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Adoption du statut de l'université : le mépris de Charles Beer pour la participation des étudiantes

Le Conseil d’État a adopté aujourd’hui le statut de l’université de Genève, règlement d’application de la loi sur l’université. Cette adoption intervient après une tragi-comédie de plus de neuf mois, au cours de laquelle Charles Beer a pu démontrer tant sa parfaite méconnaissance du dossier que son désintérêt le plus profond pour la participation des membres de l’université, en particulier des étudiantes [ref]Les termes au féminin s’entendent, bien entendu, aussi au féminin.[/ref].

Pour mémoire, l’assemblée de l’université a adopté une première version du statut le 22 septembre 2010 déjà, après plus d’une année de travail. Lors du vote final, ce texte a bénéficié d’un très large soutien dans les quatre corps de l’université (étudiantes, professeures corps intermédiaire et personnel administratif et technique), ainsi que de la part du rectorat.

Depuis lors, plutôt que d’assumer ses responsabilités politiques, le président du DIP a préféré se réfugier derrière l’avis des juristes de son département. Il a ainsi tenté en vain de supprimer les dispositions permettant de contrôler les prérogatives du collège des professeurs, contredisant ainsi la réponse du Conseil d’État à une question orale, dans laquelle François Longchamp affirmait que « le Statut, qui devra être adopté par l’Assemblée de l’Université, devra déterminer de quelle manière sera traitée la question du collège des professeurs dans ce futur texte » [ref] IUE 863-A de la députée Anne Emery-Torracinta, 16 décembre 2009.[/ref].

Il a également imposé de nouvelles compétences, en particulier, la création de centres ou d’instituts interfacultaires contre l’avis des facultés concernées et de l’assemblée de l’université. L’argument pour justifier cette intervention était « l’autonomie de l’Université ». Cette justification est symptomatique de la confusion qui règne dans l’esprit des promoteurs de la loi sur l’université : pour Charles Beer, comme pour Ruth Dreifuss, cette autonomie n’est en aucun cas critique ou intellectuelle, et encore moins au service de la démocratie interne; il s’agit uniquement de permettre au « rectorat fort » de créer un institut à la minute, sur demande du pouvoir politique ou d’un banquier privé de la place. En résumé, c’est l’autonomie de la girouette, qui a le pouvoir de suivre le vent dominant. Plutôt que l’autonomie de l’université, il s’agit de l’autonomie du rectorat, au besoin contre l’université.

La position du parti socialiste sur la politique des hautes écoles proclame que « l’ensemble du monde universitaire (professeurs, assistantes, étudiantes et personnel d’exploitation) dispose de manière adéquate d’un droit de participation aux décisions » [ref]Politique des hautes écoles du Parti socialiste : plus de qualité, plus d’égalité des chances, plus d’efficacité, 17 septembre 2005.[/ref]. Dans les faits, la nouvelle loi sur l’université a considérablement réduit cette participation. Malgré cela, d’importantes avancées ont pu être intégrées au statut, en particulier la présence d’étudiantes et d’assistantes dans les commissions de nomination du corps professoral. Là aussi, Charles Beer a tenté de supprimer ces dispositions du statut, avant de reculer devant la résistance des membres de l’université.

La CUAE se réjouit de l’adoption du statut de l’université, et en particulier des nombreuses avancées qu’il comporte pour les étudiantes : contrôle sur le collège des professeurs, participation aux commissions de nomination ou encore disparition du critère de normalité pour l’exonération des taxes. Elle s’insurge toutefois contre le mépris affiché par le président du DIP envers le travail effectué par les étudiantes et les autres membres de l’assemblée, ainsi que contre les nombreuses pressions exercées. Cet épisode a toutefois eu le mérite de montrer les limites de l’autonomie telle que la conçoit Charles Beer : un exercice de style pour les étudiantes et les travailleuses, après lequel elles sont priées de se soumettre au diktat de la politique ou de l’économie.

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Réaction de la CUAE à la réorganisation des départements du Conseil fédéral 

C’est sous la canicule du mois de juin que le Conseil fédéral a annoncé le transfert des domaines de l’éducation et de la recherche au Département fédéral de l’économie (DFE) de Johann Schneider-Ammann. Il va de soi que pour les Sept sages, cette annonce, qui constitue à l’échelle suisse un mini-séisme politique, était d’une urgence incontestable et ne pouvait en aucun cas attendre la rentrée universitaire de septembre.

Un Conseil fédéral en phase terminale de kleiberisme

Le fond de cette réforme des Départements fédéraux ne laisse rien présager de bon pour l’avenir d’un système suisse de formation déjà passablement sinistré par l’activisme hystérique de Charles Kleiber, le prédécesseur de Dell’Ambrogio au Secrétariat d’état à l’éducation et à la recherche (SER). Charles Kleiber a d’ailleurs été le premier retraité à se réjouir de la réorganisation du Conseil fédéral, clamant à qui voulait bien l’entendre que cette réforme était fondamentalement nécessaire puisque « Charly » lui-même avait tenté à deux reprises de la mettre en place durant sa carrière de Secrétaire d’état.

« Les réformes se passent sur le mode du troc » a-t-il déclaré sur les ondes de la Radio suisse romande. Le mot est sans doute trop faible pour décrire les tractations politiciennes qui se sont déroulées sous la Coupole fédérale ces derniers mois. Comme le faisait remarquer un journaliste, l’enjeu de ce transfert de la formation et de la recherche a fait l’objet d’une intense lutte de pouvoir entre les deux Conseillers fédéraux libéraux-radicaux Didier Burkhalter et Johann Schneider-Ammann. Ce bras de fer étant maintenant réglé, Schneider-Ammann est aujourd’hui présenté par les médias comme le grand gagnant de cette réforme des départements sans que l’on se pose davantage de questions.

Comme évoqué auparavant, ce projet de réforme dormait depuis plus de cinq ans dans les tiroirs de Charles Kleiber. Comment, mais surtout pourquoi, a-t-il soudain pu se concrétiser aujourd’hui ? L’arrivée triomphale du multi-millionnaire Johann Schneider-Ammann au Conseil fédéral il y a bientôt un an, avec rappelons-le les voix de la gauche parlementaire, apporte déjà un élément de réponse. Un bref retour sur son parcours politique nous fait comprendre que le grand gagnant de la réorganisation des Départements n’est pas Schneider-Ammann en personne, mais bien les milieux économiques de la finance et de l’industrie avec lesquels il a tissé des liens, des convergences tout au long de sa carrière et avec lesquels il partage un certain nombre d’intérêts objectifs.

« Une relation assez naturelle au pouvoir » (J. Schneider-Ammann, Schweizer Fernsehen, 22.09.2010)

Issu d’une famille aisée du canton de Berne, Johann Niklaus Schneider-Ammann a mené une carrière typique des grands cadres du patronat suisse. Un diplôme d’ingénieur EPFZ en poche, ce colonel à l’armée suisse a ensuite obtenu un MBA à l’Institut européen d’administration des affaires de Fontainebleau ; un institut entièrement financée par des fonds privés et dont les taxes d’études se montent aujourd’hui à 56’000 € par an.

