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Réunion de rentrée du GT genre

Salut !

On est le GT genre, un groupe de travail de la CUAE, le syndicat des étudiantexs et faîtière des associations universitaires.

On traite notamment de genre dans une perspective radicale et politique ; on organise aussi des actions et évènements, dans l’université et ailleurs, en revendiquant des valeurs féministes, anti-capitalistes, anti-racistes, trans inclusives, solidaires avec les travailleureuses du sexe, anti-validistes, etc. Le GT Genre est un groupe en mixité choisie sans mecs cis [1] et se réunit environ deux fois par mois.

Si tu partages nos luttes et valeurs, nous t’invitons à notre réunion qui aura lieu le mercredi 11 octobre à 18h15 en M1160 (UniMail). On se ferait un plaisir d’accueillir des personnes motivées à nous rejoindre.

On espère t’y voir, toi et tes copainexs,

Besos !

Le GT Genre

[1] cis : personne se reconnaissant dans son genre assigné à la naissance.

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Lettre ouverte du GT genre pour des toilettes non-genrées

Une brève recontextualisation

Le dégenrage des toilettes de l’UNIGE est l’un des projets principaux du GT Genre de la CUAE et dans lequel nous sommes investiexs depuis environ un an et demi. En effet, le 13 avril 2022, nous avons organisé une conférence sur les toilettes non-genrées à Uni-Mail, avec la participation de Juliette Jouan, doctorante en politiques publiques de l’identité de genre en France, Jean-François Staszak, professeur de géographie à Genève et Hazbi, professeurex de justice organisationnelle à Lausanne. Par la suite, nous avons rédigé et distribué un fanzine sur le sujet, ainsi qu’un dossier de demande d’une mise en place systématique de toilettes non-genrées à l’UNIGE, élaboré suite à une rencontre avec Amnesty HEL, l’AEL et PlanQueer. Ces associations des hautes écoles de Lausanne ont déjà fait progresser un projet de toilettes non-genrées sur leur campus. Actuellement, nous sommes en contact avec Marco Girani, chef du service des bâtiments de l’UNIGE et Marco Ferretti, architecte, afin de réfléchir à la proposition d’un projet pilote de WC non-genrés à l’UNIGE.

Voici quelques arguments en faveur du dégenrage des WC :

Les toilettes sont genrées dans le but de protéger les femmes des potentielles agressions sexistes et sexuelles. De fait, on préfère isoler les femmes plutôt que de questionner et abolir les actions et comportements masculins violents. En réalité 68% des agressions sexistes et sexuelles sont commises par une personne de l’entourage de la victime et majoritairement au sein du foyer. Seul 0.11% des agressions se déroulent sur le lieu de formation ou de travail [1]. Les toilettes ne sont donc pas, en réalité, un lieu principal des agressions sexistes et sexuelles envers les femmes.

Dans les faits, les personnes trans et/ou non-binaires sont les principales victimes des agressions dans les toilettes. En effet, 70% d’entre elleux déclarent avoir été agressées verbalement et/ou physiquement dans les toilettes genrées [2].

Les toilettes genrées sont aussi une violence pour les personnes non-binaires, qui ne se reconnaissent pas dans les deux catégories sociales homme/femme et doivent choisir entre une de ces deux catégories qui ne leur correspondent pas [3].

Dégenrer les toilettes diminuerait le temps d’attente général, de sorte qu’il soit plus égalitaire, alors qu’il est pour le moment deux fois plus long pour les femmes [4].

Un sujet d’actualité

Les toilettes non-genrées deviennent une thématique de plus en plus visible dans les médias et aussi au sein des institutions. Diverses écoles et lieux de formation mettent en place des toilettes non-genrées ; c’est notamment le cas de l’université de Lausanne qui a opté pour la mise en place de toilettes non-genrées dans tous les nouveaux bâtiments. Plusieurs associations de l’UNIL s’organisent également pour dégenrer les toilettes dans les bâtiments déjà existants. L’UNIGE est en retard sur ces questions et il nous semble urgent qu’elle prenne des mesures concrètes pour rendre ses toilettes inclusives.

Voici nos revendications :

  • Le dégenrage de toutes les toilettes de tous les bâtiments existants et futurs de l’UNIGE pour les rendre accessibles à touxtes.
  • Des toilettes équipées : de cabines individuelles comprenant chacune un lavabo, une poubelle, des dispositifs hygiéniques, un miroir ; un espace cloisonné avec des urinoirs ; une cabine avec une table à langer.
  • La mise en place d’une signaletique neutre (“WC”, “toilettes”).

Unissons-nous contre les toilettes genrées !

Notes:
[1] Amnesty international suisse (2019), “Le harcèlement sexuel et les violences sexuelles faites aux femmes sont répandus en Suisse” Article tiré de l’étude « Violences sexuelles ».
[2] Herman J. L. (2013), Gendered restrooms and minority stress: The public regulation of gender and its impact on transgender people’s lives. Journal of Public Management & Social Policy, 19 (1), 65.
[3] Patel, S. (2017), Non-Binary Gender: Information and Inclusion Introduction.
[4] Staszak J-F. (2021), “La géographie, le corps et les toilettes” in Historiens & Géographes (Paris).

