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Légitimes Violences – 2 rencontres avec Elsa Dorlin

La CUAE, la librairie Oraibi+Beckbooks, le TU-Théâtre de l’Usine et Forda organisent deux soirées autour du livre Se défendre. Une philosophie de la violence avec Elsa Dorlin, mardi 10 et mercredi 11 avril, à Genève.

Elsa Dorlin est une philosophe féministe française, dont les champs de recherche traversent l’histoire du sexisme et du racisme moderne. Dans son dernier ouvrage Se défendre. Une philosophie de la violence (ZONES, 2017), elle mène une réflexion sur le concept d’autodéfense ; sur les corps, la violence et la subjectivité. Cette invitation, déclinée en deux rencontres, nous amènera à aborder l’auto-défense d’un point de vue théorique et militant. La première intervention au TU – Théâtre de l’Usine s’articulera autour d’écoutes et d’extraits vidéos provenant de ressources radiophoniques, visuelles ou d’extraits théoriques, abordant les notions de violence et de puissance d’agir. La deuxième intervention à Uni Bastions sera une présentation approfondie de l’ouvrage Se défendre. Une philosophie de la violence.

Deux soirées complémentaires :

  • Mardi 10 avril, au TU-Théâtre de l’Usine
    20H casse-croûte, 20H30 intervention / Le tout prix libre
  • Mercredi 11 avril, à Uni-Bastions (salle B111)
    18H30 conférence / Entrée libre

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Notre éducation sera féministe, antiraciste, anticlassiste ou ne sera pas

Une semaine d’action pour l’éducation est lancée du 19 au 23 mars en prévision de la manifestation nationale ce samedi 24 mars à Berne pour une éducation accessible à tou.te.x.s. La journée nationale contre le harcèlement sexiste et sexuel dans les lieux de formation, elle, est prévue le 23 mars.

Ces journées visibilisent des luttes indissociables et notamment celles relatives à l’accès inclusif à la formation.

La semaine d’action pour l’éducation, nommée « Révolte pour l’éducation » est un mouvement national qui a été créé par une coalition d’organisations syndicales et étudiantes suisses, face aux incessantes hausses des taxes annoncées tour à tour dans les hautes écoles, universités et EPF en Suisse. Cette semaine vise à thématiser largement la question de l’accessibilité aux études et à préparer les étudiant.e.x.s à une grande manifestation nationale à Berne ce samedi 24 mars.

La journée nationale contre le harcèlement sexiste et sexuel dans les lieux de formation, créée l’année dernière, dans le cadre de la campagne nationale menée par différentes organisations étudiantes en Suisse, tombe par hasard dans cette semaine de mobilisation mais y a tout à fait sa place. En effet, le harcèlement sexuel et les oppressions sexistes plus largement, sont de véritables freins aux études pour les personnes touchées.

Le sexisme, le racisme et les rapports de classe ne s’arrêtent certainement pas aux portes de nos institutions académiques. Bien au contraire, l’organisation hiérarchique de celles-ci maintient, si ce n’est ne renforce, ces rapports dans l’espace déjà cloisonné qu’est l’éducation supérieure.

En effet, l’accès à l’Université n’est déjà pas donné à tout le monde. Le système sociétal actuel privilégie les privilégiés, ceux qui engraissent le système mis en place et dominent le monde. Le système éducatif, dès l’école primaire, est fabriqué pour les personnes qui « s’en sortiront » à priori plutôt bien. Les stéréotypes et les dynamiques racistes, sexistes et classistes de notre société n’encouragent nullement toute.x individue.x à poursuivre ses études et à accéder aux plus « hautes sphères »1 académiques. Comme des statistiques le montrent très factuellement, les personnes issues de quartiers populaires sont bien moins nombreuses sur les bancs de l’Université (et même du collège) que les enfants d’universitaires. La reproduction sociale sévit et prouve qu’il est dur de sortir de sa « condition » sociale.

L’Université et les EPF principalement sont donc déjà des sphères dites « privilégiées ». Cela ne veut pas dire qu’aucune personne issue de quartiers populaires, non-blanche ou structurellement discriminée en raison de son genre n’obtient pas de diplôme ou de poste de doctorat. Loin de là ! Il est cependant important de souligner que ce parcours n’est pas le même en fonction d’où l’on se situe dans l’échelle des classes et des catégories sociales, l’égalité des chances n’est donc pas au rendez-vous : un parcours de lae combattant.e.x pour certaine.x.s, une voie déjà (presque) toute tracée pour les autres.

