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Avant-projet de loi sur l’université

Réaction de la CUAE à l’avant-projet de loi sur l’université présenté ce matin par le chef du DIP et par des membres de la commission extra-parlementaire qui l’a élaboré.

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

La CUAE – syndicat des étudiant_e_s de l’Université de Genève – fustige l’avant-projet de loi sur l’université et dénonce le processus politique qui a accompagné et soutenu son élaboration. De plus, la CUAE rappelle à cette occasion toute l’illégitimité de la commission, qui substitue l’expertocratie de la classe dominante bourgeoise à la démocratie.

Nous jugeons grotesque ce que certains définissent arbitrairement comme une consultation. Son seul mérite est de mettre en lumière le peu de considération que le champ politique manifeste à l’égard des dominé_e_s parmi ceux et celles qui devraient être les acteurs de l’alma mater. La majorité des étudiant_e_s a heureusement refusé de participer à ce débat biaisé, et parler de consultation du corps estudiantin dans ce contexte relève de l’alibi, sinon du mensonge. De même, les délais imposés par le Conseil d’État rendent impossible tout réflexion à l’élaboration de recommandations éventuelles.

De l’avant-projet, nous nous insurgeons plus particulièrement contre les points suivants :

Concentration du pouvoir décisionnel (élaboration du budget, définition de la politique universitaire, etc.) dans les mains d’une oligarchie académico-managériale. Il est illusoire de penser que les dysfonctionnements ayant abouti au prétendu scandale financier peuvent être résolus en donnant les pleins pouvoirs au rectorat et aux doyens, émanation exclusive du corps professoral minoritaire.

Abandon total de la participation. L’avant-projet vide les structures participatives existantes du peu de sens qu’elles avaient. L’assemblée de l’université se voit réduite à un moment de socialisation imposé, à consacrer à des discussions de bistrot…

Renforcement de l’assujettissement de l’existence des enseignements et de la recherche aux aléas du financement. L’université est rendue responsable de trouver des sources alternatives de financement pour pallier le désengagement de l’État, dû à la prétendue crise budgétaire. L’autonomie de l’université est ici synonyme du passage au financement privé.

Augmentation programmée des taxes par la suppression du plafond inscrit dans la loi. On s’achemine ainsi vers l’instauration d’une université à deux vitesses, réservant les filières dites prestigieuses à une élite économique. Au mépris de la prétendue volonté de démocratisation des études, une part toujours plus importante des coûts de la formation reposeront sur les étudiant_e_s, discriminant davanatage ceux et celles en situation précaire.

Nous exigeons du Conseil d’État de profondes modifications de l’avant projet intégrant entre autres les aspects suivants :

Suppression de tout frais d’écolage et gratuité des études garantie par la loi.

Représentation paritaire des quatre corps (étudiants, personnel administratif et technique, corps intermédiaire et professeurs) dans des structures participatives exerçant tous les pouvoirs décisionnels.

Financement dépendant des besoins de l’enseignement et de la recherche et non l’inverse.

La CUAE déploiera tous les moyens qu’elle estimera nécessaire pour empêcher l’aboutissement de ce projet dans sa forme actuelle.

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Contribution à la réflexion sur le syndicalisme étudiant au Festival de solidarité internationale de "luttes étudiantes", 11-14 avril 2007

Le revenu de base comme réponse offensive à la dégradation de la situation sociale des étudiantes et à la destruction du système des bourses

