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Actualités Communiqués de presse Politique universitaire

Communiqué de presse – Publication du Rapport de la Coalition pour le Boycott Académique à l’Université de Genève

En réponse à la publication par l’Université de Genève du Rapport sur le rôle des universités dans le débat publique, la Coalition pour le boycott académique à l’Université de Genève (CBAU), composée par des membres de la Coordination étudiante pour la Palestine de l’Université de Genève (CEP-UNIGE), la Conférence universitaire des associations d’étudiant·e·x·s (CUAE) et le groupe de travail boycott académique du collectif Boycott, Divestment and Sanctions (BDS) Genève, ainsi que par des membres de la communauté de l’UNIGE, publie aujourd’hui un nouveau Rapport.

Ce présent Rapport veut d’abord être une réponse critique au rapport du Comité scientifique de l’Université de Genève (UNIGE) publié en février 2025, ainsi qu’à la deuxième version publiée le 23 mai dernier . Il apporte également de nouveaux arguments — supplémentaires à ceux déjà développés dans le rapport de la CEP-UNIGE du 6 juin 2024 — afin de démontrer la légitimité des demandes étudiantes en comparaison avec l’illégitimité du rapport du Comité scientifique de l’UNIGE.

Face au génocide en cours à Gaza, au système d’apartheid et d’occupation coloniale imposé sur toute la Palestine et aux violations massives des droits humains commis dans la bande de Gaza, les demandes et la mobilisation de la communauté universitaire constituent une réponse légitime, historiquement ancrée et juridiquement fondée. Ces formes d’actions ont démontré leur efficacité dans d’autres contextes et ne peuvent être disqualifiées sous prétexte d’une supposée réserve institutionnelle.

Les universités, en tant qu’institutions publiques, ne peuvent se réfugier derrière une interprétation minimaliste de leurs responsabilités ou instrumentaliser la liberté académique pour éluder leurs obligations. Il est nécessaire de rappeler que le maintien des partenariats avec des universités israéliennes peut non seulement être interprété comme un appui implicite, mais constitue une violation des obligations impératives de droit international. De plus, des responsabilités pénales individuelles pourraient découler de l’article 264 du Code pénal suisse.

Nous ne pouvons donc que rejeter les conclusions du Comité scientifique. Un travail d’évaluation des partenariats institutionnels, ainsi que de la politique d’achat de l’UNIGE, couplé par une suspension au moins temporaire de ces partenariats, comme cela a été suggéré aussi par plusieurs membres du comité scientifique dans leurs commentaires, semble une réponse nécessaire, même si très tardive, aux obligations de l’Université découlant du droit international.

En effet, des démarches comparables à celle du Comité scientifique de l’Université de Genève menées au Mexique, en Irlande, à Lausanne et ailleurs, montrent que des réponses institutionnelles à la hauteur de l’urgence morale et juridique sont non seulement possibles, mais aussi déjà mises en œuvre. Le contraste avec la posture actuelle de l’UNIGE met en évidence un manque de volonté politique, doublé d’une stratégie rhétorique destinée à justifier des décisions prises sans concertation avec la communauté universitaire.

L’usage détourné des concepts de liberté académique et de réserve institutionnelle sert ici de rempart contre des demandes légitimes formulées par la CEP-UNIGE. Ce refus de répondre à une mobilisation démocratique fondée sur des principes éthiques risque de fragiliser durablement la crédibilité de l’institution.

Nous recommandons donc au Rectorat de l’UNIGE de répondre favorablement aux demandes formulées par la CEP-UNIGE, notamment la suspension de toute collaboration avec des universités ou instituts de recherche israéliens ainsi que des activités de normalisation du gouvernement israélien, et une intervention auprès de Swissuniversities qui irait dans la même direction.

Nous recommandons aussi de rétablir un dialogue sérieux et démocratique avec l’ensemble de la communauté universitaire. Ce dialogue devrait notamment s’inscrire dans le cadre de l’Assemblée universitaire, dont les récentes élections, marquées par la victoire des candidat·e·x·s de la CEP- UNIGE, témoignent d’un large consensus autour de ces revendications.

Enfin, dans un contexte international où certaines universités aux États-Unis collaborent avec les autorités pour cibler les étudiant·e·x·s engagé·e·x·s, tandis que d’autres résistent et défendent leurs étudiant·e·x·s et employé·e·x·s, il est impératif que le Rectorat de l’UNIGE mesure l’importance de son rôle. Il lui revient de défendre l’autonomie de l’Université de Genève, de protéger une communauté engagée et prête à assumer ses responsabilités, et de faire de l’université un lieu de courage, de justice et d’intégrité face aux crises mondiales.