Johann Schneider-Ammann

Sa volonté de maintenir une partie des activités du Groupe industriel Ammann en Suisse lui ont valu des déclarations émouvantes de la part de certains cadres syndicaux d’Unia. À l’étranger en revanche, Schneider-Ammann s’est montré impitoyable avec les salariés de l’usine de Metzingen (Allemagne du sud) en procédant à un licenciement collectif en 2009. Élu au Conseil national en 1999, il s’est illustré par des revendications délirantes qui ont crée le malaise jusque dans son camp politique ; notamment lorsqu’il a défendu en Commission l’introduction d’indemnités dégressives de jour en jour pour les chômeurs de longue durée. Parallèlement à ses activités de chef d’entreprise et de parlementaire, Schneider-Ammann cumulait un nombre insensé de postes au sein de conseils d’administration et de différentes associations patronales, collectionnant les jetons de présence comme certains collectionnent les « Nanos » offerts par la Migros.

Johann Schneider-Ammann a notamment été vice-président de la tristement célèbre faîtière patronale Economiesuisse pendant plus de dix ans. Les statuts de cette fédération affirment dès le départ que leur mission est de « créer les conditions-cadre optimales pour l’économie suisse », comprenez le profit des actionnaires et autres parasites de l’économie marchande. À ce titre, les représentants d’Economiesuisse ont milité avec succès pour la hausse des taxes universitaires à Zurich ainsi que pour l’alignement des universités suisses sur le modèle de la concurrence entre les entreprises. Ces discours réactionnaires ont été combiné avec des élucubrations sur la nécessité de pratiquer des politiques d’austérité budgétaire afin de diminuer la dette étatique. Il est donc correct d’affirmer qu’Economiesuisse et ses alliés au sein des sphères politiques et administratives sont directement responsables du sous-encadrement structurel subis par les étudiantes [ref]Les termes au féminin s’entendent bien sûr aussi au masculin[/ref] dans certaines facultés ainsi que la baisse drastique des moyens accordés aux disciplines ne fournissant pas une rentabilité immédiate à l’économie.

Santé!

Face à l’hostilité patronale, le silence des agneaux

Comment un tel personnage dont la fortune s’élève à 600 millions de francs selon les estimations du magazine Bilan, a-t-il pu recevoir les clés de l’éducation et de la recherche ? La réponse est à chercher dans l’évolution dramatique du rapport de force entre les étudiantes et les milieux économiques suisses depuis une dizaine d’années et l’alignement progressif des partis classés à gauche de l’échiquier politique sur les discours managériaux sur la “qualité” et la saine “concurrence” [ref]Nous ne reviendrons pas sur le second élément dans ce texte et renvoyons les lectrices intéressées au livre d’Isabelle Bruno, La grande mutation. Néolibéralisme et éducation en Europe. Syllepse, Paris, 2010.[/ref].

Excepté le président de l’EPFL Patrick Aebischer, personne n’est d’avis que la réorganisation des Départements constitue une « demi-décision ». Ce transfert est au contraire historique et vient couronner vingt ans de réformes universitaires ouvertement hostiles aux étudiantes. On ne peut à ce titre que déplorer la réaction de l’Union des Étudiant-e-s Suisses (UNESenjeux en présence. Son communiqué exprimait en effet la plus grande confusion, l’UNES ayant décidé de « saluer la décision du Conseil fédéral » tout en déplorant que cette réunification se fasse au profit du DFE. Cette position, partagée par le biologiste Denis Duboule et l’Académie suisse des sciences humaines et sociales, est toutefois intenable en pratique. Il vaut en effet mieux vaut dormir dehors sous la pluie que de partager le gîte avec Freddy Krueger[ref]Héros du film Les Griffes de la nuit[/ref].

Au contraire, la réorganisation des Départements fédéraux obéit à des contraintes anciennes et nouvelles qui ont marqué les différentes étapes du développement du système universitaire suisse. La pénétration des logiques marchandes au sein des universités est un phénomène largement documenté depuis la fin des années 90 [ref]Voir notamment: Jean-Luc de Meulemeester, « Éducation et « capital humain » : La contribution des théories économiques à la définition des politiques éducatives », Revue Agone, n°29-30, 2003, pp. 177-194, consultable en ligne: http://agone.org/revueagone/agone29et30/

Yves Steiner & Olivier Longchamp « Bologne et après ? Essai d’histoire immédiate des réformes universitaires récentes », Traverse, n°3, 2003, pp. 125-144.

Pierre Milot, « La reconfiguration des universités selon l’OCDE. Économie du savoir et politique de l’innovation », Actes de la recherche en sciences sociales, Vol. 3, n°148, 2003, pp. 68-73.

Isabelle Bruno, A vos marques, prêts… cherchez ! La stratégie européenne de Lisbonne, vers un marché de la recherche, Éd. du Croquant, Paris, 2008, 267 p.

Christian Laval, Louis Weber (dir.), Le nouvel ordre éducatif mondial. OMC, Banque mondiale, OCDE, Commission européenne. Syllepse, Paris, 2002.

Franz Schultheis, Marta Roca i Escoda & Paul-Frantz Cousin (dir.), Le cauchemar de Humboldt. Les réformes de l’enseignement supérieur européen, Éd. Raisons d’Agir, Paris, 2001, 230 p.

Gérard de Sélys, « L’école, grand marché du XXIe siècle », Le Monde Diplomatique, juin 1998.

Abélard (coll.), Universitas calamitatum : Le Livre noir des réformes universitaires, Éd. du Croquant, Paris, 2003, 220 p.

Jean-Émile Charlier, Sarah Croché, « Le processus de Bologne, ses acteurs et leurs complices », in Éducation et Sociétés, Vol. 2, n°12, 2003, pp.13-34.[/ref].

Il est toutefois indéniable que le Conseil fédéral a cette fois-ci repoussé les limites du concevable en liant l’éducation et la recherche au DFE, une liaison qui, le rappelait une Conseillère aux États, « n’a lieu dans aucun autre pays du monde ». Avec Schneider-Ammann à la tête de l’éducation, les milieux de l’économie ont obtenu ce qu’ils réclamaient depuis des années, à savoir une intervention politique, stratégique et financière directe sur la direction de la recherche et l’offre d’enseignement. Leur lobbying politique et idéologique a été si efficace que les représentants de l’économie n’ont désormais plus besoin d’avancer masqués et peuvent revendiquer haut et fort leur volonté de voir l’université devenir un centre de recherche et de formation de main-d’œuvre pour le profit de quelques uns.

La marchandisation, et après ?

Une réflexion stratégique s’impose donc pour les personnes engagées dans la lutte contre la marchandisation de l’éducation et de la recherche ainsi que pour une université réellement autonome et démocratique. L’incorporation croissante de la science au capital n’est en effet pas un processus historique linéaire ni une fatalité et dépend directement de la persistance et des oppositions qui se manifesteront contre cet accord tacite entre les élites politiques, administratives et financières de perpétuation d’un système d’enseignement élitiste et rentable.