Le harcèlement sexuel et le sexisme ont des répercussions de ce type dans la hiérarchie de l’Université. Plus l’on avance dans la hiérarchie académique et ses postes, plus les hommes blancs cis-genres2 sont nombreux dans ces sphères, alors que les bancs d’écoles des premières années sont plus peuplés de personnes considérées femmes3. Si ces oppressions ne sont pas la seule raison de la moindre égalité des genres dans les sphères dites « élevées » des institutions académiques, ils en sont certainement une des causes. Il est simple de le constater, dans beaucoup de cas, les personnes harcelées sont celles qui s’en vont ou même celles qui sont déplacées, voire virées dans les pires situations, alors que le harceleur n’est que très peu inquiété et souvent reste à son poste sans encombre majeure. Il ne s’agit là que d’un exemple parmi bien d’autres obstacles à la poursuite d’un parcours universitaire pour les personnes structurellement discriminées.

En bref, les obstacles aux études sont multiples. Les discriminations liées au genre, à la racisation et à la « classe » s’imbriquent et mènent conjointement à l’élitisation des études de manière flagrante. Le harcèlement sexuel et sexiste doit être combattu autant que le racisme institutionnel, que l’incessante augmentation des taxes et des frais d’études. L’Université n’est pas un espace neutre de savoir et de réflexions. C’est une structure institutionnelle construite en fonction d’un système que nous ne cesserons de qualifier de raciste, sexiste et classiste, et ce, tant qu’il le faudra !

L’éducation et le choix réel des études est un droit et doit être effectivement appliqué.

Stop à l’élitisation des études, stop au sexisme, au racisme et aux hiérarchies !

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Prise de position – Sexisme à l’UNIGE, pas bravo le Rectorat !

 

 

Suite à l’article « Sexisme : Le Rectorat mal pris », paru dans Le Courrier, le vendredi 1er décembre, la CUAE dénonce l’attitude passive et hypocrite du rectorat. Ce n’est qu’après 3 articles* de journaux qu’il se décide à ouvrir une enquête (cf. Le Matin Dimanche, « Flückiger des sexes », édition du 03.12.2017), mais quelle enquête ?

 

 

Peu après le lancement de la campagne contre le harcèlement #UNIUNIE par le Rectorat, un énième article dénonçant des cas de harcèlement sexiste par un vice-recteur est paru vendredi 1er décembre, dans Le Courrier. La CUAE soutient les dénonciations qui y paraissent et tient à revenir sur l’attitude inadéquate du Rectorat.

En effet, le vice-recteur incriminé est connu depuis plusieurs années pour des cas de harcèlement sexiste. L’article mentionne que, ce dernier avait reçu, il y a 10 ans déjà, un avertissement de la part

de l’ancien recteur pour ses comportements sexistes envers des doctorantes. Aujourd’hui, bien que le rectorat se fasse porte-parole de « l’égalité des sexes » à l’Université, le harceleur n’a toujours pas

été sanctionné alors que son sexisme perdure.

 

Stratégie de l’agresseur

Les citations de ce dernier dans l’article précité démontrent clairement les stratégies employées par l’agresseur. Il est systématique que les agresseurs développent des moyens de se protéger et de se rendre « insoupçonnable », en se justifiant ou en déplaçant le sujet. L’instrumentalisation de certaines de ses doctorantes, collègues ou femmes le soutenant, de même que prêcher la bonne parole sociale et l’égalité sont des méthodes avérées des agresseurs pour se rendre intouchables. Le vice-recteur en question l’applique et l’affirme dans ses dires : « mon mandat a été renouvelé avec le soutien unanime des professeurs, y compris femmes. », « Je me suis plus que bien comporté. Je n’ai aucun problème avec les autres doctorantes ou doctorants. J’ai soutenu beaucoup de gens. ».

Cela est explicité dans la brochure « NON, NO, NEIN au harcèlement sexuel dans les lieux de formation », rédigée par une coalition de syndicats et associations d’étudiantes en Suisse, parue en novembre dernier : « On observe souvent que les harceleurs ont une bonne réputation et sont appréciés de leurs collègues, leurs ami.e.x.s ou les étudiant.e.x.s/élèves. À priori, leur paroles est plus prise en compte que celle des personnes qui dénoncent le harcèlement. » (p. 28)

 

Protection entre pairs

Le recteur actuel fait preuve quant à lui d’une totale solidarité entre pairs. Il réfute toute accusation et nie avoir entendu les doctorantes harcelées, alors même qu’elles l’avaient contacté directement. Un principe de base de reconnaissance du harcèlement sexiste et sexuel est de considérer uniquement le ressenti de la victime, et en aucun cas l’intention de l’auteur. Il n’est donc pas possible de réfuter des accusations sous l’unique prétexte que l’agresseur ne considère pas en être un, ou qu’un collègue ne le considère pas comme tel. « Je suis à des années-lumières de ses accusations. », « ce n’est pas mon point de vue », dit-il.

De plus, tout en affirmant une « tolérance zéro » lors du lancement de la campagne contre le harcèlement, le recteur n’agit pas pour ce cas (et qualifie les dénonciations de « propos anonymes malveillants »). Cela, alors même que le vice-recteur « [reconnaît] une part d’erreur ». Mais où est-elle alors, cette « tolérance zéro » ?

 

Ouverture d’une enquête

Nous avons appris le jour suivant, par l’intermédiaire des médias, que le Rectorat avait envoyé un communiqué de presse en réponse à cet article pour faire part de l’ouverture d’une enquête à ce sujet. Mais quelle enquête ? Alors que le Rectorat réfute les accusations et protège son collègue, dans cet article ainsi que dans les précédents (cf. Article de la Tribune de Genève), il prétend d’un coup être concerné par ces accusations et promet l’ouverture d’une enquête. Nous jugeons que ce ne sont que des paroles en l’air pour faire bonne figure. Dans ce communiqué, il rappelle le récent lancement de la campagne et la fameuse « tolérance zéro ». HA ! HA ! HA ! Cela nous conforte dans l’impression que cette campagne sert à dorer la parure du Rectorat plus qu’à combattre le sexisme dans son établissement. La « tolérance zéro » si souvent rabâchée ne s’arrête pas aux portes du rectorat : les agresseurs qui y sont doivent être sanctionnés.

Mais à nouveau, il s’agit d’une réaction systématique face aux cas de harcèlement, que nous dénonçons fortement. Condamner le sexisme, c’est bien, protéger ses pairs, c’est mal.

De même, l’ouverture de cette enquête nous questionne. Le Rectorat n’était pas clair à ce sujet. Nous en attendons les résultats, mais nous soulignons et insistons sur le fait que cette enquête ne doit en aucun cas servir à trouver les personnes qui ont parlé dans la presse, mais bien à vérifier les accusations et sanctionner, voire licencier l’agresseur. Que cela soit clair, s’il s’avérait que les personnes harcelées ou témoins se faisaient inquiéter, mobber ou menacer, une réaction s’ensuivrait.

Pour rappel, le Rectorat (ou plutôt le Service Egalité…) a écrit une brochure « Gardons les yeux grands ouverts ! Harcèlement : informer, prévenir, se défendre ». À la page 39, le Recteur pourrait y trouver des bons conseils…Mais ne l’aurait-il même pas lue, cette brochure… ? En tout cas, il fait tout faux…

  • « Recevez et écoutez la personne. » : Le Recteur nie avoir reçu les personnes harcelées…
  • « Osez intervenir. » : Ce n’est qu’à la suite de trois articles concernant ce cas que le Recteur prétend intervenir…
  • « Ne soyez pas trop méfiant. » : Il déplore ces « accusations anonymes et malveillantes »…

 

Pas bravo… !

Rappelons-le : tout cela nous irrite au plus au point, croyez-nous M. Le Recteur… Nous attendons les suites de cette enquête et la suivrons avec la plus haute attention. Nous ne laisserons pas passer ces comportements et comptons bien vous le faire savoir. Il est temps que les harceleurs soient licenciés et les personnes harcelées protégées ! Nous, la tolérance zéro, on l’applique !

 

Le comité de la CUAE

 

 

* Le Matin Dimanche, édition du 22.01.2017, « Le rectorat est accusé de sexisme ».
Tribune de Genève, édition du 18.11.2017, « L’Université adopte la « tolérance zéro » ».
Le Courrier, édition du 1er décembre 2017, « Sexisme : Le rectorat mal pris ».

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Communiqué de presse à propos du lancement de la brochure pour une formation sans harcèlement

Le mercredi 15 novembre avait lieu le lancement de la brochure pour une formation sans harcèlement, celle-ci a été réalisée dans le cadre de la campagne contre le harcèlement sexiste et sexuel dans les lieux de formation menée entre autres organisation par la CUAE.

Vous trouverez ici notre communiqué de presse à l’attention du public et des médias à propos du lancement de la brochure pour une formation sans harcèlement.

Retrouvez l’intégrale de la brochure en français en ligne sur le site internet de la campagne.

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Fatima Khemilat : conférence & atelier

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La CUAE organise une conférence avec Fatima Khemilat, intitulée : “Racialisation, Sexualités et Colonialités : voyage en eaux troubles”.
Elle aura lieu mardi 11 avril, à 18h30 en salle MS150, à Uni Mail ! Suivie d’un apéritif.

Le lendemain, mercredi 12 avril, aura lieu un atelier organisé par l’AFU (Association Féministe de l’UNIL) qui a pour titre : “Race, racisme et racialisation: de la nécessité de territorialiser et historiciser des phénomènes sociaux”. Il commencera à 17h00, à Lausanne, Geopolis 2144. 

