Dans la nuit du vendredi 13 au samedi 14 octobre, plusieurs dizaines de personnes ont débuté l’occupation d’un terrain sur lequel se trouvent 7 maisons qui sont vides depuis six ans pour certaines. Ce terrain appartient à la FTI, la Fondation pour les Terrains Industriels de Genève, qui possède 3% de la surface du canton de Genève. Le projet de cette puissante fondation est de créer la plus grande zone industrielle de Suisse romande. La construction prévue sur le terrain occupé depuis vendredi soir n’est que la première étape d’un plan industriel bien plus large.
Cette occupation s’inscrit dans une crise du logement qui n’est plus à prouver: Le nombre de logements disponibles est très largement insuffisant.En conséquence, une grande partie de la population ne trouve pas de logement adéquats et doit se contenter de conditions de vie pénibles. En outre, profitant de cette impossibilité d’alternative de logement, les proprios et l’état fixent des loyers astronomiques, ce qui agrave la situation des personnes précaires en les obligeant à accepter ces prix démesurés ou à quitter leur logement.
En tant que syndicat étudiant de l’UNIGE, la CUAE ne peut que constater les effets dévastateurs de cette crise. En effet, les étudiant.e.x.s font aussi partie de la très grande fraction de la société touchée par cette crise. Celleux qui viennent à Genève spécifiquement pour leurs études et qui n’y connaissent personne ont souvent beaucoup de mal à trouver un logement convenable et durable. En plus, trouver un logement rapidement est un critère obligatoire pour déposer une demande de permis. La difficulté à se loger oblige donc de nombreuses personnes à rester dans une situation irrégulière, ce qui les maintient dans une position très vulnérable.
Même pour les étudiantexs qui sont ancréexs depuis plus longtemps à Genève, la situation est critique. Souvent dans une situation précaire, obligéexs de travailler à côté de leurs études, cette crise de logement a un impact constant et permanent sur les conditions de vie, la santé mentale et le suivi des études. Prix exorbitants de loyers, logements vieux et dégradés (voire inadaptés), situés à distance du centre ville et de l’université, c’est la réalité de nombreusexs d’entre nous. Dans de telles conditions, beaucoup d’étudiantexs doivent se loger à la cité universitaire avec un contrôle constant et démesuré sur tous les aspects de leur vie privée : contrôle récurent des personnes qui se trouvent dans le bâtiment, interdiction d’inviter des amiexs après une certaine heure, obligation de payer (15.- par nuit !!!) pour recevoir à dormir, interdiction de décorer sa chambre et d’avoir ses propres meubles, etc.
Habiter, ça ne veut pas juste dire avoir un lieu où passer la nuit. C’est aussi vivre dans des conditions dignes, qui permettent une sociabilité, une sécurité et un sentiment de chez-soi.
Le projet de zone industrielle de la FTI à Meyrin est une étape de plus dans le développement de l’industrie capitaliste. Celle-là même qui est à l’origine du déréglement climatique. Il est dès lors très ironique d’entendre que la construction de cette zone polluante a pour but de “promouvoir l’éco-industrie”. L’écologie, ça serait donc juste de polluer mais en mettant le préfixe “éco” devant ? Dans le contexte de la crise climatique qui s’aggrave et qui détériore de plus en plus les conditions de vie des plus pauvres, il est impératif de stopper de tels projets.
Il nous semble dès lors bien plus important de permettre à des personnes de se loger ou d’y organiser des lieux collectifs et accessibles (cuisines, potagers, salle de cinéma, de concert, de sport…) plutôt que de construire une méga-zone-indsutrielle. D’autant plus qu’on peut également remarquer que le projet de la FTI traine à se mettre en place. Les maisons sont laissées à l’abandon depuis plusieurs années et la date de leur destruction reste incertaine. Cette occupation est ainsi une tentative légitime de sortir d’un système oppressif et de mettre en place une alternative concrète et sociale.
Les intérêts des propriétaires sont très clairement en contradiction avec ceux de l’immense majorité de la population. La ville devrait appartenir à touxtes celleux qui y habitent ! Cela veut dire que tout le monde a le droit à un toit, mais aussi que les espaces pour partager des expériences, des moments et construire des solidarités sont nécessaires. C’est exactement ce que les occupantexs du T27 essaient de mettre en pratique!
La CUAE témoigne ici tout son soutien au collectif bâtiments vides, à l’occupation du T27 et à toutes les personnes qui tentent de vivre à Genève et qui galèrent !