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Le rectorat et les directives bernoises [Regard Critique n°37]

Le respect ça change la vie
Le rectorat et les directives bernoises

Durant la campagne autour de la loi sur l’université, le recteur a sous-entendu dans un débat organisé par la Tribune que la CUAE ne défendait pas correctement les étudiantes parce qu’elle avait quitté l’Union Nationale des Étudiantes Suisses (UNES). Ce départ l’empêcherait d’être en contact avec les instances nationales. Et de nous suggérer d’aller à Berne voir ce qui s’y passait. Cette charge n’avait rien à faire dans le cadre du débat sur la nouvelle loi – genevoise – sur l’université. Pourtant elle a été reprise ailleurs. Le vice-recteur Flückiger expliquait le 1er décembre dans un courrier adressé à l’ensemble des associations d’étudiantes qu’il espérait que l’énergie de la CUAE serait investie dans les affaires de l’UNES plutôt que dans celles de l’université de Genève. La CUAE a toujours pour vocation de défendre les étudiantes à tous les niveaux et notre non-participation dans l’UNES est expliquée dans l’article La CUAE et la politique nationale dans ce même numéro.

Cette ingérence du rectorat dans les affaires des associations est certes scandaleuse en soi, mais c’est seulement à la lumière des décisions prises actuellement au sujet des assistantes qu’on se rend compte que le rectorat serait plus inspiré de prendre pour lui ses critiques et de suivre la politique nationale.

Le rectorat ne respecte pas la décision de la CUS

Comme le révèle bulletin n° 9 d’unige-info1, le rectorat fait une différence entre les assistantes détentrices de licence et celles détentrices de master. Cette différenciation est illégitime. La Conférence des Universités Suisses (CUS) a émis une directive le 1er décembre 2005 qui stipule “l’équivalence de la licence et du diplôme de master”. Cette décision est entrée en vigueur depuis le 1er février 2006 soit depuis plus de 2 ans. L’article 6 vise justement à permettre l’égalité de traitement entre les titulaires des deux titres. Égalité sur le “marché du travail” : les détentrices d’une licence sont autorisées à mentionner qu’elles détiennent un master. Égalité dans le “monde académique” : les formations disponibles pour les détentrices de master doivent également l’être pour les détentrices de licence.

La décision de la CUS a un caractère contraignant : “Elle oblige les collectivités en charge des universités (à savoir la Confédération et les cantons) à adapter leur droit interne en conséquence.”

Quelle interprétation donner au fait que le rectorat ne respecte pas cette directive ?

Le rectorat qui est devenu “le patron” de l’université viole donc les directives auxquelles il est soumis. Il ne manquera pas de justifier cette nouvelle différenciation entre assistantes comme une nécessité économique. On n’oubliera pas qu’une telle décision relève d’une politique délibérée. Mais comment interpréter cette attitude ? Différentes pistes sont plausibles :

1. Entré en fonction seulement en 2007, soit après la mise en place de cette norme, et étant submergé par le travail induit par la nouvelle loi genevoise, le rectorat n’a pas encore eu le temps de consulter les anciennes directives fédérales.

2. Le rectorat est au courant de cette norme et de son caractère contraignant mais il s’en fout.

3. Le rectorat ne sait pas qu’on peut faire recours contre ses décisions.

4. Malgré son injonction nous invitant à réintégrer l’UNES et à participer à ses côtés en tant qu’étudiante-alibi dans des institutions de promotion du new public managment, le rectorat  ne va lui-même pas à Berne.

5. Autre(s) explication(s) : votre avis nous intéresse ! Vous pouvez envoyer votre interprétation à cuae@unige.ch. L’auteure de l’interprétation la plus originale gagnera une bouteille de rouge et une photo dédicacée.

On ne s’attendait pas à mieux de leur part

Quand le rectorat se permet de suggérer à la CUAE de réintégrer l’UNES, il s’agit d’une ingérence inadmissible. Cependant, elle reste anecdotique en comparaison des conséquences de l’orientation de sa politique. Le rectorat confirme là les différentes “craintes” et “peurs” que les journalistes assignaient au comité référendaire au sujet d’un rectorat tout-puissant. Et nous voilà rassurées quant à notre santé mentale : nous ne sommes pas paranoïaques ! Nos critiques quant à la volonté réformatrice d’un rectorat qui ne souffre plus aucune opposition étaient bien fondées. Le rectorat est décidé à trancher dans le vif et a déjà choisi ses cibles. Il précarise les collaboratrices de l’enseignement et de la recherche en commençant par les assistantes. Bientôt il n’hésitera pas à supprimer filières d’études et unités de recherche et d’enseignement en fonction de ses priorités. Sa politique ressemble à celle d’un manager ne se souciant guère de son personnel et gérant l’université comme une entreprise privée prête à se restructurer pour “privilégier des domaines de recherche prioritaires” [2 ].

Il peut tenter tant qu’il veut de diviser les étudiantes et les assistantes en distillant sa propagande ou en créant des statuts différents [3], nous resterons déterminées à lutter contre ce que nous dénonons comme une politique captive d’intérêts privés et d’une logique économiciste. Après les premières réformes s’en suivront d’autres et personne ne peut se considérer à l’abri face à la déferlante rectorale.

1] Disponible à cette adresse : http://www.unige-info.ch/Bulletin-no-9.html. L’article 6 des directives des la CUS est disponible à cette adresse : http://www.cus.ch/wFranzoesisch/publikationen/richtlinien/Disp._transit._1.2.pdf.

[2] http://www.unige.ch/rectorat/home.html.

[3] Comme à Lausanne où un super-directeur gère l’université depuis plusieurs années et où il existe déjà 40 types de contrats différents pour les collaboratrices de l’enseignement et de la recherche.

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Collège des professeurs? [Regard Critique n°37]

Petite surprise dans le règlement transitoire qui est entré en vigueur en même temps que la nouvelle loi sur l’université : le rectorat a ressuscité le collège de professeurs. Cet organe existait dans l’ancienne loi mais les députées ont souhaité le supprimer. Alors, les professeures au dessus des lois ?

