Vous connaissez la chanson : l’histoire est celle d’un petit navire, qui n’a que très peu navigué (ohé-ohé !). Quand le poisson vient à manquer, les marins tirent à la courte-paille pour savoir qui de l’équipage sera mangé. Par malheur, le sort tombe sur le plus jeune. Et pendant que les autres en toute indécence délibèrent sur la sauce et la cuisson, le mousse grimpe en haut du mât… mais ne voit que flots, flots, flots de tous côtés.
Si la 4e révision de la LACI, votée par la majorité du peuple Suisse malgré le référendum des syndicats, accroît la pression sur l’ensemble des travailleuses et des travailleurs, elle place surtout les jeunes dans l’œil du cyclone. Un arsenal de mesures vient ainsi d’être adopté pour les éduquer aux bas salaires, à la flexibilité et à la docilité vis-à-vis de leurs patrons ou futurs patrons.
Avec le chômage structurel, le moment du passage à l’emploi est particulièrement délicat, les employeurs favorisant ceux qui ont déjà une certaine expérience professionnelle. Les nouveaux délais de carence imposés aux jeunes diplômés (5,5 mois) contraignent donc les familles à financer cette transition – y compris les stages non-rémunérés effectués par leurs enfants pour le compte des entreprises ! D’un autre côté, l’obligation légale des parents d’entretenir leur enfant cesse avec la fin de la formation, et dans tous les cas à 25 ans. Les jeunes issus de familles modestes ou en conflit avec leurs parents seront donc contraints d’accepter n’importe quel emploi, sous peine de finir à l’assistance publique. On verra ainsi – on en voit déjà – des jeunes ayant appris un métier qui leur plaît brader leurs compétences dans des supermarchés ou des bistrots, souvent durablement, voire définitivement. Les employeurs se frottent les mains…
La situation n’est pas plus favorable pour les jeunes ayant déjà travaillé, même s’ils cotisent depuis 10 ans à l’assurance chômage. Sur le seul critère de leur âge, ils verront leur droit réduit de moitié par rapport aux travailleurs plus âgés (pour les moins de 25 ans). Et la notion d’emploi convenable, qui protégeait notamment leur salaire et leurs conditions de travail, ne s’appliquera plus pour eux (jusqu’à 30 ans !). On verra donc des jeunes titulaires d’une formation et d’une longue expérience professionnelle contraints, après un licenciement, de travailler n’importe où et à n’importe quel prix.
Si les jeunes soussignés occupent aujourd’hui l’Office régional de placement (ORP) des Acacias Rue Alexandre-Gavard, c’est pour lancer, du haut du mât, un appel à la solidarité des travailleurs et travailleuses, chômeuses et chômeurs de ce canton ! Du poisson, il y en a plus qu’assez, simplement il n’est pas dans nos mains !
Tous ensemble, exigeons :
- L’introduction immédiate d’un droit à 120 jours d’indemnités supplémentaires, financées par le canton, pour tous les chômeuses et chômeurs que l’entrée en vigueur de la LACI laisse sur le carreau.
- L’introduction, dans la Loi cantonale sur le chômage (LMC), d’un droit à des indemnités de chômage financées par le canton compensant, pour toutes les catégories de chômeuses et chômeurs, les réductions imposées par la nouvelle LACI.
- Le maintien du Revenu Minimum Cantonal d’Aide Sociale (RMCAS), dernier filet avant l’assistance publique pour les chômeurs en fin de droit, qui vient d’être supprimé par le parlement.
Et à plus long terme, luttons pour imposer :
- Des protections contre les licenciements.
- Un meilleur partage du temps de travail et des protections contre la flexibilité au travail, créatrice de chômage.
- Un salaire minimum légal à 4000 francs pour tous les travailleurs et les travailleuses.
Collectif d’Occup’oisson de l’ORP
Soutenu par : Conférence Universitaire des Associations d’EtudiantEs (CUAE), Unia-Jeunes, United Black Sheep (UBS), Association de défense des chômeurs (ADC-Lausanne)
Tract distribué pendant l’occupation: