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Examens universitaires : quand est-ce que les étudiant.e.x.s seront écouté.e.x.s ?

Ça ne vous aura pas échappé : la session d’examen a commencé dans des conditions qui sont particulièrement angoissantes pour une bonne partie de la communauté étudiante. Loin d’être anodine, cette session d’examens est un marqueur d’une question éminemment structurelle qui pousse à réfléchir au modèle d’université que nous voulons.


On a beau savoir que l’université est une structure autoritaire, on reste toutefois surpris.e.x.s du manque de complexes de la part des autorités académiques. Et ce tyranisme est souvent à géométrie variable, comme nous le prouve encore une fois cette session d’examens. Quand la CUAE et d’autres associations étudiantes interpellent le rectorat ou les facultés, ces dernières se renvoient perpétuellement la balle et n’assument pas leurs responsabilités dans la majorité des cas. C’est un des mécanismes qui leur sert à maintenir le statut quo, chose d’autant plus problématique dans un contexte d’angoisse généralisée où les décisions prises impliquent parfois de prolonger ses études d’une année entière. Cela peut avoir des conséquences désastreuses comme ne plus entrer dans les critères d’obtention des bourses d’études ou bien simplement repousser l’entrée dans le monde professionnel et ne pas être rémunéré.e.x pendant une année de plus, ce qui touche les personnes déjà précarisées en premier lieu.


La peur d’être contaminé.e.x  par le covid-19 en passant ses examens est un facteur d’angoisse important. D’autant plus que dans la majorité des cas cela impliquerait de ne pas pouvoir passer le reste des examens et d’être obligé.e.x de s’y présenter au beau milieu de l’été. En coulisses, le rectorat nous a sorti la carte de la blouse blanche, en la personne d’un professeur de médecine qui est venu estampiller du label scientifique la tenue des examens et les décisions prises, ainsi que les risques (supposément ?) minimes de contracter le covid-19 lors du passage des examens. Mais alors que dire des énormes attroupements dans les couloirs de Palexpo, du manque de désinfectant, des surfaces que personne ne désinfectait ? Le rectorat a bien vu que la mise en place concrète de ses décisions laissait à désirer et a promis d’améliorer ces problèmes, mais les préoccupations tardives ont bien peu de valeur face aux contaminations et le stress engendrés. Il semble pourtant assez évident qu’avec un peu de souci et de considération, ces rectifications auraient pu être mises en place bien plus rapidement après les premiers retours, mais surtout préalablement à la session d’examens.


Mais l’angoisse provoquée ne dépend pas uniquement des mesures concrètes vécues sur le moment par tou.te.x.s les étudiant.e.x.s, mais aussi de la communication qui est faite à son égard avant les sessions d’examens. Par exemple, il parait que Palexpo dispose d’un système d’aération très sophistiqué et à la hauteur de la situation sanitaire. Au-delà des mesures elles-mêmes, ce genre d’informations aurait dû être communiqué publiquement et clairement dès que la décision de passer des examens en présentiel a été prise. Une fois de plus, le rectorat nous prouve qu’il ne considère pas l’angoisse que ces décisions peuvent engendrer. Et une fois de plus, il nous fourni des preuves abondantes du confort de la tour d’ivoire dans laquelle il vit.


La peur de contracter le virus au cours de la période d’examens mais en dehors des passages de ceux-ci est également un grand facteur de stress. Et ce stress a des conséquences directes sur la manière avec laquelle on vit cette période. Tout d’abord, il nous empêche souvent de nous concentrer sur nos cours et nos révisions. On se demande aussi en permanence : est-ce que je pourrai me rendre à mon prochain examen ? Et cette peur modifie incontestablement l’attitude de beaucoup d’étudiant.e.x.s et leur façon d’affronter la période. Nombreu.se.x.s sont celleux qui ne se sont pas rendu.e.x.s à la bibliothèque de peur d’y attraper le virus. Nombreu.se.x.s sont celleux qui n’ont pas voulu voir leurs ami.e.x.s (chose ô combien importante pour décompresser). Nombreu.se.x.s sont celleux qui n’ont pas osé se faire tester de peur que la question de se rendre à un examen en étant porteureuse du virus se pose. En somme, la question du coronavirus et le stress qu’elle suscite étaient omniprésents dans nos pensées tout au long de la période.