La CUAE invite donc chaque étudiante à s’opposer à ce transfert et s’engage à mettre en œuvre tous les moyens qu’elle jugera utile afin de combattre l’influence grandissante des représentants de l’économie dans la vie politique suisse et de construire, en accord avec ses statuts, une vision alternative à la vision capitaliste des études supérieures.

Le comité de la CUAE.

Une version .pdf de l’article est disponible ici

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Restructuration des bibliothèques: les bibliothécaires et les usagères obtiennent gain de cause

La mobilisation contre la réorganisation voulue par le rectorat qui fut menée de front par les bibliothécaires, le Syndicat des Services Publics (SSP) et la CUAE est un franc succès. Le projet de réorganisation des bibliothèques est en effet bloqué en l’état jusqu’à ce qu’une solution consensuelle entre le rectorat, les usagères et le personnel des bibliothèques soit trouvée.

Face à l’inertie rectorale, les bibliothécaires ont entrepris de multiples actions sur leurs lieux de travail. La campagne d’information et la grève des amendes ont été accueillies très positivement par les usagères[ref]Les termes au féminin s’entendent bien sûr aussi au masculin.[/ref], étudiantes ou non. Le débrayage du mardi 24 mai a quant à lui rassemblé plus de 150 personnes sur l’esplanade d’Uni-Mail. Parmi elles, un tiers du personnel des bibliothèques répondait présent, mais aussi des étudiantes, des enseignantes, des syndicalistes du SSP et du SIT ainsi que des grévistes de la Maison de retraite de Vessy.

Débrayage des bibliothécaires devant Uni-Mail ( 24 mai 2011) Crédit photo: Olivier Vogelsang

Le rectorat a cédé face à l’opposition de tous les corps de l’université à cette réforme, prouvant encore une fois que la seule manière de discuter avec lui est de passer par le rapport de force.

La CUAE prend donc acte du protocole d’accord signé le lundi 30 mai 2011 par le recteur et la déléguée syndicale Mme Margarita Castro. Comme prévu dans cet accord, une commission tripartite réunissant les représentantes du rectorat, des usagères (étudiantes et enseignantes) et du personnel administratif et technique des bibliothèques va être mise sur pied afin de trouver une issue au conflit entourant le projet de restructuration des bibliothèques. Une étudiante participera  aux travaux de cette commission (dont le calendrier n’est pour l’heure pas connu).

L’expérience des étudiantes au sein des commissions consultatives du rectorat nous oblige toutefois à rester vigilantes.  En effet, aucun élément ne nous permet aujourd’hui d’assurer que cette commission sera apte à régler le conflit entourant le projet de réforme des bibliothéques.
Si les négociations sont dans l’impasse, les membres de cette commission ne devront pas hésiter à se retirer afin de reprendre la lutte contre ce projet de restructuration sur le terrain, aux côtés du personnel des bibliothèques.

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Débrayage dans les bibliothèques

Le conflit social entre les bibliothécaires et le rectorat de l’université de Genève se poursuit. Les “séances d’information” données par le rectorat sont boycottées en masse par le personnel des bibliothèques qui préfère nettement s’organiser pour empêcher cette restructuration d’aboutir à son terme.

Après les distributions de tracts aux usagères[ref]Les termes au féminin s’entendent bien sûr aussi au masculin.[/ref] en Sciences II, à Uni-Mail, Uni-Bastions et au CMU ces dernières semaines, les bibliothécaires organisent un débrayage le mardi 24 mai 2011 de 11h à 13h et tiendront un piquet dans le hall d’Uni-Mail. Venez nombreuses pour les soutenir dans leur lutte!

Débrayage dans les bibliothèques

Solidarité étudiantes-personnel

Le rectorat veut restructurer les bibliothèques ?

Restructurons le rectorat !


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Bibliothèques universitaires: Grève des amendes!

Voilà plusieurs mois que les bibliothécaires de l’université de Genève s’opposent courageusement à la restructuration que le rectorat veut leur imposer. Malgré le soutien de l’Assemblée de l’université et du Grand Conseil, le rectorat refuse toujours de négocier avec le personnel. Réunies[ref]Les termes au féminin s’entendent bien sûr aussi au masculin.[/ref] en assemblée générale le 18 avril dernier, ces dernières ont décidé de procéder à une grève des amendes dès le 17 mai 2011. Pour en bénéficier, rendez-vous aux guichets de prêt !

Solidarité étudiantes-personnel des bibliothèques!

Le rectorat veut restructurer les bibliothèques ?

Restructurons le rectorat !

Bibliothèques universitaires: Grève des amendes!

[Tract]

Projet de réorganisation des bibliothèques de l’université de Genève

Quel bilan après 1 an ?

~ ~ ~ le Learning Center de Genève prend l’eau ~ ~ ~

Un beau projet bien élaboré ?

–         le Seujet ne disposera pas d’un étage supplémentaire, comme prévu initialement par le projet pour le déplacement de 2/3 des collections et pour libérer de l’espace pour les usagers. Quid du rôle de support que le Seujet devait jouer pour les bibliothèques ? Aucune solution de remplacement n’est prévue.

–         le référentiel des activités des bibliothécaires devant servir de base pour la rédaction des cahiers des charges n’est toujours pas abouti et les cahiers des charges sont en attente

–         aucune enquête auprès des usagers ni analyse des besoins n’a été menée

Une meilleure conduite du projet ?

–         le projet est toujours mené sans concertation ni processus participatif ; l’appropriation du projet par les collaborateurs est rendue impossible par ce management top-down

–         des carences apparaissent dans la gestion des équipes

–         le processus de communication est toujours peu convaincant et inefficace quand il n’est pas absent

–         le projet se poursuit sans prise en compte des recommandations de l’Assemblée de l’Université, du vote du Grand Conseil et des motions des Conseils participatif des fac de Droit et SES

–         la confiance n’est toujours pas rétablie

les bibliothécaires continuent de protester

……ramenez vos ouvrages ……

dès le 17 mai, les amendes seront supprimées

par les bibliothécaires portant le badge “grève des amendes”


Bibliothèques universitaires – Grève des amendes! – Tract

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POUR PLUS D’INFORMATIONS SUR LA LUTTE CONTRE LA RESTRUCTURATION DES BIBLIOTHÈQUES DE L’UNIVERSITÉ DE GENÈVE:

Textes de la CUAE

Contre la casse des Bibliothèques de l’UNIGE – Solidarité avec le personnel (janvier 20111)

Motion sur la réorganisation structurelle des bibliothèques – AG du 6 avril 2011

Les bibliothèques et le rectorat, une histoire d’ego [Regard Critique n°40] (avril 2011)

Sélection d’articles du blog des bibliothécaires:

Pourquoi ce blog? (11 février 2011)

La médiathèques est-elle soluble dans la restructuration? (21 février 2011)

Embarqués sur le Titanic… (3 mars 2011)

Dictionnaire de la restructuration (15 mars 2011)

Décodage de la dernière mise au concours : BDA 80% (29 mars 2011)

Résolution du personnel des bibliothèques de l’université de Genève (5 avril 2011)

La direction de la DIS a menti à toute la communauté universitaire (13 avril 2011)

Pourquoi? (15 avril 2011)

De la solidarité (29 avril 2011)

Le 1er mai des bibliothécaires (5 mai 2011)

Séance de désinformation (6 mai 2011)

Réponse au rectorat (16 mai 2011)

Presse:

Le Courrier (6 janvier 2011)

Le Courrier (22 mars 2011)

Le Courrier (25 mars 2011)

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Annulation du G8 des universités à Dijon mais la marchandisation de l’éducation et de la recherche continue. Le contre-sommet est maintenu!