Comme son nom l’indique, le collège des professeurs est composé uniquement de professeures. Il y avait un collège des professeurs par faculté. Sa composition et ses compétences étaient définies dans le règlement d’organisation de la faculté. C’était un peu l’équivalent du Sénat au niveau des facultés… Voilà pour les éléments formels [1]. Dans la pratique, le collège des professeurs était l’organe décisionnel de chaque faculté après la doyenne. Avant chaque décision, chaque modification de règlement comme des plans d’études, les collèges des professeurs étaient consultés et seules les propositions du collège des professeurs étaient présentées aux conseils de faculté. Avant chaque décision des conseils de faculté – où les 4 corps siégeaient- le collège des professeurs avait déjà émis une recommandation. C’était le collège des professeurs qui imposait…. euh proposait une doyenne aux membres du conseil de faculté qui, devant l’absence d’alternative dans ce qu’on ne peut qu’appeler un non-choix, se contentaient souvent de lever le bras au moment où on le leur demandait. C’était le collège des professeurs qui imposait… euh proposait un règlement d’étude au conseil de faculté où les étudiantes, le personnel administratif et technique et les membres du corps intermédiaire étaient, dans la majorité des cas, minorisées par les professeures. Ainsi, ces dernières années dans différentes facultés des projets ont été adoptés malgré l’opposition de la majorité des étudiantes, du corps intermédiaire et du PAT.

On constate aisément que le collège des professeurs était un organe très puissant qui donnait le ton dans les différentes facultés. Notamment à cause de son poids démesuré vis-à-vis du conseil de faculté, la disparition du collège des professeurs est une bonne chose. Les personnes qui ont eu le malheur de participer au conseil de leur faculté ont pu constater à quel point l’existence d’un organe non représentatif qui décide de tout en amont – comme le collège des professeurs – est nuisible au fonctionnement des institutions pseudo-participatives et pseudo-démocratiques de l’université.

Qui peut croire un instant que les professeures – majoritairement des hommes blancs de plus de 50 ans aux salaires démesurés – comprennent quelque chose aux conditions d’études actuelles et aux étudiantes en général ?

Même les députées n’en ont pas voulu !

La commission de l’enseignement supérieur a bien décidé de supprimer le Sénat, soit l’équivalent du collège des professeurs au niveau de l’université, et ce malgré les efforts grotesques de certaines pendant la consultation. Le passage suivant est extrait du rapport de la commission de l’enseignement supérieur chargée d’étudier le projet de loi du conseil d’Etat :

Discussion sur l’art. 26, al. 2
Le député libéral propo%&/ç)!!!!!
erreur fatale : message non conforme
cause = politicard chiant
[2]

Comme vous pouvez le lire dans le rapport, le débat a bien eu lieu et c’est donc en toute conscience que les députées ont supprimé le Sénat. Bien qu’un député libéral ait essayé au travers d’un amendement de réintroduire le Sénat, les membres de la commission ont enterré tout nouvel organe donnant des prérogatives aux professeures. L’argument avancé par les députées socialistes et PDC est clair : si on crée un Sénat pour les professeures, on doit également créer un organe semblable pour les autres corps avec les mêmes prérogatives. Cet argument est énoncé au sujet du Sénat et donc au niveau central de l’université mais est applicable par analogie aux facultés. Créer un organe supplémentaire pour les professeures revient à leur attribuer un poids trop important dans les décisions de l’université. Les députées l’ont bien compris et l’argument de la double représentation avancé par la députée socialiste tient également au niveau des facultés. Il ne s’agit pas d’un oubli des députées, ni d’une marge de manœuvre laissée au rectorat. La décision est argumentée et le résultat du vote le fruit d’un rapport de force. Apparemment le rectorat et les professeures semblent ne pas en tenir compte.

Action = Réaction ?

C’est un principe connu de nos amies physiciennes : toute action entraîne une réaction. Parfois la réaction est plus visible que l’action comme quand des émeutes surviennent suite à des bavures policières. Parfois c’est l’inverse.

Ici, ni l’action ni la réaction n’ont été visibles. Malgré les incantations de la CUAE aux associations les invitants à ausculter de près le règlement transitoire, il n’a probablement été consulté que par quelques illuminées amoureuses de la procédure. En terme de visibilité on aurait pu mieux faire. Le rectorat est resté discret, il n’a pas crié sur les toits qu’il venait de créer par voie réglementaire un organe supprimé par voie législative quatre mois auparavant. Quant à la réaction, elle se fait peut-être attendre. En l’état, seule une lettre d’intention a été adressée par la CUAE au rectorat. En faisant référence à la loi et au règlement transitoire, elle exige du rectorat qu’il revienne sur ce point dans le futur statut de l’université. La CUAE a décidé de ne pas faire recours contre ce règlement. Le recours ne pouvant être déposé que devant le Tribunal Fédéral, il aurait exigé des ressources importantes en énergie et en temps et il aurait pris un temps certain à être examiné sur le fond. Ainsi, les potentielles retombées positives se seraient faites attendre très longtemps. Le règlement transitoire n’est que transitoire, c’est le règlement final qui comptera en définitive. C’est ce règlement que la CUAE attaquera si elle estime qu’il ne respecte pas la loi. Mais plus que tout, ce n’est pas sur le plan juridique que la CUAE souhaite porter le combat. C’est aux étudiantes et aux autres membres de la communauté universitaire de s’emparer du débat et de se mobiliser afin que le collège de professeurs soit bel et bien enterré. En ce sens, une victoire juridique n’apporterait rien d’autre que le rétablissement du droit alors que nous nourrissons l’espoir de susciter la défiance et surtout le débat en mettant à jour le jeu antidémocratique du rectorat et des professeures.

[1] Celles qui désireraient plus de détail peuvent se référer à l’article 84 de l’ancienne loi sur l’université.

[2] Plutôt que de vous infliger la retranscription intégrale du débat sur l’article 26, al 2,  nous vous renvoyons à l’adresse suivante où vous trouverez le rapport de la commission dans son intégralité : http://www.geneve.ch/grandconseil/data/texte/PL10103A.pdf.

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Participation et consultations au pays de Candy [Regard Critique n°37]

Participation et consultations au pays de Candy
ou pourquoi chat échaudé craint l’eau froide

La nouvelle loi sur l’université consacre un rectorat encore plus fort qu’il ne l’était déjà. Cette concentration des pouvoirs se fait également au profit des doyennes qui sont appelées à avoir un rôle clé dans les projets rectoraux.

