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Prise de position – Sexisme à l’UNIGE, pas bravo le Rectorat !

 

 

Suite à l’article « Sexisme : Le Rectorat mal pris », paru dans Le Courrier, le vendredi 1er décembre, la CUAE dénonce l’attitude passive et hypocrite du rectorat. Ce n’est qu’après 3 articles* de journaux qu’il se décide à ouvrir une enquête (cf. Le Matin Dimanche, « Flückiger des sexes », édition du 03.12.2017), mais quelle enquête ?

 

 

Peu après le lancement de la campagne contre le harcèlement #UNIUNIE par le Rectorat, un énième article dénonçant des cas de harcèlement sexiste par un vice-recteur est paru vendredi 1er décembre, dans Le Courrier. La CUAE soutient les dénonciations qui y paraissent et tient à revenir sur l’attitude inadéquate du Rectorat.

En effet, le vice-recteur incriminé est connu depuis plusieurs années pour des cas de harcèlement sexiste. L’article mentionne que, ce dernier avait reçu, il y a 10 ans déjà, un avertissement de la part

de l’ancien recteur pour ses comportements sexistes envers des doctorantes. Aujourd’hui, bien que le rectorat se fasse porte-parole de « l’égalité des sexes » à l’Université, le harceleur n’a toujours pas

été sanctionné alors que son sexisme perdure.

 

Stratégie de l’agresseur

Les citations de ce dernier dans l’article précité démontrent clairement les stratégies employées par l’agresseur. Il est systématique que les agresseurs développent des moyens de se protéger et de se rendre « insoupçonnable », en se justifiant ou en déplaçant le sujet. L’instrumentalisation de certaines de ses doctorantes, collègues ou femmes le soutenant, de même que prêcher la bonne parole sociale et l’égalité sont des méthodes avérées des agresseurs pour se rendre intouchables. Le vice-recteur en question l’applique et l’affirme dans ses dires : « mon mandat a été renouvelé avec le soutien unanime des professeurs, y compris femmes. », « Je me suis plus que bien comporté. Je n’ai aucun problème avec les autres doctorantes ou doctorants. J’ai soutenu beaucoup de gens. ».

Cela est explicité dans la brochure « NON, NO, NEIN au harcèlement sexuel dans les lieux de formation », rédigée par une coalition de syndicats et associations d’étudiantes en Suisse, parue en novembre dernier : « On observe souvent que les harceleurs ont une bonne réputation et sont appréciés de leurs collègues, leurs ami.e.x.s ou les étudiant.e.x.s/élèves. À priori, leur paroles est plus prise en compte que celle des personnes qui dénoncent le harcèlement. » (p. 28)

 

Protection entre pairs

Le recteur actuel fait preuve quant à lui d’une totale solidarité entre pairs. Il réfute toute accusation et nie avoir entendu les doctorantes harcelées, alors même qu’elles l’avaient contacté directement. Un principe de base de reconnaissance du harcèlement sexiste et sexuel est de considérer uniquement le ressenti de la victime, et en aucun cas l’intention de l’auteur. Il n’est donc pas possible de réfuter des accusations sous l’unique prétexte que l’agresseur ne considère pas en être un, ou qu’un collègue ne le considère pas comme tel. « Je suis à des années-lumières de ses accusations. », « ce n’est pas mon point de vue », dit-il.

De plus, tout en affirmant une « tolérance zéro » lors du lancement de la campagne contre le harcèlement, le recteur n’agit pas pour ce cas (et qualifie les dénonciations de « propos anonymes malveillants »). Cela, alors même que le vice-recteur « [reconnaît] une part d’erreur ». Mais où est-elle alors, cette « tolérance zéro » ?

 

Ouverture d’une enquête

Nous avons appris le jour suivant, par l’intermédiaire des médias, que le Rectorat avait envoyé un communiqué de presse en réponse à cet article pour faire part de l’ouverture d’une enquête à ce sujet. Mais quelle enquête ? Alors que le Rectorat réfute les accusations et protège son collègue, dans cet article ainsi que dans les précédents (cf. Article de la Tribune de Genève), il prétend d’un coup être concerné par ces accusations et promet l’ouverture d’une enquête. Nous jugeons que ce ne sont que des paroles en l’air pour faire bonne figure. Dans ce communiqué, il rappelle le récent lancement de la campagne et la fameuse « tolérance zéro ». HA ! HA ! HA ! Cela nous conforte dans l’impression que cette campagne sert à dorer la parure du Rectorat plus qu’à combattre le sexisme dans son établissement. La « tolérance zéro » si souvent rabâchée ne s’arrête pas aux portes du rectorat : les agresseurs qui y sont doivent être sanctionnés.

Mais à nouveau, il s’agit d’une réaction systématique face aux cas de harcèlement, que nous dénonçons fortement. Condamner le sexisme, c’est bien, protéger ses pairs, c’est mal.

