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Réaction de la CUAE à la réorganisation des départements du Conseil fédéral 

C’est sous la canicule du mois de juin que le Conseil fédéral a annoncé le transfert des domaines de l’éducation et de la recherche au Département fédéral de l’économie (DFE) de Johann Schneider-Ammann. Il va de soi que pour les Sept sages, cette annonce, qui constitue à l’échelle suisse un mini-séisme politique, était d’une urgence incontestable et ne pouvait en aucun cas attendre la rentrée universitaire de septembre.

Un Conseil fédéral en phase terminale de kleiberisme

Le fond de cette réforme des Départements fédéraux ne laisse rien présager de bon pour l’avenir d’un système suisse de formation déjà passablement sinistré par l’activisme hystérique de Charles Kleiber, le prédécesseur de Dell’Ambrogio au Secrétariat d’état à l’éducation et à la recherche (SER). Charles Kleiber a d’ailleurs été le premier retraité à se réjouir de la réorganisation du Conseil fédéral, clamant à qui voulait bien l’entendre que cette réforme était fondamentalement nécessaire puisque « Charly » lui-même avait tenté à deux reprises de la mettre en place durant sa carrière de Secrétaire d’état.

« Les réformes se passent sur le mode du troc » a-t-il déclaré sur les ondes de la Radio suisse romande. Le mot est sans doute trop faible pour décrire les tractations politiciennes qui se sont déroulées sous la Coupole fédérale ces derniers mois. Comme le faisait remarquer un journaliste, l’enjeu de ce transfert de la formation et de la recherche a fait l’objet d’une intense lutte de pouvoir entre les deux Conseillers fédéraux libéraux-radicaux Didier Burkhalter et Johann Schneider-Ammann. Ce bras de fer étant maintenant réglé, Schneider-Ammann est aujourd’hui présenté par les médias comme le grand gagnant de cette réforme des départements sans que l’on se pose davantage de questions.

Comme évoqué auparavant, ce projet de réforme dormait depuis plus de cinq ans dans les tiroirs de Charles Kleiber. Comment, mais surtout pourquoi, a-t-il soudain pu se concrétiser aujourd’hui ? L’arrivée triomphale du multi-millionnaire Johann Schneider-Ammann au Conseil fédéral il y a bientôt un an, avec rappelons-le les voix de la gauche parlementaire, apporte déjà un élément de réponse. Un bref retour sur son parcours politique nous fait comprendre que le grand gagnant de la réorganisation des Départements n’est pas Schneider-Ammann en personne, mais bien les milieux économiques de la finance et de l’industrie avec lesquels il a tissé des liens, des convergences tout au long de sa carrière et avec lesquels il partage un certain nombre d’intérêts objectifs.

« Une relation assez naturelle au pouvoir » (J. Schneider-Ammann, Schweizer Fernsehen, 22.09.2010)

Issu d’une famille aisée du canton de Berne, Johann Niklaus Schneider-Ammann a mené une carrière typique des grands cadres du patronat suisse. Un diplôme d’ingénieur EPFZ en poche, ce colonel à l’armée suisse a ensuite obtenu un MBA à l’Institut européen d’administration des affaires de Fontainebleau ; un institut entièrement financée par des fonds privés et dont les taxes d’études se montent aujourd’hui à 56’000 € par an.

Johann Schneider-Ammann

Sa volonté de maintenir une partie des activités du Groupe industriel Ammann en Suisse lui ont valu des déclarations émouvantes de la part de certains cadres syndicaux d’Unia. À l’étranger en revanche, Schneider-Ammann s’est montré impitoyable avec les salariés de l’usine de Metzingen (Allemagne du sud) en procédant à un licenciement collectif en 2009. Élu au Conseil national en 1999, il s’est illustré par des revendications délirantes qui ont crée le malaise jusque dans son camp politique ; notamment lorsqu’il a défendu en Commission l’introduction d’indemnités dégressives de jour en jour pour les chômeurs de longue durée. Parallèlement à ses activités de chef d’entreprise et de parlementaire, Schneider-Ammann cumulait un nombre insensé de postes au sein de conseils d’administration et de différentes associations patronales, collectionnant les jetons de présence comme certains collectionnent les « Nanos » offerts par la Migros.