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Activités Actualités Communiqués de presse Politique universitaire

Communiqué de la CUAE contre la hausse des taxes à la HES-SO

Contexte 


Le 10 octobre 2024, les étudiant.e.x.s  de l’HES-SO Genève ont reçu un courriel  annoncant “l’adaptation” de la taxe d’étude semestrielle et la mise en application de celle-ci dès la rentrée académique en septembre 2025. Cette décision implique une augmentation des taxes d’études pour les étudiant.e.x.s suisse.x.s en formation de CHF 500.- à CHF 700.- par semestre et pour les étudiant.e.x.s étrangèr.e.x.s de 500.- à CHF 1’050.- par semestre. Cette décision a été prise unilatéralement par le Comité gouvernemental de la HES-SO, composé de conseiller.ères d’État qui représentent les cantons romands membres de la HES-SO (Genève, Vaud, Valais, Fribourg, Neuchâtel). Cette décision a été prise sans consultation préalable des étudiant.e.x.s, ni sans la moindre communication ou prévention préalable concernant cette mesure, qui a pourtant des répercussions directes sur l’ensemble de la communauté estudiantine. 
Face à cette augmentation de plus de 200.- (pour les étudiantexs suisses) et de 550.- (pour les étudiant.e.x.s étrangèr.e.x.s) par semestre dissimulée sous la dénomination d'”adapation”, la seule mesure proposée par la HES-SO consiste alors à orienter les étudiant.e.x.s vers le dispositif d’aide existant au sein de la HES-SO Genève. Elle soutient aussi être en pleine réflexion pour renforcer leurs mécanismes de soutien afin d’offrir des conditions d’études optimales.

Des menaces redondantes


Les menaces de hausse des taxes ne sont pas nouvelles, ni à l’UNIGE ni en Suisse. En effet, en 2016, l’UNIGE avait déjà menacé les étudiant.e.x.s d’augmenter les taxes et ce en utilisant presque le même argumentaire que celui utilisé aujourd’hui par la HES-SO. Une hausse des taxes avait aussi menacé les universités de Bâle, Zürich, Lausanne et Fribourg en 2017. Aujourd’hui, le comité gouvernemental de la HES-SO nous communique qu’il aurait notamment “pris en considération le fait que la taxe d’études n’avait pas été adaptée depuis [sa création] en 1998”. Il réaffirme aussi que la HES-SO resterait “l’une des deux HES les plus abordables du pays pour les étudiant.es suisses”. Or, face à la hausse du coût de la vie – notamment l’augmentation constante des primes d’assurance-maladie et du logement – la réponse des institutions d’enseignement supérieur ne peut pas être la hausse des taxes. La HES-SO a de plus l’audace de se cacher derrière une rhétorique d’harmonisation des coûts avec les autres HES et, au lieu d’assumer cette hausse qui va encore plus précariser ses étudiant.e.x.s, elle se permet de leur assurer que cette hausse ne serait pas si grave, étant donné que la HES-SO resterait une des moins chères du pays. 
Or, cette hausse revête clairement des objectifs de désengagement de l’État du domaine de la formation, ainsi que de sa privatisation. En effet, cela fait de nombreuses années que l’État abandonne le domaine de la formation et suggère aux hautes écoles et universités de trouver son financement ailleurs. Cet abandon a pour résultat de renforcer les partenariats publics-privés et les mesures d’austérité au sein des établissements de l’enseignement supérieur, notamment la hausse des taxes des étudiant.e.x.s.

Déjà au début de l’année 2024, un projet de loi en faveur d’un triplement des taxes pour les étudiant.e.x.s étranger.ère.x.s à l’UNIGE a été déposé au Grand Conseil de Genève. Les arguments de ce projet sont globalement les mêmes que ceux amenés par le Comité gouvernemental de la HES-SO. En effet, dans les intentions du parti qui a déposé ce projet, l’UDC, cette mesure aurait permis de renflouer les caisses de l’université et de mettre l’UNIGE sur un pied d’égalité avec la majorité des universités suisses, qui font déjà payer plus de taxes à leur étudiant.e.x.s étranger.ère.x.s. Or, ces deux arguments sont complètement fallacieux, et heureusement début septembre la Commission de l’Enseignement Supérieur a donné son avis négatif.