La situation sociale des étudiantes en Suisse est en régression constante. La majorité des étudiantes en fin d’études (82 %) [1] ont un travail rémunéré en parallèle à leurs études. Ce travail est estimé absolument nécessaire financièrement pour 57 % d’entre eux. Les difficultés posées par l’introduction du processus de Bologne sont nombreuses, puisqu’elles généralisent les études à plein temps et raccourcissent les délais d’études de façon drastique. Cette situation est naturellement à mettre en parallèle avec la diminution du financement public attribué aux bourses. Cette diminution peut également être mise en lien avec la baisse du financement public pour l’université en général, entre autres l’encadrement. En Suisse, l’Office fédéral de la Statistique [2] indique que les montants consacrés aux bourses sont en stagnation sur la période 1995-2005, ce qui correspond à une baisse de 9 % si l’on tient compte de l’inflation sur cette même période. En outre, ces chiffres ne tiennent pas compte de l’augmentation du nombre d’étudiants (16 % depuis 1990), ni des importantes différences de traitement dues au système fédéraliste (la dépense consacrée aux bourses par habitant pouvant varier dans une proportion de un à cinq selon les cantons). On peut ajouter à cela la tendance à remplacer les allocations par des prêts remboursables, certains cantons ne délivrant plus du tout d’allocation. Enfin, l’augmentation des taxes universitaires constitue la dernière attaque contre toute volonté de démocratisation des études. A Genève, les taxes sont actuellement fixées à 500 francs par semestre. Différents projets ont pour but de les augmenter, de façon généralisée ou en discriminant les étudiantes étrangères [3].

Dans ce contexte, les revendications traditionnelles telles que la gratuité des études et l’augmentation des bourses d’études (à la fois en nombre et en montant) nous apparaît comme insuffisante. L’instauration d’un véritable revenu pour les étudiantes est donc une priorité. Mais conscients que la précarité frappe des couches toujours plus importantes de la société, il nous semble incohérent de limiter ce revenu aux seules étudiantes. C’est pourquoi la CUAE souhaite que le financement des études prenne la forme d’une revenu de base généralisé et inconditionnel. Le revenu de base, ou allocation universelle, consiste en le versement à toute personne d’un montant suffisant à couvrir ses besoins élémentaires, de façon inconditionnelle, c’est-à-dire sans critère discriminant ni prestation en retour, que ce soit sous forme de travail ou autre. Il remplacerait, en tout ou en partie, certaines prestations sociales actuelles. L’institution d’un tel revenu implique la reconnaissance que l’existence sociale d’une personne n’est pas liée au travail rémunéré qu’elle fournit. En ce qui concerne les revendications spécifiquement étudiantes, le revenu de base est un pas important vers une réelle démocratisation des études supérieures. Les discriminations sur des critères socio-économiques sont actuellement importantes [4]. Ainsi, 42 % des étudiantes de Suisse ont un parent au moins ayant achevé des études supérieures, contre seulement 9 % ayant uniquement la formation obligatoire [5] , alors que ces deux catégories représentent respectivement 11 % et 21 % de la population totale. Le revenu de base apporte l’assurance de conditions de vies décentes indépendamment du soutien parental et nous paraît être une mesure propre à atténuer la reproduction sociale. Il est cependant clair que cette réduction des inégalités économiques ne saurait les supprimer complètement, et que d’autres inégalités, en particulier dans la distribution des capitaux culturels et symboliques constituent un handicap à un accès universel à la formation supérieure. Le revenu de base constitue également un atout dans la lutte contre d’autres discriminations, par exemple celles en fonction du genre ou de la nationalité.

Le revenu de base a également le mérite de constituer une proposition offensive face aux démantèlements qui frappent les acquis des étudiants. Plutôt que de se contenter de défendre le système actuel, insatisfaisant sur bien des points [6] même dans les cas où une bourse est obtenue, il semble plus pertinent de militer en faveur d’un système favorisant réellement un accès universel aux études en supprimant les barrières économiques. La lutte pour un financement inconditionnel des études est une concrétisation de « la vision alternative à la vision capitaliste de l’éducation et de la recherche scientifique » [7] voulue par la CUAE. Le choix de l’allocation universelle plutôt que du revenu étudiant permet d’étendre cette revendication à d’autres catégories de la population et de développer des collaborations avec d’autres mouvements poursuivant des buts similaires, et donc d’étendre le combat anticapitaliste à l’ensemble de la société.

Les termes au féminin de ce texte s’entendent bien entendu aussi au masculin.