Signataires:

Le GT genre de la CUAE
Le comité de la CUAE
ADEPSY (Association des Etudiant.e.x.s en Psychologie)
AEL (Association des Etudiant.e.x.s en Lettres)
AESPRI (Association des Etudiant.e.x.s en Science Politique et Relations Internationales)
AES (Association des Etudiant.e.x.s en Sociologie)
AEG (Association des Etudiant.e.x.s en Géographie)
Think Out
AEEA (Association des Etudiant.e.x.s pour un Espace Autogéré)
Femwiss
AEEG (Association des Etudiant.e.x.s en Etudes Genre)
AEDA (Association des Etudiant.e.x.s pour la Défense des Animaux)
AJP-UNI (Association des Juristes Progressistes de l’Université de Genève)
AETI (Association des Etudiant.e.x.s en Traduction et Interprétation)
La Datcha

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Transphobie et répression : retour sur une polémique réactionnaire

Organisation d’une conférence le mardi 25 octobre à 18h30 en MR280

En l’espace de deux semaines ce printemps, deux conférences transphobes ont été empêchées par des militant.e.x.s. Les deux interventions qui étaient censées se tenir dans les murs de l’université avaient un certain nombre de points communs dont un des plus importants est leur proximité théorique avec des mouvements d’extrême droite (parfois même d’ultradroite). L’université offrait à ces intervenant.e.x.s des plateformes rêvées pour diffuser leurs idées nauséabondes en les revêtant d’une couche de vernis de la marque “acceptable”.

Des militant.e.x.s ont perçu l’extrême dangerosité et violence de ce qui se passait au sein de l’université et iels se sont organisé.e.x.s pour exprimer leur désaccord profond (que nous partageons, bien évidemment). Iels l’ont donc exprimé en empêchant ces prises de paroles, en s’y opposant concrètement, directement et frontalement.

Sauf que cette action militante a été très fortement critiquée dans les médias et le rectorat a indiqué par voie de presse sa volonté de porter plainte contre X pour les motifs de « violations de domicile » et « contrainte ».

Évidemment, tout ça est absurde mais aussi bien les discours réactionnaires et fascistes que la menace de plainte (même si elle n’a finalement pas été posée) ont des effets très concrets et dévastateurs.

Nous l’avons vu, la presse réactionnaire (et quelques polémistes de bas étage en particulier) a mis un point d’honneur à créer pratiquement de toute pièce une polémique violente, lui permettant d’attaquer pèle-mêle les stratégies de lutte des militant.e.x.s, les droits fondamentaux des personnes trans, et toute forme de contestation au sein de l’université. Ce backlash n’est pas innocent. Même si l’université a toujours été une institution bourgeoise et rétive au changement, les menaces de représailles judiciaires et administratives qu’elle a formulées lors du printemps dernier représentent une nouvelle dimension dans la répression. Historiquement, les diverses actions parfois choc de la CUAE ou d’autres militant.e.x.s n’ont jamais subi une répression à une telle échelle. Par exemple, lorsque des miliant.e.x.s non identifié.e.x.s avaient entarté l’avocat fasciste Marc Bonnant en 2017, l’université n’avait eu aucune réaction répressive de la sorte.

Pour comprendre ce durcissement de la répression, il faut regarder le climat dans lequel il s’insère, un climat de montée et de radicalisation de l’extrême-droite partout en Europe (et ailleurs), qui s’exprime aussi par un renforcement des mouvements LGBTI-phobes, et en particulier de la transphobie.

En effet, cette affaire de conférences empêchées n’est qu’un révélateur d’une tendance à l’extrême-droitisation de toutes les sphères de la société (l’université au premier chef) bien plus profonde. Il est dès lors indispensable de le percevoir comme tel. Et c’est justement ce que le rectorat a fait semblant de ne pas comprendre depuis le 29 avril (date du premier blocage). Pour faire vivre une autre analyse de la situation que celle qu’on a pu lire dans les journaux bourgeois et/ou réactionnaires ; pour faire vivre une critique politique qui ne ressemble pas à la bouillie que le rectorat a servie tout au long de cette fausse-polémique ; pour faire vivre une critique de gauche face à de telles offensives de la droite dure ; pour qu’une affaire qui concentre tant de dérives ultra-réactionnaires ne se finisse pas dans l’anonymat le plus total, nous organisons une conférence où nous espérons vous voir nombreu.se.x.s.

Elle aura lieu le mardi 25 octobre à 18h30 en MR280 (UniMail). Pour cette conférence, nous aurons le plaisir de recevoir quatre intervenant.e.x.s avec quatre angles d’analyse différents afin d’enrichir la discussion. Tout d’abord, Frédéric Deshusses, historien et archiviste aux Archives contestataires, nous parlera de l’évolution de la répression dans les mouvements politiques étudiants en Suisse. Ensuite, un.e.x membre du CRAQ (Collectif Radical d’Action Queer) apportera une perspective militante à la question de la répression et du cissexisme. Alex Mahoudeau, auteur du livre « La Panique woke », pourra également contextualiser cette panique woke dans un contexte plus large que Genève et son université. Enfin, Çağla Aykaç, qui enseigne au programme Horizon Académique et à l’Institut des Etudes Genre de l’université de Genève, ainsi qu’au master de recherche en art CCC-HEAD, discutera de menaces qui pèsent sur les Etudes Genre au niveau transnational, et d’enjeux et alliances de mouvements LGBTIQ+ au sein des universités.