Il existe un certain nombre d’arguments “pragmatiques” contre la concentration des pouvoirs dans les mains d’un seul homme, même en faisant abstraction de toute critique de la conception de la démocratie qu’un tel processus reproduit. Vous les connaissez certainement : de Saddam à Staline, les exemples ne manquent pas. Aussi, plutôt que de produire un long texte théorique chiant sur l’absurdité de la délégation politique et les avantages de l’autogestion, nous préférons vous donner quelques exemples d’abus qui se produisent ici et maintenant dans l’université de Genève du XXIème siècle1…

La possibilité de lutter…

Dans l’ancienne loi sur l’université, le pouvoir des doyennes et du rectorat était contrebalancé mollement par les conseils de faculté et le conseil de l’université qui, s’ils n’étaient pas représentatifs, avaient encore des prérogatives relativement importantes notamment en matière de filières, de règlements et de programmes d’études. Toutefois, la plupart du temps, la participation des étudiantes n’a pas suffit à contrer le pouvoir des doyennes. Cela a amené à certains faits d’armes. Ne pouvant pas les retranscrire tous ici, nous rappellerons en guise d’exemple l’épisode de la suppression de la session d’examen de septembre en Lettres2 puis l’épisode du plan d’étude du Bachelor en Relations Internationales (BARI).

Le doyen des lettres a décidé au cours du semestre de printemps 2008 de supprimer la session de septembre pour la transformer en session de rattrapage. Pour ce faire, il avait besoin de l’aval du conseil de faculté. Le conseil de faculté a refusé son projet. L’histoire se serait arrêtée là si le doyen avait été respectueux des procédures et de l’avis du conseil de faculté. Au lieu de cela, fort du soutien du corps professoral, il a maintenu son projet et promulgué la suppression de la session de septembre. Heureusement, une étudiante a osé contredire le doyen et saisir le tribunal administratif dans une procédure d’opposition. Se sachant en tort, le doyen a retiré son projet pour éviter un jugement embarrassant.

Même s’il est regrettable de passer par une procédure juridique pour faire entendre le bon droit des étudiantes, il a été possible d’annuler cette décision. En passant outre le vote du conseil de faculté et une pétition largement signée par les étudiantes, le doyen s’est mis dans une position intenable, mais qui indique bien quel poids les autorités universitaires souhaitent donner au organes participatifs. Si ce genre d’épisodes bénéficiait de plus de publicité dans l’université, on entendrait sans aucun doute moins souvent des étudiantes demander à la CUAE de renforcer sa collaboration avec le rectorat et les doyennes. Il y aurait probablement une défiance légitime face aux surpuissantes doyennes et rectorat.

Une autre fois, c’est la mobilisation des étudiantes qui a permis d’obtenir ce qu’il leur était dû. Au printemps 2006, la première volée du BARI ne connaissait pas le plan d’étude de la deuxième partie du BARI (soit les deuxième et troisième année) alors même que les examens de fin de première année approchaient ! En d’autres termes, cela revenait à se lancer dans des études sans en connaître le contenu… Les étudiantes, par le biais de leur association l’AESPRI, ont alors demandé gentiment aux responsables du BARI de présenter rapidement le plan d’études pour les années suivantes de leur parcours académique. Ni les responsables du BARI, ni le doyennes, ni les professeures qui avaient toutes en leur possession le projet du plan d’étude n’ont accepté de le transmettre aux étudiantes. Fort du constat qu’on se foutait de leur gueule, les étudiantes décidèrent en assemblée d’organiser un sit-in de protestation tôt le matin devant le bureau du doyen de SES afin d’obtenir leur dû. La mobilisation a payé puisque les étudiantes ont alors obtenu en moins d’une demi-heure ce que la voie “diplomatique” n’avait pas réussi à obtenir en plusieurs semaines. La veille encore le projet du plan d’étude du BARI était soi disant classé top secret…

…Et la nouvelle loi…

Dire que les doyennes ne font pas toujours preuve d’une connaissance poussée des règlements relève donc de l’euphémisme. Sans parler de leur “bonne volonté” ou de leur “clairvoyance”… Pourtant la nouvelle loi sur l’université renforce le pouvoir de celles qui seront amenées, parce qu’elles sont désignées par le rectorat, à devenir les chevilles ouvrières des changements à venir dans l’université. L’exemple de la session de septembre en Lettres illustre bien l’accroissement de leur pouvoir : si le statut de l’uni que  la première Assemblée de l’Université votera s’inspire des rapports de pouvoir au niveau de l’université pour les transposer aux facultés, le doyen de Lettres n’aura même plus besoin de l’aval du conseil de faculté pour supprimer la session de septembre!

Confiant en leur nouveau pouvoir, les doyennes n’ont pas attendu l’entrée en vigueur de la nouvelle loi pour faire des projets, dont la mise en oeuvre n’est rendue possible que par la suppression du pouvoir décisionnel du conseil de faculté. L’actuel projet de restructuration de la faculté SES est un exemple. Le doyen a déjà prévu sa toute-puissance et il ne s’est même pas embêté à prendre en considération l’avis des associations d’étudiantes sur ce projet. C’est un avant-goût de ce qui sera une pratique généralisée dans un futur proche.

Demain est un autre jour

On le voit, la situation est aujourd’hui différente. Les armes aussi. Il ne nous sera plus possible de lutter à l’aide des règlements qui nous assuraient une protection, même faible. Nos pouvoirs étant extrêmement limités dans l’enceinte des conseils, il nous faudra probablement en sortir pour faire valoir le poids du nombre. Nous, les étudiantes, sommes les plus nombreuses. Il faudra peut-être le rappeler et cela  peut passer par la confrontation et non uniquement, comme certaines aiment à l’affirmer, par une collaboration docile avec le rectorat au travers des procédures de «consultations». Rappelons au passage que la Datcha a été obtenu par l’occupation du local par des étudiantes en sciences…Qui a vu les pratiques de «consultations» du rectorat à l’oeuvre sait ce que ce terme recouvre. Dans la majorité des cas, le rectorat consulte largement pour profiter des avis divergents. Ainsi, face à la multitude de positions exprimées, le rectorat a tout loisir de choisir celle qui lui convient. Et s’il n’en existe pas… il invoquera l’impossibilité du consensus pour passer es projets en force. Mais le plus souvent il ne consulte tout simplement pas. A l’intérieur des conseils comme à l’extérieur, pour la session de septembre en lettres comme pour les plans d’études successifs, l’avis des étudiantes qui sont les premières concernées n’est jamais pris en compte.