[1] Stassen, Jean-François, et al., Etudiants 2004 , Université de Genève, 2005, pp. 26-27.

[2] Stagnation des dépenses pour les bourses d’études, baisse des dépenses pour les prêts d’études, communiqué de presse de l’Office fédéral de la Statistique, 26 novembre 2006.

[3] Voir en particulier les projets de loi PL 9818 et PL 9856. De plus, la loi sur l’université est actuellement en complète révision, confiée à une commission externe. Voir à ce sujet les communiqués de presse de la CUAE du 26 juillet 2006 et du 19 février 2007.

[4] Stassen, Jean-François, et al., Etudiants 2004, pp 34-36.

[5] Office fédéral de la Statistique, Situation sociale des étudiant-e-s 2005, 2006, p. 11.

[6] Par exemple l’insuffisance du montant maximal de la bourse pour subvenir complètement aux besoins du bénéficiaire, la dépendance parentale dans laquelle sont placés les étudiants, ou encore les exigences académiques (critère de normalité d’études) qui frappent particulièrement les étudiants qui doivent consacrer une partie de leur temps à un travail rémunéré.

[7] Statuts de la CUAE, article 3 : Buts.

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Votation cantonale du 11 mars 2007

Le 11 mars prochain, les genevois devront se prononcer sur la modification de la loi sur les procédés de réclame (objet cantonal n°2).

Le législateur genevois veut pénaliser l’affichage libre à but non lucratif de la même manière que la pub sauvage. Dans la brochure d’explication, le conseil d’État nous informe qu’en réduisant davantage la liberté d’expression des organisations à but non-lucratif, la qualité de la vie dans le canton s’améliorerait…

La CUAE s’oppose à la flagrante censure des activités associatives, culturelles, syndicales et politiques proposée par les valets du capitalisme genevois et vous invite à voter NON le 11 mars prochain.

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Révision de la loi sur l'université

Dans le cadre de la troisième révision substantielle de la loi sur l’université en moins de quinze ans, la commission extraparlementaire (CELU) chargée d’élaborer un avant-projet de loi s’est rendue à l’Université de Genève la semaine dernière. Conformément aux recomandations patronales formulées au travers des “experts” de l’OCDE, Dreifuss et consorts ont décidé de jouer la mascarade d’une large consultation auprès des différents corps animant l’UNIGE. Puisque nous ne sommes évidamment pas méchant_e_s, nous formulons l’hypothèse alternative selon laquelle la CELU, étant en manque dramatique de légitimité, cherche à en acquérir via ces “moments de socialisation” ; elle essayera ainsi de justifiera le bien fondé de son avant-projet de loi de part l’adhésion de “la communauté universitaire”.

Pour information, il faut savoir que la CELU a été nommé pour introduire l’autonomie financière à l’UNI (par là il faut entendre l’instauration des bases légales de sa privatisation [ref]voir le n° de Regard Critique consacré à la votation fédérale du 21 mai dernier sur les révisions constitutionnelles[/ref].)

Nous considérons cette consultation comme grotesque et le seul mérite qu’elle a, est de mettre en lumière la considération que le champ politique manifeste à l’égard des dominé_e_s parmi ceux et celles qui devraient être les acteurs de l’alma mater puisqu’ils/elles l’animent. À ce sujet on consultera notre communiqué de presse du 26 juillet 2006 à l’occasion de la présentation de la CELU par le conseil d’état genevois.