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Retour de la journée nationale contre le harcèlement sexiste et sexuel dans les lieux de formation – 23 mars 2017

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Aujourd’hui, jeudi 23 mars 2017, a eu lieu la première journée nationale contre le harcèlement sexiste et sexuel dans les lieux de formation. Cette journée s’inscrit dans le cadre de la campagne contre le harcèlement sexiste et sexuel lancée en novembre 2016.

A cette occasion, des actions ont eu lieu dans différents établissements scolaires de Genève (Collèges, HES, Université), afin de rendre visible les violences sexistes qui s’y passent et inciter les étudiantes et élèves à s’engager contre. Par exemple, une banderole a été déposée dans le hall d’Uni Mail, invitant les étudiantes et personnes concernées à prendre conscience de l’ampleur du problème qu’est le harcèlement sexiste et sexuel : ICI AUSSI LE HARCÈLEMENT (S)EXISTE, LUTTONS !

« Bien que le Rectorat se vante des mesures mises en place à l’Université de Genève pour parer aux inégalités de genre, le harcèlement sexuel et sexiste est toujours une réalité dans les lieux de formation, et ce, à tous les étages ! » explique une secrétaire permanente de la CUAE.

Le harcèlement sexuel est condamné par la charte d’éthique et de déontologie de l’UNIGE et des médiations sont organisées, obligeant à la personne victime de harcèlement à confronter son harceleur. En considérant les rapports de hiérarchie en place, il est évident qu’une telle situation n’est pas simple à dénoncer. S’ajoute à cela, le soutien entre pair fréquent, et donc une méprise du problème dénoncé (cf. Article de La Cité, du 5 janvier 2017).

Les mesures spécifiques au harcèlement sexuel prises par l’Université de Genève ne doivent pas être une parure de bonne figure pour le Rectorat, mais nécessitent une application concrète et efficace.

« Le harcèlement sexiste et sexuel n’est pas une question de lieu ou d’espace mais une conséquence du système patriarcal dans lequel nous vivons. Il se reproduit dans tous nos espaces de vie (sphère privée, comme publique) et à l’Université aussi, d’autant plus qu’il s’agit d’une institution basée sur un système ultra-hiérarchisé. » complète-t-elle.

Elle poursuit : « Il est du ressort du Rectorat de s’engager de manière ferme et à appliquer les mesures en place contre ces violences pour se montrer intransigeant lorsqu’elles arrivent au sein de son établissement. Des sanctions doivent être prises contre les harceleurs, quelque soit leur place au sein de la hiérarchie. »

Cette journée s’inscrit dans la campagne lancée en automne 2016 par une coalition d’organisations étudiantes de toute la Suisse : kriPofrauensternli (Zürich), kriPo-SUD (Fribourg, Berne), l’AFU (Lausanne), SUD-EP (Vaud, Valais, Neuchâtel), CELVS (Genève) et la CUAE (Genève), contre le harcèlement sexiste et sexuel dans les lieux de formation. La campagne demande l’élargissement de la LEg (Loi sur l’égalité) au statut des étudiantes, alors que la loi telle qu’elle est actuellement est restreinte aux personnes salariées.

plus d’informations sur la campagne : http://www.formation-sans-harcelement.ch/

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Communiqué sur l'Assemblée féministe étudiante

Genève, jeudi 22 novembre 2016

Une Assemblée Féministe Étudiante surprenante

Mercredi 3 novembre dernier a eu lieu l’assemblée féministe étudiante réunissant plusieurs groupes étudiants et plusieurs centaines d’étudiantes[1]. L’événement fut un succès sans précédent, remplissant l’un des plus grand auditoire d’Unimail (400 personnes).

A l’origine nous étions plusieurs étudiantes, de différents groupes et associations, à vouloir nous coordonner entre nous, à vouloir créer un espace de convergence de luttes mais également à souhaiter visibiliser ce qui est fait en matière de féminisme à l’Université et dans les lieux de formation. C’est pourquoi, le Groupe de Travail Genre de la CUAE a lancé le réseau féministe et a invité d’autres associations à le rejoindre et à partager leurs actions militantes.

Après plusieurs réunions, un événement a été lancé sur les réseaux sociaux, une demi-douzaines d’affiches ont été confectionnées par des étudiantes et affichées dans de nombreux lieux de formation.

L’engouement autour de cette assemblée, tant en terme d’organisation que de son écho médiatique, a dû nous faire repenser le contenu et la structure de l’assemblée. Il nous a notamment mis face à des contradictions en terme de contenu et de forme.

