Catégories
Actualités Communiqués de presse Politique universitaire

Annulation du G8 des universités à Dijon mais la marchandisation de l’éducation et de la recherche continue. Le contre-sommet est maintenu!

Dans une dépêche de l’agence AEF du 21 avril, la présidente de l’Université de Bourgogne défendait son choix d’organiser le G8 (rebaptisé « sommet mondial ») des universités à Dijon. Selon elle, il n’y serait nullement question de marchandisation de l’enseignement supérieur car les pays invités ne se limitaient pas aux seuls 8 plus riches, ni même 20 plus riches de la planète. Ces propos font écho à l’attitude du président de l’Université de Franche-Comté, décrite dans un article de l’Est républicain du 19 avril. Celui-ci aurait « pris ses distances avec l’impopulaire G20 politico-économique ».

La présidente de l’UB déclarait également avoir été « tout à fait favorable » à l’organisation d’un contre-sommet car « Cela permet à la communauté universitaire de s’emparer de ces sujets et de leur donner une expression complémentaire, au-delà des seuls présidents et recteurs ».

Ces déclarations vertueuses de la part des deux présidents contrastent singulièrement avec les actions au caractère foncièrement néo-libéral qu’ils ont entreprises au cours des derniers mois : choix de répondre aux appels d’offre du Grand Emprunt de Nicolas Sarkozy, création d’une Fondation de Coopération scientifique, au président payé 100000 euros, sans représentants des personnels et étudiants au Conseil d’Administration mais aux chefs d’entreprises bien présents, lancement de « l’Université fédérale » appelée à redéfinir toute la carte des formations dans un contexte de restrictions budgétaires tous azimuts, etc.

Le 22 avril, nous apprenons que la deuxième partie du Sommet mondial des universités est annulée, ou reportée, sur demande du maire de Dijon. Celui-ci invoque une hypothétique menace des anarchistes autonomes. Le pseudo « sommet mondial des étudiants » de Besançon devrait, quant à lui, se dérouler comme prévu du 28 au 30 avril.

Ces menaces, peut-être fantasmées, ne doivent pas masquer l’essentiel : les politiques impulsées par le G8/G20 sont néfastes et honnies par l’immense majorité de la population mondiale. Nos politiques locaux le savent bien, tout comme nos présidents d’universités. Cette annulation traduit sans doute une gêne face à l’absence de légitimité démocratique de ces grand’ messes.

Les actions prévues à Besançon pour coïncider avec la première partie du sommet sont maintenues. Les débats, conférences, ateliers, tables rondes, projections, concerts prévus à Dijon du 5 au 7 mai sont maintenus. Parce que nous pensons que l’Université doit être un lieu ouvert, formant à l’esprit critique, à la réflexion, nous appelons la présidente de l’UB à honorer ses promesses pour que cette « excellente » initiative puisse se dérouler dans les meilleures conditions.

Enfin, parce que nous pensons que la marchandisation du savoir et de l’enseignement est néfaste, contre-productive et rejetée par l’immense majorité, nous appelons à une grande manifestation samedi 7 mai, départ 14h00 du Campus, 14h30 de la Place Wilson.

23 avril 2011, Collectif d’organisation du contre G8 de l’Éducation et de la Recherche (Alternatifs 21, AMEB, ATTAC21, ATTAC Besançon, CNT21, CUAE, FASE, FSU21, Forum social local21, NPA21, RUSF21, RUSF Franche-Comté, SNASUB-FSU 21, SNESUP 21, Sud éducation Franche-Comté, UEC 21, UGED-FSE, Individu-e-s)

Site : www.contreg8db2011.lautre.net / mail : contreg8-db-2011@riseup.net

Catégories
Activités Actualités Politique universitaire

Contre-G8 des universités de Dijon: Annoncez-vous!

Le comité de la CUAE organise un transport collectif en train depuis la Gare de Genève le jeudi 5 mai avec un retour le samedi 7 mai après la manifestation contre le Sommet mondial des universités. Contactez-nous sur cuae@unige.ch pour plus d’informations sur le prix, les horaires et les modalités de déplacement et d’hébergement sur place.

Catégories
Non classé

Regard Critique No 40 – Avril 2011

Sommaire:

– La politique des langues à ‘université de Genève entre rêve de grandeur et sélection sociale   p. 1

– Les bibliothèques et le rectorat, une histoire d’égo  p. 4

– Sommet mondial des universités: Organiser la résistance p. 6

[pdf http://www.cuae.ch/v2/wp-content/uploads/2013/01/201104_RC_40.pdf]

Catégories
Actualités Politique universitaire Textes

La politique des langues à l'université de Genève entre rêve de grandeur et sélection sociale [Regard Critique N°40]

Pourquoi un article sur la politique des langues à l’université de Genève, plus grande université généraliste du monde francophone selon son service de propagande ? Parce que de mémoire de membres du comité, la CUAE n’a pas pris de position sur ce sujet. Mais surtout parce qu’on a eu une discussion sur cette question à la rentrée de février, qu’on avait plein de choses à dire et qu’on était pas toutes d’accord. Bon, c’est vrai, il faut l’avouer, l’idée ne nous est pas venue comme ça. Cette problématique a d’abord émergé à l’assemblée de l’université du 10 novembre 2010. Une étudiante a demandé quelle était la politique des langues du rectorat et ce dernier, une fois de plus, dû admettre, dans une langue de bois digne d’un politicien, qu’il ne n’en avait pas. Depuis, un groupe de travail s’est créé sur la question. Il y a même des étudiantes [ref]Les termes au féminin s’entendent bien sûr aussi au masculin.[/ref] qui se plaignent de cours donnés en anglais dans certains bachelors. Du coup, on a pensé que de coucher les choses sur papier nous permettrait de replacer cette discussion dans un contexte plus général.