Un projet inutile


Le gain budgétaire d’une augmentation des taxes serait moindre. En effet, pour voir un réel changement dans la qualité de l’enseignement supérieur, seule une intervention conséquente de l’État ferait une différence. Faire payer les manquements de l’État aux étudiant.e.x.s, population déjà précaire, ne fait aucun sens. Cette réalité est encore plus frappante dans le cas de la HES-SO. En effet, de nombreux.se.x.s étudiant.e.x.s de la HES-SO font des stages trop peu voire non rémunérés dans le cadre de leurs études, ce qui les empêchent matériellement de travailler lors de ces dernières, ce qui les précarisent encore plus que les étudiant.e.x.s des universités (sans parler du fait que les métiers des HES-SO sont beaucoup moins valorisés que ceux des universités).

Début septembre, c’était aussi l’Union des Etudiant-e-s de Suisse (UNES) qui, dans un communiqué de presse(1), denonçait les propos d’augmentation des taxes universitaires et le fait que – une enième fois – l’enseignement supérieur devenait objet de coupures budgetaires. En effet, cette communication de l’UNES a notamment été rédigée, car le Conseil des États a confirmé début septembre le triplement des taxes pour les étudiant.e.x.s étranger.ère.x.s dans tous les EPF (Lausanne et Zürich). 

La CUAE condamne fermement toute mesure qui vise à augmenter la précarité des étudiant.e.x.s et le poids économique des études universitaires. Nous sommes prêt.e.x.s à nous opposer à toute tentative d’augmentation des taxes universitaires pour les étudiant.e.x.s de l’UNIGE, ainsi qu’à nous mobiliser en solidarité aux étudiant.e.x.s et aux associations des HES-SO.

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Résolution de l’Assemblée des Délégué.e.x.s de la CUAE du 2 octobre 2024

L’ Assemblée des Délégué.e.x.s de la CUAE :

  • Soutient pleinement la lettre de Réaction aux menaces de dissolution de la CUAE dans son état du 2 octobre 2024  (cf. Annexe 1) ;
  • S’inquiète de l’état de la liberté associative et de la liberté d’expression au sein de l’Université de Genève ;
  • S’inquiète de l’état du dialogue actuel entre le rectorat et la CUAE et les associations. En effet, il est essentiel que le rectorat communique avec la faîtière des associations dans la mesure où cette dernière est le principal interlocuteur entre les associations et le rectorat. Cette communication se doit d’être accessible et transparente ;
  • S’inquiète du manque de communication concernant l’inaccessibilité aux bâtiments de l’UniGE[i]. Ce manque de communication entrave notamment l’accès aux évènements de la Communauté universitaire, dépendant parfois d’intervenant.e.x.s externes ;
  • Regrette toute restriction à l’accès au Campus universitaire ;
  • S’inquiète du manque de transparence du processus décisionnel du rectorat qui a mené à la censure totale de l’agenda ;
  • Condamne la censure totale de l’agenda, qui est une atteinte à la liberté d’expression, dans la mesure où cette dernière empêche l’accès au guide de l’étudiant.e.x[ii] et rend plus difficile la signature des plaquettes, essentielle au bon fonctionnement des associations.

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[i]  Notamment lors de la soirée du 26 septembre 2024 où des Securitas étaient présent.e.x.s devant UniMail.

[ii] Le guide de l’étudiant.e.x permet aux étudiant.e.x.s d’avoir accès à leurs droits en tant qu’étudiant.e.x.s  (notamment en matière de permis B étudiant et d’oppositions), à des bonnes adresses à Genève ainsi qu’à une description des associations membres de la CUAE.

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Activités Actualités Politique universitaire

Réponse du vice-recteur Edouard Gentaz à notre lettre du 30 mai 2024

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Activités Actualités Politique universitaire

Lettre adressée à Edouard Gentaz, vice-recteur en charge du vivre-ensemble

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Activités Actualités Politique universitaire solidarité internationale

Discours prononcé lors du rassemblement organisé par la CEP le lundi 13 mai

Merci à tout le monde d’être là, c’est incroyable ! 

Je prends la parole pour la CUAE qui soutient bien évidemment la mobilisation exemplaire lancée par la CEP-unige. A la CUAE, on remercie évidemment toutexs les étudiantexs, les assistantexs, les professeurexs qui sont là. Mais aussi et tout particulièrement les personnes externes ! Même si l’accès au bâtiment vous est interdit, on sent votre soutien à l’intérieur et il nous donne énormément de force. Merci d’être là !