Avant d’expliciter ces contradictions, rappelons comment s’est déroulée la soirée et quel était le contenu de l’assemblée. Le premier point de celle-ci a consisté en une introduction à certains enjeux comme le harcèlement sexiste, proposée par le Groupe Genre. Pour de nombreuses étudiantes, il s’agissait de leur première intervention devant un auditoire de plus de plus 400 personnes. Illes ont non seulement eut le courage de prendre la parole, mais leurs interventions ont en plus été brillantes. S’en est suivie la présentation des cinq groupes et associations travaillant autour du féminisme. Le Groupe de Travail sur le genre tient particulièrement à saluer la présence enrichissante de l’Association Féministe Universitaire de Lausanne (AFU) qui a permis d’élargir le réseau à d’autres universités en Suisse et qui surtout a apporté un discours important autour de la non-mixité. La troisième partie de l’assemblée a porté sur la présentation des projets communs et des luttes à venir. Parmi ces dernières, se trouve notamment la campagne contre le harcèlement sexuel dans les lieux de formation[2] ainsi que l’appel à rassemblement contre la hausse des taxes du lendemain. Les mesures d’austérité touchent les plus précaires, et parmi ces populations les femmes et genres oppressés sont les plus touchées. Ces mesures sont de réelles attaques sur nos droits fondamentaux, ce pourquoi un appel à se mobiliser a été lancé. Finalement, le dernier point de l’assemblée était axé autour de la discussion et de l’échange. Au vu du nombre de participantes, elle a pris la forme d’un apéro dans le hall d’Unimail. De nombreuses personnes sont restées pour discuter entre illes, débriefer sur la séance et se rencontrer.

Aux alentours de 21h00, c’est au Nadir (l’espace autogéré des étudiantes) que la soirée s’est poursuivie avec une boum féministe. Un espace de non-mixité avait également été mis en place dans la salle des associations. L’ambiance de cette soirée, tout comme sa décoration, fut une réussite. La soirée et la boum se sont clôturées aux alentours d’une heure du matin.

Malgré l’énergie positive et l’attitude bienveillante d’une bonne partie des participantes, des agressions sexistes ont eut lieu lors de la soirée, démontrant encore une fois qu’il est nécessaire de continuer à lutter contre toute forme d’agression quelle qu’elle soit, et que nous devons défendre nos lieux (qu’ils soient nocturnes ou non) pour que les agresseurs ne s’y sentent pas les bienvenus. Si l’on touche à l’une d’entre nous, c’est à nous toutes que l’on touche.

Une assemblée empruntée de contradictions

Cette assemblée ne s’est pas déroulée sans contradiction. Lors de son organisation, nous avons été confrontées à des défis importants que nous souhaitons présenter ci-dessous sous forme d’auto-critique.

Tout d’abord, il a été question d’établir une ligne politique. Comme explicité durant l’assemblée, chacune d’entre nous possède sa propre manière d’être et d’agir féministe. Seulement, il y a des enjeux autour de la médiatisation des discours féministes que nous ne voulions pas ignorer. Nous ne voulions pas laisser passer certaines manières d’être et d’agir féministes. Nous avons donc décidé de poser des termes, des termes forts, qui bien évidemment ne nous dédouanent pas de nos propres discours, actions et formes de représentations. Ainsi, pour nous il a été important d’introduire le terme “d’antiracisme”. Non pas pour signifier que nous étions de fait des super-héroïnes de l’antiracisme. Comme le sexisme, nous le reproduisons quotidiennement. Étant quasiment toutes des personnes blanches, nous faisons partie de la classe dominante et reproduisons à ce titre des formes d’oppressions auxquelles nous sommes souvent aveugles. Et il en va de même avec l’anti-impérialisme et l’anti-classisme. D’ailleurs, ces formes d’oppression ont malheureusement été véhiculées à travers certaines prises de parole lors de l’assemblée. Ces termes forts ont ainsi été posés pour exprimer notre souhait de travailler sur notre position sociale, le souhait de nous questionner sur notre rôle social dans cette forme d’oppression et notre volonté de nous remettre en question.

Ensuite, nous avons été confrontées à la difficulté de tenir un discours fort et cohérent avec un public et des intervenantes particulièrement hétérogènes. Pour certaines personnes, cette assemblée était une première approche au féminisme, alors que pour d’autres les questions évoquées faisaient déjà partie d’une réflexion et d’un travail mené au quotidien. Notre discours a donc pu paraître basique pour certaines alors que pour d’autres nous évoquions des concepts nouveaux à leurs oreilles.

Nous avons donc décidé de proposer une courte introduction qui puisse permettre de poser des concepts et d’aborder certaines questions sur un socle de définitions communes. Les thèmes abordés -féminismes, patriarcat, harcèlement sexiste et slutshaming- l’ont été de manière très pédagogique dans le but de tenir un discours accessible à un public non initié.