En attaché vous trouverez la prise de position d’un étudiant convié à cette foire organisée par la CELU ainsi que le tract que nous avons distribué afin de dissuader les étudiant_e_s à cautionner – au travers de leur participation – d’être employé_e_s comme alibi pour justifier des décisions qui vont à l’encontre d’une réelle démocratisation de l’accès à l’uni et de l’amélioration de nos conditions d’études. Pour l’anecdote, il vaut la peine de souligner que parmi les quelques quatre-vingts étudiant_e_s contacté_e_s par la CELU, il y’en avait trois au quatre…

Tract

Quand la dictature du marché s’impose aux universités

Comme de vulgaires larbins, les membres de la commission externe et leur employeur – le Conseil d’Etat genevois – s’adonnent insoucieusement à l’instauration de l’ « autonomie » de l’université. La concurrence (dont l’ « autonomie » est un des outils) est érigée en nouvelle doxa. Après la libération du joug de l’Eglise, l’Etat est désormais confronté à celui de la logique marchande (dont la concurrence est la pièce maîtresse dans son application ultra-libérale.) Le monde politique et ses valets se réunissent de manière quasi-mystique autour de ce consensus aux allures « universalistes » et ensemble entretiennent l’illusio que la concurrence est le garant de la démocratie. L’histoire récente de l’enseignement supérieur helvétique nous en fournit un exemple exemplaire. Depuis la signature de la déclaration d’intention de Bologne (dont l’introduction laisse d’ores et déjà transparaître les répercussions) toutes les décisions concernant les étudiant-e-s (modification de la loi genevoise sur l’université de 2003, modification des articles constitutionnels sur l’éducation, etc. pour ne citer que les plus illustres…) ont été prises sans que les personnes directement intéressées aient la possibilité de faire peser leurs points de vue et sans qu’un réel débat public ait pu avoir lieu.

Nous refusons de servir d’alibi!

Nous dénonçons le caractère illégitime de cette commission externe et sa non-représentativité.

Nous affirmons notre refus de l’expertocratie au service du capital.

Nous dénonçons le déficit démocratique entourant les enjeux concernant l’université.

Nous exigeons la dissolution de la commission externe.

Nous exigeons une gestion paritaire de l’université!

Nous exigeons l’abolition des taxes universitaires!

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L'absolue nécessité du revenu de base [Courants]

Texte paru dans Courants décembre 2006

L’ABSOLUE NÉCESSITÉ DU REVENU DE BASE

Le revenu de base désigne une rente à laquelle a droit – de manière inconditionnelle – tout citoyen ou résident. Le droit à ce revenu est inaliénable et cette mesure financière est versée à tout un chacun indépendamment du titre de séjour, du fait d’avoir travaillé et cotisé dans le passé et de la vérification d’une nécessité. Par ailleurs, d’autres sources de revenus peuvent s’y additionner et aucune contrepartie n’est exigée.

Deux ans après Groenroux1, le comité de la CUAE s’est donné les moyens pour relancer le dossier revenu de base. D’une part, il se doit de donner suite aux décisions issues de ses assemblées générales et d’autre part il s’est rendu compte, dans le contexte politique et social actuel, dans lequel les attaques néolibérales contre les biens communs se généralisent et prennent encore plus d’envergures qu’il y a quelques années2, les conditions matérielles d’existence des étudiant_e_s – surtout de ceux et celles issues de familles les plus fragiles en capital financier – ne cessent de se détériorer3 et la « reproduction sociale » reste d’une flagrante actualité4, que le seul moyen de sortir d’une logique uniquement réactive est de travailler sur un dossier échappant au calendrier politique. Si réagir au coup par coup aux attaques substantielles contre la formation reste certes une tâche incontournable pour un syndicat comme le nôtre, cette approche, outre à s’avérer frustrante sur le moyen-long terme, est politiquement insuffisante en regard des objectifs de la CUAE. S’opposer à toute mesure introduisant davantage de sélection dans le domaine de l’enseignement supérieur reste notre rôle principal; néanmoins, pour que l’autre facette de la mission de la CUAE se réalise, à savoir la promotion d’une vision alternative de la formation supérieure et de la recherche, il est indispensable que parallèlement nous poursuivions un travail de fond dont l’aboutissement sera l’élaboration d’une proposition concrète allant de toute manière à l’encontre de ce qui est aujourd’hui proposé et qui serait le fruit de notre analyse sur la situation actuelle. Comme il l’était déjà dans l’esprit des membres de la CUAE à l’origine des discussions sur l’introduction d’un revenu minimum garanti, le revenu de base reste un sujet pouvant en grande partie se soustraire au contrôle du dispositif bourgeois et par là même nous fournir un instrument de lutte susceptible de déplacer les débats sur un terrain qui est plus propice à la résolution des problèmes avec lesquels notre société est confrontée. L’exigence de l’introduction d’une telle mesure financière est d’autant plus criante après la dernière publication de l’Office Fédéral de la Statistique (2006) sur l’évolution des bourses et prêts d’études cantonaux5 qui ont diminué ces dix dernières années en valeur réelle, alors que par exemple les nouvelles inscriptions dans les Hautes Écoles6 n’ont cessé de croître.

