Communiqué de la CUAE suite à la censure d’un événement associatif par l’UNIGE

Le mardi 17 octobre, une association reconnue par l’UNIGE, l’ASEMA, a organisé une discussion intitulée “Solidarité avec la Palestine, intifada jusqu’à la victoire” à Uni-Mail. Cet événement avait pour but d’offrir une perspective communiste sur la situation en Palestine.


L’université a interdit tout affichage annonçant la discussion dans les bâtiments universitaires, en estimant que l’affiche de l’événement n’était pas conforme aux valeurs de l’université. Lorsque l’association étudiante a poursuivi son affichage, l’université a menacé par mail de porter plainte contre le membre de l’association qui avait déposé la demande de réservation de salle. Le jour de la conférence, un fourgon de policiers anti-émeutes était parqué devant UniMail et les flics étaient en contact avec le chef de la sécurité de l’UNIGE. Au même moment, des policiers en uniforme patrouillaient dans le bâtiment. Interrogée sur cette présence policière, l’université n’a pas souhaité indiquer si elle avait prévenu la police ou non. Elle a ajouté qu’elle ne tolérait ni l’apologie du terrorisme, ni les déclarations ou manifestations antisémites, ni les appels à la violence – faisant ainsi un grossier amalgame avec le discours porté par l’événement.

Cette répression de la solidarité avec le peuple palestinien n’est malheureusement pas le seul cas en Suisse. Depuis le début de la vague de bombardements ayant commencé en début octobre, de nombreuses associations étudiantes se sont mobilisées en Suisse pour essayer d’introduire une alternative à la narration dominante dans les médias – narration qui dépeint l’Etat d’Israël comme la seule victime et qui néglige les massacres qu’il commet sur le peuple palestinien.


Le rectorat de l’université de Bâle a censuré un message de solidarité des étudiant.e.x.s de master en sciences sociales. De plus, à Zurich et à Berne, les débats sur la situation en Palestine ont été interdits par le rectorat. Cette forte répression de la part des institutions académiques en Suisse alémanique poursuit la décision d’interdiction de rassemblements et manifestiations de solidarité avec le peuple palestinien dans toutes les villes alémaniques, jusqu’à nouvel ordre.


La Suisse romande contrôle aussi les activités associatives liées à l’actualité en Palestine. A Fribourg, l’université a proscrit un rassemblement en soutien à la Palestine organisé par une association étudiante “en raison d’un positionnement jugé comme contrevenant à l’ordre universitaire”. A Lausanne, l’université a refusé de louer un terrain de foot à une association souhaitant organiser un tournoi en soutien aux organisations humanitaires palestiniennes parce qu’il était jugé “trop politique”. Justifier ainsi la répression de cet événement de solidarité avec la Palestine ne tient pas la route. Quelques semaines après ça, l’université de Lausanne prévoit d’accueillir Emmanuel Macron dans ses murs sans que ce soit jugé “trop politique”.

La CUAE s’inquiète de voir le rectorat de l’UNIGE interférer dans des événements associatifs. Une menace de plainte pénale pour “appel à la violence” et une présence policière aussi importante est disproportionnée et représente une intimidation que la CUAE condamne.

La liberté d’expression a avant tout pour fonction de défendre des positions minoritaires, contestataires. Alors que la position dominante consiste à soutenir plus ou moins indéfectiblement Israël, il est crucial que d’autres visions de la situation puissent aussi s’exprimer. L’université a un rôle prépondérant à jouer, elle se doit d’être un lieu d’expression critique et a minima de laisser les associations étudiantes proposer des analyses différentes de la situation. En menaçant de porter plainte contre des membres d’une association étudiante dans le cadre des activités associatives, l’UNIGE instaure un climat de répression. S’opposer à la position dominante revient donc à prendre des risques. 

La CUAE dénonce l’usage de plus en plus fréquent de la plainte pénale ou de la menace de plainte pénale de la part du rectorat de l’UNIGE contre des étudiant.e.x.s. L’université doit rester un lieu où les positions minoritaires peuvent s’exprimer et pour cela le droit à la contestation doit être préservé et non pas muselé par des outils répressifs.