Celleux qui ne sont pas étudiant.e.x.s ne le savent peut-être pas, dans une communication sur son programme de rectrice, Leuba a assuré qu’elle ferait tout son possible pour atteindre “l’excellence démocratique” à l’unige.

Un mois plus tard, les masques sont déjà tombés. Cette déclaration n’était que de belles paroles et la rectrice n’a en fait pas grand chose à faire de la démocratie.Il y a d’abord eu un refus total de dialogue avec les étudiant.e.x.s de la CEP pendant près d’une semaine. Il y a eu la création d’un organe de discussion factice pour détourner l’attention des vraies questions. Puis il y a eu les intimidations contre les occupant.e.x.s. Mais aussi et surtout, il y a eu cette fameuse interdiction d’accès à l’université pour les externes. Celle-ci implique notamment la suspension de moments de formation, de cours de langue, d’association culturelle et politique et atteint directement l’université dans sa raison d’être.

Toutes ces mesures rentrent dans une seule et même logique. Temporiser pour étouffer, essoufler, éteindre le mouvement de contestation. En effet, ce mouvement lui fait peur et la dépasse. Elle n’est pas capable de nous répondre sur le fond politique, alors elle essaie de nous faire taire, par tous les moyens.

Définitivement, on n’a pas la même définition de démocratie !

Nous on reste là, on va pas bouger ! On est là pour faire passer nos revendications et pour faire entendre notre soutien au peuple palestinien !

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Activités Actualités Politique universitaire

Deux podcasts sur les oppositions

Lors de nos permanences, on aide souvent les étudiantexs à rédiger des demandes d’opposition. Il s’agit d’une procédure qui n’est pas très claire, qui change d’une faculté à l’autre et qui est parfois laissée dans le flou. Pour ces raisons on a décidé d’enregistrer deux petits podcasts qui aideront – on l’espère – à éclaircir les points les plus obscurs de cette démarche.

Voici donc deux enregistrements sur les oppositions.

Le premier explique comment s’y prendre pour rédiger une opposition à une décision rendue par l’université : Comment faire une opposition ?

Le second revient sur les enjeux politiques des oppositions et quels sont les avantages et les limites d’un tel outil : C’est quoi une opposition ?

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L’UDC déteste les étudiantexs étrangèrexs

Une proposition opportuniste

Vous l’avez sûrement vu passer, l’UDC a proposé d’hausser les taxes universitaires des étudiantexs étrangèrexs. Mais pourquoi en fait ?

Un peu de contexte : l’université de Genève est une université publique, ce qui implique qu’elle est financée en partie par l’état de Genève. L’argent que l’État donne à l’université chaque année dépend des objectifs fixés et des “défis” identifiés par l’université. Bref, il est habituel que l’argent accordé par l’État à l’université varie d’année en année.
Il n’est donc pas étonnant qu’en ce début d’année 2024, l’université demande à l’état une enveloppe plus conséquente que lors des dernières années. L’UDC a profité de cette “actualité” qui n’en est pas une (1) pour mettre en avant une proposition aussi précipitée qu’odieuse : augmenter les taxes universitaires des étudiantexs étrangèrexs. Cela permettrait – selon ce parti d’extrême droite – que l’université dépense moins l’argent des contribuables. Ainsi, le 10 janvier, la Tribune de Genève publiait un article (a) sur cette proposition et Léman Bleu en faisait un sujet de son téléjournal (b). Pour l’instant, la proposition de l’UDC reste extrêmement floue sur son application (2).
Le rectorat s’est exprimé sur le sujet. Il rejette bien heureusement cette proposition de l’UDC. Toutefois, il ne répond que par une logique purement comptable : augmenter les taxes des étudiantexs étrangèrexs ne fera pas augmenter l’argent dont l’université bénéficie (3) et ne pourra donc pas compenser d’autres dépenses de l’université (4).
En tant que CUAE, nous sommes atterréexs par une telle proposition. Il est inacceptable de faire payer plus les étudiantexs étrangèrexs, que ce soit à Genève ou ailleurs. Nous avons donc décidé de publier ce communiqué pour esquisser un argumentaire politique contre cette proposition raciste et anti-sociale de l’UDC et qui rejette cette proposition en tant que discrimination raciste, pas uniquement parce qu’elle n’est pas réaliste dans sa mise en application.