Après ces interventions, il y aura un moment de discussion entre les intervenant.e.x.s et finalement le débat sera ouvert au public afin que nous puissions échanger plus largement. Un apéro est également prévu à la fin de la conférence pour continuer à discuter plus informellement.

Nous nous réjouissons de vous voir nombreuxses à cet événement !

La CUAE

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Conférence sur les toilettes non-genrées

Conférence sur les toilettes non-genrées

Affiche de la conférence
Enregistrement de la conférence sur les toilettes non-genrées, organisée le 13 avril 2022 par le GT genre de la CUAE

Dans l’enregistrement ci-dessus, vous découvrirez la conférence sur les toilettes non-genrées. Les intervenantexs étaient Juliette Jouan, doctorante en politiques publiques liées à l’identité de genre au laboratoire Arènes (Rennes), Jean-François Staszak, professeur de géographie à l’université de Genève et Hazbi, professeurx de justice organisationnelle à Lausanne, acteuricex culturelle et militantex musulmannex et queer.

Cette conférence a été organisée par le GT genre le groupe de travail féministe de la CUAE. Nous abordons et discutons de féminisme et de genre dans une perspective radicale et politique. Nous organisons aussi des actions et évènements concrets, dans l’université et ailleurs. Nous revendiquons des valeurs anti-capitalistes, anti-racistes, trans inclusives, décoloniales, solidaires avec les travailleureuses du sexe, anti-validistes, etc. 

Nous avons organisé cette conférence pour commencer à thématiser, réfléchir et informer autour de la question des toilettes non genrées car celle-ci nous semble d’importance majeure. Comme abordé lors de la conférence, les toilettes illustrent matériellement et symboliquement des dynamiques d’exclusions sexistes, validistes, cissexistes (1), etc. 

Lors des discussions qui ont suivi la conférence et grâce aux informations qui ont été partagées durant cette dernière, nous nous sommes renduexs compte de la charge de travail conséquente que représente le projet de dégenrer les toilettes. Ces difficultés sont notamment dues aux réticences suscitées par ce projet : en effet, notre exposition a été vandalisée dès son installation par une assistante doctorante en droit. Nous souhaitions réaffirmer, grâce à ce texte, notre prise de position quant au dégenrage des toilettes.

Exposition dans le hall d’UniMail sur les toilettes non-genrées

Nous sommes pour le dégenrage de toutes les toilettes de l’unige, et pensons qu’il y a des manières d’atteindre ce but tout en prenant en compte différents besoins. Pour cela, il est possible de mettre en place différentes infrastructures qui permettraient que chacunex puisse utiliser les toilettes de manière sereine (disposition judicieuse des miroirs, des poubelles ou encore des lavabos dans chaque cabine, cloisonnement des pissoirs).

Nous préparons un fanzine pour une plus ample exploration de cette thématique et une description plus complète de notre prise de position. Restez attentivexs (et rejoignez-nous)!

Partie de l’exposition à UniMail: des toilettes entourées de slogans pour des toilettes non-genrées

(1) Cissexisme: système de domination qui soutient que les personnes cis sont plus naturelles et légitimes que les personnes trans* et/ou non-binaire. Nous préférons donc le terme “cissexiste” au terme “transphobe” car il illustre le fait que ce sont des oppressions systémiques et non individuelles et psychologiques).

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La mixité choisie comme outil de lutte

Au cours de plusieurs textes, le comité de la CUAE propose d’explorer des thématiques de lutte qui forment les bases théoriques de ses actions. Le premier de cette série est dédié à l’antisexisme.


