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Regard Critique

Regard Critique – N°31 – Octobre 2006

Loi sur l’Université et censure à l’UNIGE

Édition du mois d’octobre 2006 consacrée à la future loi sur l’Université qui est en train d’être élaborée par une commission extraparlementaire ainsi qu’aux modalités de censure employées par notre Université pour nous empêcher d’informer les étudiant*e*s sur les changements qui sont en train de se mettre en place en matière d’enseignement supérieur et de recherche scientifique.

Regard Critique – N°31 – Octobre 2006

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Le prix de l'aspirant requin

Le 18 octobre 2006, la CUAE a réagi au sein de l’Université à la censure dont a fait l’objet son site internet en interrompant la séance du Conseil de l’Université. L’occasion nous a semblé propice non seulement pour récompenser la nouvelle équipe rectorale pour le zèle avec lequel elle s’adonne sans relâche depuis désormais un mois à accomplir la mission pour laquelle le Conseil d’État l’a choisi, mais également en exiger la démission.

Un mois à peine après son entrée en fonction, le nouveau recteur de l’Université de Genève se distingue en obtenant le très convoité prix de l’aspirant requin.

Après le prix Comtesse [ref] c.f. Xavier Comtesse, du groupe de pression Avenir Suisse [/ref] – alloué par la CUAE à la personnalité académique qui s’est le plus distinguée dans le combat pour l’affirmation idéologique des principes marchands au sein de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique – il était temps d’établir un nouveau concours. Il ne s’agit pas du prix du meilleur enseignant, cet enjeu ne faisant pas le poids face au prix pour l’aspirant requin. Cette récompense symbolique a été conçue pour distinguer la personnalité qui incarne le plus fidèlement l’esprit de la Nouvelle Gestion publique en matière de formation supérieure.

En ces temps de déperdition collective au sein des administrations étatiques, plusieurs candidats se sont déjà mis en évidence pour leur zèle quant à l’introduction du NPM. Parmi eux nous ne citerons que J.-M. Rapp (ancien recteur de l’Université de Lausanne), Martine Brunschwig Graf (ancienne conseillère d’état genevoise) ainsi que la plupart des membres de la commission externe chargée de l’élaboration d’un projet de loi sur l’université. Puisque les deux premiers noms que nous avons cités ont déjà réussi, tout ou en partie, à réaliser leur projet dans les institutions respectives (ils représentent en ce sens des modèles, sorte de divinités en la matière), il nous a donc semblé nécessaire d’allouer le prix de l’aspirant requin à des figures émergentes…

La censure de notre site internet de la part du nouveau rectorat nous a rappelé le scénario allégorique décrit par Bertold Brecht dans Wenn die Haifische Menschen wären et plus particulièrement la partie que nous vous invitons à lire concernant l’éducation dans « ce monde sous-marin »…

Es gäbe natürlich auch Schulen in den großen Kästen. In diesen Schulen würden die Fischlein lernen, wie man in den Rachen der Haifische schwimmt. Sie würden z.B. Geographie brauchen, damit sie die großen Haifische, die faul irgendwo rumliegen, finden könnten. Die Hauptsache wäre natürlich die moralische Ausbildung der Fischlein. Sie würden unterrichtet werden, dass es das Größte und Schönste sei, wenn ein Fischlein sich freiwillig aufopfert, und sie alle an die Haifische glauben müssten, vor allem, wenn sie sagten, sie würden für eine schöne Zukunft sorgen. Man würde den Fischlein beibringen, dass diese Zukunft nur gesichert sei, wenn sie Gehorsam lernten. Vor allen niedrigen, materialistischen, egoistischen und marxistischen Neigungen müssten sich die Fischlein hüten, und es sofort melden, wenn eines von ihnen solche Neigungen verriete.

