Le rectorat veut nous virer mais nous restons

Les jours sont comptés pour l’arcade des associations étudiantes située au boulevard Carl Vogt, presque en face d’Uni Mail (Les locaux devraient être déménagés au 8 juillet.) Par un heureux hasard toutes les interlocutrices (Désormais les formules au féminin s’entendent au masculin et inversement) sont d’accord : la régie qui résilie le bail, la ville qui souhaite une affectation commerciale (c’est vrai que la zone autour de l’uni ne comporte pas assez de bars et de boutiques) et le rectorat qui ne conteste pas la résiliation du bail. L’arcade abrite la CGTF (commission de gestion des taxes fixes, qui administre un fond pris sur les taxes d’études pour financer des projets étudiants), la CIGUE (coopérative de logement pour personnes en formation), la CUAE (faîtière des associations étudiantes) et une vingtaine d’associations qui n’ont pas leurs propres locaux. Rien de très commercial, effectivement. Après des mois de silence et la promesse que nos besoins avaient été entendus, des locaux préfabriqués à côté de la maternité nous sont présentés comme l’unique possibilité de relogement. La visite de ces préfabriqués a permis la rencontre avec d’actuelles usagères, « temporairement » installées depuis une dizaine d’années, qui nous ont évoqué les températures extrêmes des locaux, mais surtout la présence d’amiante ( !). À ce jour, nous n’avons pas reçu le rapport d’expertise censé être en cours.

Mais surtout, la visibilité et la proximité des activités étudiantes sont réduites à néant. Comment vont nous trouver les étudiantes ne connaissant pas Genève et ayant besoin d’aide ? Où vont se réunir et ranger leur matériel les associations qui n’ont pas leurs propres locaux ?

Nous avons déjà compris que la priorité pour le rectorat était de faire des fêtes, des events et de financer des bricolages pour enfants et des jeuxconcours à coup de sponsors. Qu’améliorer les conditions d’études et de travail ou soutenir des étudiantes en difficulté n’est pas glamour, nous le savons aussi. Mais de là à entraver toute activité associative en parquant les associations étudiantes dans des locaux clairement inadéquats, il y a un fossé que le rectorat a choisi de franchir. La CUAE en particulier sait sortir du rang et se mobiliser quand le rectorat prend des décisions qui affectent des étudiantes, comme l’été dernier, où il avait jugé bon d’inviter l’Office Cantonal de la Population aux immatriculations ! La CUAE ne se laisse pas intimider et ose dire ce qui ne va pas, comme pendant la campagne sur la loi sur l’uni. Si la susceptibilité du rectorat va jusque là, nous n’en sommes pas responsables et ne nous laisserons pas écraser sans rien faire.

Chacune d’entre nous peut constater que des locaux universitaires sont loués à des entreprises privées (une librairie et un magasin de téléphones portables au rez d’Uni Mail par exemple). Nous avons facilement trouvé et transmis au rectorat plusieurs locaux universitaires vides ou sousoccupés, qui conviendraient au relogement des activités étudiantes. Il n’est entré en matière sur aucune de nos propositions, et pense pouvoir régler le déficit de proximité et de visibilité qu’entraînerait un déménagement en autorisant la CUAE à occuper un fond de couloir à Uni Mail. Le rectorat n’est jamais avare de bonnes paroles pour exprimer toute l’importance qu’il accorderait aux activités associatives. Dans la réalité, il n’y est favorable que lorsqu’elles servent ses intérêts, en effectuant à bas prix un travail nécessaire, ou en faisant la promotion de la meilleure université dans le meilleur des mondes. Ce mépris pour les étudiantes ne passera pas. Vu l’absence de proposition crédible pour un relogement décent des activités associatives, et suivant nos deux dernières assemblées, nous n’avons d’autre choix que de continuer à occuper nos locaux actuels. Le programme de nos activités sera disponible sur notre site dès le 8 juillet.