La CUAE, en plus d’être un syndicat étudiant anticapitaliste, est un collectif antisexiste. Un outil parmi d’autres employé par le féminisme que nous défendons est celui de la mixité choisie sans mecs cis.
Mais en fait, c’est quoi la mixité choisie ?Nous vivons de facto dans un monde pourri par des rapports de dominations qui s’immiscent dans tous les recoins de nos vies jusqu’à devenir invisibles tant ils sont communs, ancrés en nous tou.te.x.s, qu’on soit dominé.e.x.s ou dominants. La mixité choisie est employée lors d’événements spécifiques, circonscrits dans le temps et l’espace (au contraire des dominations systémiques), pour permettre à des personnes appartenant à des groupes sociaux discriminés de se réunir entre elles. Cela leur offre un espace loin du regard, de la présence, du contrôle, du mansplain etc. du groupe social dominant. C’est un outil d’empouvoirement qui permet de se libérer ponctuellement des oppressions quotidiennes et de prendre de la force au sein d’un espace (plus) safe pour pouvoir mieux affronter le monde mixte.
On ne vous apprendra rien, les hommes cisgenre constituent un groupe social dominant. Toutes les personnes ayant une identité de genre différente subissent donc des oppressions quotidiennes. La mixité choisie sans mecs cis cherche à créer un espace où ces dernières peuvent se réunir entre elles. 
Cela ne créera-t-il pas de nouveaux rapports de dominations ? Bien sûr que non, puisque la domination est fondée sur l’exclusion des dominé.e.x.s. Or, c’est tout le contraire de la mixité choisie sans mecs cis qui est pensée pour inclure des personnes qui ne le sont pas habituellement, en créant un espace qui est pensé pour qu’iels s’y sentent à l’aise. Par exemple, des personnes qui ont subi des agressions peuvent y partager leurs expériences sans craindre les remises en question de ce qu’iels ont vécu.
La mixité choisie est un outil qui fait écho à une conception de l’émancipation par le bas, qui est nécessaire à toutes les luttes et mouvements sociaux. Selon cette vision, la lutte contre les dominations doit pouvoir se faire prioritairement par les dominé.e.x.s elleux-mêmes, car ce sont elleux qui connaissent le mieux les violences qu’iels subissent au quotidien. C’est par leur propre lutte que l’émancipation pourra s’inscrire dans le temps long, car ancrée dans leurs savoirs et leurs volontés.
Cependant, tous les rapports de domination ne s’évanouissent pas subitement lorsque des personnes se réunissent et s’organisent en mixité choisie. Dans le cas de la mixité choisie sans mecs cis, le racisme, le validisme, la transphobie et même le sexisme peuvent influencer les comportements et les rapports de pouvoir entre les personnes réunies. La mixité choisie n’est donc pas un outil parfait, mais reste un outil efficace pour tenter de se détacher au mieux d’un ou plusieurs rapports de domination.

Les syndiqué.e.x.s se sont de tout temps réuni.e.x.s sans leur patron et sa clique. En fait, les mouvements politiques, qu’ils soient de gauche, réactionnaires ou fascistes, se sont toujours organisés en mixité choisie, au moins dans un premier temps.  Les bourgeois sont aussi en mixité choisie sans personnes pauvres lorsqu’ils organisent des diners caritatifs dont les billets d’entrée coûtent des milliers de francs ou dans les conseils d’administration des grandes entreprises. Et les mecs cis se retrouvent et s’organisent souvent strictement entre eux dans des organes de décision importants ou dans les gouvernements. A l’université de Genève aussi la mixité choisie est fréquente, il y a par exemple la société ultra-conservatrice zofingue (réservée aux mecs cis) qui ne semble déranger quasiment personne. Alors pourquoi est-ce que la forme spécifique de mixité choisie sans mecs cis déchaine tant de passions là où une multitude de mixités choisies se développent dans une parfaite indifférence ?
Si la mixité choisie sans mecs cis fait aussi peur (c’est aussi le cas de la mixité choisie sans personnes blanches), c’est parce qu’elle est un véritable danger pour la position de domination de certaines personnes. Un féminisme radical, qui remet profondément en question les violences exercées par les hommes cis, utilise constamment la mixité choisie pour s’organiser. Sans cet outil, le combat serait beaucoup plus difficile à mener. En outre, les personnes qui craignent le plus la fin des dominations qu’elles exercent sont également celles qu’on entend le plus. En effet, ce sont ces personnes que le système (médiatique par exemple) met en avant et dont les idées, à force d’être constamment exposées, finissent par infuser dans la société entière. Penser un espace sans elles, c’est remettre en question directement et concrètement leur domination.
Mais si l’on se penche un petit peu sur ces idées anti-féministes, on se rend compte qu’elle ne sont que le socle d’une idéologie fasciste. Elles sont mêlées à des expression comme “la crise de la masculinité” : mythe fantasmé par l’extrême droite selon lequel les hommes (comprendre hommes cisgenre) seraient les marionnettes des femmes, ce qui les arracherait à leur nature (virile, puissante, violente, tournée vers le monde extérieur, supérieure, etc.). Cette rhétorique cherche à nous faire croire qu’il n’existe qu’une seule masculinité et une nature masculine, figée et immuable. Dès lors, tout ce qui y dérogerait serait contre-nature ou inférieur. Fonder la politique sur des conceptions naturalisantes et biologiques des êtres humains, voilà le trait commun qui réunit tous les fascismes et plus généralement toutes les pensées de droite. 
Contre des idées fascistes de la sorte, il n’y a pas de meilleure réponse qu’un féminisme révolutionnaire !!!

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Je t’enjoins cordialement à aller te faire cuire le cul ou comment survivre à un débat.

Je t’enjoins cordialement à aller te faire cuire le cul ou comment survivre à un débat.

Ateliers de co-réflexion féministe pour répondre aux relou.e.s qui nous agressent sous couvert de vouloir “débattre”.

– 25 février
– 24 mars
– 28 avril
– 19 mai
De 18h15 à 21h à la salle des associations (102 Bd. Carl-Vogt)

Ces ateliers se déroulerons en mixité choisie sans hommes cis-genre (une personne assignée homme à la naissance et qui se reconnait dans cette identité)

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Activités Conférences Féminisme

Antiféminisme, masculinisme. Les reconnaître et les combattre !

