau de la bibliographie, ainsi qu’un changement de présidence du comité en question. A titre de comparaison, un.e.x étudiant.e.x qui commettrait le même plagiat serait convoqué par le Conseil de discipline de l’UNIGE et risquerait d’être exclu.e.x dans de courts délais.

Cependant, comme la CUAE l’a déjà exprimé dans un communiqué précédent, le problème n’est pas seulement le rapport publié le 10 mars dernier mais bien l’existence même de ce comité non-scientifique : les membres de cet organe, créé par et pour le Rectorat, ont été cooptés informellement tandis que d’autres ont été écarté.e.x.s arbitrairement. De plus, le questionnement de départ, à savoir « Le rôle des universités dans le débat public », ne répond pas aux demandes de la mobilisation du printemps 2024, initiée par les étudiant.e.x.s puis rapidement soutenue par les corps intermédiaire et professoral.

L’UNIGE, ne saisissant pas la gravité de la situation, n’est pas à même de répondre aux besoins et aux demandes de la communauté universitaire. Le mécontentement grandit, et ce non seulement parmi les étudiant.e.x.s, mais aussi au sein de tous les autres corps et de toutes les autres instances de l’université. Pour toutes ces raisons, la CUAE a décidé de se charger de l’organisation du prochain Town Hall Meeting, le 12 mai prochain à 18h30 à Uni Dufour, en U600. Cette soirée sera l’occasion de présenter un contre rapport qui est en train d’être rédigé par des étudiant.e.x.s et qui répond vraiment aux questions soulevées lors de l’occupation d’UniMail – et plus généralement par les mobilisations au niveau international – mais également de recentrer la discussion sur la question de fond soulevée depuis le printemps 2024 : comment le Rectorat actuel gouverne-t-il l’Université de Genève ?

La CUAE convie toute la communauté universitaire y compris le Rectorat, ainsi que les membres de la Cité, au Town Hall Meeting lundi 12 mai 2025 à 18h30 en U600 (Uni Dufour). Elle vous invite également à rester attentif.ve.x.s aux prochains événements, de potentielles futures mobilisations étant à prévoir.

Le comité de la CUAE

Catégories
Activités Actualités Communiqués de presse

Communiqué de presse de la CUAE concernant le plagiat du comité scientifique

Pendant l’écriture de ce communiqué, l’UNIGE a annoncé le report du Town Hall meeting prévu le 8 avril (le minimum syndical). 


Le 10 mars 2025, le comité scientifique (ci-après : le comité) de l’UNIGE a publié son rapport sur le rôle des universités dans le débat public. Ce rapport avait déjà été critiqué par la CUAE pour ses prises de position lâches et dangereuses . Ce vendredi 4 avril, le Courrier a révélé qu’une partie du rapport a été plagiée d’un article de Cécile Laborde, professeure de théorie politique à l’Université d’Oxford. La CUAE dénonce ce plagiat et demande au rectorat de l’UNIGE d’agir rapidement et concrètement. 


Vendredi 4 avril, le Courrier révélait que le rapport du comité plagiait l’article de la Professeure Laborde sorti en octobre 2024 “Sur le positionnement politique des universités”. En lisant l’article du Courrier et l’article de la Prof. Laborde, il devient évident qu’il ne s’agit pas d’un simple oubli de la part du comité : il est impossible de nier le plagiat. En effet, la revendication phare du comité, soit la réserve institutionnelle, est construite de toute pièce sur l’article de la Prof. Laborde, souvent repris mot par mot, sans que cette dernière ne soit jamais citée (et ce sur plus de quatre pages), pas même dans la bibliographie. 


Ce plagiat démontre un manque de scientificité flagrant de la part du comité et l’absence totale de remise en question et de confrontation d’idées de la part de ses membres. De plus, ce que Cécile Laborde propose comme des potentielles pistes de réflexions, est présenté dans le rapport comme des faits. Finalement, le comité ne met pas en opposition les conclusions de Laborde avec d’autres travaux scientifiques et choisit uniquement les passages de l’article de cette dernière qui l’arrangent. Il n’y a rien de scientifique dans une telle démarche.


Dès lors, ce plagiat ne fait que dévoiler la vraie nature de ce rapport et du comité lui-même. Dès la naissance du comité, il était clair que sa fonction était d’empêcher l’existence d’un réel débat démocratique au sein de l’Université. Les interrogations et revendications de la CEP n’ont pas pu être réellement discutées avec les membres de la communauté universitaire (dont le Rectorat) mais ont été remplacées par des discussions stériles au sein d’un comité dont les membres ont été choisi.e.x.s par pure cooptation et écarté.e.x.s par pur arbitraire, contre toute démarche démocratique.


En effet, l’enjeu primordial de ce scandale est le lien entre scientificité et démocratie. Seulement une vraie discussion, une qui ne craint pas d’aborder les questions qui nous sont posées et de maintenir la recherche de la vérité comme but premier, pourrait déboucher dans un travail scientifique qui répond aux exigences de rigueur et d’intégrité. Dès lors, il n’est pas étonnant que le résultat d’un débat apprivoisé et pre-mâché ne soit rien d’autre qu’un plagiat grossier, comme cela vient d’être démontré.


La portée de ce scandale ne peut pas et ne doit pas être réduite à une simple question de plagiat – il s’agit ici d’un enjeu démocratique. Débattre sérieusement ce texte serait un insulte au travail quotidien sérieux des membres de la communauté universitaire. Continuer de se taire face aux revendications des étudiant.e.x.s mobilisé.e.x.s signifierait exacerber la crise démocratique que l’on vit à l’Université de Genève depuis désormais plusieurs années.


Pour toute ces raisons, la CUAE demande donc au Rectorat de l’UNIGE :

– l’annulation du Town Hall Meeting prévu pour le mardi 8 avril 2025 ;

– la dissolution du comité scientifique et le retrait du rapport ;

– l’ouverture d’un vrai débat démocratique au sein de l’UNIGE par le biais d’une réponse aux revendications de la Coordination Étudiante pour la Palestine.


La CUAE demande en outre aux membres du comité de démissioner et à toutes les composantes de la communauté universitaire de se désolidariser du rapport du comité et d’admettre l’existence d’un plagiat. 


Finalement, afin de stimuler le débat qui est nécessaire à cette communauté et que le Rectorat refuse toujours d’ouvrir, la CUAE invite l’Université et la Cité à participer à la discussion autour de nouveau livre du Prof. Joseph Daher qui aura lieu demain, mardi 8 avril.

Catégories
Activités Actualités Résumé du mois

Résumé du mois de mars 2025

Nous avons fait pleins de choses super chouettes en ce mars 2025 !

 
Le mois de mars 2025 est le mois de la publication du rapport du comité scientifique sur “le rôle de l’université dans le débat public.” Un rapport vide qui passe à côté des questions réellement posées par la mobilisation des étudiant.e.x.s et de la communauté universitaire et qui promeut le concept de la “réserve institutionnelle” – concept plagié, comme on l’apprendra en début avril 2025. En mars, la CUAE a critiqué ce rapport honteux (ici) et a coorganisé une action dans le hall d’uni mail qui dénonçait la position du rapport sur l’avortement. 

De plus, nous avons repris notre lutte pour des meilleures conditions de logement à la Cité-U. Nous avons entre autres commencé à travailler avec l’ASLOCA, association des locataires afin d’organiser une séance d’information pour les habitant.e.x.s de la Cité-U. 


Aussi, nous avons organisé plein d’évènements intéressants. Le 12 mars, nous avons organisé une bouffe pop’ en collaboration avex l’association des juristes progressistes de l’UniGe et le Nadir, dans le cadre des journées d’action contre le racisme et les violences policières.

Le 13 mars, la CUAE a organisé une table ronde autour des manifestations et révoltes en Serbie en cours, pour discuter de la situation avec des étudiant.e.x.s impliqué.e.x.s dans cette énorme mobilisation.

