Loi sur l’université: la fin du début

Sans surprise, la minorité votante a préféré faire confiance aux « autorités ».

En s’engageant dans la campagne contre la loi sur l’université, la CUAE ne se faisait pas d’illusions sur le résultat de cette votation. Il faut dire que les poids lourds ont mis la gomme : Ruth Dreifuss en page centrale dans les clés de l’école (organe de propagande de Charles Beer) juste au moment où les bonnes Genevoises recevaient leur enveloppe de vote à la maison, loi du silence imposée par le rectorat à l’intérieur de l’université et insistance sur « l’unanimité » qui a prévalu lors de l’adoption du texte au Grand Conseil.

On retiendra la méconnaissance du sujet affichée par les députées, qui semblaient défendre des aspects contradictoires d’une loi qui apporterait à la fois l’autonomie et le contrôle, la démocratie et la concentration des pouvoirs, la flexibilité et la sécurité pour le personnel, l’indépendance de la recherche et le financement privé.

On retiendra également l’énième désengagement de la gauche institutionnelle, qui a préféré suivre Charles Beer sur le terrain miné de l’excellence néolibérale plutôt que de soutenir les étudiantes et les employées de l’université qui en subissent chaque jour les conséquences sur leurs conditions d’études et de vie. On devrait donc faire confiance à un Conseiller d’État qui n’a pas hésité à écorner l’autonomie de l’université (prétendument le point fort d’une loi indispensable) au soir même de la votation en refusant la rétrocession des gains accessoires alors que la loi permet cette possibilité et laisse à l’assemblée de l’université le soin d’en décider.

Car il faut rappeler que si au parlement on a levé la patte « à l’unanimité », souvent sans même s’informer sur la loi, à l’université, les personnes concernées (le personnel administratif et technique, l’association pour le corps intermédiaire et les étudiantes via leur faîtière) se sont engagées contre la loi.

Enfin, la CUAE prend note que pendant cette campagne, comme si les « autorités » étaient en position de faiblesse, la presse semble leur avoir été particulièrement docile. Là encore, en connaissant à peine le sujet, on s’est permis de faire des résumés qui occultent une partie de la réalité. Par exemple, en ne retenant que nos prétendus arguments phare, le « grand débat Tribune » a complètement passé sous silence le statut du personnel. Effectivement, cela ferait ombrage aux velléités d’excellence venues d’en haut et il est plus simple de prétendre que nos arguments sont hors sujet.

La CUAE tient à remercier ici l’ensemble des militantes qui ont soutenu le comité référendaire durant la campagne. Grâce à leur engagement, l’unanimité de la classe politique ne s’est pas trouvée confirmée par le choix des votantes. Enfin, la CUAE réaffirme ici sa volonté de lutter dans la rue, dans l’université, aux côtés des étudiantes et de toutes celles qui, à juste titre, ne se contentent pas des promesses politiciennes.