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LA LOI SUR LA LAÏCITÉ, OU COMMENT RENDRE L’ÉDUCATION PLUS INACCESSIBLE

 

La CUAE, syndicat estudiantin, prend position concernant le référendum sur la loi sur la laïcité de l’Etat (LLE), objet des votations du 10 février prochain. Considérant que l’éducation doit être accessible à tou.te.x.s, il nous apparaissait nécessaire d’exposer les conséquences néfastes qu’aurait cette loi, notamment dans le cadre des lieux de formation.

 

Tout commence pendant l’été 2013, où un projet de loi voit le jour à l’initiative de Pierre Maudet alors en poste au Département de la Sécurité et de l’Economie (DES). Ce projet vise à préciser la notion de laïcité, principe fondateur de l’Etat. Il s’agit de légiférer sur la place du religieux dans la société actuelle, de « donner les moyens nécessaires au maintien de la liberté et de la paix religieuses à Genève »[1]. Dès son adoption par le Grand Conseil genevois en avril 2018[2], quatre référendums voient le jour à l’initiative de la « Coordination référendaire contre une loi sur la laïcité contraire aux droits fondamentaux » et sont soumis à la votation ce 10 février.

 

Que prévoit la loi sur la laïcité de l’Etat ?

 

La LLE permet au Conseil d’Etat de « restreindre ou interdire, sur le domaine public, dans les bâtiments publics, y compris les bâtiments scolaires et universitaires, pour une période limitée, le port de signes religieux ostentatoires » et ce, « afin de prévenir des troubles graves à l’ordre public » (art. 7 al.1 LLE).

 

Cet article, amendé en dernière séance sous l’influence des élu.e.s PLR, est ajouté « à des fins préventives » ; les situations dans lesquelles il serait appliqué demeurent floues[3]. Une chose est sûre, le Conseil d’Etat se réserve désormais le droit d’interdire l’accès au domaine public au motif du port de signes religieux. Il y a de quoi s’alerter quand on connaît les tendances islamophobes de certain.e.x.s décideureuses politiques. Quoiqu’il en soit, avec cette loi, la pratique de stigmatisation est rendue légale.

 

Un faux débat qui vient de loin

 

Genève n’est pas la première ville à connaître des débats autour de la laïcité. En France, suite à « l’affaire du foulard », une loi sur la laïcité est adoptée en 2004[4]. Elle prévoit l’interdiction du port du voile islamique en particulier dans les bâtiments scolaires. Les arguments pro-loi portent plus sur un argumentaire égalitariste que sur des enjeux de paix religieuse et de bien vivre ensemble. Le foulard est considéré comme LE symbole de l’inégalité entre femmes et hommes et doit, à ce titre, être interdit[5]. Ce sont des préoccupations dites « en faveur de l’égalité entre hommes et femmes » qui vont justifier l’adoption d’une loi sur la laïcité, démontrant ainsi l’instrumentalisation d’enjeux féministes au service de l’islamophobie, le tout sous couvert de débat sur la laïcité.

 

Dans le cas genevois, ce ne sont pas des considérations pseudo-égalitaristes qui sont derrière cette loi, mais bien une tendance sécuritaire. On peut alors raisonnablement se demander si le vrai but de cette loi ne serait pas de restreindre sur le domaine public « les risques » qui seraient incarnés par des personnes arborant certains signes religieux. Faire l’association entre port de certains signes religieux et risque à l’ordre public c’est sans fondement. Et par ailleurs, même si le foulard islamique en tant que tel n’est cité qu’en exemple, il constitue bien la raison des articles en question de cette loi. En France comme en Suisse, des arguments paternalistes et pseudo-égalitaires ainsi que sécuritaires restreignent la liberté de choix de certaine.x.s[6].

 

Quelles conséquences dans les lieux de formation ?

 

Le coût des études, des loyers, de la nourriture, des assurances-maladies conditionne déjà l’accès à l’éducation et aux formations post-secondaires. On voit mal quel besoin y a-t-il à rajouter une barrière à l’éducation en interdisant l’accès à l’université aux personnes arborant des signes religieux. On serait loin d’une université qui se revendique comme un espace ouvert, de circulation, de partage et de transmissions des savoirs.

Ce n’est pas seulement l’accès aux salles de classes qui est restreint mais également celui à des formations en emploi et à des formations professionnalisantes prévoyant des stages obligatoires (par exemple dans des institutions publiques comme des hôpitaux). C’est donc l’ensemble de nos formations qui est ainsi touché.

 

En bref, cette loi restreint l’accès à des services publics à un certain groupe de personnes : c’est ce que l’on appelle de la discrimination.