Pourquoi la question se pose-t-elle maintenant ?

De plus en plus de cours sont donnés en anglais et, depuis peu, également au niveau du bachelor. Pour l’instant, cette tendance semble circonscrite à la faculté des SES, même si tout le monde a pu remarquer la place prise par l’anglais dans les lectures. Mais ça pourrait changer prochainement. En plus de ces cours donnés en anglais, il y a, évidemment, une multitude de lectures en anglais. Plus on avance dans le cursus, plus cette proportion de lectures en anglais augmente. Évidemment, tout cela existe sans que personne n’ait songé à demander leur avis aux étudiantes ou à mettre en place des dispositifs d’aide comme des cours ou des ateliers.

La raison de cette évolution n’est pas à chercher dans le sens de l’Histoire ou une autre connerie de ce genre. L’anglicisation n’est pas une fatalité. Il s’agit d’un dommage collatéral d’une politique pourrie menée par les commissions de nominations des professeures et par les responsables des plans d’études. Maintenant que tous les programmes de Suisse, du monde, pardon, de l’univers sont mis en concurrence dans cette supercherie qu’on appelle « espace » commun de l’enseignement supérieur mais qui a de plus en plus les caractéristiques d’un « marché », les programmes doivent se démarquer les uns des autres et les départements marquer des points pour attirer les fonds. Ces points sont liés aux publications. Ainsi, plus on publie – même si c’est de la merde ou qu’on écrit quelque chose de douteux ou qui sera réfuté rapidement – plus on marque des points. Et comme en SES la plupart des publications sont en anglais, les anglophones ont un avantage certain face aux autres.

Donc, pour reprendre, on engage des professeures qui valent beaucoup de points et comme pour avoir beaucoup de points il faut publier en anglais, on engage des professeurs anglophones. La question de l’enseignement est, ici, bien évidemment, secondaire. D’ailleurs, qui s’en soucie ? Ah oui, les étudiantes. Mais jusqu’à récemment leurs voix ne comptaient pas. Espérons juste que lorsqu’elles siègeront dans les commissions de nominations elles n’auront pas le cerveau trop lavé par les discours sur l’excellence et tutti quanti.

« Genève, un monde en soi [ref]Nom du nouveau label de Genève Tourisme fourni par Saatchi & Saatchi, boîte de communications à qui on doit la campagne électorale de Margaret Thatcher en 1979 et qui occupe les anciens locaux des associations au 83, bd Carl-Vogt.[/ref]» ou ville internationale ?

On entend également que grâce au processus de Bologne la mobilité des étudiantes est augmenté et que pour leur permettre de voyager il faut leur donner des cours en anglais. Comme c’est mignon ! On essaye de nous faire croire que le rectorat se soucie de ses étudiantes alors que tout au long de l’année il leur mène une politique hostile et qu’il n’accède à aucune demandes sans passer d’abord par l’épreuve du rapport de force.

Il faut rappeler que la réforme dite « de Bologne » n’a pas amélioré la mobilité. Au contraire, elle l’a réduite à cause des difficultés qu’ont les étudiantes à faire des échanges sans allonger leurs études d’une année. Rappelons aussi que les étudiantes en mobilité sont dans leur écrasante majorité issues de familles socio-économiquement favorisées et, surtout, que les pauvres ne partent pas en Erasmus. La mobilité s’inscrit comme une nouvelle forme de discrimination sociale et comme l’accentuation d’un système d’études à deux vitesses. Depuis que les gueux ont d’avantage accès à l’université, il a bien fallu trouver un moyen de les distinguer des autres. Et la mobilité est apparue. Les pauvres restent d’où elles viennent parce qu’elles travaillent à côté de leurs études et n’ont pas la possibilité de lâcher leur job ou leur appartement subventionné alors que les autres voyagent plus que Desireless [ref]Chanteuse auteure du tube interplanétaire Voyage, Voyage.[/ref]. Donner des cours en anglais revient donc à favoriser la mobilité de certaines. Les autres qui n’ont pas suivi des cours en été pour passer un certificat complémentaire dans cette langue, peut-être parce qu’elles étaient obligées de vendre leur force de travail, auront d’avantage de difficultés à poursuivre leurs études et devront rester dans ce bled qu’est Genève.