 

“Antiféminisme, masculinisme : les reconnaître… et les combattre !”, tels sont les enjeux que se sont fixés Mélissa Blais et Francis Dupuis-Déri à travers leur ouvrage, codirigé par Christine Bard, intitulé “Antiféminismes et masculinismes d’hier à aujourd’hui” (Presses Universitaires de France, 2019).

Si les enjeux sociaux du XXIème siècle sont certainement liés aux diverses luttes féministes à tous les niveaux de la société, il convient cependant d’en aborder, pour mieux le combattre, son pendant négatif ; étudier l’antiféminisme, c’est décrypter un argumentaire vide de sens, analyser sa structure douteuse, bien que complexe. Et il en va de même pour les théories masculinistes : en quoi consistent-elles ? Quels sont leurs fondements ? Et plus important encore, comment lutter à leur encontre ?

Mélissa Blais est sociologue et professeure associée à l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Son travail de doctorat portant sur “les effets du contre-mouvement antiféministe sur le mouvement féministe québécois”, elle a en outre écrit quatre ouvrages ciblés sur les problématiques du masculinisme et de l’antiféminisme.

Francis Dupuis-Déri est professeur en science politique ainsi qu’à l’institut de recherches et d’études féministes à l’UQAM. Il a notamment codirigé “Retour sur un attentat antiféministe, École Polytechnique, 6 décembre 1989” (Remue Ménage, 2008).

La conférence portera donc essentiellement sur les théories masculinistes et antiféministes. Par leur analyse, les deux conférencier.ère.s nous proposerons un regard critique et affûté sur ces pseudo-rhétoriques perverses qui s’immiscent dans notre quotidien, ainsi qu’un support théorique et des moyens pratiques pour les déjouer et les combattre. Parce que nous estimons que penser, le féminisme est un devoir, parce que nous voulons déconstruire la part de masculinité insidieuse que nous portons malgré nous, parce que nous voulons combattre l’antiféminisme aussi fervemment que possible, c’est avec grand plaisir que nous accueillerons Mélissa Blais et Francis Dupuis-Déri le 16 mai prochain à l’Université de Genève (salle MS160) à 18h15 !

La conférence sera suivie d’un petit apéro pour prolonger les discussions.

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Assemblée Générale féministe

 

Le Collectif Féministe de Personnes en Formation (CFPF) organise une Assemblée Générale féministe afin de voter la grève.
Car, le 14 juin prochain, aura lieu la grève féministe nationale et les étudiant.e.x.s ont aussi leurs revendications:
– Parce qu’on en a marre de ne pas pouvoir étudier sans être harcelé.e.x.s par certains professeurs et camarades.
– Parce qu’on en a marre que les harceleurs agissent sans que les institutions ne lève un doigt.
– Parce qu’on en a marre de n’étudier que des vieux barbus alors que l’histoire regorge de travaux de femmes* tout aussi pertinents.
– Parce qu’on en a marre de ne pas pouvoir accéder à des postes à responsabilité à cause d’un plafond de verre encore trop présent.
– Et parce qu’il y a encore milles autres raisons de faire grève, nous t’invitons à venir en discuter le 17 avril!

Pour des lieux de formations qui ne reproduisent pas ces systèmes d’oppressions sexistes, racistes, classistes, homophobes, trans*phobes et bien d’autres.
Pour des lieux de formation qui nous ressemblent!
Amour et lutte.
Le CFPF

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Réponse au rectorat et aux HES-SO quant à la demande d’exemption générale d’examens pour la grève féministe du 14 juin prochain.

Depuis quelques mois, plusieurs collectifs de personnes concernées par les thématiques de genre s’organisent en prévision de la grève générale féministe prévue le 14 juin 2019. A Genève, les personnes en formation se sont réunies au sein du « Collectif Féministe pour les Personnes en Formation» (CFPF). Ce collectif regroupe des étudiant-e-x-s de l’Université de Genève, des différentes hautes écoles genevoises (HETS-HEPIA-HEdS-HEAD) et associations et instituts privé de formation.

L’utilité de se regrouper entre personnes en formation s’est avérée indispensable car les problématiques de discriminations genrées se recoupent d’un lieu de formation à un autre. Nous travaillons depuis à les recenser afin d’avoir une liste de revendications communes à présenter, spécifiques aux personnes en formation.

Rapidement, la nécessité de demander une exemption d’examen généralisée à l’ensemble du canton s’est fait ressentir. Que ce soit dit : il ne s’agit pas ici de « demander la permission » de faire grève car nous la ferons de toute façon. Ce que nous contestons c’est l’utilisation du moyen de pression que sont les examens afin de nous empêcher de faire la grève. En effet, l’absence à un examen peut avoir de lourdes conséquences sur notre cursus de formation. Il s’agit donc d’obtenir la garantie que l’action légitime de réclamer l’égalité des droits n’ait aucune conséquence négative sur notre parcours de formation. Ainsi, les syndicats (SSP et SIT) ont adressé au rectorat de l’Unige et à la direction des HES-SO une demande formelle d’exemption générale d’examens le 13 novembre dernier. Nous avons été très surpris-e-x-s de recevoir une réponse défavorable à cette demande.