Faire payer les étudiantexs

Les taxes d’encadrement de CHF 435 (3) payées par l’ensemble des étudiantexs permettent à l’université de récolter 13 millions de CHF, sachant que sur ces 13 millions, 5 sont payés par les étudiantexs étrangères. Le budget de l’université, quant à lui, représente environ 840 millions de francs par année. Il est donc évident que les taxes universitaires sont une source de rentrée d’argent marginale. Elles ne pourront jamais être la variable d’ajustement qui sert à couvrir le déficit ou à équilibrer d’autres dépenses de l’université.
Les sources de financements de l’UniGE sont variées et doivent le rester. Il est nécessaire que l’université continue à se financer en puisant de l’argent loin des poches des étudiantexs.De plus, le budget de l’université n’est que très peu destiné aux étudiantexs. Les principaux coûts de l’université sont plutôt orientés vers la recherche et le prestige de l’institution.Les étudiantexs et plus particulièrement les étudiantexs étrangèrexs n’ont pas à supporter les choix de budget de l’université alors qu’iels ne participent pas aux décisions politiques de celles-ci.
Au regard de ces quelques informations, il semble évident que l’UDC se sert du prétexte que l’université demande une rallonge pour “créer une actualité” et servir ses politiques anti-sociales, racistes et xénophobes. Lancer ce sujet médiatiquement a pour volonté d’imposer cette discussion dans le débat public et de rendre envisageable des mesures qui n’ont aucunes raisons d’exister.


Racisme, marchandisation des savoirs et mesures anti-sociales


Concrètement, faire payer plus aux étudiantexs étrangèrexs, c’est leur compliquer l’accès à l’université, voir les en priver. De nombreusexs étudiantexs étrangèrexs aux moyens financiers limités devront simplement renoncer à venir en Suisse pour se former, ce qui implique une population étudiante moins diverse, composée beaucoup plus largement d’étudiantexs (ayant eu leur diplôme en) suisses et d’étudiantexs de classes sociales privilégiées.
Faire des études ne se résume pas à aller à l’université. C’est se loger, c’est se nourrir convenablement, c’est payer une assurance-maladie, etc. Ce sont des choses qui ont aussi un prix. Et bien entendu, c’est sans parler d’autres modalités de la vie en Suisse, du coût des transports, des livres, des loisirs…
Tous ces coûts sont déjà à la source de nombreuses inégalités entre les étudiantexs suisses et les étudiantexs étrangèrexs. En effet, les logements sont de manière générale bien plus précaires et plus difficiles à trouver/obtenir, pour les personnes qui ne viennent en Suisse que pour quelques mois ou quelques années.L’accès à l’emploi en cours d’étude est limité pour les étudiantexs avec un permis de séjour. En Suisse en général et à Genève en particulier, les prix sont extrêmement hauts pour tout le monde. Cependant, le coût de la vie est plus important encore pour les étudiantexs étrangèrexs qui n’ont pas de famille à Genève, pouvant les accueillir gratuitement pour dormir ou chez qui iels peuvent aller manger.
En somme, les inégalités sociales et économiques que subissent les étudiantexs étrangèrexs sont déjà très nombreuses. Il serait dramatique d’encore les amplifier.
Aussi, il est plus facile d’obtenir un permis de séjour pour venir étudier que pour venir travailler en Suisse, particulièrement pour les extra-européennexs. Cette mesure est aussi une tentative de régulation de la migration et aurait des effets bien plus importants au-delà de la simple sphère universitaire.
En fait, on se rend vite compte que la logique sous-jacente, c’est celle de compliquer l’accès à l’université de façon plus globale. Et ça, c’est très dangereux en tant que tel parce que ça touche à la fonction de l’université au sein de la société. Cela revient à considérer l’université non pas comme une institution qui peut être bénéfique à la société dans son ensemble et devrait être utile à touxtes – un lieu d’apprentissage, d’enrichissement, de découverte, de partage de savoirs, de discussions, d’idées, etc. – mais comme un service qu’il faut payer et mériter, comme une prestation, comme une marchandise. Non seulement ça renforce l’université dans sa soumission aux logiques du marché du travail (5) – le but des études devenant alors uniquement celui de se qualifier professionnellement pour accéder à un emploi mieux rémunéré – et ça réduit l’éducation a un simple investissement en vue de l’entrée sur le marché de l’emploi. Mais il n’y a malheureusement rien d’étonnant dans le fait de retrouver cette logique élitiste et bourgeoise dans une proposition d’extrême droite, première ennemie de l’émancipation.