Mais, une nouvelle fois, c’est aussi et surtout une histoire de points. On met sur place des masters dont les cours sont en anglais pour gagner en attractivité. Et oui, on espère attirer d’avantage d’étudiantes étrangères ce qui permet une nouvelle fois de monter dans les classements. L’idée sous-jacente est qu’en élaborant des programmes en anglais plutôt qu’en français, on a accès à un plus gros réservoir potentiel d’étudiantes. Ce n’est pas faux, mais c’est être aveugle face à la réalité :

L’excellence des programmes de l’université de Genève est toute relative et n’est pas distribuée de manière égale. Certains programmes sont assez réputés et les étudiantes qui les suivent viennent du monde entier alors que d’autres sont mal conçu et incohérent. Les étudiantes s’intéressent surtout à cet aspect lorsqu’elles ont la possibilité. Ensuite, elles n’ont pas souvent le choix. Venir étudier à Genève ressemble à un parcours de la combattante pour beaucoup. Même si on parvient à obtenir permis B étudiant, il faut encore trouver un logement et survivre au coût de la vie à Genève.

Pour attirer d’avantage d’étudiantes étrangères, le rectorat serait d’avantage inspiré de construire du logement pour les étudiantes plutôt que de ne rien faire ou que de supprimer les rares bâtiments qu’il leur met à disposition, de se battre contre la hausse des coûts des études voire leur gratuité et d’avoir une posture plus offensive sur la problématique des étudiantes étrangères [ref]Le rectorat dépense des centaines de milliers de francs en communication, des millions pour célébrer ses 450ans, mais ne trouve pas les fonds pour construire des logements. Pire, il s’apprête à vendre les seules parcelles et bâtiments qu’il mettait à disposition des étudiantes via une fondation, la CIGUË.

Au sujet des étudiantes étrangères, le vice-recteur Flückiger se plaint parfois de la politique trop restrictive de la Suisse. Seulement, il ne fait pas grand chose pour changer cela préférant réserver ses prises de positions politiques pour des projets comme l’extension de l’OMC. Enfin, lorsqu’il prend position sur la question des étudiantes étrangères, ses seuls arguments se basent sur la compétitivité de l’économie suisse et les besoins qu’on les entreprises d’exploiter une main-d’œuvre docile.[/ref].

L’anglais, la langue du marché du travail ?

On nous le rabâche suffisamment à longueur d’année : après l’université c’est le marché du travail ! Beurk. Il y a des perspectives plus réjouissantes que de se faire exploiter pendant cinquante ans avant de peut-être toucher une retraite de misère. Mais il ne faut pas se leurrer, même s’il est possible de passer sa vie sans vendre sa force de travail, seule une minorité parvient à développer des modes de vies alternatifs. L’écrasante majorité, elle, se fera exploiter.

On nous explique dès nos premiers pas à l’université qu’on doit s’adapter au marché du travail parce qu’il ne s’adaptera pas à nous. Et l’adaptation passe par l’apprentissage de l’anglais. S’il est probable que l’anglais est une langue de plus en plus pratiquée sur les lieux de travail en Suisse, c’est, une fois de plus, nous prendre pour des connes. On fait miroiter aux étudiantes « qui en veulent », celles qui se consacrent à enrichir leur CV pour mieux « se vendre », des postes à responsabilités qui sont sensés les faire rêver. Mais en réalité, la plupart d’entre nous n’exerceront pas le travail de leur choix [ref]Nous n’entrons pas ici dans un débat sur la question du choix. Évidemment, elle est relative lorsqu’on nous formate à longueur de temps et que même nos goûts sont fonctions de notre position sociale.[/ref] et l’anglais ne sera pas notre langue de travail. C’est donc un mirage qu’on nous fait miroiter pour nous rendre plus docile et nous pousser à nous mettre en concurrence. L’avantage de la docilité des étudiantes pour l’université est évident. Celui de la concurrence entre étudiantes pour les entreprises également.

Enfin, sur la question de l’adéquation au marché du travail, il faut rappeler une fois de plus que l’université n’a pas à nous former aux besoins des entreprises. On est censé y prodiguer un enseignement nous permettant d’acquérir un esprit critique indépendamment des besoins du marché du travail. Rien à voir avec les cours formatés pour les multinationales qui se mettent en place comme dans le master en trading offert par la faculté des SES. Si la Suisse devenait un régime militaire dictatorial, est-ce que l’université formerait les colonels ? Tout pousse à penser que oui.

Des cours d’anglais ? Oui, mais comment ?

Bien sûr, nous ne sommes pas à priori contre l’anglais. Mais la disparition des autres langues dans le champ académique menace la pluralité des approches. En Scandinavie, par exemple, les revues sont exclusivement publiées en anglais. Avec la disparition de certaines langues c’est des écoles de pensée qui disparaissent. A quoi ressemblerait la sociologie sans l’école de Francfort ? Il n’y a qu’à se rappeler le conflit entre Adorno et Lazarsfeld pour comprendre qu’il ne s’agit pas seulement d’une histoire de langue. Nous ne défendons pas la soi-disant beauté de la langue française parce que nous ne sommes pas des adeptes du chauvinisme langagier. Nous ne désirons pas non plus que les étudiantes ne parlent que le français. Idéalement tout le monde devrait être capable de communiquer avec tout le monde. Ça, c’est la vision du monde version Bisounours. La réalité est différente. L’utilisation de l’anglais comme langue unique de communication dans le milieu scientifique amène à de réelles disparités. Comme le suggérait le fondateur de l’espéranto, s’adapter à son interlocutrice en utilisant une langue qui n’est pas la sienne revient aussi à se placer dans une configuration de communication inégalitaire, à (re)produire un rapport de domination.