Au vu de cette réponse, nous avons jugé nécessaire de prendre position pour tenter d’expliquer ce qui nous dérange en engageant un débat public et transparent autour de ces questions. « Tout d’abord, explique une membre du CFPF, les personnes haut placé prenant ce type de décisions sont majoritairement des hommes qui n’ont jamais vécu de discriminations quant à leur genre. Nous leur reprochons de ne pas utiliser leur pouvoir afin de prendre une décision symboliquement forte qui ruissellerait sur les différentes hautes écoles et facultés universitaire. »

Ce refus de la part du recteur nous surprend d’autant plus que l’Université se doit d’être un lieu progressiste, où les questions d’intégration sociale et de genre devraient être une préoccupation réelle et ne pas seulement servir d’étendard public pour les rankings. Pourtant, la réponse du recteur Yves Flückiger est un magnifique exemple de pinkwashing. Une étudiante du GT Genre de la CUAE explique : « le recteur se déresponsabilise de toute prise de décision par rapport à la grève du 14 juin tout en revenant longuement sur les « mesures » pour l’égalité prises par l’Université de Genève. Mesures qui semblent plus tenir de la publicité et de l’image que d’une réelle volonté de questionner le système patriarcal. » Faut-il rappeler le manque flagrant de prise en compte et de mesures lors de violences sexistes, notamment lors du cas de harcèlement par un vice-recteur?

Ainsi, plutôt que de se pencher sur les solutions pouvant permettre la grève du 14 juin, le recteur préfère énumérer la liste de ses actions de communication, montrant ainsi à quel point la vie est rose dans les lieux de formation.

C’est pourquoi nous réitérons la demande d’exemption générale d’examens le 14 juin 2019 dans tous les lieux de formation. Il s’agira enfin d’une action concrète et forte manifestant une réelle compréhension des enjeux et la volonté de changer les choses.

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Lettre ouverte d’étudiantEs, assistantEs et associations uniEs contre le sexisme

Genève, le 24 avril 2018

 

A quand une réelle prise en charge du sexisme au sein de notre Université?
Lettre ouverte d’étudiant-e-s et de doctorant-e-s de l’Université de Genève

 

Après deux mois d’enquête, la Commission indépendante servant à trancher s’il y a eu ou non des cas de «sexisme et de harcèlement liés au genre envers des femmes cadres de l’Université de Genève» a rendu son rapport. Les résultats de ce dernier ainsi que son traitement médiatique ont provoqué auprès de nombreuses personnes, dont nous, de la colère. C’est notre indignation face à un rapport d’enquête incohérent et un Rectorat qui ne prend pas réellement en charge les cas de sexisme et de harcèlement présents dans notre Université qui nous pousse aujourd’hui à publier cette lettre ouverte.

Récapitulons. En décembre 2017, alors que le Rectorat lançait sa campagne #UNIUNIE contre le harcèlement au sein de son établissement, plusieurs articles de presse dénoncent des cas de harcèlement sexiste au sein-même du Rectorat. C’est un vice-recteur qui en est la cible. Le même contre lequel, en 2005, une procédure avait été ouverte en raison de ses comportements. Le rectorat d’alors avait même renouvelé son contrat sous certaines conditions et il avait reçu un avertissement “rare et grave”. Au moment de nommer le rectorat actuel, le recteur a donc agi en totale connaissance de cause. Cette fois-ci, suite à la publicisation des accusations de sexisme et de harcèlement, une enquête indépendante a été demandée par le Rectorat pour établir si les faits relatés étaient
avérés ou non. Pour réaliser cette enquête, deux personnes externes à l’Université ont été mandatées. On pourrait s’attendre à ce qu’il s’agisse de personnes qui connaissent, étudient ou font de la recherche sur les questions de genre et/ou de harcèlement, mais non. D’un côté, nous avons un homme politique, de l’autre, une femme avec une carrière dans le milieu patronal. Pourtant, des personnes compétentes dans le domaine, il y en a. Après deux mois d’enquête, le rapport a été publié le 9 avril. Le recteur, fier d’annoncer qu’aucun acte de sexisme n’a été constaté, annonce par la même occasion, la démission du
vice-recteur incriminé, “lassé des accusations répétées à son encontre”. S’ensuit alors une vague de prises de position dans la presse et à l’interne de l’institution soutenant le vice-recteur en question. Blanchi de toute accusation, on fait l’impasse sur son “paternalisme prégnant et d’ordinaire plus marqué à l’égard des femmes” pour souligner encore qu’il est professionnel et très apprécié de ses collègues.

Un rapport aux conclusions incohérentes et conséquences questionnables

Si nous prenons en compte les faits qui précèdent la publication du rapport de la Commission, c’est sans étonnement que nous avons pris connaissance des résultats mis en avant par cette dernière. Sans étonnement, car en effet, qui n’avait pas prédit de telles conclusions publiques ? Pas de harcèlement sexuel et sexiste, pas de mobbing genré de la part de la direction ; le vice-recteur blanchi, mais démissionnaire car « lassé des attaques répétées dont il a fait l’objet » et un rectorat bien sous tout rapport. Enfin, une enquête administrative à l’interne a été ouverte, à l’égard d’une employée s’étant exprimée à l’encontre dudit vice-recteur et du Rectorat. Le Rectorat se lave de tout soupçon tout en raffermissant sa poigne, nous ne l’acceptons pas.

