Lettre ouverte du GT genre pour des toilettes non-genrées

Une brève recontextualisation

Le dégenrage des toilettes de l’UNIGE est l’un des projets principaux du GT Genre de la CUAE et dans lequel nous sommes investiexs depuis environ un an et demi. En effet, le 13 avril 2022, nous avons organisé une conférence sur les toilettes non-genrées à Uni-Mail, avec la participation de Juliette Jouan, doctorante en politiques publiques de l’identité de genre en France, Jean-François Staszak, professeur de géographie à Genève et Hazbi, professeurex de justice organisationnelle à Lausanne. Par la suite, nous avons rédigé et distribué un fanzine sur le sujet, ainsi qu’un dossier de demande d’une mise en place systématique de toilettes non-genrées à l’UNIGE, élaboré suite à une rencontre avec Amnesty HEL, l’AEL et PlanQueer. Ces associations des hautes écoles de Lausanne ont déjà fait progresser un projet de toilettes non-genrées sur leur campus. Actuellement, nous sommes en contact avec Marco Girani, chef du service des bâtiments de l’UNIGE et Marco Ferretti, architecte, afin de réfléchir à la proposition d’un projet pilote de WC non-genrés à l’UNIGE.

Voici quelques arguments en faveur du dégenrage des WC :

Les toilettes sont genrées dans le but de protéger les femmes des potentielles agressions sexistes et sexuelles. De fait, on préfère isoler les femmes plutôt que de questionner et abolir les actions et comportements masculins violents. En réalité 68% des agressions sexistes et sexuelles sont commises par une personne de l’entourage de la victime et majoritairement au sein du foyer. Seul 0.11% des agressions se déroulent sur le lieu de formation ou de travail [1]. Les toilettes ne sont donc pas, en réalité, un lieu principal des agressions sexistes et sexuelles envers les femmes.

Dans les faits, les personnes trans et/ou non-binaires sont les principales victimes des agressions dans les toilettes. En effet, 70% d’entre elleux déclarent avoir été agressées verbalement et/ou physiquement dans les toilettes genrées [2].

Les toilettes genrées sont aussi une violence pour les personnes non-binaires, qui ne se reconnaissent pas dans les deux catégories sociales homme/femme et doivent choisir entre une de ces deux catégories qui ne leur correspondent pas [3].

Dégenrer les toilettes diminuerait le temps d’attente général, de sorte qu’il soit plus égalitaire, alors qu’il est pour le moment deux fois plus long pour les femmes [4].

Un sujet d’actualité

Les toilettes non-genrées deviennent une thématique de plus en plus visible dans les médias et aussi au sein des institutions. Diverses écoles et lieux de formation mettent en place des toilettes non-genrées ; c’est notamment le cas de l’université de Lausanne qui a opté pour la mise en place de toilettes non-genrées dans tous les nouveaux bâtiments. Plusieurs associations de l’UNIL s’organisent également pour dégenrer les toilettes dans les bâtiments déjà existants. L’UNIGE est en retard sur ces questions et il nous semble urgent qu’elle prenne des mesures concrètes pour rendre ses toilettes inclusives.

Voici nos revendications :

  • Le dégenrage de toutes les toilettes de tous les bâtiments existants et futurs de l’UNIGE pour les rendre accessibles à touxtes.
  • Des toilettes équipées : de cabines individuelles comprenant chacune un lavabo, une poubelle, des dispositifs hygiéniques, un miroir ; un espace cloisonné avec des urinoirs ; une cabine avec une table à langer.
  • La mise en place d’une signaletique neutre (“WC”, “toilettes”).

Unissons-nous contre les toilettes genrées !

Notes:
[1] Amnesty international suisse (2019), “Le harcèlement sexuel et les violences sexuelles faites aux femmes sont répandus en Suisse” Article tiré de l’étude « Violences sexuelles ».
[2] Herman J. L. (2013), Gendered restrooms and minority stress: The public regulation of gender and its impact on transgender people’s lives. Journal of Public Management & Social Policy, 19 (1), 65.
[3] Patel, S. (2017), Non-Binary Gender: Information and Inclusion Introduction.
[4] Staszak J-F. (2021), “La géographie, le corps et les toilettes” in Historiens & Géographes (Paris).

Signataires:

Le GT genre de la CUAE
Le comité de la CUAE
ADEPSY (Association des Etudiant.e.x.s en Psychologie)
AEL (Association des Etudiant.e.x.s en Lettres)
AESPRI (Association des Etudiant.e.x.s en Science Politique et Relations Internationales)
AES (Association des Etudiant.e.x.s en Sociologie)
AEG (Association des Etudiant.e.x.s en Géographie)
Think Out
AEEA (Association des Etudiant.e.x.s pour un Espace Autogéré)
Femwiss
AEEG (Association des Etudiant.e.x.s en Etudes Genre)
AEDA (Association des Etudiant.e.x.s pour la Défense des Animaux)
AJP-UNI (Association des Juristes Progressistes de l’Université de Genève)
AETI (Association des Etudiant.e.x.s en Traduction et Interprétation)
La Datcha