Communiqué de la CUAE contre la hausse des taxes à la HES-SO

Contexte 


Le 10 octobre 2024, les étudiant.e.x.s  de l’HES-SO Genève ont reçu un courriel  annoncant “l’adaptation” de la taxe d’étude semestrielle et la mise en application de celle-ci dès la rentrée académique en septembre 2025. Cette décision implique une augmentation des taxes d’études pour les étudiant.e.x.s suisse.x.s en formation de CHF 500.- à CHF 700.- par semestre et pour les étudiant.e.x.s étrangèr.e.x.s de 500.- à CHF 1’050.- par semestre. Cette décision a été prise unilatéralement par le Comité gouvernemental de la HES-SO, composé de conseiller.ères d’État qui représentent les cantons romands membres de la HES-SO (Genève, Vaud, Valais, Fribourg, Neuchâtel). Cette décision a été prise sans consultation préalable des étudiant.e.x.s, ni sans la moindre communication ou prévention préalable concernant cette mesure, qui a pourtant des répercussions directes sur l’ensemble de la communauté estudiantine. 
Face à cette augmentation de plus de 200.- (pour les étudiantexs suisses) et de 550.- (pour les étudiant.e.x.s étrangèr.e.x.s) par semestre dissimulée sous la dénomination d'”adapation”, la seule mesure proposée par la HES-SO consiste alors à orienter les étudiant.e.x.s vers le dispositif d’aide existant au sein de la HES-SO Genève. Elle soutient aussi être en pleine réflexion pour renforcer leurs mécanismes de soutien afin d’offrir des conditions d’études optimales.

Des menaces redondantes


Les menaces de hausse des taxes ne sont pas nouvelles, ni à l’UNIGE ni en Suisse. En effet, en 2016, l’UNIGE avait déjà menacé les étudiant.e.x.s d’augmenter les taxes et ce en utilisant presque le même argumentaire que celui utilisé aujourd’hui par la HES-SO. Une hausse des taxes avait aussi menacé les universités de Bâle, Zürich, Lausanne et Fribourg en 2017. Aujourd’hui, le comité gouvernemental de la HES-SO nous communique qu’il aurait notamment “pris en considération le fait que la taxe d’études n’avait pas été adaptée depuis [sa création] en 1998”. Il réaffirme aussi que la HES-SO resterait “l’une des deux HES les plus abordables du pays pour les étudiant.es suisses”. Or, face à la hausse du coût de la vie – notamment l’augmentation constante des primes d’assurance-maladie et du logement – la réponse des institutions d’enseignement supérieur ne peut pas être la hausse des taxes. La HES-SO a de plus l’audace de se cacher derrière une rhétorique d’harmonisation des coûts avec les autres HES et, au lieu d’assumer cette hausse qui va encore plus précariser ses étudiant.e.x.s, elle se permet de leur assurer que cette hausse ne serait pas si grave, étant donné que la HES-SO resterait une des moins chères du pays. 
Or, cette hausse revête clairement des objectifs de désengagement de l’État du domaine de la formation, ainsi que de sa privatisation. En effet, cela fait de nombreuses années que l’État abandonne le domaine de la formation et suggère aux hautes écoles et universités de trouver son financement ailleurs. Cet abandon a pour résultat de renforcer les partenariats publics-privés et les mesures d’austérité au sein des établissements de l’enseignement supérieur, notamment la hausse des taxes des étudiant.e.x.s.

Déjà au début de l’année 2024, un projet de loi en faveur d’un triplement des taxes pour les étudiant.e.x.s étranger.ère.x.s à l’UNIGE a été déposé au Grand Conseil de Genève. Les arguments de ce projet sont globalement les mêmes que ceux amenés par le Comité gouvernemental de la HES-SO. En effet, dans les intentions du parti qui a déposé ce projet, l’UDC, cette mesure aurait permis de renflouer les caisses de l’université et de mettre l’UNIGE sur un pied d’égalité avec la majorité des universités suisses, qui font déjà payer plus de taxes à leur étudiant.e.x.s étranger.ère.x.s. Or, ces deux arguments sont complètement fallacieux, et heureusement début septembre la Commission de l’Enseignement Supérieur a donné son avis négatif.


Un projet inutile


Le gain budgétaire d’une augmentation des taxes serait moindre. En effet, pour voir un réel changement dans la qualité de l’enseignement supérieur, seule une intervention conséquente de l’État ferait une différence. Faire payer les manquements de l’État aux étudiant.e.x.s, population déjà précaire, ne fait aucun sens. Cette réalité est encore plus frappante dans le cas de la HES-SO. En effet, de nombreux.se.x.s étudiant.e.x.s de la HES-SO font des stages trop peu voire non rémunérés dans le cadre de leurs études, ce qui les empêchent matériellement de travailler lors de ces dernières, ce qui les précarisent encore plus que les étudiant.e.x.s des universités (sans parler du fait que les métiers des HES-SO sont beaucoup moins valorisés que ceux des universités).

Début septembre, c’était aussi l’Union des Etudiant-e-s de Suisse (UNES) qui, dans un communiqué de presse(1), denonçait les propos d’augmentation des taxes universitaires et le fait que – une enième fois – l’enseignement supérieur devenait objet de coupures budgetaires. En effet, cette communication de l’UNES a notamment été rédigée, car le Conseil des États a confirmé début septembre le triplement des taxes pour les étudiant.e.x.s étranger.ère.x.s dans tous les EPF (Lausanne et Zürich). 

La CUAE condamne fermement toute mesure qui vise à augmenter la précarité des étudiant.e.x.s et le poids économique des études universitaires. Nous sommes prêt.e.x.s à nous opposer à toute tentative d’augmentation des taxes universitaires pour les étudiant.e.x.s de l’UNIGE, ainsi qu’à nous mobiliser en solidarité aux étudiant.e.x.s et aux associations des HES-SO.