Toujours dans le cadre des journées d’action contre le racisme et les violences policières, le 20 mars on a organisé avec le Nadir la projection du film “L’histoire de Souleymane“.

Le 26 mars, nous avons co-organisé avec la Coordination Etudiante pour la Palestine et le Collectif Urgence Palestine la conférence « Apartheid, Genocide and the ethnic cleansing of Palestinians », évènement qui nous a montré une nouvelle fois l’importance de parler de ces thèmes au sein de l’université. 
Un belle nouvelle que nous avons apprise en mars, c’est que le nouveau règlement du CIDE (Centre interfacultaire des droits de l’enfant) prévoit la présence d’un.e.x étudiant.e.x dans la commission d’opposition (RIO) – une première petite victoire dans notre combat pour des commissions d’oppositions plus justes et pour plus de démocratie à l’uni.


Parmi les autres dossiers qui nous ont occupé en mars on peut compter la préparation des élections de l’assemblée universitaire, auxquelles la CUAE participera à travers la Liste les associations; la mobilisation contre l’installation d’un buste de Carl Vogt devant le Bâtiment d’Uni-Bastions, pour laquelle nous avons collaboré avec l’AEL et l’AET; la question du changement des civilités d’usage pour les employé.e.x.s de l’UNIGE; la réforme des collèges à Genève qui prévoyait une réduction des cours d’histoire et de géographie. Par ailleurs, nous avons continué à travailler à la mise en place d’un système de fonctionnement de la MOBI, nouvel espace pour les étudiant.e.x.s à Unimail qui est maintenant accessible pour des réunions, tout en n’étant pas convaincu.e.x.s de son mode de fonctionnement.
De plus, la CUAE a continué ses réunions régulières avec le rectorat et les faîtières facultaires, et sa collaboration avec le nouveau syndicat des HES-SO, tout comme avec l’UNES, faîtière suisse. 


Dans le cadre de la préparation de l’agenda-guide 2025-2026, nous avons aussi décidé de refaire entièrement la structure du guide de l’étudiant.e.x.s de la CUAE pour le rendre encore plus super et possiblement accessible en anglais. Rejouissez-vous donc de l’agenda-guide 2025-2026 ! 

Catégories
Activités Actualités Communiqués de presse

Rapport du comité scientifique de l’UNIGE : la neutralité ou comment choisir le camp de l’oppresseur et éliminer la contestation.

Un texte écrit par la CUAE le 17 mars 2025, retrouvable sur cuae.ch

Après un travail acharné de près d’un an (11 réunions de 2h environ étalées sur plus de 10 mois), le comité scientifique chargé de répondre à la question globale du “rôle des universités dans le débat public” a sorti son rapport. Vu combien cette dernière phrase veut tout et rien dire, on s’est ditexs à la CUAE que ça pouvait être chouette d’expliquer ce qu’était le comité scientifique, que disait son rapport et pourquoi ce rapport était dangereux (et nul).


1) C’est quoi le comité scientifique ? Qui est dedans ?

Le comité scientifique est un comité qui a été (habilement) créé par le Rectorat le 6 mai, soit un jour avant l’occupation en solidarité au peuple palestinien et contre le génocide en cours à Gaza (ci-après : occup de la CEP[1]). En effet, il a été créé en réponse aux différentes mobilisations étudiantes en soutien à la Palestine en Suisse et ailleurs. Le comité avait comme mandat de répondre à la question “est-ce que les universités peuvent se positionner dans le débat public et notamment sur des thématiques ou des sujets clivants pour leur communauté ?”. Le comité devait par ailleurs se positionner concernant le potentiel arrêt de collaboration avec certaines universités, dans le cas où elles ne respectent pas certains principes[2]. Notamment si elles enfreignent le droit international ou sont complices avec des crimes contre l’humanité ou des génocides. Le rapport ne répond pas à ces questions.

Une chose est à noter, toutes les personnes siégeant maintenant dans ce comité ont été cooptées par son président, Frédéric Esposito. Ce choix a été uniquement en raison de relations interpersonnelles. L’UNIGE ne s’est ici absolument pas cachée d’un déni total de démocratie.

Le 8 mai 2024, soit au lendemain du début de l’occup de la CEP, ce dernier a proposé à des membres de la CEP de rejoindre le comité. Le but était (supposément) de donner aux étudiant.e.x.s mobilisé.e.x.s pour la Palestine une voix dans les travaux du comité[3]. Néanmoins, ces dernier.ère.x.s ont été exclu.e.x.s du comité scientifique après que la CEP ait décidé de continuer à dormir à UniMail. La CEP avait décidé de continuer à dormir dans l’uni pour maintenir un rapport de force avec cette dernière – en réponse, elle a jeté la CEP hors de toute discussion avec l’institution. Non seulement les étudiant.e.x.s ne pouvaient plus discuter avec le comité scientifique, mais on leur refusait toute autre discussion avec l’institution – avec comme excuse que les discussions pertinentes  avaient lieu au sein du comité. Dès lors, la CEP n’avait plus de canal de discussion directe avec l’uni. Finalement, la contestation étudiante s’est éteinte en une plainte pénale de la rectrice. La police est arrivée et a délogé les étudiant.e.x.s le 14 mai 2024.

L’exclusion de la CEP a marqué la fin de toute contestation au sein du comité scientifique. Même au sein de cet organe ne servant qu’à légitimer les actions de l’UNIGE, la contestation et le débat sont étouffés. De plus, dans la version finale du rapport on voit qu’une majorité des membres du comité scientifique qui sont à l’UNIGE sont en désaccord avec les conclusions. Néanmoins, leurs opinions sont considérées comme minoritaire et la voix de personnes externes à l’UNIGE[4] est plus écoutée. Vive la démocratie.

Finalement, le rapport écrit par la CEP sur la question des collaborations avec le unis israéliennes, n’est pas cité du tout[5].  Vive la démocratie.

Pour plus d’informations concernant le comité scientifique et son implication dans l’occup de la CEP, voir notre texte “Unige complice, rien ne change”[6].


2) Que dit le rapport ?

Pour vous éviter la lecture de 35 pages vraiment pas du tout du tout intéressantes, on vous propose ici un résumé de ce que dit le comité scientifique.

Le rapport commence par une introduction puis continue avec les recommandations du comité scientifique. Ces recommandations sont centrales dans la prise de position du comité scientifique, nous les détaillerons donc plus dans la partie 3 de ce texte.

Après plusieurs paragraphes de justifications hasardeuses (voire éclatées au sol) – notamment sur comment l’université a été créée au Moyen-Âge et sur un texte fumeux des années soixantes, le tout sans mention de l’évolution que les universités ont vécues depuis mai 68 – nous arrivons à la partie centrale du rapport. 

À la suite des recommandations, le rapport définit plusieurs notions. Il définit :

  • la liberté d’expression à l’université : comme étant la possibilité de s’exprimer sur le sujet qui nous semble pertinent même si cela heurte/choque/inquiète une “fraction quelconque de la population”. Il faut néanmoins garantir la sérénité des membres de la communauté. (si vous trouvez ça paradoxal c’est parce que ça l’est) ;
  • la liberté académique : comme visant à garantir à chacun.e.x des membres de la communauté la possibilité de faire ces activités sans pression indue externe ou interne à l’université ;
  • la neutralité institutionnelle : comme étant un principe permettant à la fois de préserver les missions académiques de l’université tout en permettant une liberté d’expression large à ses membres ;
  • la réserve institutionnelle : comme étant une alternative souhaitable à la neutralité institutionnelle. En effet, elle permet d’éviter (par un simple changement de nom) les arguments des opposant.e.x.s au terme “neutralité”.