En considérant ces éléments, nous trouvons très questionnant que le rectorat s’entête à organiser la session d’examens sur le même modèle que d’habitude, sans prendre en compte le caractère extraordinaire de la situation actuelle. La modification des réglements facultaires qui prolongent les études dans le cas d’une absence à un examen, la non-comptabilisation des échecs lors de cette session et surtout une session extraordinaire de rattrapage au printemps sont autant de mesures nécessaires qui montrent qu’une session d’examens sereine en pleine pandémie ne se réduit pas à la question sanitaire. Pourtant, le rectorat refuse frontalement d’entrer en discussion pour la mise en place de ces mesures. Il a beau nous assurer qu’il prend à bras le corps la gestion de la situation et de l’angoisse collective qu’elle engendre, ce n’est pas pour autant qu’il prendra des mesures qui pourraient, ne serait-ce qu’un peu, soulager notre angoisse.


Le rectorat nous assure que le mot d’ordre pour gérer la session sera “compréhesion” et que des mesures individuelles adaptées seront prises a posteriori pour régler les problèmes survenus pendant la session. Encore une fois, ces informations sont données lors de réunions en comité réduit alors que ce sont des informations qui concernent et aideraient beaucoup d’étudiant.e.x.s. On reconnait ici la frilosité habituelle du rectorat à prendre des positions engageantes. C’est à peu près la même chose en ce qui concerne le taux d’absentéisme. Le rectorat nous indique qu’il surveille très attentivement ce taux pour vérifier qu’il ne dépasse pas trop le seuil habituel d’environ 5%. Mais la manière d’analyser ce taux est problématique. Elle ne reconnaît pas les différences majeures entre une session d’examen “normale” et celle qu’on est en train de vivre. Elle ne reconnaît pas que le taux d’absentéisme serait encore plus haut si des mesures adaptées avaient été prises. Par exemple, si une session d’examen extraordinaire avait été mise en place, le nombre d’étudiant.e.x.s qui ne se seraient pas rendu.e.x.s à leur examen parce qu’iels étaient contaminé.e.x.s aurait augmenté, le taux d’absentéisme avec. Surtout, le taux d’absentéisme ne prend pas en compte l’angoisse que la session a procurée. Quand bien même le taux d’absentéisme serait resté stable, cela n’aurait en aucun cas voulu dire que les mesures étaient adaptées. 


Rappelons peut-être que depuis le début de la pandémie, chaque session d’examen a été l’objet de négociations, parfois féroces, avec le rectorat. Pour la session de printemps 2020, nous demandions la validation de tous les crédits pour une gestion de crise solidaire (1,2,3). Lorsque les examens se déroulaient en ligne, nous nous opposions à la surveillance vidéo (4). Pourtant, quasiment tout ce que nous proposions était refusé par le rectorat. Schématiquement, les décisions se sont à chaque fois prises comme ça : le rectorat, du haut de ses pleins pouvoirs, nous impose des mesures inadaptées; nous le rappelons à l’ordre et proposons des mesures plus adéquates pour la sérénité de nos études; le rectorat “entend et considère” nos inquiétudes mais ne change pas de ligne de conduite; la session d’examens se déroule et confirme une bonne partie de nos inquiétudes. 


La gestion des dernières sessions d’examens révèle des problèmes de fond dans le fonctionnement de l’université. Celle-ci est absolument anti-démocratique malgré ce qu’elle annonce avec toute la prétention qu’on lui connait. Les examens universitaires impactent très directement les étudiant.e.x.s. Dès lors, il est nécessaire que les étudiant.e.x.s soient sérieusement pri.se.x.s en compte dans les processus décisionnels sur ce sujet. Les associations étudiantes doivent être incluses dans les négociations au sein des décanats facultaires en amont de la décision. Il est temps que notre consultation ne se résume pas à une validation (ou quelques modifications mineures) de décisions déjà entérinées bien avant qu’elles ne nous soient soumises. Il est temps que les associations étudiantes ne servent plus uniquement de faire-valoir démocratique aux autorités universitaires. Bref, il est temps que les étudiant.e.x.s aient un réel pouvoir politique au sein de leur institution.

Notes :
(1) https://cuae.ch/prise-de-position-de-la-cuae-sur-les-examens/
(2) https://cuae.ch/coup-de-gueule-a-propos-des-examens/
(3) https://cuae.ch/le-rectorat-a-repondu-a-nos-questions-et-on-en-est-pas-plus-avance-e-x-s/
(4) https://cuae.ch/unige-is-watching-you/

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Activités Actualités Résumé du mois

Résumé du mois de décembre 2021

En ce début de mois de décembre, la CUAE a tenu son finissage de l’exposition des 50 ans de la CUAE. Le 3 décembre donc a eu lieu ce dernier évènement qui a clôturé l’exposition itinérante, dans les locaux du Silure. Après avoir fait le tour des différents bâtiments universitaires, l’idée de faire le finissage en dehors des murs de l’université était pour illustrer les liens importants que la CUAE entretient avec le réseau militant genevois extra-universitaire. 