Orchestration du déni de sexisme

On peut s’interroger sur les méthodes et conclusions que tire la Commission, notamment vis-à-vis des bases (absentes) utilisées pour en arriver à ces résultats. Un problème flagrant du rapport est ce qui est considéré ou non comme sexiste. A partir de quel moment le harcèlement et le mobbing apparaissent comme suffisamment « liés au genre » pour que le mot sexisme soit enfin prononcé et accepté, pour que le cas de harcèlement sexuel et sexiste soit confirmé ? Est-ce normal de lire en conclusion du rapport que la Commission « n’a pas acquis la conviction que [le] comportement [du vice-recteur mis en cause] puisse être qualifié de sexisme délibéré, nonobstant un paternalisme prégnant et d’ordinaire plus marqué à l’égard des femmes » ? Peut-on savoir ce qu’entend cette Commission indépendante par sexisme délibéré ? Et serait-ce acceptable pour les femmes de travailler dans un climat de paternalisme prégnant ? Peut-être faut-il rappeler ou apprendre que le paternalisme est une forme de sexisme (vous pouvez rajouter sexisme ordinaire ou sexisme bienveillant si ça vous rassure). Nous n’avons pas à retrouver sur nos lieux de travail et de formation des relations de pouvoir qui se basent sur une dépendance et une domination masculine, figure paternelle et condescendante en prime. Ne banalisons pas les vécus des personnes concernées, en parlant d’un langage « fleuri » et d’une inconscience quant aux propos déplacés.

La législation en la matière, pourtant claire

Comme susmentionné, les qualifications de Mme. von der Weid et M. Recordon pour mener une telle enquête sont questionnables. Pourtant, au niveau juridique, on aurait pu s’attendre à plus de la part de la Commission. Deux personnes ayant fait des études de droit devraient être capables de trouver les informations nécessaires pour éviter des imprécisions criantes quant à ce qui peut être désigné comme harcèlement sexuel. L’enquête parle de « maladresse » à propos des actes du vice-recteur mis en cause. Il n’y a pourtant pas lieu d’accepter ou d’excuser des comportements misogynes sous prétexte que la personne qui agit n’en est pas consciente. La définition légale du harcèlement sexiste insiste sur le fait que le caractère délibéré de l’agression ne compte pas, seul le ressenti de
la victime compte. Nous rappelons ici que la Loi sur l’Égalité (LEg), entrée en vigueur il y a plus de deux décennies, définit également intentionnellement, ou délibérément – puisque ladite commission semble affectionner ce terme – l’acte de harcèlement comme indépendant du critère de la volonté de nuire. Pour la simple et bonne raison que les harceleurs ne sont pas toujours conscients de harceler, mais surtout que nier s’en être rendu compte constitue un moyen de défense privilégié de ces derniers.

Quelles conséquences ? Un vice-recteur intouchable…

Démission du vice-recteur du Rectorat, maigre consolation. Il garde en effet son statut de professeur ordinaire et de chercheur, et devrait sans doute retrouver dès la rentrée prochaine ses fonctions d’enseignant et potentiellement de directeur de thèse. Pas l’ombre d’une sanction ou d’un reproche à son égard, lui, dont les « dont les qualités de grand travailleur et de compétences techniques et pédagogiques pourtant indiscutables » sont encore mises en valeur dans le rapport d’enquête (merci pour la précision). Lui que Yves Flückiger « [tient] à remercier ici pour la générosité de son engagement sans faille et à souligner l’importance de sa contribution à notre institution, reconnue par l’ensemble de l’équipe rectorale ». Équipe rectorale, composée pour rappel de sept hommes (le recteur, quatre vice-recteurs, le secrétaire général et son adjoint) et d’une femme (vice-rectrice). Le rapport d’enquête précise toutefois que les hommes semblent moins touchés par les comportements déplacés du vice-recteur, mais ça n’a sans doute rien à voir avec du sexisme ni avec le soutien de l’équipe rectorale, en quasi non-mixité masculine. Qu’en est-il d’autres organes universitaires où le vice-recteur en cause exerce des fonctions? La Faculté des Sciences de la Société, l’Institut de Démographie et Socioéconomie, ainsi que le CIGEV ne peuvent rester sourds à ces accusations de harcèlement envers le vice-recteur, qui ont eu lieu pour certaines en leur sein. Ne pas avoir réussi à protéger les personnes victimes par le passé n’autorise pas à rester inactif aujourd’hui encore. Chaque partie doit assumer ses responsabilités, et mettre fin à la protection entre pairs. Nous ne permettrons pas que nos lieux de formation et de recherche agissent de façon inadéquate. Le fait que ledit vice-recteur soit apprécié par un certain nombre de personnes qui n’ont rien à lui reprocher ne peut en aucun cas être pris comme
gage de son ingénuité et utilisé pour légitimer la passivité de l’institution. En tant qu’étudiantes, assistantes et doctorantes, nous refusons d’avoir à faire à une
personne ayant de tels comportements sexistes et qui assoit son pouvoir en s’en sortant plus que bien dans de telles affaires dont les conséquences devraient être graves. Les “excès de familiarité”, les “comportements inadéquats” et le “paternalisme prégnant” doivent s’arrêter et rappelons-le, un professeur et/ou directeur de thèse garde du pouvoir et des subordonnées, bien qu’il perde sa fonction de vice-recteur. Il est donc tout à fait vraisemblable, de plus au vu de ses antécédents, de penser que ses agissements ne cesseront pas. Nous refusons d’être les prochaines victimes, et pour cela, le recteur doit
agir.