La CUAE qui cherche a mener une politique cohérente et indépendante des pressions rectorales ne peut se satisfaire d’un rôle d’étudiante alibi dans des organes dépourvues de poids décisionnel. Notre participation aux élections de la première Assemblée de l’Université peut se comprendre comme la volonté de donner un poids décisionnel à ces organes. En effet, c’est le statut que cette assemblée devra entériner en moins de 20 mois qui définira le poids des organes participatifs au niveau des facultés [3]. Ce sont également des espaces propices à la propagande, à la révélation de scandales en tout genre et souvent des sources d’informations privilégiées. Mais même avec un poids décisionnel ces organes ne seront ni représentatifs ni démocratiques. Les professeures resteront surreprésentées et empêcheront toute initiative autre que les leurs. Aussi, nous restons déterminées à agir sur les terrains que nous jugerons adéquats. Si les conseils participatifs deviennent des coquilles vides, seul restera la mobilisation du nombre ou la détermination de certaines pour que des décisions illégitimes soient combattues. Nous restons déterminées à atteindre nos objectifs de démocratisation des instances internes de l’université. Nous continuerons à lutter pour que les personnes concernées par les choix soient également celles qui décident. Nous continuerons à nous opposer à ce que les professeures ordinaires constituées en une bande d’oligarques cessent d’avoir un poids prépondérant dans les décisions de l’université. Et finalement, nous continuerons à lutter pour tout cela quelle que soit la méthode qu’ils nous laisseront à disposition.

[1] Pour un texte court et pas chiant sur l’absurdité de la délégation en politique lire «Autogestion et hiérarchie» extrait de Le contenu du socialisme de Cornelius Castoriadis. La brochure Autogestion et hiérarchie est disponible à cette adresse :  http://infokiosques.net/spip.php?article247 ainsi qu’auprès de la CUAE.

[2] Contrairement à d’autres facultés la faculté de Lettres permet de choisir entre la session de juin et celle de septembre. Ainsi, celle de septembre n’est pas seulement réservée aux rattrapages et chaque étudiante peut choisir de passer son premier essai en septembre sous réserve du respect du délai d’étude.

[3] Cela constitue un des enjeux principal de l’Assemblée de l’Université qui aura un rôle consultatif contrairement au feu Conseil de l’Université.

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Activités Migrant.e.x.s

Groupe de travail Migrantes

La première réunion du groupe de travail “étudiantes migrantes” a été fixée au jeudi 19 mars à 19h00, dans les locaux de la CUAE. La création de ce groupe de travail avait été décidée par l’assemblée générale d’octobre dernier, mais n’avait pu être réuni jusqu’ici, principalement à cause du temps consacré à la loi sur l’université. Les sujets de discussion sont libres, mais on propose de commencer par un bilan de la situation avec l’office cantonal de la population, et à travailler sur un document d’un avocat à propos de la situation des étudiantes migrantes dans la nouvelle loi sur les étrangers.

Toute personne intéressée est naturellement la bienvenue. N’hésitez pas non plus à nous contacter si vous êtes intéresséE, mais que la date retenue ne vous convient pas.

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Mobilisation pour Gaza mardi 10h

La CUAE relaie un appel à manifester pour le Mardi 20 janvier 2009 10h à la Place Neuve.

NON à l’impérialisme et solidarités avec toutes les luttes contre toutes les formes de domination !

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Actualités Migrant.e.x.s

Revue de presse sur l’OCP viré de l’uni : « on n’a pas vu le même match ! »

On a trouvé instructif d’examiner de plus près comment notre petite action a été reprise dans les médias. Le constat étant affligeant, nous avons eu envie d’entamer une réflexion sur l’attitude à adopter face aux médias. Elle peut être poursuivie par la lecture des quatre pages de la brochure Crédibilité quand tu nous tiens…[ref]Disponible en fin d’article, en document joint.[/ref] qui offrent également à ce sujet une analyse qui nous semble pertinente.

Que ce soit avant, pendant le rassemblement, ou le lendemain, les journalistes ont fait étalage de méthodes qu’il est important de dénoncer. Cette critique des méthodes médiatiques s’assortit d’une critique du contenu des articles qui est pour le moins regrettable. Malgré le fait que la CUAE ait transmis à tous les quotidiens les documents publiés sur le site internet ainsi que l’appel au rassemblement, seul le Courrier, le 26 novembre, a pris le temps de relayer cette information. Il n’a malheureusement pas trouvé nécessaire qu’une de ses journalistes [ref]Les termes utilisés au féminin peuvent également être compris au masculin, et vice-versa.[/ref] y assiste, pas plus qu’aucun autre des quotidiens romands, à l’exception de la Tribune de Genève, dont la pigiste n’a malheureusement pas estimé judicieux de suivre le rassemblement jusqu’à Uni-Dufour. Radio Lac, avait également envoyé un enregistreur accompagné de son porteur, qui a également manqué de l’endurance nécessaire au déplacement. Finalement, un journaliste de Gauchebdo était présent jusqu’à la fin de la discussion, mais à l’heure où nous écrivons ce texte, nous n’avons pas eu accès à l’article. Le soir même du 26 novembre, le recteur Jean-Dominique Vassalli apparaissait au journal de Léman bleu, pour bafouiller une fois de plus le discours pourtant maintes fois répété depuis deux mois. La rédaction du journal télévisé n’a cependant pas pris la peine d’inviter l’autre partie, c’est-à-dire nous. Concernant les sources des articles du lendemain, il faut préciser d’emblée qu’après la discussion qui a eu lieu à Uni-Dufour, le grand prophète délégué par l’unique cerveau-bible du journalisme quotidien romand, l’ATS, s’est entretenu pendant plusieurs dizaines de minutes avec le porte-parole du rectorat mais n’a pas interrogé une seule des personnes présentes sur les lieux pour apporter la lettre.