Dans une dépêche de l’agence AEF du 21 avril, la présidente de l’Université de Bourgogne défendait son choix d’organiser le G8 (rebaptisé « sommet mondial ») des universités à Dijon. Selon elle, il n’y serait nullement question de marchandisation de l’enseignement supérieur car les pays invités ne se limitaient pas aux seuls 8 plus riches, ni même 20 plus riches de la planète. Ces propos font écho à l’attitude du président de l’Université de Franche-Comté, décrite dans un article de l’Est républicain du 19 avril. Celui-ci aurait « pris ses distances avec l’impopulaire G20 politico-économique ».

La présidente de l’UB déclarait également avoir été « tout à fait favorable » à l’organisation d’un contre-sommet car « Cela permet à la communauté universitaire de s’emparer de ces sujets et de leur donner une expression complémentaire, au-delà des seuls présidents et recteurs ».

Ces déclarations vertueuses de la part des deux présidents contrastent singulièrement avec les actions au caractère foncièrement néo-libéral qu’ils ont entreprises au cours des derniers mois : choix de répondre aux appels d’offre du Grand Emprunt de Nicolas Sarkozy, création d’une Fondation de Coopération scientifique, au président payé 100000 euros, sans représentants des personnels et étudiants au Conseil d’Administration mais aux chefs d’entreprises bien présents, lancement de « l’Université fédérale » appelée à redéfinir toute la carte des formations dans un contexte de restrictions budgétaires tous azimuts, etc.

Le 22 avril, nous apprenons que la deuxième partie du Sommet mondial des universités est annulée, ou reportée, sur demande du maire de Dijon. Celui-ci invoque une hypothétique menace des anarchistes autonomes. Le pseudo « sommet mondial des étudiants » de Besançon devrait, quant à lui, se dérouler comme prévu du 28 au 30 avril.

Ces menaces, peut-être fantasmées, ne doivent pas masquer l’essentiel : les politiques impulsées par le G8/G20 sont néfastes et honnies par l’immense majorité de la population mondiale. Nos politiques locaux le savent bien, tout comme nos présidents d’universités. Cette annulation traduit sans doute une gêne face à l’absence de légitimité démocratique de ces grand’ messes.

Les actions prévues à Besançon pour coïncider avec la première partie du sommet sont maintenues. Les débats, conférences, ateliers, tables rondes, projections, concerts prévus à Dijon du 5 au 7 mai sont maintenus. Parce que nous pensons que l’Université doit être un lieu ouvert, formant à l’esprit critique, à la réflexion, nous appelons la présidente de l’UB à honorer ses promesses pour que cette « excellente » initiative puisse se dérouler dans les meilleures conditions.

Enfin, parce que nous pensons que la marchandisation du savoir et de l’enseignement est néfaste, contre-productive et rejetée par l’immense majorité, nous appelons à une grande manifestation samedi 7 mai, départ 14h00 du Campus, 14h30 de la Place Wilson.

23 avril 2011, Collectif d’organisation du contre G8 de l’Éducation et de la Recherche (Alternatifs 21, AMEB, ATTAC21, ATTAC Besançon, CNT21, CUAE, FASE, FSU21, Forum social local21, NPA21, RUSF21, RUSF Franche-Comté, SNASUB-FSU 21, SNESUP 21, Sud éducation Franche-Comté, UEC 21, UGED-FSE, Individu-e-s)

Site : www.contreg8db2011.lautre.net / mail : contreg8-db-2011@riseup.net

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Contre-G8 des universités de Dijon: Annoncez-vous!

Le comité de la CUAE organise un transport collectif en train depuis la Gare de Genève le jeudi 5 mai avec un retour le samedi 7 mai après la manifestation contre le Sommet mondial des universités. Contactez-nous sur cuae@unige.ch pour plus d’informations sur le prix, les horaires et les modalités de déplacement et d’hébergement sur place.

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La politique des langues à l'université de Genève entre rêve de grandeur et sélection sociale [Regard Critique N°40]

Pourquoi un article sur la politique des langues à l’université de Genève, plus grande université généraliste du monde francophone selon son service de propagande ? Parce que de mémoire de membres du comité, la CUAE n’a pas pris de position sur ce sujet. Mais surtout parce qu’on a eu une discussion sur cette question à la rentrée de février, qu’on avait plein de choses à dire et qu’on était pas toutes d’accord. Bon, c’est vrai, il faut l’avouer, l’idée ne nous est pas venue comme ça. Cette problématique a d’abord émergé à l’assemblée de l’université du 10 novembre 2010. Une étudiante a demandé quelle était la politique des langues du rectorat et ce dernier, une fois de plus, dû admettre, dans une langue de bois digne d’un politicien, qu’il ne n’en avait pas. Depuis, un groupe de travail s’est créé sur la question. Il y a même des étudiantes [ref]Les termes au féminin s’entendent bien sûr aussi au masculin.[/ref] qui se plaignent de cours donnés en anglais dans certains bachelors. Du coup, on a pensé que de coucher les choses sur papier nous permettrait de replacer cette discussion dans un contexte plus général.

Pourquoi la question se pose-t-elle maintenant ?

De plus en plus de cours sont donnés en anglais et, depuis peu, également au niveau du bachelor. Pour l’instant, cette tendance semble circonscrite à la faculté des SES, même si tout le monde a pu remarquer la place prise par l’anglais dans les lectures. Mais ça pourrait changer prochainement. En plus de ces cours donnés en anglais, il y a, évidemment, une multitude de lectures en anglais. Plus on avance dans le cursus, plus cette proportion de lectures en anglais augmente. Évidemment, tout cela existe sans que personne n’ait songé à demander leur avis aux étudiantes ou à mettre en place des dispositifs d’aide comme des cours ou des ateliers.