Johann Schneider-Ammann a notamment été vice-président de la tristement célèbre faîtière patronale Economiesuisse pendant plus de dix ans. Les statuts de cette fédération affirment dès le départ que leur mission est de « créer les conditions-cadre optimales pour l’économie suisse », comprenez le profit des actionnaires et autres parasites de l’économie marchande. À ce titre, les représentants d’Economiesuisse ont milité avec succès pour la hausse des taxes universitaires à Zurich ainsi que pour l’alignement des universités suisses sur le modèle de la concurrence entre les entreprises. Ces discours réactionnaires ont été combiné avec des élucubrations sur la nécessité de pratiquer des politiques d’austérité budgétaire afin de diminuer la dette étatique. Il est donc correct d’affirmer qu’Economiesuisse et ses alliés au sein des sphères politiques et administratives sont directement responsables du sous-encadrement structurel subis par les étudiantes [ref]Les termes au féminin s’entendent bien sûr aussi au masculin[/ref] dans certaines facultés ainsi que la baisse drastique des moyens accordés aux disciplines ne fournissant pas une rentabilité immédiate à l’économie.

Santé!

Face à l’hostilité patronale, le silence des agneaux

Comment un tel personnage dont la fortune s’élève à 600 millions de francs selon les estimations du magazine Bilan, a-t-il pu recevoir les clés de l’éducation et de la recherche ? La réponse est à chercher dans l’évolution dramatique du rapport de force entre les étudiantes et les milieux économiques suisses depuis une dizaine d’années et l’alignement progressif des partis classés à gauche de l’échiquier politique sur les discours managériaux sur la “qualité” et la saine “concurrence” [ref]Nous ne reviendrons pas sur le second élément dans ce texte et renvoyons les lectrices intéressées au livre d’Isabelle Bruno, La grande mutation. Néolibéralisme et éducation en Europe. Syllepse, Paris, 2010.[/ref].

Excepté le président de l’EPFL Patrick Aebischer, personne n’est d’avis que la réorganisation des Départements constitue une « demi-décision ». Ce transfert est au contraire historique et vient couronner vingt ans de réformes universitaires ouvertement hostiles aux étudiantes. On ne peut à ce titre que déplorer la réaction de l’Union des Étudiant-e-s Suisses (UNESenjeux en présence. Son communiqué exprimait en effet la plus grande confusion, l’UNES ayant décidé de « saluer la décision du Conseil fédéral » tout en déplorant que cette réunification se fasse au profit du DFE. Cette position, partagée par le biologiste Denis Duboule et l’Académie suisse des sciences humaines et sociales, est toutefois intenable en pratique. Il vaut en effet mieux vaut dormir dehors sous la pluie que de partager le gîte avec Freddy Krueger[ref]Héros du film Les Griffes de la nuit[/ref].

Au contraire, la réorganisation des Départements fédéraux obéit à des contraintes anciennes et nouvelles qui ont marqué les différentes étapes du développement du système universitaire suisse. La pénétration des logiques marchandes au sein des universités est un phénomène largement documenté depuis la fin des années 90 [ref]Voir notamment: Jean-Luc de Meulemeester, « Éducation et « capital humain » : La contribution des théories économiques à la définition des politiques éducatives », Revue Agone, n°29-30, 2003, pp. 177-194, consultable en ligne: http://agone.org/revueagone/agone29et30/

Yves Steiner & Olivier Longchamp « Bologne et après ? Essai d’histoire immédiate des réformes universitaires récentes », Traverse, n°3, 2003, pp. 125-144.

Pierre Milot, « La reconfiguration des universités selon l’OCDE. Économie du savoir et politique de l’innovation », Actes de la recherche en sciences sociales, Vol. 3, n°148, 2003, pp. 68-73.

Isabelle Bruno, A vos marques, prêts… cherchez ! La stratégie européenne de Lisbonne, vers un marché de la recherche, Éd. du Croquant, Paris, 2008, 267 p.