Denis Palma s’ennuie et nous avec sur Léman Bleu

Après les titres, une première tentative de scoop du journaliste Denis Palma en guise d’introduction. Grand sujet du journal de la soirée, faut que ça chauffe alors Palma donne tout. Il essaie de montrer un pauvre recteur sous pression, qui aurait été obligé de céder sous la redoutable menace d’étudiantes. Cela représente moins de temps de préparation que de s’intéresser aux enjeux pour les étudiantes étrangères, mais ce n’est pas si facile qu’on pourrait le croire : n’est pas Marc-Olivier Fogiel qui veut. Le journal de Léman bleu révèle un joli numéro de clowns, où chacun fait son show dans son coin. Nous avons retranscrit l’entretien le plus fidèlement possible. Lorsque des passages ont été supprimés, nous l’avons précisé par des points de suspension entre crochets.

Denis Palma « Le recteur de l’université de Genève a été pris à parti cet après-midi par des étudiants à propos du stand de l’office cantonal de la population [OCP], des étudiants qui dénoncent un flicage des étrangers par l’institution. Sous la pression, le recteur supprime la présence du stand de l’uni dès lundi prochain. Le recteur justement, Jean-Dominique Vassalli est notre invité. Jean-Dominique Vassalli, bonsoir, alors lundi prochain il n’y aura plus de stand de l’OCP à l’uni, vous avez cédé [ref]Nous mettons en gras, comme dans la suite du texte. Ici, DP le fait aussi mais avec l’intensité de ses sourcils et de son regard.[/ref] ? »

Mais c’est sans compter sur les intentions bienveillantes de Vassalli qui doit lui apparaître en recteur tout-puissant, qui ne prend que de bonnes décisions, réfléchies et donc qui ne cède pas.

Jean-Dominique Vassalli« dbdbdbd d’abord il n’y a pas de stand actuellement, peut-être per per permettez-moi peut-être juste de préciser la situation […] cet office y’a quelques années, relativement récemment, s’est déplacé du centre-ville assez loin en périphérie et notre service administratif des étudiants, pour faciliter le, euh, le, euh, les renseignements aux étudiants, s’est entendu avec cet OCP […] »

Entre deux bégaiements, JDV fait usage de propos qui poussent à l’interrogation. On apprend ainsi que l’OCP aurait déménagé « y’a quelques années » et « au fin fond d’Onex ». JDV habitant Collonge-Bellerive et n’ayant certainement pas de soucis de permis de séjour ignore que l’OCP se trouve à 7 minutes (en transports publics) de la Jonction, son ancien siège, et ce depuis 2007. Mais peu importe le fond pourvu qu’on puisse faire mousser. Face à ce premier échec, le journaliste fait une nouvelle tentative de monter en épingle une visite de quelques étudiantes – armées d’une lettre – devant le bureau du recteur.

DP« Alors justement, vous avez été tancé [ref]TANCER, verbe trans. Littér. Réprimander. Synon. admonester, attraper (fam.), fustiger, gourmander, gronder, houspiller, morigéner, sermonner. Tancer qqn pour, sur qqc. ; tancer qqn durement, sévèrement, vertement, d’importance. « Il n’est pas douteux que sa femme ne l’eût tancé de la belle façon, avec le franc parler et les vertes allures de Madame Jourdain » (SANDEAU, Sacs, 1851, p. 1).[/ref], on peut le dire, cet après-midi par les étudiants et vous avez déclaré que lundi prochain les choses seront rétablies, remises en ordre, est-ce que c’est…est-ce que vous avez cédé ? »

Mais Vassalli s’en tire à nouveau. Il préfère jouer les durs. JDV :« Non, ha, j’ai pas du tout cédé puisque euh il n’y avait pas de décision active, si vous voulez, du rectorat à ce propos […] l’association des étudiants, l’association appelons-la faîtière des étudiants, la CUAE qui s’est animée à ce propos […] »

JDV essaie de disqualifier la CUAE. Ce qu’il ne sait pas, c’est que plusieurs associations d’étudiantes sont membres de la CUAE, prennent part activement aux groupes de travail ainsi qu’aux assemblées des déléguées et assemblées générales. Étant donné qu’on ne peut obliger les quelques 15’000 étudiantes à se sentir concernées, notamment celles qui galèrent en travaillant pour payer leurs études, on fait avec celles qui s’activent. Ce ne sont que peu de personnes qui sont censées représenter des milliers d’étudiantes, la CUAE en est consciente. Il se trouve que la majorité des personnes impliquées soutient l’association faîtière. Cela dit, le Grand Conseil est-il davantage représentatif de la population habitant Genève ? JDV ne remet pourtant pas en cause sa légitimité.

Toujours motivé malgré les revers successifs, Palma ne se décourage pas mais tente de se faire une place dans le jeu de Vassalli et fait appel aux capacités interprétatives de ce dernier.

DP« Alors comment est-ce que vous interprétez euh cette manière de faire de la CUAE, aujourd’hui ? »

Là encore, Vassalli esquive.

JDV« Je pense que, disons qu’ils se sont comportés…nous avons au cours des dernières semaines, puisque nous avons été interpellés à ce propos il y a déjà quelques semaines, établi un certain dialogue avec eux pour des raisons peut-être vous pouvez imaginer, à quelques jours d’une votation, il a été jugé préférable par les étudiants appelons ça de rompre le dialogue, pour autant qu’il ait jamais pu être établi. »

Autre mauvaise blague : le recteur semble mettre en doute le dialogue établi entre la CUAE et le rectorat. Peut-être JDV n’est-il pas au courant que nous avons correspondu pendant deux mois par courrier électronique ou lettre après avoir aussi rencontré le vice-recteur Yves Flückiger. Quoi qu’il en soit, la CUAE a mis à disposition sur son site les différents courriers échangés à l’intention de personnes soucieuses d’approcher d’une réalité plus tangible.

Vaincu, le journaliste n’essaie plus rien et comme nous, attend que ça s’arrête.

DP« Alors maintenant la suite ? »

Et puisque les meilleures blagues sont les plus courtes : en fait, sans déconner, il n’y a aucun enjeu !