La raison de cette évolution n’est pas à chercher dans le sens de l’Histoire ou une autre connerie de ce genre. L’anglicisation n’est pas une fatalité. Il s’agit d’un dommage collatéral d’une politique pourrie menée par les commissions de nominations des professeures et par les responsables des plans d’études. Maintenant que tous les programmes de Suisse, du monde, pardon, de l’univers sont mis en concurrence dans cette supercherie qu’on appelle « espace » commun de l’enseignement supérieur mais qui a de plus en plus les caractéristiques d’un « marché », les programmes doivent se démarquer les uns des autres et les départements marquer des points pour attirer les fonds. Ces points sont liés aux publications. Ainsi, plus on publie – même si c’est de la merde ou qu’on écrit quelque chose de douteux ou qui sera réfuté rapidement – plus on marque des points. Et comme en SES la plupart des publications sont en anglais, les anglophones ont un avantage certain face aux autres.

Donc, pour reprendre, on engage des professeures qui valent beaucoup de points et comme pour avoir beaucoup de points il faut publier en anglais, on engage des professeurs anglophones. La question de l’enseignement est, ici, bien évidemment, secondaire. D’ailleurs, qui s’en soucie ? Ah oui, les étudiantes. Mais jusqu’à récemment leurs voix ne comptaient pas. Espérons juste que lorsqu’elles siègeront dans les commissions de nominations elles n’auront pas le cerveau trop lavé par les discours sur l’excellence et tutti quanti.

« Genève, un monde en soi [ref]Nom du nouveau label de Genève Tourisme fourni par Saatchi & Saatchi, boîte de communications à qui on doit la campagne électorale de Margaret Thatcher en 1979 et qui occupe les anciens locaux des associations au 83, bd Carl-Vogt.[/ref]» ou ville internationale ?

On entend également que grâce au processus de Bologne la mobilité des étudiantes est augmenté et que pour leur permettre de voyager il faut leur donner des cours en anglais. Comme c’est mignon ! On essaye de nous faire croire que le rectorat se soucie de ses étudiantes alors que tout au long de l’année il leur mène une politique hostile et qu’il n’accède à aucune demandes sans passer d’abord par l’épreuve du rapport de force.

Il faut rappeler que la réforme dite « de Bologne » n’a pas amélioré la mobilité. Au contraire, elle l’a réduite à cause des difficultés qu’ont les étudiantes à faire des échanges sans allonger leurs études d’une année. Rappelons aussi que les étudiantes en mobilité sont dans leur écrasante majorité issues de familles socio-économiquement favorisées et, surtout, que les pauvres ne partent pas en Erasmus. La mobilité s’inscrit comme une nouvelle forme de discrimination sociale et comme l’accentuation d’un système d’études à deux vitesses. Depuis que les gueux ont d’avantage accès à l’université, il a bien fallu trouver un moyen de les distinguer des autres. Et la mobilité est apparue. Les pauvres restent d’où elles viennent parce qu’elles travaillent à côté de leurs études et n’ont pas la possibilité de lâcher leur job ou leur appartement subventionné alors que les autres voyagent plus que Desireless [ref]Chanteuse auteure du tube interplanétaire Voyage, Voyage.[/ref]. Donner des cours en anglais revient donc à favoriser la mobilité de certaines. Les autres qui n’ont pas suivi des cours en été pour passer un certificat complémentaire dans cette langue, peut-être parce qu’elles étaient obligées de vendre leur force de travail, auront d’avantage de difficultés à poursuivre leurs études et devront rester dans ce bled qu’est Genève.

Mais, une nouvelle fois, c’est aussi et surtout une histoire de points. On met sur place des masters dont les cours sont en anglais pour gagner en attractivité. Et oui, on espère attirer d’avantage d’étudiantes étrangères ce qui permet une nouvelle fois de monter dans les classements. L’idée sous-jacente est qu’en élaborant des programmes en anglais plutôt qu’en français, on a accès à un plus gros réservoir potentiel d’étudiantes. Ce n’est pas faux, mais c’est être aveugle face à la réalité :

L’excellence des programmes de l’université de Genève est toute relative et n’est pas distribuée de manière égale. Certains programmes sont assez réputés et les étudiantes qui les suivent viennent du monde entier alors que d’autres sont mal conçu et incohérent. Les étudiantes s’intéressent surtout à cet aspect lorsqu’elles ont la possibilité. Ensuite, elles n’ont pas souvent le choix. Venir étudier à Genève ressemble à un parcours de la combattante pour beaucoup. Même si on parvient à obtenir permis B étudiant, il faut encore trouver un logement et survivre au coût de la vie à Genève.

Pour attirer d’avantage d’étudiantes étrangères, le rectorat serait d’avantage inspiré de construire du logement pour les étudiantes plutôt que de ne rien faire ou que de supprimer les rares bâtiments qu’il leur met à disposition, de se battre contre la hausse des coûts des études voire leur gratuité et d’avoir une posture plus offensive sur la problématique des étudiantes étrangères [ref]Le rectorat dépense des centaines de milliers de francs en communication, des millions pour célébrer ses 450ans, mais ne trouve pas les fonds pour construire des logements. Pire, il s’apprête à vendre les seules parcelles et bâtiments qu’il mettait à disposition des étudiantes via une fondation, la CIGUË.

Au sujet des étudiantes étrangères, le vice-recteur Flückiger se plaint parfois de la politique trop restrictive de la Suisse. Seulement, il ne fait pas grand chose pour changer cela préférant réserver ses prises de positions politiques pour des projets comme l’extension de l’OMC. Enfin, lorsqu’il prend position sur la question des étudiantes étrangères, ses seuls arguments se basent sur la compétitivité de l’économie suisse et les besoins qu’on les entreprises d’exploiter une main-d’œuvre docile.[/ref].

L’anglais, la langue du marché du travail ?

On nous le rabâche suffisamment à longueur d’année : après l’université c’est le marché du travail ! Beurk. Il y a des perspectives plus réjouissantes que de se faire exploiter pendant cinquante ans avant de peut-être toucher une retraite de misère. Mais il ne faut pas se leurrer, même s’il est possible de passer sa vie sans vendre sa force de travail, seule une minorité parvient à développer des modes de vies alternatifs. L’écrasante majorité, elle, se fera exploiter.

On nous explique dès nos premiers pas à l’université qu’on doit s’adapter au marché du travail parce qu’il ne s’adaptera pas à nous. Et l’adaptation passe par l’apprentissage de l’anglais. S’il est probable que l’anglais est une langue de plus en plus pratiquée sur les lieux de travail en Suisse, c’est, une fois de plus, nous prendre pour des connes. On fait miroiter aux étudiantes « qui en veulent », celles qui se consacrent à enrichir leur CV pour mieux « se vendre », des postes à responsabilités qui sont sensés les faire rêver. Mais en réalité, la plupart d’entre nous n’exerceront pas le travail de leur choix [ref]Nous n’entrons pas ici dans un débat sur la question du choix. Évidemment, elle est relative lorsqu’on nous formate à longueur de temps et que même nos goûts sont fonctions de notre position sociale.[/ref] et l’anglais ne sera pas notre langue de travail. C’est donc un mirage qu’on nous fait miroiter pour nous rendre plus docile et nous pousser à nous mettre en concurrence. L’avantage de la docilité des étudiantes pour l’université est évident. Celui de la concurrence entre étudiantes pour les entreprises également.