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Déclaration de Saignelégier

Déclaration d’intentions de la CUAE concernant le revenu de base

Deux ans après Groenroux, le comité de la CUAE s’est donné les moyens pour relancer le dossier revenu de base, d’une part parce qu’il se doit de donner suite aux décisions issues de ses assemblées générales et d’autre part parce qu’il s’est rendu compte, dans le contexte politique où les attaques néolibérales contre les biens communs se généralisent et prennent encore plus d’envergures qu’il y a quelques années (le dernier en ordre chronologique, l’adoption par le champ politique des articles constitutionnels sur la formation), que le seul moyen de sortir d’une logique uniquement réactive est de travailler sur un dossier échappant au calendrier politique. Si réagir au coup par coup aux attaques substantiels contre la formation reste certes une tâche incontournable pour un syndicat comme le notre, cette approche, outre à s’avérer frustrante sur le moyen-long terme, politiquement est insuffisante en regard des objectifs de la CUAE. S’opposer à toute mesure introduisant davantage de sélection dans le domaine de l’enseignement supérieur reste notre rôle principal, néanmoins, pour que l’autre facette de la mission de la CUAE se réalise, à savoir la promotion d’une vision alternative de la formation supérieure et de la recherche, il est indispensable que parallèlement nous poursuivions un travail de fond dont l’aboutissement sera l’élaboration d’une proposition concrète allant de toute manière à l’encontre de ce qui est aujourd’hui proposé et qui serait le fruit de notre analyse sur la situation actuelle. Comme il l’était déjà dans l’esprit des membres de la CUAE à l’origine des discussions sur l’introduction d’un revenu minimum garanti, le revenu de base reste un de ces sujets pouvant en grande partie se soustraire au contrôle du dispositif bourgeois et par là même nous fournir un instrument de lutte susceptible de déplacer les débats sur un terrain qui est plus propice à la résolution des problèmes avec lesquels est confronté notre société.

Le comité de la CUAE a donc adopté la déclaration d’intentions suivante :

DÉCLARATION DE SAIGNELÉGIER

18-20 août 2006

Considérant que toute mesure financière réduisant l’inégalité de la redistribution du capital économique est une condition nécessaire, bien que non suffisante, à la construction d’une alternative à la vision capitaliste de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique ;

Considérant le résultat de l’action directe dite « La Fin du Droit » ;

La CUAE, dans le cadre des attaques néolibérales contre l’éducation supérieure, promeut le Revenu de Base comme un moyen contribuant à atteindre des contenus et des organisations des enseignements et des recherches alternatifs à la vision capitaliste.

De plus, elle mènera une étude approfondie sur les régularités statistiques qui caractérisent le tissu social en se concentrant plus particulièrement sur les effets de la distribution inégale des capitaux économiques, culturels et symboliques parmi les personnes en formation.

Par ailleurs, face à la vision dominante de l’enseignement, elle soutiendra par tous les moyens qu’elle estimera adéquats toutes les initiatives promouvant l’instauration d’un Revenu de Base susceptible de réduire les inégalités matérielles.

Dans le cadre de ses actions, la CUAE se procurera les outils nécessaires à la réalisation de ses objectifs.

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Rappel des faits concernant la censure du site internet de la CUAE

Suite au communiqué de presse de la CUAE du 26 juillet 2006 au sujet de la nomination d’une commission externe chargée de l’élaboration d’un projet de loi sur l’université, M. Christian Dandrès – représentant étudiant au Conseil de l’Université – a sollicité la CUAE ; nous avons alors donné suite à la requête de M. Dandrès en publiant sur notre site ses remarques.

En date du 9 août 2006 la CUAE a décidé de publier sur le site internet une réponse à la réflexion de M. Dandrès qui nous est parvenue via le forum. Il faut savoir que le forum du site internet de la CUAE est géré a priori. Bien que le texte en question portait la signature de Mme Ruth Dreifuss, une lecture même rapide ne pourrait induire aucun lecteur à penser que l’ancienne conseillère fédérale en soit vraiment l’autrice. Ce texte satirique est une rigoureuse analyse politique des agissements de Mme Dreifuss à la tête du Département Fédéral de l’Intérieur.

Le 21 septembre 2006 la CUAE reçoit un courrier de Mme Dreifuss – la seule et unique – nous expliquant qu’elle n’est pas l’auteur du commentaire publié sur le forum. Dans le courrier en question Mme Dreifuss exige que l’article en question soit radié du site et que des excuses lui soient adressées.