De plus, cette assemblée a été aussi une découverte des modes de fonctionnement et des lignes politiques des différents groupes et associations; puisque jusqu’alors aucun rassemblement de cette ampleur n’avait été réalisé. Suite à cette première expérience, une réflexion au sein du réseau s’avère à présent indispensable.

Finalement, comme explicité en amorce de l’assemblée, nous avons utilisé de nombreuses fois les termes d’”hommes” et de “femmes”, en précisant que nous les considérions comme des catégories sociales construites. Néanmoins, nous regrettons de ne pas avoir déconstruit ces catégories ni déconstruit la binarité oppressive des genres et ne pas l’avoir appliqué à nos discours.

Tout reste à construire…

A présent, il nous appartient de construire la suite. Le succès de cette assemblée n’est que le point de départ des luttes à venir. A nous maintenant de nous former, de nous organiser et de lutter.

Inscrivez-vous à la newsletter pour rester informées, inscrivez-vous aux groupes de travail pour être actives, auto-organisez-vous et contactez-nous au besoin !

Les critiques, remarques et opinions sont importantes pour nous faire avancer et progresser. Nous souhaitons vivement avoir votre retour sur l’assemblée si votre opinion ne reflète pas les propos tenus ici (ou si vous souhaitez les nuancer). Nous remercions les personnes qui ont déjà pris le temps de nous faire leurs remarques et nous rendre attentives à certains points. N’hésitez pas à nous envoyer un email à genre@cuae.ch ou à cuae@unige.ch. Par contre, les commentaires des groupes oppresseurs sur leurs problèmes et leur personne ne nous intéressent pas.

Groupe de Travail sur le Genre de la Conférence Universitaire des Associations d’EtudiantEs

[1] Dans la langue française, le masculin l’emporte du le féminin et s’érige comme l’universel, englobant les autres genres. Dans ce texte nous renversons le rapport masculin/féminin en féminisant les noms. Nous adaptons également les pronoms en les rendant inclusifs pour dépasser la binarité féminin/masculin. Voir à ce porpos l’article suivant: https://cafaitgenre.org/2013/12/10/feminisation-de-la-langue-quelques-reflexions-theoriques-et-pratiques/

[2] Nous vous invitons à soutenir la campagne sur la plateforme www.formation-sans-harcelement.ch.

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Campagne contre le harcèlement sexuel dans les lieux de formations

Prévenir et sanctionner le harcèlement sexuel : étendons la Loi sur l’égalité !

Lancement d’une campagne nationale.

En Suisse, il n’existe aucune protection légale contre le harcèlement sexuel dans les établissements de formation. La Loi sur l’Égalité (LEg) ne couvre que les relations de travail salariées. Pourtant, dans les lieux de formation, tous les ingrédients du surgissement du harcèlement sexuel sont là : rapports hiérarchisés et concentration de personnes. Du coup, les dénonciations sont rares. Les sanctions encore plus. Les victimes restent souvent isolées et mises sous pression. Les campagnes de prévention sont inexistantes. Bref, il n’y a pas de politique de lutte contre le harcèlement sexuel.

Notre revendication est simple : la définition et les protections du harcèlement sexuel contenues dans la Loi sur l’Égalité doivent être étendues à la sphère de la formation !

Pour soutenir la campagne et se tenir informé-e-s:

www.formation-sans-harcelement.ch

Nous estimons qu’il est de la responsabilité de la direction du lieu de formation de protéger celles et ceux qui viennent se former. Les étudiant-e-s, qui constituent la majorité des personnes présentes dans les lieux de formation, ne peuvent pas être les oublié-e-s de la législation et du combat contre le harcèlement sexuel. Ils et elles sont concerné-e-s, nous sommes concerné-e-s.

Le harcèlement sexuel – sexiste pour être précis-e – est une violence structurelle. Il ne s’agit pas simplement d’actes malveillants d’individus dérangés. Ces comportements sont alimentés et, en même temps, rendus possibles par la structure patriarcale de notre société. En particulier, le harcèlement sexuel alimente les inégalités en termes de carrières formatives et professionnelles, ou encore les inégalités salariales : arrêt de la formation, changement de lieu de travail, obstacles institutionnels et conséquences personnelles qui empêchent un parcours linéaire.Concrètement, nous demandons à toutes les instances ayant pouvoir de réglementation dans ce domaine, notamment les directions d’établissement, les pouvoirs politiques et les conférences intercantonales, de se coordonner et d’inscrire dans leurs lois, leurs règlements et leurs directives les règles de la LEg concernant le harcèlement sexuel. Il faut tendre vers une loi fédérale qui protège l’ensemble des travailleurs/euses en formation du pays de manière unifiée. Ces règles devraient au moins contenir les éléments suivants, en plus de l’article 4 de LEg :