Enfin, sur la question de l’adéquation au marché du travail, il faut rappeler une fois de plus que l’université n’a pas à nous former aux besoins des entreprises. On est censé y prodiguer un enseignement nous permettant d’acquérir un esprit critique indépendamment des besoins du marché du travail. Rien à voir avec les cours formatés pour les multinationales qui se mettent en place comme dans le master en trading offert par la faculté des SES. Si la Suisse devenait un régime militaire dictatorial, est-ce que l’université formerait les colonels ? Tout pousse à penser que oui.

Des cours d’anglais ? Oui, mais comment ?

Bien sûr, nous ne sommes pas à priori contre l’anglais. Mais la disparition des autres langues dans le champ académique menace la pluralité des approches. En Scandinavie, par exemple, les revues sont exclusivement publiées en anglais. Avec la disparition de certaines langues c’est des écoles de pensée qui disparaissent. A quoi ressemblerait la sociologie sans l’école de Francfort ? Il n’y a qu’à se rappeler le conflit entre Adorno et Lazarsfeld pour comprendre qu’il ne s’agit pas seulement d’une histoire de langue. Nous ne défendons pas la soi-disant beauté de la langue française parce que nous ne sommes pas des adeptes du chauvinisme langagier. Nous ne désirons pas non plus que les étudiantes ne parlent que le français. Idéalement tout le monde devrait être capable de communiquer avec tout le monde. Ça, c’est la vision du monde version Bisounours. La réalité est différente. L’utilisation de l’anglais comme langue unique de communication dans le milieu scientifique amène à de réelles disparités. Comme le suggérait le fondateur de l’espéranto, s’adapter à son interlocutrice en utilisant une langue qui n’est pas la sienne revient aussi à se placer dans une configuration de communication inégalitaire, à (re)produire un rapport de domination.

Une solution possible serait que tout le monde maîtrise bien l’anglais. Pour cela, il faudrait que des cours soient dispensés. « C’est déjà le cas » rétorqueront certaines. L’Ifage [ref]Fondation pour la formation des adultes présente à Genève.[/ref] en propose et ils sont entièrement remboursés par le « chèque formation [ref]Chèques Annuel de Formation (CAF). Les conditions d’octroi sont disponibles sur le site : http://www.geneve.ch/CAF/ [/ref]». Seulement, ce chèque n’est pas disponible pour tout le monde. Seules les contribuables régulières genevoises y ont droit. Les étrangères et les ressortissantes des autres cantons n’y ont pas accès tout comme les « mauvaises citoyennes » soumises à la taxation d’office. En plus, où trouver le temps de prendre des cours d’anglais, même gratuits, quand on étudie à 100% et qu’on travaille à côté à 50% ? Ici aussi, il y a un problème d’inégalité d’accès à la langue que nous avions souligné plus haut.

Une autre solution, plus acceptable, serait d’offrir des cours d’anglais compris dans les plans d’étude. C’est le seul moyen de mettre tout le monde plus ou moins sur un pied d’égalité. Seulement, ces cours prendront nécessairement la place d’autres matières. Est-ce qu’on a vraiment envie de sacrifier certains cours pour apprendre l’anglais ? C’est une question à laquelle il revient entièrement et uniquement aux étudiantes de répondre.

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Les bibliothèques et le rectorat, une histoire d'égo [Regard Critique N°40]

La réforme des bibliothèques est significative de la tendance dans laquelle s’inscrit le rectorat pour administrer l’université et des méthodes qu’il emploie. Pour cette réforme, il n’a pas discuté avec les personnes concernées, s’est comporté comme le pire des employeurs, a fait appel à un consultant externe plutôt que d’utiliser les compétences présentes dans l’institution qu’il dirige. Il ne s’agit pas ici à proprement parler d’une nouveauté. De mémoire d’étudiante le rectorat a toujours eu horreur de la concertation et s’est toujours comporté comme un organe au dessus de tout contrôle, ne devant rendre de comptes à personne surtout pas aux membres de l’université. On avait déjà écrit dans un Regard Critique qu’il était le « patron de l’université » et qu’il se comportait bien comme un patron. Nous ne pouvons certainement pas juger de l’ensemble de l’activité du rectorat mais gardons en mémoire l’ensemble des échanges, consultations et autres manière de prendre le pouls auxquels la CUAE a participé. Et le bilan est triste.

Consultation et communication par Raboud [ref]Chef du service de propagande de l’université de Genève. Voir l’article du bulletin Unige-info n° 19 : « Contre Didier Raboud, propagandiste et mouchard »[/ref] & co.

Un constat s’impose d’emblée. Le rectorat vit dans une réalité parallèle se mure dans son autisme. Il a volontairement négligé la communication avec l’ensemble de la soi-disante communauté universitaire sur le projet de réorganisation des bibliothèques. Comment cela s’explique-t-il alors que le secteur de la communication ressemble de plus en plus à une structure mammouth au sein de l’université ? Comment le rectorat peut-il négliger un tel aspect à l’heure où l’on demande aux chercheuses[ref]Les termes au féminin s’entendent bien sûr aussi au masculin.[/ref] de valoriser les résultats de leur recherche non plus uniquement dans des revues scientifiques mais également dans des journaux de boulevard ?[ref]Le comportement des chercheuses de SES est à cet égard significatif. Le premier prix revient sans conteste à Eric Widmer pour sa présence dans les excellents journaux Le Matin et 20 Minutes grâce à des recherches pertinentes et utiles sur l’espérance de vie d’un couple.[/ref] Il ne faut pas se leurrer. Communication il y a eu. Seulement, plutôt que de discuter et de présenter le projet en amont aux principales concernées, c’est-à-dire les bibliothécaires, le rectorat a préféré le présenter à la cité, c’est-à-dire à la Tribune de Genève. C’est pour ça qu’on a retrouvé plusieurs articles sur les bibliothèques dans cette feuille de chou, au cours de l’année 2010. Une fois encore, Chloé Dethurens a été chargé de rédiger le faire part. Nous avions déjà eu la joie de faire la connaissance de son incompétence en ce qui concerne les affaires universitaires mais aussi de son manque d’esprit critique et de l’absence de toute curiosité intellectuelle de sa part lors du référendum sur la loi sur l’université.

Dont acte. Maintenant, pour connaître les projets à venir, on lira quotidiennement la Tribune de Genève plutôt que de se référer aux séances d’informations qui devraient être tenues mais qui ne le sont pas. Le fait que l’université soit un gros annonceur dans ce torchon n’a évidemment aucune influence sur la partialité des journalistes qui y travaillent. Seuls des esprits torturés – ce que nous ne sommes pas – pourraient penser de telles sottises.

Projet ?