… et des représailles de la part du Rectorat

Yves Flückiger, en tant que recteur de l’Université de Genève, est responsable de prendre les mesures qui s’imposent selon la Loi sur l’Égalité. Or, sa seule réaction publique est de remercier le vice-recteur mis en cause. Le summum du scandale est atteint par les mesures qu’il annonce : la seule démarche proactive consiste en des représailles qui ne disent pas leur nom, envers une personne qui a dénoncé certains agissements. Le Rectorat a en effet décidé d’ouvrir une enquête administrative « à l’encontre de la personne ayant relaté l’incident non-avéré du stylo ». On est loin de la « tolérance zéro » ou de la parole libérée promue publiquement par les autorités académiques, qui étouffent les plaintes et punissent celles qui osent s’exprimer. Une fois de plus, cela n’est pas acceptable et nous demandons le retrait immédiat de cette enquête administrative.

« Tolérance zéro » dans le discours, « balayons la poussière sous le tapis » au premier cas public survenu. Au lieu de prendre les mesures adaptées afin de prévenir tout risque de harcèlement sexuel et sexiste à l’Université, les actes du Rectorat créent un environnement hostile à toutes dénonciations de harcèlement sexuel, pourtant nécessaires, et ce, d’autant plus si une réussite de thèse ou d’examen est en jeu.

L’arbre qui cache la forêt

Rappelons le : Les accusations à l’encontre de ce vice-recteur ne sont pas des exceptions, et son comportement peut presque paraître anecdotique au regard du sexisme ambiant auquel nous sommes habituées, à tous les niveaux hiérarchiques et dans tous les domaines de la vie universitaire. Le sexisme à l’Université est structurel et indissociable d’une hiérarchie omniprésente. Le rapport d’enquête est à ce titre emblématique : une cinquantaine de personnes auditionnées, et un seul cas qualifié de harcèlement sexiste : celui d’une professeure harcelée par un subordonné. Doit-on en conclure que la libération de la parole des personnes victimes de tels agissements est pour l’instant réservée à celles dont la position hiérarchique le leur permet ? Ce seul exemple suffit à démontrer l’inefficacité de cette enquête, pour nous qui vivons le sexisme au quotidien.

Un règlement lacunaire

Le débat qui s’ensuit de la publication de l’enquête le montre bien. Que ce soient les personnes qui se battent au quotidien contre le sexisme au sein de notre Université ou ledit vice-recteur et ses partisans : tout le monde critique le fonctionnement de cette institution. Ce point commun permet de tirer l’attention sur un fait omis dans le rapport de l’enquête: l’absence dans le règlement de procédures adéquates qui permettrait de parer la protection entre pairs ainsi qu’un flou autour des sanctions prévues. Bien que certains outils sont mis en place pour sensibiliser contre le harcèlement sexiste à l’Université ou d’offrir des espaces
d’écoute aux victimes (ce que le rapport n’a pas manqué d’énumérer), soyons claires: faute de dispositions qui prévoient des procédures adéquates et des sanctions de manière claire et précise, il s’avère, comme le montre cette affaire, extrêmement difficile voir impossible de prendre en charge de manière concrète et correcte les cas de harcèlement dans notre Université.

Et maintenant…

Yves Flückiger doit informer de sa décision de poursuivre ou non au poste de recteur en juin prochain. Reste que la décision finale n’est pas sienne, qu’il s’agit du Recteur de notre Université, et que nous serons attentives à la suite des événements. Ne soyons pas dupes et mobilisons-nous. Nous refusons que le sexisme soit à sa place dans notre Université, que ce soit au Rectorat ou dans nos auditoires de cours.

Signataires :

La CUAE (Conférence Universitaire des Associations d’EtudiantEs), l’AEEG (Association des EtudiantEs en Etudes Genre), le CELVS (Collectif d’EtudiantE.x.s en lutte contre les Violences Sexistes et le harcèlement sexuel), SoPhIE (Société pour une Philosophie Inclusive et Egalitaire), l’AESPRI (Association des Etudiant-e-s en Sciences Politiques et Relations Internationales), l’Aamat (Association des assistant.e.s et maîtres assistant.e.s en Théologie), des étudiant-e-s et des assistant-e-s uni-e-s contre le sexisme

 


Liens :

Rapport de la Commission d’enquête indépendante (CEISH)
Communiqué de presse du rectorat à la publication du Rapport de la CEISH
Prise de position de la CUAE, en réaction aux articles dans la presse (décembre 2017)
Brochure “NON, NO, NEIN au harcèlement sexuel dans les lieux de formation”