1Pour un aperçu des conclusions provisoires émergées lors des discussions à Groenroux (avril 2004) on lira le n°28 de Regard Critique à disposition sur le site internet de la CUAE à l’adresse: http://www.asso-etud.unige.ch/cuae/spip.php?article21

2Le dernier en ordre chronologique, l’adoption par le champ politique des articles constitutionnels sur la formation. On trouveras les modifications constitutionnelles (FF 2005 6793) sur le site web de la Confédération à l’adresse: https://www.admin.ch/opc/fr/federal-gazette/2005/index_51.html

3Nous pensons au développement des « mac-jobs », à la « crise du logement » qui sévit par exemple Genève, etc.

4Pour un aperçu on consultera les statistiques réalisées par l’Office Fédéral de la Statistique (2005) sur l’Origine sociale des étudiants HE à l’adresse: http://www.bfs.admin.ch/bfs/portal/fr/index/themen/15/06/key/ind12.approach.1201.html. Bien que méthodologiquement discutables, ces données montrent néanmoins que la probabilité de suivre une formation au sein d’une université ou d’une école polytechnique fédérale est inégalement distribuée si l’on compare un étudiant dont un parent au moins a suivi ce type d’enseignement avec un autre étudiant dont aucun parent ne l’a suivi.

5Vous pouvez télécharger l’intégralité du rapport sur le site internet de l’OFS à l’adresse suivante: http://www.bfs.admin.ch/bfs/portal/fr/index/themen/15/22/publ.html?publicationID=2457

6La catégorie des « Hautes Écoles » comprend: les Universités, les deux Écoles Polytechniques Fédérales, les Hautes Écoles Spécialisées et les Haute Écoles Pédagogiques.

L’assemblée générale de la CUAE du 22 novembre 2006 a donc adopté la déclaration d’intentions suivante:

DÉCLARATION DE SAIGNELÉGIER

18-20 août 2006

Considérant que toute mesure financière réduisant l’inégalité de la redistribution du capital économique est une condition nécessaire, bien que non suffisante, à la construction d’une alternative à la vision capitaliste de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique;

Considérant le résultat de l’action directe dite « La Fin du Droit »;

La CUAE, dans le cadre des attaques néolibérales contre l’éducation supérieure, promeut le Revenu de Base comme un moyen contribuant à atteindre des contenus et des organisations des enseignements et des recherches alternatifs à la vision capitaliste.

De plus, elle mènera une étude approfondie sur les régularités statistiques qui caractérisent le tissu social en se concentrant plus particulièrement sur les effets de la distribution inégale des capitaux économiques, culturels et symboliques parmi les personnes en formation.

Par ailleurs, face à la vision dominante de l’enseignement, elle soutiendra par tous les moyens qu’elle estimera adéquats toutes les initiatives promouvant l’instauration d’un Revenu de Base susceptible de réduire les inégalités matérielles.

Dans le cadre de ses actions, la CUAE se procurera les outils nécessaires à la réalisation de ses objectifs.

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Regard Critique

Regard Critique – N°31 – Octobre 2006

Loi sur l’Université et censure à l’UNIGE

Édition du mois d’octobre 2006 consacrée à la future loi sur l’Université qui est en train d’être élaborée par une commission extraparlementaire ainsi qu’aux modalités de censure employées par notre Université pour nous empêcher d’informer les étudiant*e*s sur les changements qui sont en train de se mettre en place en matière d’enseignement supérieur et de recherche scientifique.