Le rectorat a également tenu un discours ambivalent sur le statut de la réforme. Parfois il s’agissait d’un projet de réforme, parfois la réforme était déjà trop avancée pour qu’on puisse y modifier quoi que ce soit. La palme revient à la vice-rectrice De Ribaupierre. Lors d’une fameuse intervention à l’assemblée de l’université du 15 décembre 2010, elle a expliqué que l’allongement de l’horaire d’ouverture dans certaines bibliothèques à la fin de l’année 2010 était rendu possible par la restructuration, alors que dans la même phrase elle nous expliquait que la réforme n’était pas entrée en vigueur. Quelle femme ! Elle rend possible la distorsion du temps et les voyages spatio-temporels.

Plus sérieusement, cela mérite également une explication. Le rectorat a peur. Il a tellement peur pour son image que son discours change selon ses interlocuteurs. Le rectorat a peur parce que, pour une fois, la réforme est contestée par tous, y compris les professeures, et pas uniquement par les gueux, c’est-à-dire les étudiantes, les assistantes et le personnel administratif et technique. L’opposition réunit également presque toutes les facultés. Par exemple, l’une des premières interventions sur cette question au sein de l’assemblée de l’université a été l’œuvre de Luc Thévenoz, professeur plutôt conservateur de la faculté de Droit qui s’est notamment illustré comme grand défenseur du collège des professeurs.

Quand rectorat rime avec patronat [ref]Ce titre a été modifié suite à des pressions. Rectorat rime avec patronat mais aussi avec… (non, ce n’est pas indélicat, syndicat ou nougat)[/ref]

Un autre aspect frappant dans cette restructuration est le manque d’égard dont a fait preuve le patron de l’université. Les employées de l’université sont censées être traitées comme des employées de l’État. C’était l’une des promesses de Beer et de Vassali lors du référendum contre la nouvelle loi sur l’université. Les syndicats ne les ont pas crus. Et ils ont eu raison ! Il n’a pas fallu longtemps avant que des problèmes apparaissent dans les rapports qu’il entretient avec « son » personnel. Il y avait eu l’épisode des différences dans le traitement des assistantes. Il y aura désormais l’affaire des bibliothécaires. Ces dernières ont été invitées à postuler au poste qu’elles occupent ou à un autre. Dans le même temps on leur promettait qu’aucune ne perdrait son poste. Comment peut-on garantir son poste à quelqu’un et le mettre au concours en même temps ? Une fois de plus, vous n’imaginez pas tout ce que peut faire le rectorat pour vous.

Les bibliothèques à l’ère des indicateurs et du new public management

Un autre aspect marquant est l’utilisation d’outils du new public management, c’est-à-dire l’importation des méthodes de gestions entrepreneuriales et l’utilisation intensive d’indicateurs de performances. Le rectorat a mandaté un expert externe pour faire un audit. Il s’agit donc d’un audit externe. Mais comme on ne sait pas très bien ce que cela signifie au rectorat, on a quand même appelé le rapport « audit interne ». On aurait pu croire qu’un expert en bibliothèque serait mandaté mais ça serait mal connaître le rectorat. Il a préféré un expert en électricité sorti d’EDF. Après tout, un audit reste un audit, non ? Non ! Le rapport est d’une très mauvais qualité et démontre la méconnaissance du monde universitaire et des bibliothèques de « l’expert » mandaté. La mauvaise qualité du rapport est la seule raison qui explique le secret qui l’entourait au début. Aujourd’hui, après pression de la part des membres de l’assemblée de l’université, le rapport est disponible mais il est interdit de prendre de notes. Il ne faudrait quand même pas que ce document soit commenté par des personnes intéressées au fonctionnement des bibliothèques ! Plutôt que de mener un vrai audit interne et de s’appuyer sur l’expertise des gens qui travaillent tous les jours dans les bibliothèques et qui mieux que quiconque connaissent leur travail et leurs outils de travail, le rectorat a engagé un « expert » externe. Plutôt que de prendre le temps d’écouter les principales concernées et d’élaborer un projet qui améliore le fonctionnement des bibliothèques, il a décidé de centraliser par la force.

Ce qu’il faut retenir

On ne sait pas très bien quelle leçon tirer de cette histoire. Y en a-t-il vraiment une à tirer ? On savait déjà que le rectorat se comportait ainsi. On savait déjà que le service de communication ne sert qu’à faire accepter par la cité ce qui ne l’est pas à l’intérieur de l’institution. Non, s’il y a quelque chose à retenir, c’est la furie centralisatrice du rectorat dont les bibliothèques ne sont qu’un exemple symptomatique et que le seul comportement à adopter face à ces « gens respectables » est de garder en tout temps une attitude suspicieuse comme celle qu’a le rectorat face à une bonne suggestion.

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Sommet mondial des universités: Organiser la résistance [Regard Critique N°40] (FR/EN/DE)

Les gens de pouvoir, tout comme les hippies ou les membres de Zofingue, aiment par dessus tout se réunir entre elles [ref]Les termes au féminin s’entendent bien sûr au masculin, sauf pour Zofingue et l’ennemi.[/ref] pour discuter de l’avenir du monde. À cela près que les décisions des premiers influencent le quotidien de milliers d’individus et le plus souvent pour le pire. Les recteurs ne font pas exception à la règle. Les directeurs des principales universités issues des pays du G8 [ref]États-Unis, Canada, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie & Russie.[/ref] se réunissent chaque année depuis 2008 pour planifier la marchandisation des études et des savoirs. Après Vancouver et Turin, où les manifestations étudiantes furent durement réprimées par les forces de l’ordre, les recteurs se réuniront du 5 au 7 mai 2011 à Dijon. Le cercle très fermé du G8 a cette année décidé de « s’ouvrir » en intégrant quelques recteurs issus des pays paternalistiquement nommés « en voie de développement ». À l’instar du Forum économique de Davos qui n’intéresse guère plus que les journalistes, tout laisse à penser que ce « Sommet mondial des universités » ne sera qu’une opération de communication spectaculaire destinée à officialiser des décisions déjà prises auparavant. La récente apparition de ces Sommets sont symptomatiques du fonctionnement toujours plus autoritaire des universités gérées comme des entreprise dont les recteurs sont les patrons.

Mais on oublie parfois que l’université telle qu’elle se présente aujourd’hui n’est pas une fatalité, les mouvements qui continuent de secouer Londres, Rome ou La Haye, loin de se réduire à des luttes « contre l’austérité » nous le montrent [ref]Partis d’une réaction aux coupes budgétaires dans le secteur public et aux hausses des taxes universitaires, ces mouvement protéiformes ont développé un imaginaire de lutte collective outrepassant les frontières de l’université. Voir les liens sur notre site http://www.cuae.ch.[/ref].
Plutôt que d’assister passivement à la situation actuelle, des enseignantes, des membres du personnel et des étudiantes se mobilisent pour organiser un Contre-sommet qui prendra place au même moment à l’université de Dijon. Toutes celles qui n’auront pas voix au chapitre lors du Sommet officiel 4  seront ainsi hébergées dans un campement auto-organisé et pourront prendre part à des conférences ou des tables rondes sur des thèmes tels que la précarité à l’université, la marchandisation des études, les moyens de lutte et de résistance au sein de l’université et les possibilités offertes par l’autoformation. Finalement, ces trois jours de rencontres et de réflexions se termineront par une manifestation unitaire le 7 mai.