Christian Laval, Louis Weber (dir.), Le nouvel ordre éducatif mondial. OMC, Banque mondiale, OCDE, Commission européenne. Syllepse, Paris, 2002.

Franz Schultheis, Marta Roca i Escoda & Paul-Frantz Cousin (dir.), Le cauchemar de Humboldt. Les réformes de l’enseignement supérieur européen, Éd. Raisons d’Agir, Paris, 2001, 230 p.

Gérard de Sélys, « L’école, grand marché du XXIe siècle », Le Monde Diplomatique, juin 1998.

Abélard (coll.), Universitas calamitatum : Le Livre noir des réformes universitaires, Éd. du Croquant, Paris, 2003, 220 p.

Jean-Émile Charlier, Sarah Croché, « Le processus de Bologne, ses acteurs et leurs complices », in Éducation et Sociétés, Vol. 2, n°12, 2003, pp.13-34.[/ref].

Il est toutefois indéniable que le Conseil fédéral a cette fois-ci repoussé les limites du concevable en liant l’éducation et la recherche au DFE, une liaison qui, le rappelait une Conseillère aux États, « n’a lieu dans aucun autre pays du monde ». Avec Schneider-Ammann à la tête de l’éducation, les milieux de l’économie ont obtenu ce qu’ils réclamaient depuis des années, à savoir une intervention politique, stratégique et financière directe sur la direction de la recherche et l’offre d’enseignement. Leur lobbying politique et idéologique a été si efficace que les représentants de l’économie n’ont désormais plus besoin d’avancer masqués et peuvent revendiquer haut et fort leur volonté de voir l’université devenir un centre de recherche et de formation de main-d’œuvre pour le profit de quelques uns.

La marchandisation, et après ?

Une réflexion stratégique s’impose donc pour les personnes engagées dans la lutte contre la marchandisation de l’éducation et de la recherche ainsi que pour une université réellement autonome et démocratique. L’incorporation croissante de la science au capital n’est en effet pas un processus historique linéaire ni une fatalité et dépend directement de la persistance et des oppositions qui se manifesteront contre cet accord tacite entre les élites politiques, administratives et financières de perpétuation d’un système d’enseignement élitiste et rentable.

La CUAE invite donc chaque étudiante à s’opposer à ce transfert et s’engage à mettre en œuvre tous les moyens qu’elle jugera utile afin de combattre l’influence grandissante des représentants de l’économie dans la vie politique suisse et de construire, en accord avec ses statuts, une vision alternative à la vision capitaliste des études supérieures.

Le comité de la CUAE.

Une version .pdf de l’article est disponible ici

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Restructuration des bibliothèques: les bibliothécaires et les usagères obtiennent gain de cause

La mobilisation contre la réorganisation voulue par le rectorat qui fut menée de front par les bibliothécaires, le Syndicat des Services Publics (SSP) et la CUAE est un franc succès. Le projet de réorganisation des bibliothèques est en effet bloqué en l’état jusqu’à ce qu’une solution consensuelle entre le rectorat, les usagères et le personnel des bibliothèques soit trouvée.

Face à l’inertie rectorale, les bibliothécaires ont entrepris de multiples actions sur leurs lieux de travail. La campagne d’information et la grève des amendes ont été accueillies très positivement par les usagères[ref]Les termes au féminin s’entendent bien sûr aussi au masculin.[/ref], étudiantes ou non. Le débrayage du mardi 24 mai a quant à lui rassemblé plus de 150 personnes sur l’esplanade d’Uni-Mail. Parmi elles, un tiers du personnel des bibliothèques répondait présent, mais aussi des étudiantes, des enseignantes, des syndicalistes du SSP et du SIT ainsi que des grévistes de la Maison de retraite de Vessy.

Débrayage des bibliothécaires devant Uni-Mail ( 24 mai 2011) Crédit photo: Olivier Vogelsang

Le rectorat a cédé face à l’opposition de tous les corps de l’université à cette réforme, prouvant encore une fois que la seule manière de discuter avec lui est de passer par le rapport de force.