Regard Critique – N°31 – Octobre 2006

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Le prix de l'aspirant requin

Le 18 octobre 2006, la CUAE a réagi au sein de l’Université à la censure dont a fait l’objet son site internet en interrompant la séance du Conseil de l’Université. L’occasion nous a semblé propice non seulement pour récompenser la nouvelle équipe rectorale pour le zèle avec lequel elle s’adonne sans relâche depuis désormais un mois à accomplir la mission pour laquelle le Conseil d’État l’a choisi, mais également en exiger la démission.

Un mois à peine après son entrée en fonction, le nouveau recteur de l’Université de Genève se distingue en obtenant le très convoité prix de l’aspirant requin.

Après le prix Comtesse [ref] c.f. Xavier Comtesse, du groupe de pression Avenir Suisse [/ref] – alloué par la CUAE à la personnalité académique qui s’est le plus distinguée dans le combat pour l’affirmation idéologique des principes marchands au sein de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique – il était temps d’établir un nouveau concours. Il ne s’agit pas du prix du meilleur enseignant, cet enjeu ne faisant pas le poids face au prix pour l’aspirant requin. Cette récompense symbolique a été conçue pour distinguer la personnalité qui incarne le plus fidèlement l’esprit de la Nouvelle Gestion publique en matière de formation supérieure.

En ces temps de déperdition collective au sein des administrations étatiques, plusieurs candidats se sont déjà mis en évidence pour leur zèle quant à l’introduction du NPM. Parmi eux nous ne citerons que J.-M. Rapp (ancien recteur de l’Université de Lausanne), Martine Brunschwig Graf (ancienne conseillère d’état genevoise) ainsi que la plupart des membres de la commission externe chargée de l’élaboration d’un projet de loi sur l’université. Puisque les deux premiers noms que nous avons cités ont déjà réussi, tout ou en partie, à réaliser leur projet dans les institutions respectives (ils représentent en ce sens des modèles, sorte de divinités en la matière), il nous a donc semblé nécessaire d’allouer le prix de l’aspirant requin à des figures émergentes…

La censure de notre site internet de la part du nouveau rectorat nous a rappelé le scénario allégorique décrit par Bertold Brecht dans Wenn die Haifische Menschen wären et plus particulièrement la partie que nous vous invitons à lire concernant l’éducation dans « ce monde sous-marin »…

Es gäbe natürlich auch Schulen in den großen Kästen. In diesen Schulen würden die Fischlein lernen, wie man in den Rachen der Haifische schwimmt. Sie würden z.B. Geographie brauchen, damit sie die großen Haifische, die faul irgendwo rumliegen, finden könnten. Die Hauptsache wäre natürlich die moralische Ausbildung der Fischlein. Sie würden unterrichtet werden, dass es das Größte und Schönste sei, wenn ein Fischlein sich freiwillig aufopfert, und sie alle an die Haifische glauben müssten, vor allem, wenn sie sagten, sie würden für eine schöne Zukunft sorgen. Man würde den Fischlein beibringen, dass diese Zukunft nur gesichert sei, wenn sie Gehorsam lernten. Vor allen niedrigen, materialistischen, egoistischen und marxistischen Neigungen müssten sich die Fischlein hüten, und es sofort melden, wenn eines von ihnen solche Neigungen verriete.