Soyons solidaires !


Derrière cette proposition économique, c’est un agenda politique xénophobe, néolibéral et anti-social qui se dévoile. On y retrouve en fait une volonté de faire porter individuellement le coût des services, au lieu de collectiviser ces frais et de les rendre ainsi accessibles au plus grand nombre. Rien d’étonnant pour un parti qui porte les coupes sociales, l’abaissement des impôts sur les grandes entreprises et le démantellement de l’état social au coeur de son programme. Personne ne le résume mieux qu’eux-mêmes : “Stop à l’Etat ! C’est trop à gauche et trop cher !” (titre de leur communiqué de presse du 6 janvier 2024). Les étudiantexs étrangèrexs aujourd’hui, demain la retraite, la culture, l’asile, …

Restons sur nos gardes, et restons solidaires.

Ressource: i) Pour approfondir le sujet des attaques de l’UDC contre les étudiantexs, nous vous renvoyons à un article publié le 21 février dernier sur notre site : https://cuae.ch/en-quoi-lextreme-droite-et-ludc-nuit-aux-etudiant%c2%b7e%c2%b7x%c2%b7s/


Notes de bas de page : (1) Il serait intéressant de se pencher en détail sur où part l’argent de l’université et quelles sont les sources de dépenses prioritaires. Toutefois, le simple fait que l’université demande plus d’argent à l’état est en fait quasiment insignifiant. (2) L’UDC ne précise par exemple pas de combien les taxes seraient augmentées pour les étudiantexs étrangèrexs.(3) Les taxes universitaires semestrielles sont de CHF 500. Elles sont composées des taxes fixes (65.-) et des taxes d’encadrement (435.-). Les taxes fixes sont destinées aux activités sportives, culturelles et associatives de l’unige. Les taxes d’encadrement sont liées à des dépenses spécifiques liées aux activités sociales, culturelles et sportives et à l’encadrement des étudiantexs.(4) De plus, selon le rectorat, les faibles recettes supplémentaires ne permettraient pas de “compenser le risque en terme de perte d’attractivité académique de l’Université de Genève” (a). Cette rhétorique de la part du rectorat, bien qu’elle soit contraire à l’augmentation des taxes s’inscrit dans une logique néolibérale qui voit les études comme un marchandise qu’il convient de valoriser pour sa valeur économique (par exemple sa valeur sur le marché de l’emploi).(5) On voit notamment cette tendance dans les attaques répétées de l’UDC contre les sciences sociales qui sont des formations moins professionalisantes mais pas moins utiles pour la société et la création de connaissances.


Sources : (a) https://www.tdg.ch/universite-de-geneve-ludc-veut-une-taxe-plus-haute-pour-les-etudiants-etrangers-933353535361(b) https://www.lemanbleu.ch/fr/Actualites/Geneve/L-UDC-veut-faire-payer-plus-cher-les-etudiants-etrangers.html

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Enregistrements des conférences de la SEUM’aine

Enregistrements des conférences de la SEUM’aine

Mi-novembre se tient à l’Université de Genève (UNIGE) la semaine de l’entreprenariat. Cet évènement, coorganisé notamment par l’UNIGE et la Fédération des entreprises romandes (FER), est une semaine de propagande entrepreneuriale au sein des murs de l’université.

C’est un symptôme visible de la pratique du partenariat public-privé, et plus largement du néolibéralisme omniprésent au sein de l’université. Ce n’est pas un évènement neutre : c’est la promotion active d’un certain modèle économique, le modèle néolibéral.

Afin de répliquer contre celui-ci, parce que nous pensons que des alternatives sont possibles et souhaitables, nous avons organisé la SEUM’aine. Elle nous a permis d’en apprendre plus sur les liens entre le néolibéralisme et l’université.

Lors de cette SEUM’aine, de nombreux événements ont eu lieu. Parmi lesquels trois conférences, que vous pouvez (ré)écouter ici.