Une solution possible serait que tout le monde maîtrise bien l’anglais. Pour cela, il faudrait que des cours soient dispensés. « C’est déjà le cas » rétorqueront certaines. L’Ifage [ref]Fondation pour la formation des adultes présente à Genève.[/ref] en propose et ils sont entièrement remboursés par le « chèque formation [ref]Chèques Annuel de Formation (CAF). Les conditions d’octroi sont disponibles sur le site : http://www.geneve.ch/CAF/ [/ref]». Seulement, ce chèque n’est pas disponible pour tout le monde. Seules les contribuables régulières genevoises y ont droit. Les étrangères et les ressortissantes des autres cantons n’y ont pas accès tout comme les « mauvaises citoyennes » soumises à la taxation d’office. En plus, où trouver le temps de prendre des cours d’anglais, même gratuits, quand on étudie à 100% et qu’on travaille à côté à 50% ? Ici aussi, il y a un problème d’inégalité d’accès à la langue que nous avions souligné plus haut.

Une autre solution, plus acceptable, serait d’offrir des cours d’anglais compris dans les plans d’étude. C’est le seul moyen de mettre tout le monde plus ou moins sur un pied d’égalité. Seulement, ces cours prendront nécessairement la place d’autres matières. Est-ce qu’on a vraiment envie de sacrifier certains cours pour apprendre l’anglais ? C’est une question à laquelle il revient entièrement et uniquement aux étudiantes de répondre.

Catégories
Actualités Politique universitaire Textes

Les bibliothèques et le rectorat, une histoire d'égo [Regard Critique N°40]

La réforme des bibliothèques est significative de la tendance dans laquelle s’inscrit le rectorat pour administrer l’université et des méthodes qu’il emploie. Pour cette réforme, il n’a pas discuté avec les personnes concernées, s’est comporté comme le pire des employeurs, a fait appel à un consultant externe plutôt que d’utiliser les compétences présentes dans l’institution qu’il dirige. Il ne s’agit pas ici à proprement parler d’une nouveauté. De mémoire d’étudiante le rectorat a toujours eu horreur de la concertation et s’est toujours comporté comme un organe au dessus de tout contrôle, ne devant rendre de comptes à personne surtout pas aux membres de l’université. On avait déjà écrit dans un Regard Critique qu’il était le « patron de l’université » et qu’il se comportait bien comme un patron. Nous ne pouvons certainement pas juger de l’ensemble de l’activité du rectorat mais gardons en mémoire l’ensemble des échanges, consultations et autres manière de prendre le pouls auxquels la CUAE a participé. Et le bilan est triste.

Consultation et communication par Raboud [ref]Chef du service de propagande de l’université de Genève. Voir l’article du bulletin Unige-info n° 19 : « Contre Didier Raboud, propagandiste et mouchard »[/ref] & co.

Un constat s’impose d’emblée. Le rectorat vit dans une réalité parallèle se mure dans son autisme. Il a volontairement négligé la communication avec l’ensemble de la soi-disante communauté universitaire sur le projet de réorganisation des bibliothèques. Comment cela s’explique-t-il alors que le secteur de la communication ressemble de plus en plus à une structure mammouth au sein de l’université ? Comment le rectorat peut-il négliger un tel aspect à l’heure où l’on demande aux chercheuses[ref]Les termes au féminin s’entendent bien sûr aussi au masculin.[/ref] de valoriser les résultats de leur recherche non plus uniquement dans des revues scientifiques mais également dans des journaux de boulevard ?[ref]Le comportement des chercheuses de SES est à cet égard significatif. Le premier prix revient sans conteste à Eric Widmer pour sa présence dans les excellents journaux Le Matin et 20 Minutes grâce à des recherches pertinentes et utiles sur l’espérance de vie d’un couple.[/ref] Il ne faut pas se leurrer. Communication il y a eu. Seulement, plutôt que de discuter et de présenter le projet en amont aux principales concernées, c’est-à-dire les bibliothécaires, le rectorat a préféré le présenter à la cité, c’est-à-dire à la Tribune de Genève. C’est pour ça qu’on a retrouvé plusieurs articles sur les bibliothèques dans cette feuille de chou, au cours de l’année 2010. Une fois encore, Chloé Dethurens a été chargé de rédiger le faire part. Nous avions déjà eu la joie de faire la connaissance de son incompétence en ce qui concerne les affaires universitaires mais aussi de son manque d’esprit critique et de l’absence de toute curiosité intellectuelle de sa part lors du référendum sur la loi sur l’université.