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Déclaration de Saignelégier

Déclaration d’intentions de la CUAE concernant le revenu de base

Deux ans après Groenroux, le comité de la CUAE s’est donné les moyens pour relancer le dossier revenu de base, d’une part parce qu’il se doit de donner suite aux décisions issues de ses assemblées générales et d’autre part parce qu’il s’est rendu compte, dans le contexte politique où les attaques néolibérales contre les biens communs se généralisent et prennent encore plus d’envergures qu’il y a quelques années (le dernier en ordre chronologique, l’adoption par le champ politique des articles constitutionnels sur la formation), que le seul moyen de sortir d’une logique uniquement réactive est de travailler sur un dossier échappant au calendrier politique. Si réagir au coup par coup aux attaques substantiels contre la formation reste certes une tâche incontournable pour un syndicat comme le notre, cette approche, outre à s’avérer frustrante sur le moyen-long terme, politiquement est insuffisante en regard des objectifs de la CUAE. S’opposer à toute mesure introduisant davantage de sélection dans le domaine de l’enseignement supérieur reste notre rôle principal, néanmoins, pour que l’autre facette de la mission de la CUAE se réalise, à savoir la promotion d’une vision alternative de la formation supérieure et de la recherche, il est indispensable que parallèlement nous poursuivions un travail de fond dont l’aboutissement sera l’élaboration d’une proposition concrète allant de toute manière à l’encontre de ce qui est aujourd’hui proposé et qui serait le fruit de notre analyse sur la situation actuelle. Comme il l’était déjà dans l’esprit des membres de la CUAE à l’origine des discussions sur l’introduction d’un revenu minimum garanti, le revenu de base reste un de ces sujets pouvant en grande partie se soustraire au contrôle du dispositif bourgeois et par là même nous fournir un instrument de lutte susceptible de déplacer les débats sur un terrain qui est plus propice à la résolution des problèmes avec lesquels est confronté notre société.

Le comité de la CUAE a donc adopté la déclaration d’intentions suivante :

DÉCLARATION DE SAIGNELÉGIER

18-20 août 2006

Considérant que toute mesure financière réduisant l’inégalité de la redistribution du capital économique est une condition nécessaire, bien que non suffisante, à la construction d’une alternative à la vision capitaliste de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique ;

Considérant le résultat de l’action directe dite « La Fin du Droit » ;

La CUAE, dans le cadre des attaques néolibérales contre l’éducation supérieure, promeut le Revenu de Base comme un moyen contribuant à atteindre des contenus et des organisations des enseignements et des recherches alternatifs à la vision capitaliste.

De plus, elle mènera une étude approfondie sur les régularités statistiques qui caractérisent le tissu social en se concentrant plus particulièrement sur les effets de la distribution inégale des capitaux économiques, culturels et symboliques parmi les personnes en formation.

Par ailleurs, face à la vision dominante de l’enseignement, elle soutiendra par tous les moyens qu’elle estimera adéquats toutes les initiatives promouvant l’instauration d’un Revenu de Base susceptible de réduire les inégalités matérielles.

Dans le cadre de ses actions, la CUAE se procurera les outils nécessaires à la réalisation de ses objectifs.

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Rappel des faits concernant la censure du site internet de la CUAE

Suite au communiqué de presse de la CUAE du 26 juillet 2006 au sujet de la nomination d’une commission externe chargée de l’élaboration d’un projet de loi sur l’université, M. Christian Dandrès – représentant étudiant au Conseil de l’Université – a sollicité la CUAE ; nous avons alors donné suite à la requête de M. Dandrès en publiant sur notre site ses remarques.

En date du 9 août 2006 la CUAE a décidé de publier sur le site internet une réponse à la réflexion de M. Dandrès qui nous est parvenue via le forum. Il faut savoir que le forum du site internet de la CUAE est géré a priori. Bien que le texte en question portait la signature de Mme Ruth Dreifuss, une lecture même rapide ne pourrait induire aucun lecteur à penser que l’ancienne conseillère fédérale en soit vraiment l’autrice. Ce texte satirique est une rigoureuse analyse politique des agissements de Mme Dreifuss à la tête du Département Fédéral de l’Intérieur.

Le 21 septembre 2006 la CUAE reçoit un courrier de Mme Dreifuss – la seule et unique – nous expliquant qu’elle n’est pas l’auteur du commentaire publié sur le forum. Dans le courrier en question Mme Dreifuss exige que l’article en question soit radié du site et que des excuses lui soient adressées.