  • Mise en œuvre des recommandations du Bureau fédéral de l’égalité entre les femmes et les hommes s’agissant du harcèlement sexuel : déclaration de principes des directions contre le harcèlement sexuel, information et prévention régulière envers l’ensemble du personnel et des étudiant-e-s, désignation d’une instance d’aide aux victimes, formation du personnel d’encadrement.
  • Constitution d’une instance indépendante et accessible pour mener les enquêtes sur dénonciation. Les conditions d’accès, les modalités de l’enquête, la décision des sanctions et les possibilités de recours sont des éléments clés pour permettre une véritable sanction du harcèlement sexuel. Nous sommes contre la constitution d’instances de médiation comme cela existe déjà parfois, car elles donnent l’illusion que le harcèlement sexuel est un conflit de personnes, alors qu’il s’agit d’une agression.
  • Application de sanctions efficaces et effectives contre le harcèlement sexuel, qui préviennent la récidive et fassent en sorte de maintenir des conditions (et un environnement) de travail (c’est-à-dire d’études) favorables.
  • Protection contre les représailles des victimes qui dénoncent une situation dans l’esprit de l’article 10 de la LEg.
  • Réalisation d’une grande enquête dans les établissements de l’enseignement supérieur, auprès des apprenti-e-s et des stagiaires, s’agissant du harcèlement sexuel pendant la formation.
  • Pour les apprenti-e-s et les stagiaires : au travail elles/ils sont déjà protégé-e-s par la LEg. Mais bien souvent, l’isolement et la situation de dépendance à l’employeur rendent très difficile la dénonciation d’une situation. Il faut que les cantons et la Confédération aient une politique active en la matière avec des campagnes de prévention et d’information, la formation des maîtres-ses d’apprentissage, et des sanctions fortes contre les entreprises qui ne respectent pas la LEg (notamment le retrait de l’autorisation de former).

SUD-EP (Vaud, Valais, Neuchâtel), la CUAE (Genève), le CELVS (Genève), l’AFU (Lausanne), kriPofrauensternli (Zurich) et kriPo-SUD (Fribourg, Berne) lancent une campagne commune pour porter cette revendication dans tous les établissements. Des milliers de tracts et des centaines d’affiches seront diffusés partout en Suisse. Par ailleurs, nous invitons toutes les personnes en formation à soutenir par un clic notre revendication par le biais du site internet : www.formation-sans-harcelement.ch / www.ausbildung-ohne-belaestigung.ch. Ce site contient également des informations générales sur le harcèlement sexuel et les moyens défense actuels.Notre coordination appellera également, le 25 novembre 2016, à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, à de multiples actions dans les différents campus.

Le harcèlement sexuel opprime aussi aux études, libérons-nous-en!

Dossier de presse FR:
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Dossier de presse ALL:
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Féminisme et austérité

Les nombreuses luttes des femmes sont souvent reléguées au second plan derrière des enjeux politico-économiques. Pourtant, ces enjeux sont profondément genrés. Nous devons comprendre et expliciter avec les “lunettes genres” l’austérité, non pas pour plaire à un célèbre webjournal estudiantin, mais pour faire le topo du combat à venir.

Pour débuter, l’austérité est, en laconique, une politique de diminution drastique du budget de l’état et, en prolixe… nous vous invitons à lire le dernier journal Regard Critique ! Maintenant, prenons nos binocles et examinons, analysons et décortiquons les liens, les corrélations et les jonctions entre les inégalités de genre et ce programme politique. En bref, quelle dialectique se trouve à l’œuvre? Nous nous contenterons des faits et les faits sont têtus. Trois questions pour appréhender le sujet:

 

Qui décide?

Le gouvernement est une institution qui transpire l’homme en costard-cravate déblaterant devant un parterre de politiciens, d’entrepreneurs et de CEO. Certes certains, et surtout des hommes, objecteront que peu importe le sexe des décideurs, ce qui compte c’est la décision et ses conséquences. Pourtant, une telle scène est symptomatique du patriarcat existant et devrait nous mettre la puce à l’oreille. Alors, grattons un peu. Par exemple, on observe qu’ils ne prennent aucunement en compte l’impact de leurs décisions sur les inégalités de genre. Évidemment, quand on se réunit entre beaux males dominants, on défend ses intérêts.

 

Qui est touché ?

Les économies budgétaires vont toucher principalement le secteur du social, de l’éducation et de la santé (ce qu’on appelle le travail du care). Or ces secteurs sont précisément ceux qui sont majoritairement occupés par des femmes. Ces dernières se trouvent ainsi en première ligne dans les licenciements. D’autant plus qu’une majeure partie d’entres elles ont des emplois précaires (CDD, travail sur appel, temps partiels, etc.). Il n’est alors pas étonnant de constater que parmi les personnes actives, les femmes sont surreprésentées dans le chômage. Et que le marché de l’emploi, empli d’inégalité de genre, ne leur offre aucune alternative émancipatrice.