Dont acte. Maintenant, pour connaître les projets à venir, on lira quotidiennement la Tribune de Genève plutôt que de se référer aux séances d’informations qui devraient être tenues mais qui ne le sont pas. Le fait que l’université soit un gros annonceur dans ce torchon n’a évidemment aucune influence sur la partialité des journalistes qui y travaillent. Seuls des esprits torturés – ce que nous ne sommes pas – pourraient penser de telles sottises.

Projet ?

Le rectorat a également tenu un discours ambivalent sur le statut de la réforme. Parfois il s’agissait d’un projet de réforme, parfois la réforme était déjà trop avancée pour qu’on puisse y modifier quoi que ce soit. La palme revient à la vice-rectrice De Ribaupierre. Lors d’une fameuse intervention à l’assemblée de l’université du 15 décembre 2010, elle a expliqué que l’allongement de l’horaire d’ouverture dans certaines bibliothèques à la fin de l’année 2010 était rendu possible par la restructuration, alors que dans la même phrase elle nous expliquait que la réforme n’était pas entrée en vigueur. Quelle femme ! Elle rend possible la distorsion du temps et les voyages spatio-temporels.

Plus sérieusement, cela mérite également une explication. Le rectorat a peur. Il a tellement peur pour son image que son discours change selon ses interlocuteurs. Le rectorat a peur parce que, pour une fois, la réforme est contestée par tous, y compris les professeures, et pas uniquement par les gueux, c’est-à-dire les étudiantes, les assistantes et le personnel administratif et technique. L’opposition réunit également presque toutes les facultés. Par exemple, l’une des premières interventions sur cette question au sein de l’assemblée de l’université a été l’œuvre de Luc Thévenoz, professeur plutôt conservateur de la faculté de Droit qui s’est notamment illustré comme grand défenseur du collège des professeurs.

Quand rectorat rime avec patronat [ref]Ce titre a été modifié suite à des pressions. Rectorat rime avec patronat mais aussi avec… (non, ce n’est pas indélicat, syndicat ou nougat)[/ref]

Un autre aspect frappant dans cette restructuration est le manque d’égard dont a fait preuve le patron de l’université. Les employées de l’université sont censées être traitées comme des employées de l’État. C’était l’une des promesses de Beer et de Vassali lors du référendum contre la nouvelle loi sur l’université. Les syndicats ne les ont pas crus. Et ils ont eu raison ! Il n’a pas fallu longtemps avant que des problèmes apparaissent dans les rapports qu’il entretient avec « son » personnel. Il y avait eu l’épisode des différences dans le traitement des assistantes. Il y aura désormais l’affaire des bibliothécaires. Ces dernières ont été invitées à postuler au poste qu’elles occupent ou à un autre. Dans le même temps on leur promettait qu’aucune ne perdrait son poste. Comment peut-on garantir son poste à quelqu’un et le mettre au concours en même temps ? Une fois de plus, vous n’imaginez pas tout ce que peut faire le rectorat pour vous.

Les bibliothèques à l’ère des indicateurs et du new public management

Un autre aspect marquant est l’utilisation d’outils du new public management, c’est-à-dire l’importation des méthodes de gestions entrepreneuriales et l’utilisation intensive d’indicateurs de performances. Le rectorat a mandaté un expert externe pour faire un audit. Il s’agit donc d’un audit externe. Mais comme on ne sait pas très bien ce que cela signifie au rectorat, on a quand même appelé le rapport « audit interne ». On aurait pu croire qu’un expert en bibliothèque serait mandaté mais ça serait mal connaître le rectorat. Il a préféré un expert en électricité sorti d’EDF. Après tout, un audit reste un audit, non ? Non ! Le rapport est d’une très mauvais qualité et démontre la méconnaissance du monde universitaire et des bibliothèques de « l’expert » mandaté. La mauvaise qualité du rapport est la seule raison qui explique le secret qui l’entourait au début. Aujourd’hui, après pression de la part des membres de l’assemblée de l’université, le rapport est disponible mais il est interdit de prendre de notes. Il ne faudrait quand même pas que ce document soit commenté par des personnes intéressées au fonctionnement des bibliothèques ! Plutôt que de mener un vrai audit interne et de s’appuyer sur l’expertise des gens qui travaillent tous les jours dans les bibliothèques et qui mieux que quiconque connaissent leur travail et leurs outils de travail, le rectorat a engagé un « expert » externe. Plutôt que de prendre le temps d’écouter les principales concernées et d’élaborer un projet qui améliore le fonctionnement des bibliothèques, il a décidé de centraliser par la force.

Ce qu’il faut retenir

On ne sait pas très bien quelle leçon tirer de cette histoire. Y en a-t-il vraiment une à tirer ? On savait déjà que le rectorat se comportait ainsi. On savait déjà que le service de communication ne sert qu’à faire accepter par la cité ce qui ne l’est pas à l’intérieur de l’institution. Non, s’il y a quelque chose à retenir, c’est la furie centralisatrice du rectorat dont les bibliothèques ne sont qu’un exemple symptomatique et que le seul comportement à adopter face à ces « gens respectables » est de garder en tout temps une attitude suspicieuse comme celle qu’a le rectorat face à une bonne suggestion.