La CUAE est en outre apparue dans les médias, au sujet de la mobilisation menée pour le retour des repas à 3 CHF et l’internalisation des services de restauration universitaire. Ainsi, la CUAE a été interviewée le 7 décembre à RadioLac et à la RTS.

La même semaine, la CUAE a été sollicitée par deux autres médias (TDG et 20 minutes, cette fois-ci par rapport à la décision du rectorat de maintenir les examens en présentiel. A ce sujet, la CUAE a publié une prise de position.

Suite à notre mobilisation dans la cafétéria d’Uni-Mail, des étudiant.e.x.s de l’IHEID (Institut des hautes études internationales et du développement) ont décidé d’occuper le 7 décembre la cafétéria du campus dudit institut, afin d’exiger la prise en compte de l’avis étudiant lors de la prise des décisions, une enquête sur des cas d’harcèlement sexuel qui ont eu lieu, et une meilleure rémunération des assistant.e.x.s, ainsi qu’une véritable équité entre étudiant.e.x.s suisses et étranger.e.x.s.

Le 9 décembre, nous avons participé aux ateliers organisés par la Tragédie autour de la thématique des espaces. Nous avons animé un atelier qui avait comme thématique les occupations, dans un sens large, auquel des personnes du collectif Porteous ont participé aussi. Des chercheurs de sciences sociales sur les espaces ont aussi intervenu à cette occasion. Cet évènement a connu un franc succès et de nombreuses personnes se sont rendues à l’ancien bâtiment de la Comédie pour participer à cet atelier. Ça a été l’occasion d’avoir de discussions très enrichissantes, un retour rétrospectif sur l’occupation de la cafétéria, et ouvrir de nouvelles perspectives de lutte.

Le 9 décembre aussi, nous étions présent.e.x.s à la manifestation des services publics, en menant un bloc étudiant. La solidarité avec le personnel des services publics apparaît plus que jamais comme une nécessité, et s’inscrit dans nos revendications d’internalisation et de modèle alternatif de la restauration universitaire. À cette occasion, nous avons pris la parole et prononcé un bref discours pour thématiser l’internalisation et montrer notre solidarité avec le personnel qui se mobilise.

La CUAE a en outre organisé un évènement au sujet de l’internalisation du service des cafétérias. Dès 16h nous étions devant l’université pour distribuer du vin chaud et tracter pour la discussion qui a eu lieu le soir même. Cette discussion s’est organisée en deux temps : d’abord les syndicats SIT et Unia nous ont présenté les enjeux d’une internalisation du service de restauration de l’université, les avantages, les exemples existants, etc. Cette petite présentation a été suivie d’une discussion collective à ce sujet, et plus largement à propos de la gestion des espaces.

La CUAE s’est en outre réunie avec l’AEL (association des étudiant.e.x.s en Lettres) au sujet de la cafétéria des Bastions pour constituer un groupe de travail. Le prestataire en charge de la cafétéria des Bastions a résilié le contrat 6 mois avant la fin de celui-ci, et par conséquent les Bastions se retrouveront dès janvier sans cafétéria qui fournisse un service minimal de restauration. Cette rencontre a été fructueuse et a permis de pouvoir faire remonter les préoccupations estudiantines auprès des responsables de l’université. 

Enfin, le jeudi 16 décembre la CUAE a co-organisé une conférence autour du livre “Nous vous écrivons depuis la révolution – récits de femmes internationalistes au Rojava” en présence de deux des autrices. Ce livre, écrit par 12 militantes parties au Rojava, présente leur ressenti et leur expérience de cette révolution en tant que de femmes internationalistes et les différentes structures autonomes des femmes au Rojava. Car si l’on a souvent entendu parlé du rôle militaire que jouent les combattantes kurdes ou internationalistes des YPJ (unités de défense des femmes), on connaît souvent malheureusement moins le rôle de premier plan que joue aussi le mouvement autonome des femmes dans la société et dans les structures civiles du Rojava. Cette rencontre a connu un franc succès, et des échanges pertinents et constructifs ont pu avoir lieu à la fin de cette conférence.