Ces définitions nous montrent une chose : le comité scientifique ne cherche qu’à légitimer les politiques actuelles de l’UNIGE et assurer que l’UNIGE puisse continuer à survivre malgré une ambiance de panique morale[7]. En effet, la liberté d’expression est faite pour protéger la liberté des minorités et des opprimé.e.x.s de s’exprimer sans craindre la répression. Dans une uni où on ne peut pas dénoncer des conférences transphobes ou un état génocidaire sans avoir une plainte pénale au cul, il est incohérent et dangereux de dire que l’uni se doit d’être neutre pour protéger la liberté d’expression de chacun.e.x.

Cela revient alors toujours à la même chose, les dominants peuvent s’exprimer, pendant que les autres se font arrêter par la police ou subissent d’autres formes de répression. Autoriser les discours haineux et dangereux pour protéger un supposé vivre-ensemble[8] qui ne fait que mettre en péril les opinions minoritaires. Faire croire que la neutralité permet l’expression libre alors que celle-ci permet uniquement l’expression des dominants.

La neutralité n’existe pas. Traiter indifféremment les dominants et les opprimé.e.x.s est au mieux un désintérêt de l’émancipation des second.e.x.s, et au pire des excuses pour dissimuler un soutien au premier. Si on pousse la logique de l’objectivité jusqu’au bout, alors devrait-on accorder autant d’importance à la voix des colons qu’à celle des colonisé.e.x.s? Il y a quelques années, dans un exercice d’un cours sur le genre et l’histoire à l’UNIGE, c’est exactement ce qui était demandé : se mettre dans la peau d’un pro-esclavagiste et d’une personne esclavagisée.

On vous laissera analyser vous-même les passages les plus cringe qui témoignent de l’ambiance de boomer qui devait régner lors de la rédaction de ce rapport. On prendra pour exemple le fait que nous vivions supposément dans une époque de polarisation à cause de TikTok ou le fait que l’uni devrait être un brave space et non un safe space[9].

À la fin du rapport se trouvent plusieurs petites parties sur les sujets suivants : la suspension des accords de collaboration et la place du service à la cité à l’UNIGE. Ici le comité scientifique justifie ses recommandations via des écrans de fumée de rhétorique.


3) Les recommandations du comité scientifique

Le comité scientifique donne plusieurs recommandations à l’UNIGE. Elles sont mentionnées au début du rapport et rappelées dans sa conclusion. Pour faciliter la compréhension du texte, on les a regroupés en deux parties : celles inutiles et celles dangereuses.

a) Les recommandations inutiles

Dans cette première partie, nous parlerons des conclusions suivantes :

  • améliorer la diffusion et l’appropriation de la Charte ;
  • harmoniser l’évaluation éthique des recherches ;
  • arrêter d’utiliser la terminologie actuelle de l’université “partenariat stratégique”[10] pour éviter toute confusion ou récupération politique.

Ce que propose en somme le comité scientifique c’est de garantir que les membres de la communauté lisent mieux la Charte d’éthique, que l’UNIGE ait un outil plus simple et transparent pour juger l’éthique d’un projet et de cacher l’existence matérielle des partenariats stratégiques pour éviter que l’on voit qu’ils ont effectivement un poids économique, politique, académique et symbolique.

Ces recommandations ne sont pas réellement inutiles. En tant que membres de la communauté universitaire, elles ne risquent pas de changer notre quotidien. En tant qu’étudiant.e.x, on devra sûrement suivre un MOOC[11] sur la Charte d’éthique au début de nos études ou la réciter tous les matins la main sur le cœur. En tant que collaborateur.ice.x, on devra sûrement signer une feuille garantissant qu’on respecte la Charte lorsqu’on fait de la recherche[12]. Derrière ces modifications futiles se cache une seule utilité : protéger l’UNIGE. En effet, si une personne va à l’encontre de la Charte[13], l’UNIGE pourra se dédouaner en disant “oui mais on lui a fait signer la Charte”. Ainsi, l’UNIGE n’a plus à prendre ses responsabilités et individualise tout problème. Ainsi, si un.e.x chercheur.euse.x fait une étude en collaboration avec un État génocidaire, l’UNIGE n’aurait rien à se reprocher. Si un.e.x chercheur.euse.x se fait attaquer car il critique trop une entreprise ou un Etat, l’UNIGE ne le.a défend pas et répète juste en boucle qu’elle n’a rien fait de mal. Elle lui avait demandé de signer la Charte.

b) Les recommandations dangereuses

Dans cette seconde partie, nous parlerons des recommandations suivantes :

  • le devoir de “réserve” institutionnelle de l’UNIGE. Cette “réserve” institutionnelle serait censée garantir la liberté d’expression et académique ;
  • la préservation des accords de collaboration et des partenariats scientifiques ;
  • la clarification de l’affection et de l’utilisation des locaux de l’Université.

Concernant la notion de “réserve” institutionnelle, nous avons déjà introduit notre avis plus haut[14]. En gros, le comité scientifique nous dit que si l’uni ne dit rien, les membres de l’uni pourraient dire plus. L’UNIGE ne pourrait pas prendre position sur plusieurs avis[15] et cela permettrait à ses membres de débattre et analyser tranquillement – tout en ne prenant pas position.

Or il reviendrait à nier le travail de milliers de collaborateur.ice.x.s que dire que l’uni ne prend pas position. Faire une recherche sur la dangerosité de l’illégalité de l’avortement et sur le fait que ce dernier existe indépendamment de sa légalité, c’est prendre position. Faire une recherche sur les infractions du droit international de la Russie, c’est prendre position. Faire de la recherche, c’est prendre position. Le comité scientifique nous dit qu’en ne prenant pas position, on peut favoriser le débat et l’analyse. Mais le débat et l’analyse n’existent pas dans une réalité abstraite sans rapports de pouvoir et société, ils existent ici et maintenant. Quand on débat, on prend position. Dire le contraire est dangereux et empêche aux membres de la communauté universitaire de mener à bien leurs recherches et de se positionner dans un monde toujours plus réfractaire aux positions critiques (positions que l’uni se devrait de préserver).

En outre, cette pseudo-neutralité est un miroir de la fascisation et du conservatisme croissant que nous traversons ces dernières années en Europe et Amérique du Nord. En effet, en ne prenant pas position de façon indépendante sur des sujets d’actualité où l’université est supposée “experte”[16], elle se plie au discours hégémonique, soit celui des dominants. Dans un monde où les politiques se droitisent, où les parlementaires coupent les budgets de l’éducation[17] et augmentent ceux de l’armée[18], où les médias sont dans les mains de quelques milliardaires réactionnaires[19] et où l’extrême-droite est de plus en plus normalisée, les espaces de production de savoir critique doivent être préservés. En se positionnant comme chevaliers de la neutralité, le comité scientifique fait tout le contraire : il abandonne l’indépendance de l’uni au profit de politiques néolibérales, réactionnaires et anti-intellectualistes[20]. Par exemple, dire que l’UNIGE ne peut pas se positionner quant à la légalité de l’avortement, c’est ouvrir les portes aux atttaques contre ce droit fondamental.

La position du comité scientifique peut donc se résumer à deux mots : lâche mais surtout dangereuse[21].


4) La suite

Maintenant, le rectorat va devoir prendre position sur le rapport du comité scientifique et ce après une “consultation” des membres de sa communauté. Cette consultation prendra plusieurs formes, notamment l’organisationun énième town hall[22] (soit une conférence avec un nom chelou) et une discussion à l’assemblée universitaire, organe pseudo-démocratique où siège 20 profs, 10 étudiant.e.x.s, 10 membres du CCER et 5 membres du personnel administratif et technique (PAT)[23].

De notre côté, nous continuons notre mobilisation pour les droits des étudiant.e.x.s. Restez à l’affût <3.