Lors de la séance de comité de la CUAE du 25 septembre, nous avons décidé de ne pas supprimer le texte satirique, mais de rédiger un rectificatif qui affirme que le texte en question n’est évidemment pas l’oeuvre de Mme Dreifuss et qui expose les raisons de notre choix. Par ailleurs, une lettre calquant la décision de la CUAE a été envoyé à Mme Dreifuss.

Par courrier daté du 27 septembre 2006 (reçu le 28 !), M. Jacques Weber – nouveau recteur – exige que le texte incriminé soit supprimé du site au plus tard pour le 28 septembre à 18h.

Par courrier daté du 4 octobre, le recteur nous impose un ultime délai (fixé au vendredi 6 octobre à 12h…) pour supprimer l’intégralité du dit texte, même après la publication du rectificatif en menaçant une dénonciation auprès du Conseil de Discipline.

Le 6 octobre à midi, le rectorat procède à l’exécution de ses menaces et le site internet de la CUAE est censuré.

Le 10 octobre le site a été réactivé suite au retrait du commentaire incriminé. Le comité de la CUAE a accepté ce compromis afin de récupérer rapidement l’accès au site internet, en attendant que son droit constitutionnel à s’exprimer librement – tant sur le fond qu’avec la forme que nous estimons appropriée – en l’occurrence la satire – soit définitivement reconnu.

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Censure du site de la CUAE – Merci au recteur!

Le site de la CUAE a été censuré par le recteur du 6 octobre jusqu’à aujourd’hui, 10 octobre, suite à la publication d’un commentaire satirique sous une identité d’emprunt.

Nous remercions le recteur de nous avoir mené à la lumière et sauvegardé des dangers que nous encourions de part notre comportement inepte.

Après la nomination d’une commission externe chargée de l’élaboration d’un projet de loi sur l’université (voir notre communiqué de presse du 26 juillet), en plein scandale financier (cf. le texte de M. Christian Schiess sur l’autonomie), le nouveau recteur a estimé indispensable de protéger les membres de l’alma mater des “personnes mal-intentionnées” qui tacheraient l’image de l’Université de Genève et de faire comprendre à ces malfaiteurs que toute forme d’expression de leur part sera sévèrement punie… et cela afin de réinstaurer la confiance au sein de l’établissement.

Il s’agit d’une part de démasquer celles qui critiquent les options politiques choisies pour rétablir la sérénité de l’établissement et lui garantir la plus totale autonomie (financière pour s’entendre), et d’autre part de les prévenir si elles ont un comportement immoral vis-à-vis des règles et usages de l’institution et si cela ne suffit pas, ma fois, il faudra bien donner un exemple de fermeté. Il est nécessaire que l’autorité soit respectée, faute de quoi on risquerait la décrédibilisation…

Heureusement pour la CUAE que le recteur lui a consacré tant d’attention pour qu’elle se protège contre les faussaires. Puisque ces pauvres étudiantes sont inconscientes du tort dont elles sont victimes, il faut les prévenir et les raisonner, et si elles persistent dans leur insouciance juvénile, il faut remonter à la source du problème et sortir le “grand jeu” quitte à enfreindre les principes les plus basiques relatifs à la liberté d’expression… confiance oblige !

Une fois le tort effacé, pardon réparé, il n’y a pas de raisons pour empêcher à nouveau aux Harry Potter de la CUAE de reprendre leur routine puisqu’ils ont enfin pu réaliser le grave danger qu’ils couraient. Comme quoi quelques jours de ténèbres virtuelles sont propices à la pénitence.

Le site a été réactivé suite au retrait du commentaire incriminé. Le comité de la CUAE a accepté ce compromis afin de récupérer rapidement l’accès au site internet, en attendant que son droit constitutionnel à s’exprimer librement – tant sur le fond qu’avec la forme que nous estimons appropriée – en l’occurence la satire – soit définitivement reconnu.

Les termes au féminin contenus dans cet article se comprennent, bien entendu, aussi au masculin.