Avant-projet de loi sur l’université

Réaction de la CUAE à l’avant-projet de loi sur l’université présenté ce matin par le chef du DIP et par des membres de la commission extra-parlementaire qui l’a élaboré.

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

La CUAE – syndicat des étudiant_e_s de l’Université de Genève – fustige l’avant-projet de loi sur l’université et dénonce le processus politique qui a accompagné et soutenu son élaboration. De plus, la CUAE rappelle à cette occasion toute l’illégitimité de la commission, qui substitue l’expertocratie de la classe dominante bourgeoise à la démocratie.

Nous jugeons grotesque ce que certains définissent arbitrairement comme une consultation. Son seul mérite est de mettre en lumière le peu de considération que le champ politique manifeste à l’égard des dominé_e_s parmi ceux et celles qui devraient être les acteurs de l’alma mater. La majorité des étudiant_e_s a heureusement refusé de participer à ce débat biaisé, et parler de consultation du corps estudiantin dans ce contexte relève de l’alibi, sinon du mensonge. De même, les délais imposés par le Conseil d’État rendent impossible tout réflexion à l’élaboration de recommandations éventuelles.

De l’avant-projet, nous nous insurgeons plus particulièrement contre les points suivants :

Concentration du pouvoir décisionnel (élaboration du budget, définition de la politique universitaire, etc.) dans les mains d’une oligarchie académico-managériale. Il est illusoire de penser que les dysfonctionnements ayant abouti au prétendu scandale financier peuvent être résolus en donnant les pleins pouvoirs au rectorat et aux doyens, émanation exclusive du corps professoral minoritaire.

Abandon total de la participation. L’avant-projet vide les structures participatives existantes du peu de sens qu’elles avaient. L’assemblée de l’université se voit réduite à un moment de socialisation imposé, à consacrer à des discussions de bistrot…

Renforcement de l’assujettissement de l’existence des enseignements et de la recherche aux aléas du financement. L’université est rendue responsable de trouver des sources alternatives de financement pour pallier le désengagement de l’État, dû à la prétendue crise budgétaire. L’autonomie de l’université est ici synonyme du passage au financement privé.

Augmentation programmée des taxes par la suppression du plafond inscrit dans la loi. On s’achemine ainsi vers l’instauration d’une université à deux vitesses, réservant les filières dites prestigieuses à une élite économique. Au mépris de la prétendue volonté de démocratisation des études, une part toujours plus importante des coûts de la formation reposeront sur les étudiant_e_s, discriminant davanatage ceux et celles en situation précaire.

Nous exigeons du Conseil d’État de profondes modifications de l’avant projet intégrant entre autres les aspects suivants :

Suppression de tout frais d’écolage et gratuité des études garantie par la loi.

Représentation paritaire des quatre corps (étudiants, personnel administratif et technique, corps intermédiaire et professeurs) dans des structures participatives exerçant tous les pouvoirs décisionnels.

Financement dépendant des besoins de l’enseignement et de la recherche et non l’inverse.

La CUAE déploiera tous les moyens qu’elle estimera nécessaire pour empêcher l’aboutissement de ce projet dans sa forme actuelle.