« Rester neutre face à l’injustice, c’est choisir le camp de l’oppresseur. »

Desmond Tutu

[1] Coordination Étudiante pour la Palestine

[2] et ce sachant qu’un comité d’éthique et de déontologie existe déjà à l’UNIGE. On ne connaît néanmoins pas son travail car ses rapports ne sont pas publics.

[3] Habilement, cela permettait aux étudiant.e.x.s de parler avec des représentant.e.x.s de l’UNIGE en n’ayant jamais à parler avec celleux qui ont réellement le pouvoir : la rectrice.

[4] Isabelle Falconnier, Martine Brunschwig Graf, Pierre Hazan, Ruth Dreifuss.

[5] https://cuae.ch/wp-content/uploads/2024/06/rapport-CEP-UNIGE-20240606.pdf

[6] disponible sur cuae.ch

[7] expliqué très bien dans le livre de Francis Dupuis-Déri: “Panique à l’université : rectitude politique, wokes et autres menaces imaginaires”.

[8] le vivre-ensemble est une des priorités du rectorat actuel.

[9] Apparemment, l’uni devrait être un lieu où on peut dire ce qu’on veut sans se sentir ostracisés et non un safe space soit un lieu où les idées dérangeantes devraient être évitées. On a là une nouvelle preuve que le comité scientifique utilise des termes qu’il ne comprend pas – le terme safe space étant généralement utiliser pour décrire un espace où on peut s’exprimer d’une façon safe, soit sans craindre la reproduction d’oppression systémique ou de jugement car on appartient à une minorité. Si on en croit le comité scientifique, un brave space serait donc un espace où on peut s’exprimer librement sans prendre en compte les oppressions systémiques de notre société (racisme, sexisme, transphobie, classisme, etc.) et où donc finalement les mecs blancs hétéro-cis (si possible de plus de 60 ans) peuvent continuer à dire ce qu’ils veulent sans avoir peur de la moindre répercussion. Et si on les contredit, on est méchants et on ne comprend pas leurs émotions. C’est le boss final de la cancel culture – on devrait respecter les opinions et sentiments de tout le monde – mais surtout de ceux qui ont déjà du pouvoir. On vous propose d’écouter la musique “Club ouin ouin” de Camion bip bip.

[10] soit un lien académique fort que l’UNIGE a avec huit autres universités

[11] cours en ligne

[12] et ce sachant qu’à l’heure actuelle une telle commission existe déjà (cureg.unige.ch)

[13] ou en tout cas va à l’encontre de ce que considère le rectorat être la Charte – cette dernière étant très floue

[14] cf. partie 2

[15] par exemple “la légalité l’avortement ou de l’euthanasie, la guerre en Ukraine, ou le conflit israélo-palestinien”.

[16] Par ailleurs, nous refusons de croire que les expert.e.x.s sont les détenteur.euse.x.s du savoir tel que construit par notre société mais on a pas le temps d’élaborer beaucoup plus ici. Voir le texte du RC n°51 de la CUAE, “Neutralité mon cul”

[17]https://www.uss.ch/themes/formation-jeunesse/detail/luss-condamne-les-mesures-deconomies-irresponsables-dans-le-secteur-de-la-formation-et-de-la-jeunesse

[18]https://www.rts.ch/info/suisse/2024/article/au-terme-d-un-vif-debat-les-chambres-accordent-4-milliards-de-plus-a-l-armee-pour-les-annees-2025-2028-28635986.html

[19] voir documentaire de Off investigation “Les médias de la haine” (https://www.youtube.com/watch?v=Mi5jZcPMQhQ)

[20] En 2023, l’UDC a proposé de supprimer la Faculté de SdS. Le rectorat n’avait pas réagit alors que la CUAE le lui avait demandé.
(voir : https://www.lematin.ch/story/ludc-sattaque-frontalement-a-luniversite-de-geneve-434516784169)

[21] ça fait 4 mots déso

[22] pendant les vacances de Pâques. Donc quand les étudiant.e.x.s ne sont pas là. lolz

[23]on dit pseudo-démocratique car cet organe n’a pas de réel pouvoir décisionnel et ne représente pas la réalité des membres de la communauté universitaire. Si cet organe était réellement représentatif de l’UNIGE, il y aurait 20 profs, 89 membres du CCER, environ 600 étudiant.e.x.s et 62 membres du PAT.

Catégories
Activités Actualités Communiqués de presse

UNIGE complice – rien ne change

Ce texte a été écrit lors de l’été 2024.

À l’arrivée du nouveau rectorat, Leuba et sa team nous ont dit qu’un de leur but était de mettre en avant le « vivre-ensemble ». Or, il n’a même pas fallu attendre deux mois pour se rendre compte que cette rhétorique du vivre-ensemble n’était qu’une façade pour mieux faire passer la répression, la condescendance et la complicité de l’UNIGE. En réalité, le nouveau rectorat est tout aussi condescendant et néolibéral que le dernier (si ce n’est encore plus).

Un des exemples les plus édifiants de tout cela a été l’occupation pour la Palestine qui a eu lieu en printemps 2024.


1)    Petit rappel des faits

Vous l’avez sûrement vu passer, le hall d’UniMail a été occupé ce printemps en solidarité avec le peuple palestinien. Pendant une semaine, des centaines d’étudiant.e.x.s se sont nourri.e.x.s dans le hall, y ont dormi, s’y sont formé.e.x.s et y ont manifesté l’obtention de leurs revendications. Les étudiant.e.x.s étaient soutenu.e.x.s par des assistant.e.x.s (lien lettre assistant.e.x.s), des professeur.e.x.s (lien pétition) et par des personnes issues de la société civile qui ont apporté leur soutien aux occupant.e.x.s en venant sur place, apportant de la nourriture et du matériel, etc. Ce mouvement de contestation était adressé à l’université de Genève (et plus précisément au rectorat, et encore plus précisément à la rectrice). Les étudiant.e.x.s occupaient car iels voulaient que l’université se positionne clairement face au génocide[1] en cours à Gaza. Les revendications étaient très claires : appeler à un cessez-le-feu, dénoncer le génocide, arrêter toute collaboration avec l’État d’Israël et ses universités, accueillir proactivement des palestinien.ne.x.s à l’UNIGE et la transparence des accords entre l’UNIGE et les universités israëliennes[2]. Iels ont ensuite rédigé un rapport expliquant les liens concrets entre l’UNIGE et les universités israéliennes[3].

Si une minorité de ces revendications ont été « entendues », comme la transparence entre l’UNIGE et les université israéliennes ainsi que l’accueil (pas proactif) des gazaouis (et pas des palestinien.ne.x.s) via une structure existant déjà à l’université, leur majorité reste ignorée pour le rectorat. En effet, il estime impossible d’appeler directement à un cessez-le-feu et refuse de stopper toute collaboration avec les universités israéliennes. Au contraire, l’université “soutient les appels des organisations internationales humanitaires tendant à la libération des otages et à un cessez-le-feu afin d’éviter une catastrophe humanitaire” et “[s’]engag[e] sur la voie d’une réflexion sur le rôle des universités dans le débat public notamment en cas de conflits armés” dans sa prise de position concernant la “guerre Israël-Hamas” du 20 mai 2024[4]. Il est d’abord entièrement faux de qualifier de guerre ce qu’il se passe à Gaza depuis le 8 octobre et ce qu’il se passe en Palestine depuis plus de 75 ans (ne serait-ce qu’au regard du droit international). De plus, on voit très clairement que l’université ne veut pas se positionner et utilise des jolis mots et des tournures de phrases alambiquées pour éviter de dire tout simplement : l’université ne se positionnera pas et ce malgré la demande de notre communauté. De plus, les revendications « entendues » ne le sont qu’en surface. En effet, rien n’a encore été mis en place pour réellement accueillir pro-activement des gazaouis.