Lors de la séance de comité de la CUAE du 25 septembre, nous avons décidé de ne pas supprimer le texte satirique, mais de rédiger un rectificatif qui affirme que le texte en question n’est évidemment pas l’oeuvre de Mme Dreifuss et qui expose les raisons de notre choix. Par ailleurs, une lettre calquant la décision de la CUAE a été envoyé à Mme Dreifuss.

Par courrier daté du 27 septembre 2006 (reçu le 28 !), M. Jacques Weber – nouveau recteur – exige que le texte incriminé soit supprimé du site au plus tard pour le 28 septembre à 18h.

Par courrier daté du 4 octobre, le recteur nous impose un ultime délai (fixé au vendredi 6 octobre à 12h…) pour supprimer l’intégralité du dit texte, même après la publication du rectificatif en menaçant une dénonciation auprès du Conseil de Discipline.

Le 6 octobre à midi, le rectorat procède à l’exécution de ses menaces et le site internet de la CUAE est censuré.

Le 10 octobre le site a été réactivé suite au retrait du commentaire incriminé. Le comité de la CUAE a accepté ce compromis afin de récupérer rapidement l’accès au site internet, en attendant que son droit constitutionnel à s’exprimer librement – tant sur le fond qu’avec la forme que nous estimons appropriée – en l’occurrence la satire – soit définitivement reconnu.

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Actualités Politique universitaire

Censure du site de la CUAE – Merci au recteur!

Le site de la CUAE a été censuré par le recteur du 6 octobre jusqu’à aujourd’hui, 10 octobre, suite à la publication d’un commentaire satirique sous une identité d’emprunt.

Nous remercions le recteur de nous avoir mené à la lumière et sauvegardé des dangers que nous encourions de part notre comportement inepte.

Après la nomination d’une commission externe chargée de l’élaboration d’un projet de loi sur l’université (voir notre communiqué de presse du 26 juillet), en plein scandale financier (cf. le texte de M. Christian Schiess sur l’autonomie), le nouveau recteur a estimé indispensable de protéger les membres de l’alma mater des “personnes mal-intentionnées” qui tacheraient l’image de l’Université de Genève et de faire comprendre à ces malfaiteurs que toute forme d’expression de leur part sera sévèrement punie… et cela afin de réinstaurer la confiance au sein de l’établissement.

Il s’agit d’une part de démasquer celles qui critiquent les options politiques choisies pour rétablir la sérénité de l’établissement et lui garantir la plus totale autonomie (financière pour s’entendre), et d’autre part de les prévenir si elles ont un comportement immoral vis-à-vis des règles et usages de l’institution et si cela ne suffit pas, ma fois, il faudra bien donner un exemple de fermeté. Il est nécessaire que l’autorité soit respectée, faute de quoi on risquerait la décrédibilisation…

Heureusement pour la CUAE que le recteur lui a consacré tant d’attention pour qu’elle se protège contre les faussaires. Puisque ces pauvres étudiantes sont inconscientes du tort dont elles sont victimes, il faut les prévenir et les raisonner, et si elles persistent dans leur insouciance juvénile, il faut remonter à la source du problème et sortir le “grand jeu” quitte à enfreindre les principes les plus basiques relatifs à la liberté d’expression… confiance oblige !

Une fois le tort effacé, pardon réparé, il n’y a pas de raisons pour empêcher à nouveau aux Harry Potter de la CUAE de reprendre leur routine puisqu’ils ont enfin pu réaliser le grave danger qu’ils couraient. Comme quoi quelques jours de ténèbres virtuelles sont propices à la pénitence.

Le site a été réactivé suite au retrait du commentaire incriminé. Le comité de la CUAE a accepté ce compromis afin de récupérer rapidement l’accès au site internet, en attendant que son droit constitutionnel à s’exprimer librement – tant sur le fond qu’avec la forme que nous estimons appropriée – en l’occurence la satire – soit définitivement reconnu.

Les termes au féminin contenus dans cet article se comprennent, bien entendu, aussi au masculin.