JDV« Alors la suite elle est très simple effectivement, euh…il s’agit là d’un domaine pour lequel il n’y a aucun enjeu ni administratif, ni organisationnel, ni académique pour l’université, uniquement une facilité qui est offerte aux étudiants. Si leur représentants, pour autant qu’ils le soient, jugent que ceci ne correspond pas à ce qui est utile ou souhaitable pour nous y’a pas de problème effectivement j’ai pris la décision ce soir non pas de revenir sur une décision qui n’avait pas été prise mais qu’il n’y aurait pas en 2009,[…] de stand de l’OCP […] »Attention ! Voici le clou du spectacle : la tentative grotesque de convaincre qu’un stand de l’OCP dans l’université pendant les immatriculations ne recèle AUCUN enjeu. Si tel était le cas et puisqu’il s’agissait d’une simple décision administrative, pourquoi ne pas avoir accepté deux mois plus tôt, par courrier, de signer l’engagement demandé par la CUAE au lieu de tergiverser ?

Récapitulons donc les questions de DP : premièrement, « vous avez cédé ? » ; deuxièmement « est-ce que vous avez cédé ? » ; troisièmement, « comment est-ce que vous interprétez cette manière de faire de la CUAE, aujourd’hui ? » ; quatrièmement « alors maintenant la suite ? »… Aucune interrogation sur la question de l’OCP à l’université. DP préfère offrir des autoroutes au recteur pour éviter les sujets sensibles, et des exutoires à son mépris à notre endroit La profondeur de ses questions, qu’il serait trop faible d’appeler convenues, se passe de plus de commentaires.

Sans rire, le seul vrai gag réside dans l’analyse de JDV à quatre jours de la votation sur la loi sur l’université. Alors que tous les partis représentés au parlement étaient pour la loi, relayés par la presse qui se contente trop souvent de résumer l’avis « officiel », et que l’ensemble de l’université a subi une campagne électorale maison sans précédent, Jean-Dominique Vassalli, seul contre toutes, a eu très peur que la loi sur l’université soit refusée ! Malheureusement, cette vision politique digne d’un mauvais film de science-fiction cache une réalité beaucoup moins comique : c’est la crainte que la nouvelle loi ne soit pas acceptée qui a poussé le rectorat a dialoguer avec la CUAE. Maintenant que la loi est passée, les étudiantes sont-elles devenues indignes du dialogue avec le rectorat ?

DP« Jean-Dominique Vassalli, merci pour ces précisions. »

Et d’enchaîner avec une autre nouvelle sans enjeu :

DP« Le village tropical ne fera plus partie des fêtes de Genève dès cet été… » De même que l’OCP ne fera plus partie de l’uni. On s’en réjouit.

Question bonus : si la décision d’installer un stand mobile de l’OCP à l’uni n’est pas une « décision active » du rectorat, qu’est-ce que c’est ?

A. une décision passive

B. une fausse décision

C. un joker dédié à la DASE (division administrative et sociale des étudiants)

D. un nouveau bar lounge autour d’Uni Mail

E. une position du kama sutra

F. une torture médiévale qui nécessite une chèvre et des clous de charpentier

G. un dessert à base de porc laineux

H. un exercice d’aérobic qui peut se réaliser sans la tête

I. un concept théologique à mi-chemin entre la transsubstantiation et la consubstantiation

La gagnante sera tirée au sort parmi les bonnes réponses et remportera un T-Shirt « participation ».

Le lendemain, dans la presse

Le lendemain, le Matin bleu, le 20 minutes, et la Tribune de Genèverelatent l’événement. Il vaut la peine de revenir rapidement sur chaque brève sous plusieurs angles : la place offerte aux arguments respectivement de la CUAE et du rectorat, les termes et artifices de style choisis, les informations et les mots qui ont été choisis ou cités, notamment dans les titres. On peut remarquer que ces choix ne sont pas neutres et qu’ils participent à une certaine orientation de la lecture des événements.

Revue de presse
Revue de presse

Dans le Matin bleu du 27 novembre, nous saluons le seul titre [ref]Les titres des articles du jeudi 27 novembre sont Le contrôle des habitants exclu de l’Uni dans le Matin bleuLa CUAE envahit le bureau du recteur dans la Tribune de Genève, et « Flicage » de l’Uni dénoncé dans le 20 min.[/ref] ne portant pas de biais négatif sur l’action de la CUAE. Cependant, la suite est moins brillante. Plus de six lignes sur les quinze que comportent l’article sont des citations de Didier Raboud, porte-parole du rectorat, contre à peine deux lignes pour la CUAE. Nous notons qu’« inviter » l’OCP est entouré de guillemets tendant à marquer la distance prise par la journaliste avec un terme n’allant pas dans le sens du rectorat, malgré que celui-ci ait lui-même reconnu que l’université était à la base de toute la démarche. L’accusation niée par celui-ci n’est d’ailleurs pas celle d’avoir invité l’OCP, mais d’avoir voulu « fliquer » les étudiantes ; guillemets à nouveau, relativisant d’emblée l’importance réelle d’empêcher des personnes de s’inscrire à l’université. Pourquoi, si les citations doivent se trouver guillemetées, ne pas également appliquer cela à « l’aide » toute relative que le rectorat prétendait apporter aux étudiantes ? Cette attitude du journaliste trouve son reflet dans les propos de Didier Raboud, qui démontre une fois de plus l’incompréhension profonde que peut avoir le rectorat des enjeux portés par ses décisions. En effet, le porte-parole de ce dernier, revenant une énième fois sur son seul « argument » (sa volonté de faciliter la vie les étudiantes) nous prête d’abord des intentions guerrières contrastant totalement avec la forme réelle qu’a pris le rassemblement, puis achève son propos en réaffirmant que le rectorat a cédé pour la bonne et simple raison que cela représentait « un motif sans importance » [sic]. Finalement, la courte phrase attribuée à la CUAE est, elle, directement suivie d’une précision sonnant comme un désaveu, concernant l’impossibilité d’avancer des chiffres, alors que la pratique de la CUAE a été plusieurs fois rappelée : peu importe le nombre de personnes qui ont été lésées, il s’agit d’un problème de principe suffisamment grave pour agir au plus vite. Faire des statistiques, de plus, prend un temps énorme et n’apporte aucune solution concrète.