La CUAE prend donc acte du protocole d’accord signé le lundi 30 mai 2011 par le recteur et la déléguée syndicale Mme Margarita Castro. Comme prévu dans cet accord, une commission tripartite réunissant les représentantes du rectorat, des usagères (étudiantes et enseignantes) et du personnel administratif et technique des bibliothèques va être mise sur pied afin de trouver une issue au conflit entourant le projet de restructuration des bibliothèques. Une étudiante participera  aux travaux de cette commission (dont le calendrier n’est pour l’heure pas connu).

L’expérience des étudiantes au sein des commissions consultatives du rectorat nous oblige toutefois à rester vigilantes.  En effet, aucun élément ne nous permet aujourd’hui d’assurer que cette commission sera apte à régler le conflit entourant le projet de réforme des bibliothéques.
Si les négociations sont dans l’impasse, les membres de cette commission ne devront pas hésiter à se retirer afin de reprendre la lutte contre ce projet de restructuration sur le terrain, aux côtés du personnel des bibliothèques.

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Débrayage dans les bibliothèques

Le conflit social entre les bibliothécaires et le rectorat de l’université de Genève se poursuit. Les “séances d’information” données par le rectorat sont boycottées en masse par le personnel des bibliothèques qui préfère nettement s’organiser pour empêcher cette restructuration d’aboutir à son terme.

Après les distributions de tracts aux usagères[ref]Les termes au féminin s’entendent bien sûr aussi au masculin.[/ref] en Sciences II, à Uni-Mail, Uni-Bastions et au CMU ces dernières semaines, les bibliothécaires organisent un débrayage le mardi 24 mai 2011 de 11h à 13h et tiendront un piquet dans le hall d’Uni-Mail. Venez nombreuses pour les soutenir dans leur lutte!

Débrayage dans les bibliothèques

Solidarité étudiantes-personnel

Le rectorat veut restructurer les bibliothèques ?

Restructurons le rectorat !


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Bibliothèques universitaires: Grève des amendes!

Voilà plusieurs mois que les bibliothécaires de l’université de Genève s’opposent courageusement à la restructuration que le rectorat veut leur imposer. Malgré le soutien de l’Assemblée de l’université et du Grand Conseil, le rectorat refuse toujours de négocier avec le personnel. Réunies[ref]Les termes au féminin s’entendent bien sûr aussi au masculin.[/ref] en assemblée générale le 18 avril dernier, ces dernières ont décidé de procéder à une grève des amendes dès le 17 mai 2011. Pour en bénéficier, rendez-vous aux guichets de prêt !

Solidarité étudiantes-personnel des bibliothèques!

Le rectorat veut restructurer les bibliothèques ?

Restructurons le rectorat !

Bibliothèques universitaires: Grève des amendes!

[Tract]

Projet de réorganisation des bibliothèques de l’université de Genève

Quel bilan après 1 an ?

~ ~ ~ le Learning Center de Genève prend l’eau ~ ~ ~

Un beau projet bien élaboré ?

–         le Seujet ne disposera pas d’un étage supplémentaire, comme prévu initialement par le projet pour le déplacement de 2/3 des collections et pour libérer de l’espace pour les usagers. Quid du rôle de support que le Seujet devait jouer pour les bibliothèques ? Aucune solution de remplacement n’est prévue.

–         le référentiel des activités des bibliothécaires devant servir de base pour la rédaction des cahiers des charges n’est toujours pas abouti et les cahiers des charges sont en attente

–         aucune enquête auprès des usagers ni analyse des besoins n’a été menée

Une meilleure conduite du projet ?