 

Quel lien entre les femmes et le service public ?

Eh bien, malgré le fait que les femmes soient rentrées sur le marché du travail et qu’on suppose ainsi une avancée, la division sexuel du travail est toujours d’actualité, si ce n’est renforcée. Horizontalement d’une part car les femmes travaillent pour la plupart dans des domaines bien précis (comme le care), vertical d’autre part car elles n’accèdent quasiment jamais aux postes de pouvoir. Rien qu’un bref coup d’œil sur les statistiques de l’université le confirme: parmis les professeures ordinaires (le plus haut poste dans l’enseignement et la recherche), il n’y en a que 16% qui sont des femmes. Et devienez qui compose la majorité des employées du personnel administratif et technique ?

Depuis quelques décennies, on a assisté à une prise de conscience poussive des questions liées au genre et au sexisme. Les femmes ont travaillé pendant des siècles sans être payées, sans être visibles ni même valorisées. Elles ont effectué ce qu’on appelle le « travail de reproduction » : celui qui permet de reproduire la force de travail, de répondre à ses besoins quotidiens et de la renouveler (logement, travail domestique, soins émotionnels, charge des enfants, alimentation, etc.). Ce travail invisible et retranché dans les foyers est pourtant le pilier de toute structure sociale et économique. Sans lui, pas de travailleurs, pas d’économie, pas de structures sociales, pas de vie. L’oppression des femmes a donc été un outil pour garantir que la moitié de l’humanité se dévoue gratuitement à ces tâches. Pendant que l’autre moitié participe au mythe de l’homo economicus.

Cette division sexuelle du travail explique ainsi pourquoi ce sont les femmes les premières qui vont pâtir des mesures d’austérité. Ce sont d’une part les emplois qu’elles occupent qui vont être supprimés, et ce sont, d’autre part, les services qui prennent en charge un partie du travail de reproduction qui seront réduits. Devinez qui s’occupera à nouveau de ces tâches? Et oui, toujours les mêmes ! Et encore une fois gratos. C’est encore une fois une attaque vive contre les femmes et les mouvements féministes. Déjà qu’on était pas du tout sorti de l’auberge, autant dire qu’on retourne au poulailler.

Ces quelques liens entre le genre et l’austérité nous permettent de comprendre la violence de ce processus qui s’attaque directement aux acquis conquis par les mouvements féministes à travers de longues luttes.

En tant que féministes, nous lutterons contre ces politiques. Nous lutterons pour des alternatives aux mesures d’austérité. Des alternatives qui poussent plus loin la prise en charge de la reproduction sociale par la société et non pas le travail gratuit des femmes. Des alternatives qui remettent en question la division sexuelle du travail, horizontale et verticale. Des alternatives enfin, qui permettent réellement aux femmes de s’émanciper des contraintes de genres, des contraintes hétérosexuelles et patriarcales.

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Assemblée Féministe Étudiante

Cher-es étudiant-e-s, cher corps intermédiaire,

Les questions féministes t’intéressent-elles ? Différentes associations et groupes de travail le thématisent déjà.

Dans une volonté de visibiliser d’avantage les questions féministes, de coordonner les différentes actions existantes, de sensibiliser aux questions de genres ainsi que de faire croitre le bassin de militant-e-s, une Assemblée Féministe aura lieu le mercredi 2 novembre 2016.

Tou-te-s les étudiant-e-s intéressé-e-s y sont les bienvenu-e-s : de l’université, des collèges, des hautes écoles, etc.

Cette Assemblée sera également ouverte au corps intermédiaire. Le statut précaire du personnel intermédiaire n’est pas sans lien avec celui des étudiant-e-s. Ce corps est également particulièrement vulnérable aux violences sexistes. Dans ce cadre, nous pensons utile de faire des ponts entre nos statuts et de nous réunir à certains moments ensemble.

Les groupes déjà présents seront : le groupe genre de la CUAE, le CELVS (collectif des étudiantes en lutte contre les violences sexistes et le harcèlement sexuel), Think-Out (association LGBT+friends), l’AEEG (association des étudiant-e-s en études genres) et enfin Amnesty Droit des Femmes et LGBTIQ*.

Nous espérons vous voir nombreuses et nombreux motivé-e-s afin de lancer un réseau féministe solide !

Rendez-vous le mercredi 2 novembre à 19h15 en MR080

https://www.facebook.com/events/1798586213731606/

Réseau Féministe Etudiant