Dans ce texte, nous allons voir comment et pourquoi l’UNIGE est complice des crimes de guerre de l’état d’Israël mais aussi comment elle a fait pour éteindre de son mieux un mouvement de contestation au sein de ces murs. 

Ici, nous ne reviendrons pas sur les différentes avancées depuis la fin du semestre de printemps 2024.


2)    « Collaborer » ou comment tenter d’éteindre la contestation

Un jour après le début de l’occupation, une petite délégation des occupant.e.x.s ont pu rencontrer en huis clos le vice-recteur Édouard Gentaz ainsi que Fréderic Esposito, responsable du bachelor en relations internationales. Les occupant.e.x.s voulaient pouvoir discuter directement de la mise en place des revendications ainsi que de la forme des négociations. 

Dès leur arrivée à la réunion, la couleur était annoncée : il n’y aurait pas de négociation avec le rectorat. Plutôt, cette même délégation allait rejoindre – à titre provisoire et conditionné – un “comité scientifique”. La participation au comité scientifique allait servir de substitut à la négociation.

Pour revenir au comité scientifique, le rectorat avait (habilement) annoncé un jour avant l’occupation la mise en place d’un “comité scientifique” ayant pour but de réfléchir à la place de l’université dans le débat public, notamment en lien avec la situation à Gaza et “de permettre et d’éclairer les débats par une approche scientifique, en partageant leur exp ertise juridique, politique, historique ou sociologique”. On aurait difficilement réussi à faire plus flou comme but. 

Il y a plusieurs choses à dire concernant ce comité. Tout d’abord, du point de vue purement formel, il est étonnant que le rectorat se permette de créer un comité[5] sans passer par aucune des instances “démocratiques”[6] alors que cela est la procédure usuelle. Sachant que le génocide avait commencé 7 mois auparavant et que l’université a historiquement toujours dû se positionner politiquement, la création de ce comité semblait avoir pour unique but de montrer que l’université faisait quelque chose alors même que la contestation des étudiant.e.x.s était en train de monter dans toute la Suisse et plus largement dans le monde entier.

Autre point formel étonnant, l’appellation “scientifique”. On pourrait questionner (et on va le faire à la fin de cet article[7]) ce qu’est la science et à quel point elle est grandement influencé par la pensée des dominants, mais il est tout bonnement lunaire d’estimer que quelques personnes choisies par cooptation – personnes dans lesquelles figurent notamment l’ancienne conseillère fédérale Ruth Dreifuss, des étudiant.e.x.s suivant les cours du président du comité ainsi que la doyenne de la faculté des Lettres – puissent se targuer de l’appellation “scientifique” concernant les prises de position politique de l’université. Il nous semble plutôt que l’appellation “scientifique” serve ici d’argument de légitimation aux prises de position du rectorat. 

Mais alors, pourquoi ce comité existe ? Étant donné que toutes les “décisions” du comité doivent passer par le rectorat selon ce dernier (c’est entièrement faux[8]) et qu’un vice-recteur siège au sein du comité, ce dernier n’est absolument pas neutre et est entièrement dépendant de la volonté du rectorat. Si le comité disait “nous condamnons le génocide à Gaza”, le rectorat pourrait tout à fait refuser que cela soit la prise de position officielle de l’université et dire autre chose. Cela permet aussi au rectorat d’éviter de dialoguer directement avec les personnes qui contestent sa politique. En effet, alors même que les occupant.e.x.s voulaient rencontrer dès le premier jour la rectrice Audrey Leuba, cette dernière refusait de les rencontrer car, selon elle, les occupant.e.x.s négociait déjà avec le comité scientifique. Cela permettait au rectorat de dire publiquement qu’il débattait avec les occupant.e.x.s, alors qu’en réalité, il refusait toute discussion de fond avec ces dernier.ère.x.s. Ce comité sert donc uniquement au rectorat à se laver les mains et à ne pas prendre ses responsabilités politiques tout en disant que ces mêmes responsabilités ne sont pas politiques mais « scientifiques ». Cette tentative de dépolitisation du politique, présente à toutes les sphères de la société, permet de lisser des décisions anti-démocratiques et oppressantes. En disant qu’un comité « neutre » a pris une décision, le rectorat n’adresse pas l’aspect politique de la décision d’une part et la légitime – de par sa neutralité – de l’autre.

En plus de tout cela, le comité permettait surtout au rectorat de maîtriser le mouvement. Comme dit plus haut, le rectorat avait conditionné la participation des occupant.e.x.s aux « négociations » à certaines conditions. À l’origine, le rectorat conditionnait la participation au comité scientifique à la levée de l’occupation de nuit. Cela revenait en somme à tuer quasiment tout dérangement que l’occupation apportait à l’université. L’occupation comme forme de contestation n’est pas un choix anodin, elle permet de déranger l’espace occupé et donc de montrer physiquement et matériellement un mécontentement. Arrêter l’occupation de nuit revenait à réduire l’occupation à une simple manifestation journalière, chose qui enlevait beaucoup de son sens à cette dernière, d’autant plus qu’elle n’empêchait ni la tenue des cours[9] ni la tenue des activités économiques à l’UNIGE[10].

Heureusement, les occupant.e.x.s ont réussi à s’extirper de ce conditionnement dans un premier temps et à accéder au comité scientifique tout en tenant l’occupation de nuit. Néanmoins, iels n’avait toujours pas accès à une négociation directe avec le rectorat.

Après deux réunions avec le comité scientifique qui ont résulté en quelques promesses en l’air et à un soutien aux appels au cessez-le-feu, les étudiant.e.x.s ont encore une fois refusé de lever l’occupation de nuit après 5 jours d’occupation. Cela a résulté à leur exclusion du comité scientifique et à une diabolisation du mouvement de la part du rectorat. En effet, selon la rectrice, les occupant.e.xs ont à ce moment-là « brisé le dialogue »[11]. En réalité, c’est bien le rectorat qui a brisé le dialogue. Pour être même plus précis.e.x.s, le rectorat n’a même initié aucun dialogue. Au contraire, il a refusé tout dialogue et après 5 jours d’occupation il a activement commencé à tuer le mouvement matériellement et médiatiquement.

En plus de tuer le mouvement, le rectorat a aussi essayé de le calmer en adoptant une attitude infantilisante et nonchalante avec les étudiant.e.x.s participant à l’occupation. Ce dernier a multiplié les interactions informelles tout au long de l’occupation alors que les membres de la CEP avaient exigé un cadre clair de négociation, et ce depuis le début de l’occupation. La venue répétée des membres du rectorat et de leurs sbires collaborateur.ice.x.s avaient pour but de convaincre les étudiant.e.x.s (et ce explicitement) que ces négociations n’étaient pas politiques. Cette personnification et pseudo-humanisation des enjeux politiques invisibilise les dynamiques de pouvoir entre les parties au profit de supposées discussions entre « humains ». Les dominants ne sont considérés plus des vice-recteurs, secrétaires généraux ou directeurs de programmes d’études mais des humains (avec un petit cœur qui bat). Cette stratégie désamorce, lisse et évite d’entrer en conflictualité. La politique laisse place à l’émotion, ce qui rend très compliqué les négociations de fond et délégitime les personnes cherchant à obtenir certaines revendications (ici les étudiant.e.x.s).


 

3) Lisser et infantiliser, ou comment éteindre la contestation

Après avoir définitivement écarté les étudiant.e.x.s de toute négociation, le rectorat a commencé à affaiblir le mouvement à petit feu en prenant des décisions remettant en question le fait que l’université soit un lieu public et en diabolisant explicitement l’occupation via des unilistes[12].