La Tribune de Genève a en commun avec le 20 minutes un titre orienté -l’usage des guillemets, directement copiés-collés de la dépêche ATS, semble tenir de l’habitus des grattes-papier réfractaires à toute forme de réflexion- mais elle parvient en plus à y faire une erreur, puisque aucune étudiante n’est rentrée ce jour-là dans le bureau du recteur, la discussion s’étant déroulée dans une salle de réunion. En outre, le terme « « « envahit » » », ajouté au refus du recteur de signer « « « sous la menace » » » que représentait « « « l’incursion » » » (les triples guillemets signifient que nous citons une phrase, déjà citée, et que nous marquons une distance avec les termes employés), tente d’attribuer aux personnes présentes pour remettre la lettre une attitude agressive et donc d’imposer leur jugement moral à leurs lectrices. Nous remarquons également que le discours du rectorat sert à la fois d’introduction et de conclusion à l’article, afin de permettre de répondre directement aux arguments de la CUAE, faisant passer les éléments amenés comme des arguments-clés auxquels nous n’aurions pas répondu. Finalement, malgré que le recteur s’était engagé à signer la lettre avant le lundi à 14 heures, la journaliste a préféré inscrire le terme « rapidement », citant une entité métaphysique qu’elle est vraisemblablement la seule à entendre, puisque ce mot n’a jamais été proféré par Jean-Dominique Vassalli. Maud Carlus tentait-elle donc de laisser une porte ouverte au rectorat pour revenir sur sa décision ? ; le mauvais journalisme serait-il teinté de copinage ?

L’article du 20 minutes du 27 novembre est à priori le moins mauvais, évitant certains des écueils des autres journaux. On peut cependant y apprécier la tendance des journalistes à la minimisation du nombre de personnes présentes, empruntée à leurs cousines policières. Mais il suffit d’un coup d’oeil sur le site du quotidien pour déchanter totalement. On y trouve l’article au complet, publié le 26 novembre, dont la brève, parue le 27, ne reprenait que les deux premiers paragraphes. Le titre d’alors était « Le recteur pris en otage », que rappelait le sous-titre de la deuxième partie : « Prise d’otage ». La présence physique des étudiantes qui représente, il est vrai, une situation des plus rares pour les administrateurs de l’université, s’y transforme en « pression physique »… Les séquelles sont bien visibles sur la photo de Vassalli, il n’a que 35 ans ! Plutôt que de commenter plus avant le problème dénoncé, la journaliste y reproduit ensuite les mots doux de « l’entourage du recteur » à l’endroit de la CUAE. Ici comme ailleurs, le vocabulaire utilisé vise à susciter un rejet de lamanière dont a agi la CUAE. A ce sujet pourtant, les échanges de courriers et courriels publiés sur notre site nous semblaient clairement démontrer sa légitimité. De plus il nous est impossible de considérer négativement une mobilisation étudiante réussie tant dans le nombre de personnes y ayant participé que dans l’atteinte de son objectif.

Ce que personne n’a dit

Il faut finalement remarquer ce qui n’a pas été dit. Par exemple, les propos attribués à la CUAE sont tous issus des questions posées par téléphone ou sur le moment, à croire que la lecture des quelques documents publiés sur le site représente un travail bien trop considérable. Il aurait pourtant permis d’étayer les articles expliquant par exemple que le statut de simple mesure administrative que représentait l’invitation de l’OCP, et qu’est seul habilité à prendre le rectorat, était dénoncé depuis le début par la CUAE. Bien qu’elle ne rejoigne pas le recteur sur l’absence totale d’enjeu qu’une telle décision recèle, elle fut étonnée de voir le recteur appeler à la consultation du conseil de l’université, doutant des velléités démocratiques profondes et non-instrumentales du rectorat. On peut même imaginer un truc complètement fou qui aurait pu arriver grâce à la lecture des documents : une journaliste aurait pu poser une question pertinente. Autre exemple, que les personnes présentes au rassemblement et à Uni-Dufour n’étaient de loin pas uniquement des étudiantes, encore moins toutes membres du Comité de la CUAE. Elles regroupaient des étudiantes de l’université, du collège et d’HES, des assistantes, des professeures, des chômeuses et des employées.

La morale de cette histoire

En conclusion que retenons-nous de l’attitude des médias face au rassemblement du mercredi 26 novembre ? D’abord qu’ils préfèrent dans leur grande majorité ne pas transmettre des appels à manifester, le Courrier étant le seul à l’avoir fait. Ensuite, que la source unique de leurs informations est la dépêche ATS, pour des sujets où les acteurs sont pourtant très faciles à contacter et qu’une documentation a été fournie. Que ces mêmes journalistes de l’ATSpréfèrent entendre dix fois les arguments de l’autorité en place plutôt que d’interroger les protestataires, cela même lorsqu’elles sont en face d’elles. Que l’accent est mis sur l’invention de sensations fortes au détriment des arguments. Que dans la continuité de cette pratique, les rares espaces dévolus aux arguments de chacune sont très largement inéquitables dans les articles, Léman Bleu ne s’embarrassant même pas de donner la voix aux deux parties. Enfin, que la presse s’inscrit quasi unanimement dans une critique moralisante de la mobilisation, relayant volontairement la rhétorique insurrectionniste de celles que quelques étudiantes semblent horrifier.

Documents joints

Crédibilité quand tu nous tiens.

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Loi sur l’université: la fin du début

Sans surprise, la minorité votante a préféré faire confiance aux « autorités ».

En s’engageant dans la campagne contre la loi sur l’université, la CUAE ne se faisait pas d’illusions sur le résultat de cette votation. Il faut dire que les poids lourds ont mis la gomme : Ruth Dreifuss en page centrale dans les clés de l’école (organe de propagande de Charles Beer) juste au moment où les bonnes Genevoises recevaient leur enveloppe de vote à la maison, loi du silence imposée par le rectorat à l’intérieur de l’université et insistance sur « l’unanimité » qui a prévalu lors de l’adoption du texte au Grand Conseil.

On retiendra la méconnaissance du sujet affichée par les députées, qui semblaient défendre des aspects contradictoires d’une loi qui apporterait à la fois l’autonomie et le contrôle, la démocratie et la concentration des pouvoirs, la flexibilité et la sécurité pour le personnel, l’indépendance de la recherche et le financement privé.