Catégories
Activités Actualités Politique universitaire Textes

Sommet mondial des universités: Organiser la résistance [Regard Critique N°40] (FR/EN/DE)

Les gens de pouvoir, tout comme les hippies ou les membres de Zofingue, aiment par dessus tout se réunir entre elles [ref]Les termes au féminin s’entendent bien sûr au masculin, sauf pour Zofingue et l’ennemi.[/ref] pour discuter de l’avenir du monde. À cela près que les décisions des premiers influencent le quotidien de milliers d’individus et le plus souvent pour le pire. Les recteurs ne font pas exception à la règle. Les directeurs des principales universités issues des pays du G8 [ref]États-Unis, Canada, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie & Russie.[/ref] se réunissent chaque année depuis 2008 pour planifier la marchandisation des études et des savoirs. Après Vancouver et Turin, où les manifestations étudiantes furent durement réprimées par les forces de l’ordre, les recteurs se réuniront du 5 au 7 mai 2011 à Dijon. Le cercle très fermé du G8 a cette année décidé de « s’ouvrir » en intégrant quelques recteurs issus des pays paternalistiquement nommés « en voie de développement ». À l’instar du Forum économique de Davos qui n’intéresse guère plus que les journalistes, tout laisse à penser que ce « Sommet mondial des universités » ne sera qu’une opération de communication spectaculaire destinée à officialiser des décisions déjà prises auparavant. La récente apparition de ces Sommets sont symptomatiques du fonctionnement toujours plus autoritaire des universités gérées comme des entreprise dont les recteurs sont les patrons.

Mais on oublie parfois que l’université telle qu’elle se présente aujourd’hui n’est pas une fatalité, les mouvements qui continuent de secouer Londres, Rome ou La Haye, loin de se réduire à des luttes « contre l’austérité » nous le montrent [ref]Partis d’une réaction aux coupes budgétaires dans le secteur public et aux hausses des taxes universitaires, ces mouvement protéiformes ont développé un imaginaire de lutte collective outrepassant les frontières de l’université. Voir les liens sur notre site http://www.cuae.ch.[/ref].
Plutôt que d’assister passivement à la situation actuelle, des enseignantes, des membres du personnel et des étudiantes se mobilisent pour organiser un Contre-sommet qui prendra place au même moment à l’université de Dijon. Toutes celles qui n’auront pas voix au chapitre lors du Sommet officiel 4  seront ainsi hébergées dans un campement auto-organisé et pourront prendre part à des conférences ou des tables rondes sur des thèmes tels que la précarité à l’université, la marchandisation des études, les moyens de lutte et de résistance au sein de l’université et les possibilités offertes par l’autoformation. Finalement, ces trois jours de rencontres et de réflexions se termineront par une manifestation unitaire le 7 mai.

Le fait que des étudiantes de toute l’Europe se rassemblent pendant plusieurs jours au même endroit ouvre des perspectives stimulantes dans la critique non seulement des réformes universitaires en cours, mais de l’éducation telle qu’elle se présente aujourd’hui. À l’heure où les recteurs collaborent dans la bonne humeur avec les gouvernements qui triplent le montant des taxes et sabordent les budgets des disciplines non-rentables, invitons-nous aux festivités armés de nos esprits critiques et de nos Book Bloc.

Plus d’informations: http://www.contreg8db2011.lautre.net/

Global University Summit: Organizing Resistance

People in power like hippies or members of Zofingue [tn: bourgeois students’ guild in Geneva], like above all to meet to discuss the future of the world. Except that the first’s decisions mostly for worse affect the lives of thousands of individuals. The rectors are no exception to the rule. The directors of major universities from the G8 countries have met annually since 2008 to plan the commodification of education and knowledge. After Vancouver and Turin, where student demonstrations were harshly repressed by the police, the presidents will meet from 5th to 7th May 2011 in Dijon (France). The restricted G8 circle this year decided to « open up » by including a few presidents from countries paternistically called « developing countries ». Like the World Economic Forum (WEF) in Davos that interests much more than journalists, everything suggests that this « Global university summit » will be a spectacular operation designed to formalize decisions which have already been taken before. The recent emergence of these Summits are symptomatic of the increasingly authoritarian way universities are managed. Universities are businesses and the rectors act as their bosses.

But we sometimes forget that the university as it exists today is not inevitable, as movements that continue to agitate London, Rome and The Hague, far from being reduced to the struggle « against the austerity » proves it to us. From a reaction to cuts in the public sector and increasing university fees, these movements have developed a protean imagination of collective struggle that transcends the limits of the university.

Rather than passively watch the current situation, teachers, staff and students are mobilizing to organize a Counter-summit which will take place at the same time at the university of Dijon. All those who have no voice at the official Summit will also be housed in a self-organized camp and will participate in conferences and roundtables on topics such as precarity, the commodification of education, means of struggle and resistance within the university and possibilities offered by self-study. Finally, these three days of meetings and discussions will end with a demonstration on 7th May.

The fact that students from all over Europe will gather for several days opens up exciting opportunities in the criticism not only of university reforms in progress, but of education as it exists today. At a time when rectors are working in the right mood with governments which triples the amount of taxes and announces public spending cuts for unprofitables courses of study, let’s invite us to the festivities armed with our critical thinking and our Book Block.