Le soir même de l’exclusion des occupant.e.x.s du comité scientifique, le rectorat a décidé de fermer tous ses bâtiments au public pour des raisons “sécuritaires”. Cette affirmation était choquante pour deux raisons : elle faisait croire que le mouvement était dangereux d’une part et que ce n’était pas le rôle de l’université de maintenir le droit de manifester de sa communauté de l’autre. Or, la CEP a été, tout au long de l’occupation, un mouvement inclusif et pacifique. De plus, c’est le rôle de l’uni de garantir le droit de manifester et non l’inverse. Dire que l’uni doit être fermée “à cause des occupant.e.x.s” n’est qu’une énième volonté d’étouffer un mouvement contestataire. 


Afin de déloger des étudiant.e.x.s, le rectorat a finalement choisi de porter plainte. Il aurait évidemment pu agir autrement. Tout d’abord, il aurait évidemment pu accepter les revendications du mouvement en raison de leur pertinence. Ensuite, il n’était absolument pas nécessaire de porter plainte pour faire partir les manifestant.e.x.s. En effet, le rectorat aurait pu emprunter la voie civile, ce qui aurait évité l’envoi au poste de police de près de 50 personnes. Les occupant.e.x.s avaient annoncé.e.x.s dès le départ qu’en cas d’arrivée de la police iels partiraient directement et sans violence. La “stratégie des menottes” était claire : intimider tout un mouvement. En effet les occupant.e.x.s de l’UNIGE ont été arrêtéexs pour des raisons politiques. Le rectorat a refusé le dialogue. Étant donné qu’il n’a pas voulu répondre aux revendications politiques du mouvement, il a préféré faire usage de la force physique. 


Nous voyons là une violation claire du droit de manifester, droit qui inclut notamment de manifester là où se trouvent les personnes et le fait de pouvoir “déranger”. En accusant le mouvement d’une instrumentalisation du mouvement par des groupes ayant un autre agenda[uniliste du 13 mai] et en proposant une cellule psychologique car la manifestation aurait créé un « malaise » [uniliste du 14 mai] auprès de la communauté universitaire, le rectorat infantilise les étudiant.e.x.s qui demandent l’acceptation de revendications claires. Ironiquement, le rectorat n’a ni “mis en place”[uniliste mardi 14 mai] cette cellule psychologique (qui existe depuis des années) ni averti les collaborateurice.x.s de la cellule psychologique de leur potentielle nouvelle charge de travail, ni osé avouer que le dit “malaise”[uniliste mardi 14 mai] a été produit par la répression exercée par le rectorat envers des membres de sa propre communauté. 

Les revendications de la CEP, qui demandent simplement à l’université de se positionner face à un génocide et d’agir en conséquence, soit en arrêtant les partenariats UNIGE- universités israéliennes, n’ont rien d’heurtant ni de radical. Elles sont dans la lignée claire de ce que revendique la CEP depuis le début – une condamnation claire de l’irrespect du droit international humanitaire et un appel à la paix.


Nous voyons donc dans les méthodes d’intimidation du rectorat trois choses : une répression du droit de manifester, une volonté de ne pas répondre aux revendications de la CEP et une privatisation inquiétante de l’université (en faisant usage de sécus afin de contrôler les identités et en fermant l’université à touxtes). 


Notre rectorat nous a donc envoyé un message politique fort : face au droit de manifester, d’autant plus pacifique, de personnes de la communauté choquées par un génocide, on ferme l’uni, on envoie la police et finalement on fait taire un mouvement de contestation.


Cette stratégie s’inscrit très directement dans tout ce que nous savons du nouveau rectorat : privilégier “l’employabilité” – soit la disciplinarisation au salariat – à la réflexion, des fausses mesures au vrai dialogue et la néolibéralisation de l’université à la création de savoir pour touxtes.


Tout au long de cette séquence politique, alors même que le rectorat empêchait tout dialogue avec le mouvement de la CEP-UNIGE, la rectrice n’a eu de cesse de délivrer nombre d’éléments de discours – notamment à travers l’envoi de mails uniliste et d’apparitions médiatiques – infantilisant le mouvement et justifiant la répression menée à son encontre. Elle a pu ainsi faire usage d’une rhétorique sécuritaire afin de contrôler les identités des personnes entrant dans les bâtiments par des sécus et afin d’envoyer les flics.


4) Mais pourquoi éteindre la contestation ?

Officiellement, l’UNIGE a « dû » arrêter l’occupation car cette dernière aurait supposément « échapp[er] au collectif » [uniliste du 14 mai]. Les occupant.e.x.s seraient en réalité des « personnes extérieures à l’Université », se feraient influencer par des groupes politiques, seraient un danger pour la sécurité et ne retireraient pas une banderole « polémique ». On ne reviendra pas trop ici sur le pourquoi du comment ces allégations sont entièrement fausses, la CEP l’a très bien fait dans plusieurs de ses posts insta[13] et communiquésmais il faut retenir une chose : elles sont toutes fausses et détournent la réalité. Par exemple, alors même que le rectorat et les étudiant.e.x.s avaient trouvé un accord concernant la banderole « polémique » (les étudiant.e.x.s pouvaient la laisser mais mettaient une explication sur les réseaux sociaux et à côté de la banderole), le rectorat a finalement retourné sa veste et exigé qu’elle soit enlevée.

Bref, les réactions irrespectueuses et infantilisantes du rectorat témoignaient d’une chose : sa peur. Sa peur que sa complicité à un génocide soit mise en avant et sa peur que sa collaboration avec des universités travaillant activement pour ce génocide soit aussi mise en avant.

Aujourd’hui l’UNIGE collabore avec trois universités israéliennes qui soutiennent toutes le gouvernement israélien et son armée dans leurs actions. Ces collaborations ne sont scientifiquement et monétairement pas importantes pour l’UNIGE, qui n’a donc visiblement pas d’autres raisons que celles politiques de les continuer. Par exemple, l’université hébraïque de Jérusalem a un partenariat très spécial[14] avec l’UNIGE alors même que leurs échanges académiques sont rares.

Avec ces collaborations, l’UNIGE légitime politiquement et académiquement ses universités alors même que ces dernières participent activement au massacre de l’État israélien, qui a fait dans les premiers 9 mois du génocide plus de 186’000 en bande de Gaza[15].

L’UNIGE se cache derrière un neutralité et un comité « scientifique » pour éviter de montrer au grand jour qu’elle soutient et légitime des institutions travaillant main dans la main avec un état génocidaire.


5) Neutralité ?[16]

La scientificité́ construite des savoirs va souvent de pair avec un apolitisme revendiqué. Ce dernier joue en réalité́ un rôle idéologique. Comme mentionné plus haut, il sert à cacher les rapports de domination et à définir comme «objectivement vrais» les savoirs des dominants. A l’université́, ça permet de cacher que ce sont toujours les mêmes qui les produisent et les diffusent. On nous fait constamment oublier que tout savoir est construit, en premier lieu dans une salle de cours, et qu’on pourrait être partie prenante de leur production et de leur diffusion. En bref, que ces connaissances pourraient être les nôtres.

Mais cette association entre science et apolitisme n’est bien entendu pas naturelle. Bien que toujours minoritaires, de plus en plus de chercheur.euse.x.s produisent du savoir « militant », c’est-à-dire avec un parti pris en faveur des dominé.e.x.s assumé ouvertement. D’autres font un pas supplémentaire et produisent du savoir par et pour les luttes sociales, à l’image du récent site Internet ENQUETECRITIQUE.ORG.

Au niveau institutionnel, on nous brandit sans cesse un apolitisme qui nie le caractère hiérarchique de l’université́. Par exemple, depuis des années, l’UNIGE refuse d’envoyer les unilistes de la part de la CUAE lorsqu’elles sont jugées « à caractère politique ». Pas de politique à l’université́, nous dit-on donc.

