Depuis le 1er septembre, le rectorat restreint l’accès aux étages 3 à 6 d’Uni Mail. Ces mesures ne sont pas seulement embêtantes dans le quotidien, mais elles font aussi partie d’un projet raciste, classiste et validiste que mène l’UNIGE aujourd’hui (et depuis longtemps).
Contexte
Au printemps 2025, l’UNIGE annonce son plan de restreindre l’accès aux étages 3 à 6 du bâtiment d’Uni Mail aux personnes titulaires d’une carte multiservices.
→ A partir du 1er septembre 2025, l’accès (portes et ascenseurs) est fermé à partir de 18h ainsi que les week-ends. De plus, quatre sur huit ascenseurs du bâtiment ne sont utilisables que pour des personnes ayant un bureau dans le bâtiment ; ce qui représente seulement une petite partie des personnes utilisant le bâtiment.
→ À partir de février 2026, cette mesure sera appliquée 24 h/24, 7 j/7.
→ La justification : cela augmenterait le sentiment de sécurité et protégerait le personnel des violences sexuelles et sexistes (VSS) commises par des personnes externes.
Cette mesure est…
…chiante
Alors déjà, ça embête tout le monde. Probablement, tu t’es déjà retrouvé.e.x dans de longues queues devant les ascenseurs ou bien essouflé.e.x en cours parce que tu as dû courir dans les escaliers. Ou autre problème, tu as un séminaire à 18h au 4ème étage, mais tu n’arrives pas à monter parce que tu as oublié ta carte d’étudiant.e.x à la maison.
Ou encore, ton association fait une petite expo sur la surface 7 au 3ème étage, mais la moitié des personnes ne peuvent pas venir parce que le vernissage a lieu après 18h.
De plus, la fermeture de la moitié des ascenceurs empêche et ralentit les personnes à mobilité réduite dans leurs trajets quotidiens au sein de l’uni
… hypocrite et inutile
Avant de critiquer la mesure elle-même, penchons-nous sur le prétexte des VSS qui justifie cette mesure et pourquoi cela est hypocrite et anti-féministe. On le sait touxtes : la majorité du temps les VSS sont commises par une personne connue (partenaire, ex-conjoint, membre/ami de la famille, collègue) de la victime.
Fermer les étages aux personnes externes n’exclut donc en aucun cas le risque de VSS. Le rectorat, lui-même, avoue que le seul but de cette mesure est d’apporter « un sentiment de sécurité ».
Alors, la mission du rectorat est-elle d’améliorer ce sentiment ou de mettre en place de vraies mesures pour arrêter la violence patriarcale ?
… raciste, classiste et validiste
Loin de protéger les personnes qui ne sont pas des hommes cisgenres, cette mesure est largement classiste, raciste et validiste. Au final, les décideurs de cette mesure avouent cela ouvertement, le but principal est de restreindre l’accès aux espaces de l’Université à des personnes précaires. C’est-à-dire des personnes racisées, sans domicile fixe, sans-papier, sans emploi fixe, etc. – bref, des personnes qui subissent déjà une marginalisation et une discrimination considérable par la société. En plus de cela, la quasi-fermeture de la moitié des ascenseurs contient aussi un caractère validiste, car des personnes ayant besoin des ascenseurs doivent attendre considérablement plus longtemps : le bâtiment leur devient moins accessible.
… anti-démocratique
Aussi, cette histoire montre à nouveau que le rectorat ne sait pas prendre de décisions ni les mettre en place. En déni de tout principe démocratique, c’est d’abord le GROUFO qui a discuté de la fermeture des étages. Le GROUFO, c’est un organe opaque censé gérer le bâtiment d’Uni Mail qui est composé des doyens des facultés présentes à Uni Mail, sans présence d’étudiant.e.x.s ou de membres du CCER. Après la prise de décision du GROUFO (sans en informer la communauté universitaire), c’est le service de la sécurité qui l’a mise en place :
L’uni a décidé de dépenser 80 000 CHF pour de nouvelles portes et des lecteurs de badges – mais de ne pas payer le travail supplémentaire que cela rajoute aux agents de sécurité et au personnel de la loge. Elargissement du cahier des charges sans augmentation de salaire ?
… partie d’un problème plus large
Derrière cette fermeture se cache un problème plus large : une vision élitiste et excluante de l’Université.
Le rectorat n’arrête pas d’affirmer sa volonté que l’UNIGE soit ouverte « à la Cité ». Contrairement à ce qu’ils disent, cette mesure montre que leur but est plutôt d’exclure la cité de l’Université et de la rendre plus difficilement accessible.
Ainsi, pendant que l’uni dépense 80 000 CHF pour des portes, le projet des étudiant.e.x.s « relais sociaux » (qui était une forme de travail social destiné aux personnes présentes dans le bâtiment) n’a pas été reconduit par manque de fonds. Pas très « ouvert à la cité »…
… une raison de se mobiliser
Pour toutes ces raisons, il s’agit donc de contester cette mesure. Luttons contre l’instrumentalisation de luttes féministes à des fins sécuritaires, contre des portes racistes, classistes et validistes et pour une vision de l’Uni comme endroit ouvert, accessible et solidaire.
Prêtez vos badges aux personnes qui n’en ont pas !
Laissez les portes ouvertes quand vous les utilisez !
Mobilisez-vous pour que notre université reste accessible !
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