Weltgipfel der Universitäten – den Widerstand organisieren

Die Mächtigen, genau wie die Hippies oder die Mitglieder der Zofingia, lieben es über alles, sich zu versammeln, um über die Zukunft der Welt zu diskutieren. Mit dem kleinen Unterschied, dass die Entscheidungen ersterer den Alltag Tausender Individuen beeinflussen und meistens in einem negativen Sinn. Die Rektoren bilden da keine Ausnahme. Die Vorsteher der wichtigsten Universitäten aus den G8-Staaten (1) versammeln sich seit 2008 jedes Jahr, um die Kommerzialisierung des Studiums und des Wissens zu planen. Nach Vancouver und Turin, wo die Studentendemonstrationen von den Ordnungskräften brutal niedergeschlagen wurden, werden sich die Rektoren vom 5. bis zum 7. Mai 2011 in Dijon treffen. Der sehr geschlossene Club des G8 hat dieses Jahr entschieden, „sich zu öffnen“, indem einige Rektoren aus „Entwicklungsländern“ (wie sie paternalistisch genannt werden) einbezogen werden. Wie beim WEF in Davos, das fast nur noch die Journalisten interessiert, deutet auch im Falle des „Weltgipfels der Universitäten“ alles darauf hin, dass es sich nur um eine spektakuläre Kommunikationsoperation handelt, um schon zuvor getroffene Entscheidungen amtlich zu machen. Diese Gipfel als eher neue Erscheinung sind symptomatisch für die zunehmend autoritäre Funktionsweise der Universitäten, die wie Unternehmen gemanagt werden und in welchen die Rektoren die Bosse sind.

Manchmal geht allerdings die Tatsache vergessen, dass die Universität, so wie sie sich heute präsentiert, keine Fatalität ist, die Bewegungen, die weiterhin London, Rom oder Den Haag erschüttern, zeigen es uns (2).

Statt der aktuellen Situation passiv gegenüber zu stehen, organisieren Lehrpersonen, Mitglieder des Personals und Studentinnen (3) einen Gegengipfel, der gleichzeitig an der Universität Dijon stattfinden wird. Alle, die nicht mitreden dürfen am offiziellen Gipfel (4), werden die Möglichkeit haben, in einem selbstorganisierten Camp zu übernachten und an Konferenzen und Runden Tischen zu Themen wie der Prekarität an der Universität, der Kommerzialisierung des Studiums, den Kampf- und Widerstandsmitteln innerhalb der Universität und die Möglichkeiten der Selbstbildung teilzunehmen. Diese drei Tage der Begegnung und des Nachdenkens  werden am 7. Mai mit einer gemeinsamen Demonstration abgeschlossen.

Die Tatsache, dass sich Studentinnen aus ganz Europa während mehreren Tagen an einem Ort versammeln, eröffnet stimulierende Perspektiven, nicht nur bezüglich der Kritik der aktuellen Universitätsreformen, sondern der Bildung wie sie sich heute präsentiert. In einer Zeit, wo die Rektoren gut gelaunt mit den Regierungen kollaborieren, die die Gebühren verdreifachen und die Budgets der nicht rentablen Disziplinen auf ein Minimum reduzieren, lasst uns uns selbst an die Festlichkeiten einladen, bewaffnet mit unserem Sinn für Kritik und unseren Book Blocs.

(1)   USA, Kanada, Japan, Deutschland, Grossbritannien, Frankreich, Italien & Russland.

(2)   Ausgehend von der Reaktion auf die Budgetkürzungen im öffentlichen Sektor und der Erhöhung der Universitätsgebühren hat diese vielförmige Bewegung eine Vorstellung des Kampfes entwickelt, die über die Grenzen der Universität hinausgeht. Siehe die Links auf unserer Homepage https://cuae.ch.

(3)   Die Begriffe in weiblicher Form verstehen sich natürlich auch in männlicher Form, ausser für die Zofingia und den Feind.

(4)   Diesbezüglich muss gesagt werden, dass ein Gipfel, wo sich eine Handvoll Studenten treffen, in Besançon einige Tage vor dem Gipfel der Rektoren stattfinden wird. Man kann nur gezwungen lächeln ob dieser übel riechenden Farce, denn diese verdienstvollen Studentinnen wurden von ihren Universitätsleitungen ausgewählt.

Catégories
Actualités Politique universitaire

Motion sur la réorganisation structurelle des bibliothèques – AG du 6 avril 2011

Pour appuyer la motion votée par l’Assemblée de l’université du 16 mars 2011 et considérant :

  • le fait que la réorganisation des bibliothèques obéit à un processus imposé par le rectorat sans consultation ni implication de la plus grande part des professionnelles concernées [ref]Les termes au féminin s’entendent bien sûr aussi au masculin[/ref]
  • le fait que cette réorganisation a été décidée sans une analyse des besoins des usagères et que ses objectifs n’ont pas été validés avec des représentantes des usagères et des professionnelles ;
  • que les droits des employées des bibliothèques ont été violés dans les premiers mois de la restructuration et que les conditions de travail des employées des bibliothèques sont fortement précarisées par la restructuration

L’Assemblée générale de la CUAE exige du rectorat l’abandon de la réorganisation structurelle des bibliothèques telle qu’elle est actuellement envisagée et l’élaboration d’un nouveau projet. Celui-ci devra notamment éviter une centralisation excessive et inutile et permettre une gestion des bibliothèques proche des usagères au sein des facultés et instituts et sous la direction des autorités académiques concernées, en particulier les décanats, les conseils participatifs et les commissions des bibliothèques.