Doit-on rappeler que le buste de Carl Vogt, une figure du racisme scientifique, est toujours censé revenir trôner fièrement devant Uni-Bastions à la fin des travaux malgré des demandes répétées de plusieurs collectifs de le retirer? Comment l’université peut-elle se prétendre neutre lorsque qu’elle fait le choix réfléchi d’accorder une place si valorisante à un racialiste ? En 2015, l’UNIGE a d’ailleurs également baptisé le plus récent de ses bâtiments en l’honneur de Carl Vogt. Après de nombreuses contestations étudiantes, elle l’a finalement dépabtisé (même si le bâtiment n’est toujours pas renommé). Souvent, lorsque des critiques s’élèvent contre la valorisation de personnages racistes dans l’espace public, les réacs répondent que de toute façon, on ne peut plus rien dire et qu’il est quand même bien dommage de juger le passé avec les critères du présent. Mais ce genre de réaction illustre, une fois de plus, que ces personnes considèrent leur vision de l’histoire, leur lecture des rapports sociaux comme la norme, figée dans le temps et immuable. Et que toute tentative de renverser cette norme est une censure, une lubie politique. Plus généralement, le monde académique se réfugie derrière une infrastructure stable pour garantir les intérêts des dominants. Il possède une panoplie d’outils pour éviter une remise en cause trop radicale en son sein, comme l’a très bien démontré le comité scientifique en considérant qu’un appel au cessez-le-feu à Gaza était trop radical.

La tentative des dominants de faire passer leur politique pour de la neutralité́ et notre politique comme une agression est un stratagème pour nous réduire au silence. Mais dans un monde traversé par des rapports de domination, voulons-nous vraiment rester «objecti.f.ve.x.s» et «neutres» face à des relations qui engendrent de l’oppression ? L’idéal d’objectivité́ voudrait qu’on traite sur un pied d’égalité́ toutes les opinions de manière à faire entendre toutes les voix. Mais traiter indifféremment les dominants et les opprimé.e.x.s est au mieux un désintérêt pour l’émancipation des second.e.x.s, et au pire une excuse pour dissimuler un soutien aux premiers.


7) La suite ?

En refusant de prendre position et en continuant de collaborer avec des états impérialistes et coloniaux au nom d’un soi-disant apolitisme et d’une soi-disant nécessité de rigueur et de liberté académique, l’université est complice. De plus, l’uni instrumentalise les positionnements politiques des étudiant.e.x.s occupant.e.x.s comme des pseudos-agressions. Comme l’a dit Adèle Haenel, « dépolitiser le réel, c’est le repolitiser au profit de l’oppresseur », et c’est bien ça que font les dominants (comprendre ici : le rectorat) en faisant passer leur politique pour de la neutralité et notre politique comme une agression. 

Aujourd’hui plus que jamais, il faut continuer de se mobiliser autour de la question palestinienne et ne pas baisser les bras face aux attaques du rectorat. En effet, l’université ne doit pas être un lieu de légitimation d’états génocidaires au nom d’une pseudo-neutralité. Au contraire, elle se doit d’être un lieu d’apprentissage critique. Les étudiant.e.x.s ont une position très privilégiée dans la société : nous avons souvent plus de temps et de moyens de lutter. Alors même si nos unis ne nous apprennent pas à penser de façon critique mais ne sont que des machines à création de travailleur.euse.x.s discipliné.e.x.s pour le patronat, de notre côté on peut continuer de lutter, de s’informer et d’occuper. Du coup, n’hésite pas à rejoindre la CEP !


[1] rapport de Francesca Albanese

[2] https://cuae.ch/lettre-de-la-cep-au-rectorat-de-lunige/

[3] https://cuae.ch/rapport-de-la-cep-concernant-les-liens-entre-lunige-et-les-universites-israeliennes/

[4] https://www.unige.ch/index.php?cID=635

[5] il y a très peu de comités à l’université et ceux-ci ont d’habitude un but précis

[6] Notamment l’assemblée universitaire de l’UNIGE, sorte de parlement de l’UNIGE. Seulement un quart de ses membres sont des étudiant.e.x.s alors qu’iels sont de très loin le plus grand corps de l’UNIGE. Bien que l’assemblée universitaire soit considérée comme le parlement de l’UNIGE, elle n’a en réalité aucun pouvoir décisionnel et ne peut que donner des recommendations au Rectorat.

[7] cf. p. 6

[8] par exemple, le comité des bourses prend des décisions sans que cela ne passe par le rectorat

[9] contrairement à l’occupation d’un auditoire qui a permit d’obtenir le Nadir, espace autogéré étudiant

[10] contrairement à l’occupation de la cafétéria de 2021

[11] l’interview de Leuba au 19h30 du 10 mai 2024 https://www.rts.ch/play/tv/19h30/video/19h30?urn=urn:rts:video:14897473

[12] mails envoyés à tou.te.x.s les étudiant.e.x.s

[13] Voir l’instagram : @cepunige

[14] rapport sur les liens entre l’Université de Genève, les universités israéliennes et le régime israélien p.37ss

[15] et ce selon le média the Lancet en date du 5 juillet 2024 https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(24)01169-3/fulltext

[16] cette partie est en partie reprise de l’article « Neutralité mon cul ! » du Regard Critique n°51 de la CUAE