Conférence de mercredi

Idéologie entrepreneuriale et classement de Shanghai : les deux faces d’une même pièce
Avec Olivia Chambard et Hugo Harari-Kermadec

Conférence de jeudi

Faire de la recherche ou rechercher des fonds ? Gouvernance universitaire, précarité et moyens de lutte
Avec Christian Topalov et Libero Zuppiroli

Conférence de vendredi

“Paye ton genre” : le rôle du genre dans le travail bénévole et la néo-libéralisation des études genres
Avec Maud Simonet et Eric Fassin

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Communiqué de la CUAE suite à la censure d’un événement associatif par l’UNIGE

Le mardi 17 octobre, une association reconnue par l’UNIGE, l’ASEMA, a organisé une discussion intitulée “Solidarité avec la Palestine, intifada jusqu’à la victoire” à Uni-Mail. Cet événement avait pour but d’offrir une perspective communiste sur la situation en Palestine.


L’université a interdit tout affichage annonçant la discussion dans les bâtiments universitaires, en estimant que l’affiche de l’événement n’était pas conforme aux valeurs de l’université. Lorsque l’association étudiante a poursuivi son affichage, l’université a menacé par mail de porter plainte contre le membre de l’association qui avait déposé la demande de réservation de salle. Le jour de la conférence, un fourgon de policiers anti-émeutes était parqué devant UniMail et les flics étaient en contact avec le chef de la sécurité de l’UNIGE. Au même moment, des policiers en uniforme patrouillaient dans le bâtiment. Interrogée sur cette présence policière, l’université n’a pas souhaité indiquer si elle avait prévenu la police ou non. Elle a ajouté qu’elle ne tolérait ni l’apologie du terrorisme, ni les déclarations ou manifestations antisémites, ni les appels à la violence – faisant ainsi un grossier amalgame avec le discours porté par l’événement.

Cette répression de la solidarité avec le peuple palestinien n’est malheureusement pas le seul cas en Suisse. Depuis le début de la vague de bombardements ayant commencé en début octobre, de nombreuses associations étudiantes se sont mobilisées en Suisse pour essayer d’introduire une alternative à la narration dominante dans les médias – narration qui dépeint l’Etat d’Israël comme la seule victime et qui néglige les massacres qu’il commet sur le peuple palestinien.


Le rectorat de l’université de Bâle a censuré un message de solidarité des étudiant.e.x.s de master en sciences sociales. De plus, à Zurich et à Berne, les débats sur la situation en Palestine ont été interdits par le rectorat. Cette forte répression de la part des institutions académiques en Suisse alémanique poursuit la décision d’interdiction de rassemblements et manifestiations de solidarité avec le peuple palestinien dans toutes les villes alémaniques, jusqu’à nouvel ordre.


La Suisse romande contrôle aussi les activités associatives liées à l’actualité en Palestine. A Fribourg, l’université a proscrit un rassemblement en soutien à la Palestine organisé par une association étudiante “en raison d’un positionnement jugé comme contrevenant à l’ordre universitaire”. A Lausanne, l’université a refusé de louer un terrain de foot à une association souhaitant organiser un tournoi en soutien aux organisations humanitaires palestiniennes parce qu’il était jugé “trop politique”. Justifier ainsi la répression de cet événement de solidarité avec la Palestine ne tient pas la route. Quelques semaines après ça, l’université de Lausanne prévoit d’accueillir Emmanuel Macron dans ses murs sans que ce soit jugé “trop politique”.

La CUAE s’inquiète de voir le rectorat de l’UNIGE interférer dans des événements associatifs. Une menace de plainte pénale pour “appel à la violence” et une présence policière aussi importante est disproportionnée et représente une intimidation que la CUAE condamne.

La liberté d’expression a avant tout pour fonction de défendre des positions minoritaires, contestataires. Alors que la position dominante consiste à soutenir plus ou moins indéfectiblement Israël, il est crucial que d’autres visions de la situation puissent aussi s’exprimer. L’université a un rôle prépondérant à jouer, elle se doit d’être un lieu d’expression critique et a minima de laisser les associations étudiantes proposer des analyses différentes de la situation. En menaçant de porter plainte contre des membres d’une association étudiante dans le cadre des activités associatives, l’UNIGE instaure un climat de répression. S’opposer à la position dominante revient donc à prendre des risques. 

La CUAE dénonce l’usage de plus en plus fréquent de la plainte pénale ou de la menace de plainte pénale de la part du rectorat de l’UNIGE contre des étudiant.e.x.s. L’université doit rester un lieu où les positions minoritaires peuvent s’exprimer et pour cela le droit à la contestation doit être préservé et non pas muselé par des outils répressifs.