L’Assemblée générale charge le Comité de mettre en œuvre tous les moyens qu’il jugera utile pour obtenir l’abandon de la restructuration des bibliothèques telle qu’elle est prévue par le rectorat.

Motion sur la réorganisation structurelle des bibliothèques – AG du 6 avril 2011

Catégories
Actualités Communiqués de presse

Entrée en vigueur de la LACI: Communiqué du Collectif Occup'oisson de l'ORP

Vous connaissez la chanson : l’histoire est celle d’un petit navire, qui n’a que très peu navigué (ohé-ohé !). Quand le poisson vient à manquer, les marins tirent à la courte-paille pour savoir qui de l’équipage sera mangé. Par malheur, le sort tombe sur le plus jeune. Et pendant que les autres en toute indécence délibèrent sur la sauce et la cuisson, le mousse grimpe en haut du mât… mais ne voit que flots, flots, flots de tous côtés.

RP de la Rue Alexandre-Gavard - 1er avril 2011

Si la 4e révision de la LACI, votée par la majorité du peuple Suisse malgré le référendum des syndicats, accroît la pression sur l’ensemble des travailleuses et des travailleurs, elle place surtout les jeunes dans l’œil du cyclone. Un arsenal de mesures vient ainsi d’être adopté pour les éduquer aux bas salaires, à la flexibilité et à la docilité vis-à-vis de leurs patrons ou futurs patrons.

Avec le chômage structurel, le moment du passage à l’emploi est particulièrement délicat, les employeurs favorisant ceux qui ont déjà une certaine expérience professionnelle. Les nouveaux délais de carence imposés aux jeunes diplômés (5,5 mois) contraignent donc les familles à financer cette transition – y compris les stages non-rémunérés effectués par leurs enfants pour le compte des entreprises ! D’un autre côté, l’obligation légale des parents d’entretenir leur enfant cesse avec la fin de la formation, et dans tous les cas à 25 ans. Les jeunes issus de familles modestes ou en conflit avec leurs parents seront donc contraints d’accepter n’importe quel emploi, sous peine de finir à l’assistance publique. On verra ainsi – on en voit déjà – des jeunes ayant appris un métier qui leur plaît brader leurs compétences dans des supermarchés ou des bistrots, souvent durablement, voire définitivement. Les employeurs se frottent les mains…

La situation n’est pas plus favorable pour les jeunes ayant déjà travaillé, même s’ils cotisent depuis 10 ans à l’assurance chômage. Sur le seul critère de leur âge, ils verront leur droit réduit de moitié par rapport aux travailleurs plus âgés (pour les moins de 25 ans). Et la notion d’emploi convenable, qui protégeait notamment leur salaire et leurs conditions de travail, ne s’appliquera plus pour eux (jusqu’à 30 ans !). On verra donc des jeunes titulaires d’une formation et d’une longue expérience professionnelle contraints, après un licenciement, de travailler n’importe où et à n’importe quel prix.

Si les jeunes soussignés occupent aujourd’hui l’Office régional de placement (ORP) des Acacias Rue Alexandre-Gavard, c’est pour lancer, du haut du mât, un appel à la solidarité des travailleurs et travailleuses, chômeuses et chômeurs de ce canton ! Du poisson, il y en a plus qu’assez, simplement il n’est pas dans nos mains !

Banderole ORP 1er avril 2011

Tous ensemble, exigeons :

  • L’introduction immédiate d’un droit à 120 jours d’indemnités supplémentaires, financées par le canton, pour tous les chômeuses et chômeurs que l’entrée en vigueur de la LACI laisse sur le carreau.
  • L’introduction, dans la Loi cantonale sur le chômage (LMC), d’un droit à des indemnités de chômage financées par le canton compensant, pour toutes les catégories de chômeuses et chômeurs, les réductions imposées par la nouvelle LACI.
  • Le maintien du Revenu Minimum Cantonal d’Aide Sociale (RMCAS), dernier filet avant l’assistance publique pour les chômeurs en fin de droit, qui vient d’être supprimé par le parlement.

Et à plus long terme, luttons pour imposer :

  • Des protections contre les licenciements.
  • Un meilleur partage du temps de travail et des protections contre la flexibilité au travail, créatrice de chômage.
  • Un salaire minimum légal à 4000 francs pour tous les travailleurs et les travailleuses.

Collectif d’Occup’oisson de l’ORP

Soutenu par : Conférence Universitaire des Associations d’EtudiantEs (CUAE), Unia-Jeunes, United Black Sheep (UBS), Association de défense des chômeurs (ADC-Lausanne)

Tract distribué pendant l’occupation:

Tract chômage 01.04.2011