Catégories
Activités Actualités Résumé du mois

Résumé du mois d’octobre

Ce mois d’octobre 2024, la CUAE a continué certaines de ses activités de rentrée. Elle a notemment continué à faire quelques stands d’information et a effectué des appels d’auditoire. 
Les prix des repas de la cafétéria ayant augmentés, la CUAE a effectué quelques actions pour sensibiliser les étudiant.e.x.s à la question de la hausse des repas ainsi que pour lutter contre la précarité étudiante. En effet, certains des tarifs des repas ont augmenté dans la moitié des cafétérias de l’UniGE. Les repas anciennement à 6.90 CHF pour les étudiant.e.x.s dans la moitié des cafétérias (Uni Dufour et Uni Mail) ont augmenté en septembre 2024 et sont maintenant à 8.90 CHF. La CUAE a donc distribué  hebdomadairement et ce pendant 4 semaines (1) entre 150 et 200 sandwichs gratuits pour contrer cette hausse. Ces distributions ont eu un très grand succès, les sandwichs s’étant écoulés toutes les semaines en moins d’une demi-heure. Fin octobre, la CUAE a aussi organisé une conférence revenant sur les raisons et les enjeux de l’internalisation des cafétérias de l’UniGE. Plusieurs personnes y ont participé, notamment des étudiant.e.x.s ayant occupé la cafétéria d’UniMail en novembre 2021, le professeur Cédric Durand et des membres des syndicats SIT et SSP un lien (2). Nous les remerçions touxtes encore une fois de leur venue. La CUAE va continuer à lutter contre cette hausse dans les prochains mois. 
Concernant l’interdiction de distribution des agendas, la CUAE a reçu une réponse à son opposition de la part du rectorat dans le courant du mois d’octobre. Le rectorat a refusé que la CUAE distribue ses agendas au sein de l’université. Dès lors, la CUAE a décidé de faire recours contre cette décision auprès de la Chambre Administrative de la Cours de Justice genevoise. Les agendas continuent d’être distribué dans différentes librairies genevoises (3).
Au début du mois d’octobre, il a été annoncé aux étudiant.e.x.s des HES-SO (4) par courriel que leurs taxes d’études allaient augmenter à partir de la rentrée académique 2025-2026. Les étudiant.e.x.s suisse.sse.x.s vont voir leurs taxes augmenter de 200 CHF par semestre et les étudiant.e.x.s étranger.ère.x.s vont voir leurs taxes augmenter de 550 CHF par semestre. La CUAE, très inquiète de cette hausse, a notamment publié un communiqué de soutien aux étudiant.e.x.s des HES-SO et contre cette hausse le 23 octobre (5). La CUAE a par ailleurs contacté les étudiant.e.x.s se mobilisant contre cette hausse et les différentes associations des HES-SO pour leur dire qu’elle se tenait à leur disposition en cas de besoin.
Le 2 octobre, la CUAE a organisé sa première Assemblée des Délégué.e.x.s (AD) du semestre d’automne. Les associations ont pu faire un retour de la journée des associations et communiquer sur leurs évènements du moment. De plus, l’AD a voté une résolution en lien avec la censure des agendas. L’AD s’est notamment positionnée et “[a condamné] la censure totale de l’agenda, qui est une atteinte à la liberté d’expression, dans la mesure où cette dernière empêche l’accès au guide de l’étudiant.e.x et rend plus difficile la signature des plaquettes, essentielle au bon fonctionnement des associations”. 
La CUAE a aussi organisé, le 23 octobre, son Assemblée Générale (AG) du semestre d’automne. Lors de cette AG, les rapports d’activités du comité et du secrétariat ont été validés (6). De plus, le nouveau comité de la CUAE a été élu (7). L’AG a aussi voté une résolution sur la liberté associative et syndicale en lien avec l’interdiction des agendas (8).  
La CUAE s’est rendue à la réunion mensuelle de la CGDM (Coordination genevoise pour le droit de manifester) en sa qualité de membre, notamment pour discuter du nouveau projet de loi cherchant à limiter les manifestations dans le centre-ville de la Ville de Genève. 
La CUAE a rencontré l’association des étudiant.es en droit (AED) pour discuter de certains dysfonctionnements au sein de la faculté de droit, notamment l’arrêt des enregistrements de certains cours de droit des premières années. La CUAE va envoyer dans le courant du mois de novembre un e-mail à ce sujet aux professeur.e.x.s concerné.es. 
La CUAE a co-organisé le 16 octobre, en partenariat avec le CETIM, une conférence sur le droit à la santé au Liban en temps de guerre. La conférence a notamment accueilli en ligne le docteur Kamel Mohanna, expert sur la question et a été très enrichissante (9). 
La CUAE a organisé la projection du film “Anxious in Beyrouth” le 24 octobre (10). Ce film montre le journal personnel du réalisateur (Zakaria Jaber) qui, vivant dans une angoisse constante, participe au soulèvement de l’automne 2019 et documente les événements des années 2019-2020 au Liban (manifestations inter-communautaires, pandémie du Covid, explosion du 4 août 2020). La projection a été suivie d’une discussion et d’un apéritif et a rencontré un vif succès. 
La CUAE a rencontré à deux reprises des services de l’Université, car elle avait des questions concernant la plateforme “emploi.unige.ch” et sur la problématique de l’endettement chez les étudiant.e.x.s. La CUAE avait en effet quelques questions sur ces sujets et a pu recevoir quelques éléments de réponse de la part des services de l’Université.
La CUAE a finalement participé à un rassemblement en soutien aux travailleur.euse.x.s italien.ne.x.s des usines de l’entreprise Mont-Blanc (date?). En effet, ces dernier.ère.x.s ont de très mauvaises conditions de travail. Plusieurs syndicats et autres organisations, notamment le SIT et Public eye, se sont joints à ce rassemblement.

(1) https://www.instagram.com/p/DBbye8qoVHK/?utm_source=ig_web_copy_link&igsh=MzRlODBiNWFlZA=
(2) https://www.instagram.com/p/DBZfwoVOTyh/?utm_source=ig_web_copy_link&igsh=MzRlODBiNWFlZA==(3) https://www.instagram.com/p/DAqa2qvI004/?utm_source=ig_web_copy_link&igsh=MzRlODBiNWFlZA==
(4) https://www.hes-so.ch/accueil
(5) https://cuae.ch/communique-de-la-cuae-contre-la-hausse-des-taxes-a-la-hes-so/
(6) lien manquant pour l’instant
(7) https://agora.unige.ch/cuae/comite
(8) lien manquant pour l’instant
(9) https://www.cetim.ch/lebanon-the-right-to-health-in-wartime/)
(10) https://www.instagram.com/p/DBMFvFlIeJa/?utm_source=ig_web_copy_link&igsh=MzRlODBiNWFlZA==

Catégories
Activités Actualités Résumé du mois

Résumé du mois de septembre 2024

Résumé du mois de septembre 2024

Le mois de septembre a débuté avec les habituels événements de la rentrée. La CUAE a co-organisé la journée des associations le 13 septembre, journée qui permet à toutes les associations étudiantes de l’UNIGE de se présenter aux nouv.eau.elle.x.s étudiant.e.x.s. De plus, la CUAE a tenu des stands dans le hall d’Uni-Mail pour informer la communauté éstudiantine de son rôle et de ses activités dans l’Université, ainsi que dans le but de faire signer les traditionnelles plaquettes et de distribuer les agenda-guides.

Le 11 septembre, le rectorat a interdit la distribution des agendas-guides au sein des bâtiments universitaires et lors de tout événement de l’UNIGE. Le rectorat a ainsi instrumentalisé la Charte d’éthique et de déontologie[1] pour des raisons politiques. La CUAE a alors commencé à distribuer les agendas en dehors des bâtiments universitaires tout en souhaitant continuer le dialogue avec le rectorat. Cependant, le rectorat a renforcé l’interdiction le 17 septembre en menaçant de ne plus reconnaître la CUAE en tant qu’association de l’UNIGE, et ce en la mettant en demeure. Lors d’une conférence de presse du même jour en collaboration avec l’AJP, le SIT, le SSP, la CGAS et des membres du corps intermédiaire, ainsi qu’un rassemblement spontané devant Uni-Mail avec plus de 200 personnes le 19 septembre (où l’AJP-UNI, Amnesty UniGE et la CEP ont aussi pris la parole), la CUAE s’est mobilisée contre cette atteinte à la liberté syndicale et à la liberté d’association. Nous avons également publié un communiqué de presse le 13 septembre 2024[2].

Malgré ces conditions difficiles, la CUAE a continué à suivre les différents dossiers. Principalement, nous avons observé une hausse des prix des repas de 6,90 CHF à 8,90 CHF dans les cafétérias de l’Université à partir du 2 septembre 2024. Nous nous sommes mobilisé.e.x.s contre cette hausse de prix en organisant des distributions hebdomadaires de sandwichs gratuits et avons demandé davantage d’explications, lors d’une réunion le 25 septembre avec le rectorat. En lien avec ce sujet, nous avons continué à suivre les avancées de l’internalisation des cafétérias.

Outre cela, Nous nous sommes préoccupé.e.x.s avec inquiétude des conditions de stages à l’Université en général et à l’IUFE en particulier. Dans ce but, nous avons entre autres organisé une réunion avec des représentant.e.x.s de l’institut et certains syndicats.

Par ailleurs, nous avons continué à nous mobiliser contre la menace de hausse des taxes universitaires. Suite à notre participation aux réunions de l’UNES, faîtière étudiante au niveau national, celle-ci s’est prononcée fermement contre la tendance générale des hausses de taxes lors de son communiqué du 5 septembre 2024[3].

En outre, nous avons participé à une réunion avec les associations faitières de l’UNIGE et M. Gentaz. Nous avons co-organisé, avec le CETIM, une conférence sur le Sahel le 24 septembre, intitulée : La confédération des États du Sahel, une renaissance panafricaine ? La CUAE a également poursuivi son soutien à la CEP (coordination étudiante pour la Palestine) durant le mois de septembre.

[1] https://www.unige.ch/steps/surete/respect/charte#:~:text=Le%20respect%20de%20la%20personne,comme%20sujet%20ou%20comme%20objet.

[2] https://cuae.ch/communique-de-presse-censure-de-la-cuae-et-interdiction-du-slogan-from-the-river-to-the-sea-a-lunige/

[3] https://vss-unes.ch/fr/blog/pressemitteilung-der-vss-verurteilt-den-vorschlag-zur-erhoehung-der-studiengebuehren/