On retiendra également l’énième désengagement de la gauche institutionnelle, qui a préféré suivre Charles Beer sur le terrain miné de l’excellence néolibérale plutôt que de soutenir les étudiantes et les employées de l’université qui en subissent chaque jour les conséquences sur leurs conditions d’études et de vie. On devrait donc faire confiance à un Conseiller d’État qui n’a pas hésité à écorner l’autonomie de l’université (prétendument le point fort d’une loi indispensable) au soir même de la votation en refusant la rétrocession des gains accessoires alors que la loi permet cette possibilité et laisse à l’assemblée de l’université le soin d’en décider.

Car il faut rappeler que si au parlement on a levé la patte « à l’unanimité », souvent sans même s’informer sur la loi, à l’université, les personnes concernées (le personnel administratif et technique, l’association pour le corps intermédiaire et les étudiantes via leur faîtière) se sont engagées contre la loi.

Enfin, la CUAE prend note que pendant cette campagne, comme si les « autorités » étaient en position de faiblesse, la presse semble leur avoir été particulièrement docile. Là encore, en connaissant à peine le sujet, on s’est permis de faire des résumés qui occultent une partie de la réalité. Par exemple, en ne retenant que nos prétendus arguments phare, le « grand débat Tribune » a complètement passé sous silence le statut du personnel. Effectivement, cela ferait ombrage aux velléités d’excellence venues d’en haut et il est plus simple de prétendre que nos arguments sont hors sujet.

La CUAE tient à remercier ici l’ensemble des militantes qui ont soutenu le comité référendaire durant la campagne. Grâce à leur engagement, l’unanimité de la classe politique ne s’est pas trouvée confirmée par le choix des votantes. Enfin, la CUAE réaffirme ici sa volonté de lutter dans la rue, dans l’université, aux côtés des étudiantes et de toutes celles qui, à juste titre, ne se contentent pas des promesses politiciennes.

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Université-OCP: retour sur le rassemblement du mercredi 26 novembre

La CUAE se réjouit de la réussite qu’a constitué le rassemblement d’hier. C’est aussi grâce aux personnes venues ajouter leur voix à la protestation contre l’amplification de la collaboration entre l’université et l’office cantonal de la population que le rectorat s’est engagé à signer la lettre qui lui a été apportée mercredi.

La CUAE tient à remercier toutes les personnes ayant apporté leur soutien par leur présence ou tout autre moyen : étudiantes de l’université et du collège, assistantes, professeures, chômeuses et travailleuses.

Nous les invitons toutes lundi à midi dans nos locaux pour manger et accuser réception de la lettre signée, garantissant l’absence de l’OCP à l’université dès 2009.

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Uni-OCP : Communiqués de presse de la CUAE

Genève, le 26 novembre 2008

Quand l’université invite l’ocp dans ses murs…

Aujourd’hui, la Conférence Universitaire des Associations d’Etudiantes (CUAE) appelait à un rassemblement de protestation pour dénoncer une nouvelle pratique intolérable, inaugurée cet été par le rectorat. Cette dernière constitue une nouvelle attaque contre les étrangères, déjà victimes d’un contexte de plus en plus répressif.

Début septembre, la CUAE apprend que la collaboration entre l’administration de l’université et l’Office Cantonal de la Population (OCP) a franchi un nouveau pallier. Cet été, durant toute la période des immatriculations, ce dernier disposait d’un stand dans le bâtiment universitaire, et constituait un passage obligé pour toute étudiante désirant s’immatriculer. Cette situation sans précédent a empêché certaines étudiantes de s’inscrire à l’université.

La CUAE, a réagi par voie d’affiches en début d’année. Elle a ensuite tenté de négocier avec le rectorat, en l’informant sur les conséquences désastreuses de cette nouvelle mesure administrative, afin qu’elle ne soit pas reconduite l’année suivante. Le seul argument avancé par la hiérarchie universitaire pour justifier son invitation de l’OCP – alors que rien ne les y poussait – est que cette mesure était destinée à éviter aux étudiantes le trajet jusqu’à la route de Chancy. Malgré les conséquences dénoncées par la CUAE, le rectorat refuse toujours de revenir sur cette pratique inédite.

La CUAE réaffirme son exigence d’un engagement écrit du rectorat garantissant des immatriculations sans présence de l’OCP.

La CUAE

Communiqué de presse n°2

Genève, le 26 novembre 2008

Le recteur donne raison aux étudiantes

Compte-rendu du rassemblement contre la présence de l’office cantonal de la population à l’université.

En présence de médias, Monsieur le recteur Jean-Dominique Vassalli s’est engagé aujourd’hui devant plus d’une centaine de personnes, étudiantes, assistantes, professeures et collégiennes, à signer la lettre engageant “les membres du rectorat de l’université de Genève à garantir des immatriculations sans présence de l’office cantonal de la population, et donc à ne pas renouveler leur décision administrative d’inviter l’office cantonal de la population à être présent au sein de l’université pour la rentrée 2009 et les suivantes”, et à faire parvenir à la CUAE cet exemplaire signé avant lundi 1er décembre à 14h.

Les étudiantes s’en réjouissent et prennent bonne note de l’engagement de M. Vassalli. Elles se réuniront à nouveau lundi afin de réceptionner ensemble ladite lettre d’engagement.

La CUAE

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Flicage des étrangères : Le rectorat refuse de revenir sur une pratique honteuse

Début septembre, la CUAE dénonçait par voie d’affiche le traquenard tendu aux étudiantes permis B cette année. En effet, en invitant la police des étrangères à s’installer à l’université pendant les immatriculations, le passage par l’Office Cantonal de la Population (OCP) a été imposé à toute étudiante désirant s’immatriculer. De ce fait , des étudiantes n’ont pas pu commencer leurs études.

De nombreuses étudiantes et associations diverses ont fortement réagi à la dénonciation de cette nouvelle pratique. Mais le rectorat joue la carte de l’innocence et refuse toujours de garantir des immatriculations sans flicage l’année prochaine.

Nous exigeons un engagement écrit garantissant l’absence de la police des étrangères (OCP) lors des séances d’immatriculation l’année prochaine, ainsi que des informations sur la teneur exacte de la collaboration entre l’université et cette dernière. Que le rectorat prenne enfin ses responsabilités et mette un terme à l’intolérable !

Pour que l’université cesse immédiatement toute collaboration avec l’état policier et garantisse l’accès à la formation pour toutes !

Rassemblement mercredi 26 novembre 2008 – 14 h – Hall d’Uni-mail