Les taxes d’études augmentent à l’IHEID
« Des étudiants s’étonnent parfois de nos 5’000 francs des taxes d’études : ils nous trouvent trop bon marché pour être de bonne qualité » (Phillipe Burrin – TdG )
En grande pompe sur une pleine page de la Tribune de Genève, le père-patron de l’IHEID (Institut des hautes études internationales et du développement), Philippe Burrin annonce que les taxes d’études de son établissement vont augmenter. Cela est dit en passant entre flatteries sur l’excellente gestion de l’institut et panégyrique des pétales de la maison de la paix. Comme à chaque fois lors de ces dernières années où les études se font de plus en plus chères, il y en a pour tout le monde mais nos collègues venant de l’étranger sont particulièrement visées. Pour les étudiantes suisses, les taxes passeront de 3’000 à 5’000 CHF par année alors que les étudiantes venant d’ailleurs devront s’acquitter de 8’000 CHF par année au lieu des 5’000 actuellement à partir de la rentrée 2015. Ces augmentations font officiellement de l’IHEID l’université la plus chère de Suisse[1].
Bien évidemment, ni les étudiantes ni les profs n’ont été consultées, la décision s’est prise à huit clos au sein du tout puissant conseil de fondation. Aujourd’hui, M. Burrin a compris que démocratie interne signifie que l’image de l’institut compte bien plus que la participation. Ainsi, d’abord on prend les décisions, ensuite on convoque la presse et enfin on la communique aux premières concernées, tout en précisant que de toute façon elles n’ont pas leur mot à dire là-dessus.
Cette énième augmentation des taxes à l’IHEID est un cas d’école sur les effets de la réforme de Bologne. L’autonomie des différentes universités se traduit dans un style de direction (de gouvernance pour utiliser la nouvelle langue des gestionnaires de la culture) fort opaque dans lequel la participation n’est même plus une jolie fanfreluche mais un lest dont il faut se débarrasser sans trop de regrets. Ainsi, le (di)recteur devient un PDG, le conseil de fondation devient un conseil des actionnaires, la démocratie interne se transforme en gouvernance et… les étudiantes ? En clients bien évidemment !
Cela démontre aussi à quel point on nous ment lorsque on nous voudrait faire croire que l’entrée des financements privés dans les universités va se répercuter positivement sur les étudiantes. C’est tout le contraire qui se passe ! En moins de 10 ans les taxes d’études de l’IHEID ont quintuplé et cela n’est pas prêt de s’arrêter car, comme le démontre la citation de M. Burrin en ouverture de l’article dont on ne manquera pas d’apprécier la rigueur académique, ce qui ne se paye pas beaucoup ne vaut rien.
La direction de l’Institut essaye de faire passer la pilule en disant que l’augmentation des taxes servira à payer plus de bourses. Avec une main on enlève, avec l’autre on donne. Un vieil argument fallacieux qui a été régulièrement mis en avant pendant ces dernières années pendant les augmentations de taxes à Berne, Zurich ou Bâle sans que pour autant, le nombre de bénéficiaires ou le montant des bourses augmente d’un centime.
[1] Pour une comparaison des montants des différents taxes dans en Suisse voir Regard Critique n° 41