–         le projet est toujours mené sans concertation ni processus participatif ; l’appropriation du projet par les collaborateurs est rendue impossible par ce management top-down

–         des carences apparaissent dans la gestion des équipes

–         le processus de communication est toujours peu convaincant et inefficace quand il n’est pas absent

–         le projet se poursuit sans prise en compte des recommandations de l’Assemblée de l’Université, du vote du Grand Conseil et des motions des Conseils participatif des fac de Droit et SES

–         la confiance n’est toujours pas rétablie

les bibliothécaires continuent de protester

……ramenez vos ouvrages ……

dès le 17 mai, les amendes seront supprimées

par les bibliothécaires portant le badge “grève des amendes”


Bibliothèques universitaires – Grève des amendes! – Tract

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POUR PLUS D’INFORMATIONS SUR LA LUTTE CONTRE LA RESTRUCTURATION DES BIBLIOTHÈQUES DE L’UNIVERSITÉ DE GENÈVE:

Textes de la CUAE

Contre la casse des Bibliothèques de l’UNIGE – Solidarité avec le personnel (janvier 20111)

Motion sur la réorganisation structurelle des bibliothèques – AG du 6 avril 2011

Les bibliothèques et le rectorat, une histoire d’ego [Regard Critique n°40] (avril 2011)

Sélection d’articles du blog des bibliothécaires:

Pourquoi ce blog? (11 février 2011)

La médiathèques est-elle soluble dans la restructuration? (21 février 2011)

Embarqués sur le Titanic… (3 mars 2011)

Dictionnaire de la restructuration (15 mars 2011)

Décodage de la dernière mise au concours : BDA 80% (29 mars 2011)

Résolution du personnel des bibliothèques de l’université de Genève (5 avril 2011)

La direction de la DIS a menti à toute la communauté universitaire (13 avril 2011)

Pourquoi? (15 avril 2011)

De la solidarité (29 avril 2011)

Le 1er mai des bibliothécaires (5 mai 2011)

Séance de désinformation (6 mai 2011)

Réponse au rectorat (16 mai 2011)

Presse:

Le Courrier (6 janvier 2011)

Le Courrier (22 mars 2011)

Le Courrier (25 mars 2011)

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Assemblée des Déléguées du 18 mai 2011

Le comité de la CUAE invite ses associations membres à participer à la prochaine assemblée des déléguées qui aura lieu le mercredi 9 mars 2011 à 18h15 dans les locaux des associations 8-10 Passage Baud-Bovy (en face d’Uni Mail.)

L’ordre du jour est le suivant:

1. Approbation du PV du 9 mars 2011

2. Communications

a) du Comité

b) des associations

3. Locaux

4. Retour rencontre associations-rectorat

5. Bibliothèques

6. International

7. Activités

8. Divers

Les associations et groupes d’intérêt peuvent être représentés par deux déléguées.

Nous vous prions d’annoncer votre présence via email ou téléphone au secrétariat de la CUAE.                     V Le PV de l’AD du 9 mars 2011 sera disponible sur le site dès son approbation.

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Rassemblement pour le logement

Le comité de la CUAE a décidé de soutenir la démarche du collectif Habitants de Genève qui organise un rassemblement sur la Plaine de Plainpalais le 14 mai prochain. Souhaitons leur un grand succès dans cette initiative

Nous reproduisons ci-dessous leur Manifeste:

Genève pour les riches?

La crise du logement à Genève, qui sévit depuis des décennies, est plus forte que jamais. Les collectivités publiques ne se sont pas saisies du problème malgré leurs promesses, et au mépris de leurs obligations. Au contraire, elles n’ont fait que l’alimenter par leur politique de développement économique inadaptée aux besoins locaux.

Avec un taux de vacance de 0,2%, trouver un appartement relève aujourd’hui de la mission impossible. La pénurie profite aux propriétaires et aux régies qui fixent les loyers à des prix abusifs selon la loi. Pour ne prendre qu’un exemple, de nombreux appartements de 4 pièces qui devraient être remis sur le marché aux alentours de 1000 ou 1200 francs par mois sont loués à 2000 ou 2500 francs.

Pour les propriétaires, le taux de rendement annuel sur fonds propres d’un appartement passe ainsi de 3,25%, considéré comme légal par le Tribunal fédéral, à parfois 13% par année! Sans compter le profit réalisé s’ils revendent l’immeuble plus du double qu’ils l’ont payé! Quand on sait qu’en moyenne seul 30% du loyer sert à la construction et à l’entretien de l’immeuble, le reste allant aux intérêts payés aux banques et aux propriétaires, on réalise l’ampleur de l’exploitation dont les locataires font l’objet.