Le fait que des étudiantes de toute l’Europe se rassemblent pendant plusieurs jours au même endroit ouvre des perspectives stimulantes dans la critique non seulement des réformes universitaires en cours, mais de l’éducation telle qu’elle se présente aujourd’hui. À l’heure où les recteurs collaborent dans la bonne humeur avec les gouvernements qui triplent le montant des taxes et sabordent les budgets des disciplines non-rentables, invitons-nous aux festivités armés de nos esprits critiques et de nos Book Bloc.

Plus d’informations: http://www.contreg8db2011.lautre.net/

Global University Summit: Organizing Resistance

People in power like hippies or members of Zofingue [tn: bourgeois students’ guild in Geneva], like above all to meet to discuss the future of the world. Except that the first’s decisions mostly for worse affect the lives of thousands of individuals. The rectors are no exception to the rule. The directors of major universities from the G8 countries have met annually since 2008 to plan the commodification of education and knowledge. After Vancouver and Turin, where student demonstrations were harshly repressed by the police, the presidents will meet from 5th to 7th May 2011 in Dijon (France). The restricted G8 circle this year decided to « open up » by including a few presidents from countries paternistically called « developing countries ». Like the World Economic Forum (WEF) in Davos that interests much more than journalists, everything suggests that this « Global university summit » will be a spectacular operation designed to formalize decisions which have already been taken before. The recent emergence of these Summits are symptomatic of the increasingly authoritarian way universities are managed. Universities are businesses and the rectors act as their bosses.

But we sometimes forget that the university as it exists today is not inevitable, as movements that continue to agitate London, Rome and The Hague, far from being reduced to the struggle « against the austerity » proves it to us. From a reaction to cuts in the public sector and increasing university fees, these movements have developed a protean imagination of collective struggle that transcends the limits of the university.

Rather than passively watch the current situation, teachers, staff and students are mobilizing to organize a Counter-summit which will take place at the same time at the university of Dijon. All those who have no voice at the official Summit will also be housed in a self-organized camp and will participate in conferences and roundtables on topics such as precarity, the commodification of education, means of struggle and resistance within the university and possibilities offered by self-study. Finally, these three days of meetings and discussions will end with a demonstration on 7th May.

The fact that students from all over Europe will gather for several days opens up exciting opportunities in the criticism not only of university reforms in progress, but of education as it exists today. At a time when rectors are working in the right mood with governments which triples the amount of taxes and announces public spending cuts for unprofitables courses of study, let’s invite us to the festivities armed with our critical thinking and our Book Block.

Weltgipfel der Universitäten – den Widerstand organisieren

Die Mächtigen, genau wie die Hippies oder die Mitglieder der Zofingia, lieben es über alles, sich zu versammeln, um über die Zukunft der Welt zu diskutieren. Mit dem kleinen Unterschied, dass die Entscheidungen ersterer den Alltag Tausender Individuen beeinflussen und meistens in einem negativen Sinn. Die Rektoren bilden da keine Ausnahme. Die Vorsteher der wichtigsten Universitäten aus den G8-Staaten (1) versammeln sich seit 2008 jedes Jahr, um die Kommerzialisierung des Studiums und des Wissens zu planen. Nach Vancouver und Turin, wo die Studentendemonstrationen von den Ordnungskräften brutal niedergeschlagen wurden, werden sich die Rektoren vom 5. bis zum 7. Mai 2011 in Dijon treffen. Der sehr geschlossene Club des G8 hat dieses Jahr entschieden, „sich zu öffnen“, indem einige Rektoren aus „Entwicklungsländern“ (wie sie paternalistisch genannt werden) einbezogen werden. Wie beim WEF in Davos, das fast nur noch die Journalisten interessiert, deutet auch im Falle des „Weltgipfels der Universitäten“ alles darauf hin, dass es sich nur um eine spektakuläre Kommunikationsoperation handelt, um schon zuvor getroffene Entscheidungen amtlich zu machen. Diese Gipfel als eher neue Erscheinung sind symptomatisch für die zunehmend autoritäre Funktionsweise der Universitäten, die wie Unternehmen gemanagt werden und in welchen die Rektoren die Bosse sind.

Manchmal geht allerdings die Tatsache vergessen, dass die Universität, so wie sie sich heute präsentiert, keine Fatalität ist, die Bewegungen, die weiterhin London, Rom oder Den Haag erschüttern, zeigen es uns (2).

Statt der aktuellen Situation passiv gegenüber zu stehen, organisieren Lehrpersonen, Mitglieder des Personals und Studentinnen (3) einen Gegengipfel, der gleichzeitig an der Universität Dijon stattfinden wird. Alle, die nicht mitreden dürfen am offiziellen Gipfel (4), werden die Möglichkeit haben, in einem selbstorganisierten Camp zu übernachten und an Konferenzen und Runden Tischen zu Themen wie der Prekarität an der Universität, der Kommerzialisierung des Studiums, den Kampf- und Widerstandsmitteln innerhalb der Universität und die Möglichkeiten der Selbstbildung teilzunehmen. Diese drei Tage der Begegnung und des Nachdenkens  werden am 7. Mai mit einer gemeinsamen Demonstration abgeschlossen.

Die Tatsache, dass sich Studentinnen aus ganz Europa während mehreren Tagen an einem Ort versammeln, eröffnet stimulierende Perspektiven, nicht nur bezüglich der Kritik der aktuellen Universitätsreformen, sondern der Bildung wie sie sich heute präsentiert. In einer Zeit, wo die Rektoren gut gelaunt mit den Regierungen kollaborieren, die die Gebühren verdreifachen und die Budgets der nicht rentablen Disziplinen auf ein Minimum reduzieren, lasst uns uns selbst an die Festlichkeiten einladen, bewaffnet mit unserem Sinn für Kritik und unseren Book Blocs.

(1)   USA, Kanada, Japan, Deutschland, Grossbritannien, Frankreich, Italien & Russland.

(2)   Ausgehend von der Reaktion auf die Budgetkürzungen im öffentlichen Sektor und der Erhöhung der Universitätsgebühren hat diese vielförmige Bewegung eine Vorstellung des Kampfes entwickelt, die über die Grenzen der Universität hinausgeht. Siehe die Links auf unserer Homepage https://cuae.ch.

(3)   Die Begriffe in weiblicher Form verstehen sich natürlich auch in männlicher Form, ausser für die Zofingia und den Feind.

(4)   Diesbezüglich muss gesagt werden, dass ein Gipfel, wo sich eine Handvoll Studenten treffen, in Besançon einige Tage vor dem Gipfel der Rektoren stattfinden wird. Man kann nur gezwungen lächeln ob dieser übel riechenden Farce, denn diese verdienstvollen Studentinnen wurden von ihren Universitätsleitungen ausgewählt.