De même, l’ouverture de cette enquête nous questionne. Le Rectorat n’était pas clair à ce sujet. Nous en attendons les résultats, mais nous soulignons et insistons sur le fait que cette enquête ne doit en aucun cas servir à trouver les personnes qui ont parlé dans la presse, mais bien à vérifier les accusations et sanctionner, voire licencier l’agresseur. Que cela soit clair, s’il s’avérait que les personnes harcelées ou témoins se faisaient inquiéter, mobber ou menacer, une réaction s’ensuivrait.

Pour rappel, le Rectorat (ou plutôt le Service Egalité…) a écrit une brochure « Gardons les yeux grands ouverts ! Harcèlement : informer, prévenir, se défendre ». À la page 39, le Recteur pourrait y trouver des bons conseils…Mais ne l’aurait-il même pas lue, cette brochure… ? En tout cas, il fait tout faux…

  • « Recevez et écoutez la personne. » : Le Recteur nie avoir reçu les personnes harcelées…
  • « Osez intervenir. » : Ce n’est qu’à la suite de trois articles concernant ce cas que le Recteur prétend intervenir…
  • « Ne soyez pas trop méfiant. » : Il déplore ces « accusations anonymes et malveillantes »…

 

Pas bravo… !

Rappelons-le : tout cela nous irrite au plus au point, croyez-nous M. Le Recteur… Nous attendons les suites de cette enquête et la suivrons avec la plus haute attention. Nous ne laisserons pas passer ces comportements et comptons bien vous le faire savoir. Il est temps que les harceleurs soient licenciés et les personnes harcelées protégées ! Nous, la tolérance zéro, on l’applique !

 

Le comité de la CUAE

 

 

* Le Matin Dimanche, édition du 22.01.2017, « Le rectorat est accusé de sexisme ».
Tribune de Genève, édition du 18.11.2017, « L’Université adopte la « tolérance zéro » ».
Le Courrier, édition du 1er décembre 2017, « Sexisme : Le rectorat mal pris ».

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Retour de la journée nationale contre le harcèlement sexiste et sexuel dans les lieux de formation – 23 mars 2017

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Aujourd’hui, jeudi 23 mars 2017, a eu lieu la première journée nationale contre le harcèlement sexiste et sexuel dans les lieux de formation. Cette journée s’inscrit dans le cadre de la campagne contre le harcèlement sexiste et sexuel lancée en novembre 2016.

A cette occasion, des actions ont eu lieu dans différents établissements scolaires de Genève (Collèges, HES, Université), afin de rendre visible les violences sexistes qui s’y passent et inciter les étudiantes et élèves à s’engager contre. Par exemple, une banderole a été déposée dans le hall d’Uni Mail, invitant les étudiantes et personnes concernées à prendre conscience de l’ampleur du problème qu’est le harcèlement sexiste et sexuel : ICI AUSSI LE HARCÈLEMENT (S)EXISTE, LUTTONS !

« Bien que le Rectorat se vante des mesures mises en place à l’Université de Genève pour parer aux inégalités de genre, le harcèlement sexuel et sexiste est toujours une réalité dans les lieux de formation, et ce, à tous les étages ! » explique une secrétaire permanente de la CUAE.

Le harcèlement sexuel est condamné par la charte d’éthique et de déontologie de l’UNIGE et des médiations sont organisées, obligeant à la personne victime de harcèlement à confronter son harceleur. En considérant les rapports de hiérarchie en place, il est évident qu’une telle situation n’est pas simple à dénoncer. S’ajoute à cela, le soutien entre pair fréquent, et donc une méprise du problème dénoncé (cf. Article de La Cité, du 5 janvier 2017).

Les mesures spécifiques au harcèlement sexuel prises par l’Université de Genève ne doivent pas être une parure de bonne figure pour le Rectorat, mais nécessitent une application concrète et efficace.

« Le harcèlement sexiste et sexuel n’est pas une question de lieu ou d’espace mais une conséquence du système patriarcal dans lequel nous vivons. Il se reproduit dans tous nos espaces de vie (sphère privée, comme publique) et à l’Université aussi, d’autant plus qu’il s’agit d’une institution basée sur un système ultra-hiérarchisé. » complète-t-elle.

Elle poursuit : « Il est du ressort du Rectorat de s’engager de manière ferme et à appliquer les mesures en place contre ces violences pour se montrer intransigeant lorsqu’elles arrivent au sein de son établissement. Des sanctions doivent être prises contre les harceleurs, quelque soit leur place au sein de la hiérarchie. »

Cette journée s’inscrit dans la campagne lancée en automne 2016 par une coalition d’organisations étudiantes de toute la Suisse : kriPofrauensternli (Zürich), kriPo-SUD (Fribourg, Berne), l’AFU (Lausanne), SUD-EP (Vaud, Valais, Neuchâtel), CELVS (Genève) et la CUAE (Genève), contre le harcèlement sexiste et sexuel dans les lieux de formation. La campagne demande l’élargissement de la LEg (Loi sur l’égalité) au statut des étudiantes, alors que la loi telle qu’elle est actuellement est restreinte aux personnes salariées.

plus d’informations sur la campagne : http://www.formation-sans-harcelement.ch/