L’augmentation générale des loyers chasse les habitants modestes et une partie des classes moyennes en France et dans les cantons voisins. La ville devient peu à peu une zone résidentielle et commerciale pour les plus aisés. Le droit au logement est aussi bafoué pour une partie de la population qui vit dans la rue et qui est, de surcroit, persécutée par les autorités (confiscation des matelas et couvertures en plein hiver). Les lieux d’accueil urgence ne couvrent pas toute la demande et les conditions de vie y sont inhumaines.

Pourtant, le logement est un droit qui figure dans la Constitution genevoise. Au même titre que l’éducation ou la santé. Or, il est géré comme une marchandise. Nous, habitants de Genève, réclamons le droit de vivre dignement en ville pour tous, citoyens, étrangers de tous pays, sans-papiers, Roms, et sans-abris!

Dans ce contexte, bien des régisseurs cherchent à faire partir leurs locataires pour relouer plus cher. Certains osent même le faire ouvertement pour cette raison, d’autres utilisent toutes sortes de prétextes. Ainsi, aujourd’hui, entre 3 et 6 personnes par jour sont expulsées de leur logement à Genève, soit entre 1000 et 2000 par année. Les autorités cantonales se font le bras armé de cette politique. Par ailleurs, elles répriment les jeunes qui occupent des logements et des locaux commerciaux laissés vides. Ceux-ci permettent pourtant de limiter la spéculation sauvage et créent des lieux de logement, de culture et de vie alternatifs qui font vivre Genève!

Nous, habitants de Genève, refusons cette situation intolérable. Nous nous rassemblerons le 14 mai pour faire entendre notre colère de façon créative, redonner courage à tous ceux qui subissent cette situation, et exiger des autorités qu’elles assument leurs obligations.

Nous exigeons les mesures urgentes suivantes :

1. Limitation du règne du marché, car le logement est un droit

  • Acquisition et construction massives de logements sociaux durables par les collectivités publiques. Mise à disposition de terrains et de crédits préférentiels pour les coopératives.
  • Contrôle des loyers. L’Etat doit vérifier que le loyer de chaque nouveau bail mis sur le marché ne soit pas abusif au regard de la loi et de la jurisprudence genevoise
  • Interdiction des résiliations de bail pour relouer plus cher ainsi que pour revendre les appartements

2. Pas d’expulsions de locataires sans solution de relogement digne et durable

3. Acceptation de l’occupation des logements et locaux commerciaux laissés vides ainsi que la construction de logements de fortune (tentes, yourtes, roulottes, etc).

A plus long terme, ne faudrait-il pas faire passer la propriété des terrains de la ville aux mains de la collectivité, les sortant ainsi de la loi du marché? Une politique démocratique d’urbanisation digne de ce nom est impossible tant qu’il s’agit d’assurer des rendements financiers à des propriétaires privés.

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Nouveaux locaux

Après des mois d’attente et une occupation de ses précédents locaux, la CUAE a emménagé la semaine dernière dans les locaux du 8-10 Passage Baud-Bovy, en face d’Uni-Mail côté Parc Baud-Bovy.

Les locaux du 17 Rue Alcide-Jentzer et le bureau 5204 d’Uni-Mail ont été entièrement vidés et c’est donc désormais à cette adresse, dans le bureau n°5, que se tiendront les permanences. Notez également que notre numéro de téléphone a changé pour le 022 379 87 97.

Par ailleurs, le comité de la CUAE vous invite à l’inauguration de ses nouveaux locaux le lundi 16 mai 2011 dès 20h au 8-10 Passage Baud-Bovy.

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Annulation du G8 des universités à Dijon mais la marchandisation de l’éducation et de la recherche continue. Le contre-sommet est maintenu!

