Notre éducation sera féministe, antiraciste, anticlassiste ou ne sera pas

Une semaine d’action pour l’éducation est lancée du 19 au 23 mars en prévision de la manifestation nationale ce samedi 24 mars à Berne pour une éducation accessible à tou.te.x.s. La journée nationale contre le harcèlement sexiste et sexuel dans les lieux de formation, elle, est prévue le 23 mars.

Ces journées visibilisent des luttes indissociables et notamment celles relatives à l’accès inclusif à la formation.

La semaine d’action pour l’éducation, nommée « Révolte pour l’éducation » est un mouvement national qui a été créé par une coalition d’organisations syndicales et étudiantes suisses, face aux incessantes hausses des taxes annoncées tour à tour dans les hautes écoles, universités et EPF en Suisse. Cette semaine vise à thématiser largement la question de l’accessibilité aux études et à préparer les étudiant.e.x.s à une grande manifestation nationale à Berne ce samedi 24 mars.

La journée nationale contre le harcèlement sexiste et sexuel dans les lieux de formation, créée l’année dernière, dans le cadre de la campagne nationale menée par différentes organisations étudiantes en Suisse, tombe par hasard dans cette semaine de mobilisation mais y a tout à fait sa place. En effet, le harcèlement sexuel et les oppressions sexistes plus largement, sont de véritables freins aux études pour les personnes touchées.

Le sexisme, le racisme et les rapports de classe ne s’arrêtent certainement pas aux portes de nos institutions académiques. Bien au contraire, l’organisation hiérarchique de celles-ci maintient, si ce n’est ne renforce, ces rapports dans l’espace déjà cloisonné qu’est l’éducation supérieure.

En effet, l’accès à l’Université n’est déjà pas donné à tout le monde. Le système sociétal actuel privilégie les privilégiés, ceux qui engraissent le système mis en place et dominent le monde. Le système éducatif, dès l’école primaire, est fabriqué pour les personnes qui « s’en sortiront » à priori plutôt bien. Les stéréotypes et les dynamiques racistes, sexistes et classistes de notre société n’encouragent nullement toute.x individue.x à poursuivre ses études et à accéder aux plus « hautes sphères »1 académiques. Comme des statistiques le montrent très factuellement, les personnes issues de quartiers populaires sont bien moins nombreuses sur les bancs de l’Université (et même du collège) que les enfants d’universitaires. La reproduction sociale sévit et prouve qu’il est dur de sortir de sa « condition » sociale.

L’Université et les EPF principalement sont donc déjà des sphères dites « privilégiées ». Cela ne veut pas dire qu’aucune personne issue de quartiers populaires, non-blanche ou structurellement discriminée en raison de son genre n’obtient pas de diplôme ou de poste de doctorat. Loin de là ! Il est cependant important de souligner que ce parcours n’est pas le même en fonction d’où l’on se situe dans l’échelle des classes et des catégories sociales, l’égalité des chances n’est donc pas au rendez-vous : un parcours de lae combattant.e.x pour certaine.x.s, une voie déjà (presque) toute tracée pour les autres.

Le harcèlement sexuel et le sexisme ont des répercussions de ce type dans la hiérarchie de l’Université. Plus l’on avance dans la hiérarchie académique et ses postes, plus les hommes blancs cis-genres2 sont nombreux dans ces sphères, alors que les bancs d’écoles des premières années sont plus peuplés de personnes considérées femmes3. Si ces oppressions ne sont pas la seule raison de la moindre égalité des genres dans les sphères dites « élevées » des institutions académiques, ils en sont certainement une des causes. Il est simple de le constater, dans beaucoup de cas, les personnes harcelées sont celles qui s’en vont ou même celles qui sont déplacées, voire virées dans les pires situations, alors que le harceleur n’est que très peu inquiété et souvent reste à son poste sans encombre majeure. Il ne s’agit là que d’un exemple parmi bien d’autres obstacles à la poursuite d’un parcours universitaire pour les personnes structurellement discriminées.

En bref, les obstacles aux études sont multiples. Les discriminations liées au genre, à la racisation et à la « classe » s’imbriquent et mènent conjointement à l’élitisation des études de manière flagrante. Le harcèlement sexuel et sexiste doit être combattu autant que le racisme institutionnel, que l’incessante augmentation des taxes et des frais d’études. L’Université n’est pas un espace neutre de savoir et de réflexions. C’est une structure institutionnelle construite en fonction d’un système que nous ne cesserons de qualifier de raciste, sexiste et classiste, et ce, tant qu’il le faudra !

L’éducation et le choix réel des études est un droit et doit être effectivement appliqué.

Stop à l’élitisation des études, stop au sexisme, au racisme et aux hiérarchies !