Dans une dépêche de l’agence AEF du 21 avril, la présidente de l’Université de Bourgogne défendait son choix d’organiser le G8 (rebaptisé « sommet mondial ») des universités à Dijon. Selon elle, il n’y serait nullement question de marchandisation de l’enseignement supérieur car les pays invités ne se limitaient pas aux seuls 8 plus riches, ni même 20 plus riches de la planète. Ces propos font écho à l’attitude du président de l’Université de Franche-Comté, décrite dans un article de l’Est républicain du 19 avril. Celui-ci aurait « pris ses distances avec l’impopulaire G20 politico-économique ».

La présidente de l’UB déclarait également avoir été « tout à fait favorable » à l’organisation d’un contre-sommet car « Cela permet à la communauté universitaire de s’emparer de ces sujets et de leur donner une expression complémentaire, au-delà des seuls présidents et recteurs ».

Ces déclarations vertueuses de la part des deux présidents contrastent singulièrement avec les actions au caractère foncièrement néo-libéral qu’ils ont entreprises au cours des derniers mois : choix de répondre aux appels d’offre du Grand Emprunt de Nicolas Sarkozy, création d’une Fondation de Coopération scientifique, au président payé 100000 euros, sans représentants des personnels et étudiants au Conseil d’Administration mais aux chefs d’entreprises bien présents, lancement de « l’Université fédérale » appelée à redéfinir toute la carte des formations dans un contexte de restrictions budgétaires tous azimuts, etc.

Le 22 avril, nous apprenons que la deuxième partie du Sommet mondial des universités est annulée, ou reportée, sur demande du maire de Dijon. Celui-ci invoque une hypothétique menace des anarchistes autonomes. Le pseudo « sommet mondial des étudiants » de Besançon devrait, quant à lui, se dérouler comme prévu du 28 au 30 avril.

Ces menaces, peut-être fantasmées, ne doivent pas masquer l’essentiel : les politiques impulsées par le G8/G20 sont néfastes et honnies par l’immense majorité de la population mondiale. Nos politiques locaux le savent bien, tout comme nos présidents d’universités. Cette annulation traduit sans doute une gêne face à l’absence de légitimité démocratique de ces grand’ messes.

Les actions prévues à Besançon pour coïncider avec la première partie du sommet sont maintenues. Les débats, conférences, ateliers, tables rondes, projections, concerts prévus à Dijon du 5 au 7 mai sont maintenus. Parce que nous pensons que l’Université doit être un lieu ouvert, formant à l’esprit critique, à la réflexion, nous appelons la présidente de l’UB à honorer ses promesses pour que cette « excellente » initiative puisse se dérouler dans les meilleures conditions.

Enfin, parce que nous pensons que la marchandisation du savoir et de l’enseignement est néfaste, contre-productive et rejetée par l’immense majorité, nous appelons à une grande manifestation samedi 7 mai, départ 14h00 du Campus, 14h30 de la Place Wilson.

23 avril 2011, Collectif d’organisation du contre G8 de l’Éducation et de la Recherche (Alternatifs 21, AMEB, ATTAC21, ATTAC Besançon, CNT21, CUAE, FASE, FSU21, Forum social local21, NPA21, RUSF21, RUSF Franche-Comté, SNASUB-FSU 21, SNESUP 21, Sud éducation Franche-Comté, UEC 21, UGED-FSE, Individu-e-s)

Site : www.contreg8db2011.lautre.net / mail : contreg8-db-2011@riseup.net

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Activités Actualités Politique universitaire

Contre-G8 des universités de Dijon: Annoncez-vous!

Le comité de la CUAE organise un transport collectif en train depuis la Gare de Genève le jeudi 5 mai avec un retour le samedi 7 mai après la manifestation contre le Sommet mondial des universités. Contactez-nous sur cuae@unige.ch pour plus d’informations sur le prix, les horaires et les modalités de déplacement et d’hébergement sur place.

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Regard Critique No 40 – Avril 2011

Sommaire:

– La politique des langues à ‘université de Genève entre rêve de grandeur et sélection sociale   p. 1

– Les bibliothèques et le rectorat, une histoire d’égo  p. 4

– Sommet mondial des universités: Organiser la résistance p. 6

[pdf http://www.cuae.ch/v2/wp-content/uploads/2013/01/201104_RC_40.pdf]