 

La votation du 10 février rappelle la nécessité de s’informer sur ces sujets auprès des personnes concernées, de soutenir les initiatives et les moyens de luttes comme ce référendum afin de mieux combattre les projets discriminatoires à l’image de cette loi et de condamner les déclarations et attitudes « décomplexées » qui, au nom de la liberté d’expression, ne font que faire perdurer la société islamophobe.

 

Nous témoignons notre soutien à toutes les personnes et collectifs qui se mobilisent contre cette loi et contre les politiques islamophobes et discriminatoires et continuerons à revendiquer une éducation accessible à tou.te.x.s !

 

 

Pour aller plus loin 

 

Zahra Ali, Féminismes islamiques, La Fabrique, 2012.

Mon cher hijab, https://lmsi.net/Mon-cher-Hijab

Lalaab, http://www.lallab.org/

Faites des Vagues

Un racisme à peine voilé

et bien d’autres….

 

Glossaire

 

Le trouble à l’ordre public 

La notion de « troubles (graves) à l’ordre public » renvoie à une situation dans laquelle l’Etat considère que la sécurité intérieure est ou peut être menacée. C’est une notion floue et imprévisible pour les personnes ne connaissant pas en détails la pratique juridique en la matière. Dans le cadre de la loi sur la laïcité, on imagine qu’à l’annonce de rassemblements ou d’évènements politiques ou culturels sur le domaine public (la rue, l’université, etc.), liés à des questions religieuses, le Conseil d’Etat pourrait décider d’interdire le port de signes religieux.

 

Le principe de laïcité

Le principe de laïcité consacre la neutralité religieuse de l’Etat. Autrement dit, l’Etat doit être indépendant des communautés religieuses et ne pas en favoriser certaines par rapport à d’autre. Les autorités étatiques et religieuses doivent être séparées.

 

 

[1] https://www.ge.ch/document/grand-conseil-adopte-loi-laicite-etat

[2] https://www.ge.ch/legislation/modrec/f/11764.html

[3] La notion de « signes religieux ostentatoires » n’est par exemple pas définie. Dans la presse, certain.e.x.s député.e.x.s (source) expliquent qu’il s’agirait des signes extérieurs « les plus visibles ». L’exemple qui ressort le plus souvent c’est le foulard islamique. De plus, la notion de signe religieux peut s’entendre d’une manière objective (l’objet ou le vêtement en lui-même constitue un signe religieux) mais aussi d’une manière subjective (l’objet fait référence, fait penser à un signe religieux ou peut être assimilé à une communauté religieuse). Tout dépend donc de l’interprétation qu’en auront les décideureuses politiques.

[4] http://www.lallab.org/4-raisons-pour-lesquelles-la-loi-de-2004-est-antifeministe/

[5] Christine Delphy, « Antisexisme ou antiracisme ? Un faux dilemme », in « Sexisme et racisme : le cas français », Nouvelles Questions Féministes, vol 25, n°1, 2006, pp.59-83.

[6] http://www.lallab.org/4-raisons-pour-lesquelles-la-loi-de-2004-est-antifeministe/

Comme Kharach le dit: « […] chacune devrait pouvoir choisir la manière dont elle s’habille et dont elle souhaite se présenter à autrui. Que ce soit un pantalon, une jupe, des cheveux bleus, ou un foulard, porter les vêtements de nos choix, c’est exercer sa liberté, s’affirmer et mettre en avant sa personnalité ; ce qu’on est. Retirer ce droit aux individus, c’est nier leur identité profonde et aller à l’encontre d’un fondement du combat féministe.»

 

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Activités Politique universitaire

Assemblée Générale – 17 OCTOBRE 2018

La Conférence Universitaire des Associations d’Etudiant-e-s (CUAE) a le plaisir de vous convier à son Assemblée Générale du semestre d’automne qui aura lieu le:

17 octobre 2018 à 18h15 à Uni-Mail en MR060.

La CUAE représente tou-te-s les étudiant-e-s de l’UNIGE. Elle est également la faîtière des associations étudiantes de l’UNIGE. Afin d’avoir un panorama de nos activités, tu peux consulter notre site internet.

Lors de l’assemblée générale, des questions de politique étudiante et également l’actualité de l’UNIGE seront abordées. Tu trouveras attaché à cet envoi un “canevas explicatif” des différents points qui seront discutés ainsi que la motion qui sera votée lors de notre assemblée.

Cette assemblée générale est aussi l’occasion de se rencontrer entre étudiant-e-s et de partager nos expériences, de prendre position sur des questions d’actualité universitaire.

L’assemblée sera suivie d’un apéritif afin de nous rencontrer dans un cadre convivial.

L’ordre du jour est le suivant:

  1. Approbation du PV du 21 mars 2018
  2. Communications
  3. Rapports d’activités
  4. Présentation et validation des comptabilités
  5. Collectif Datcha
    – Validation de la compta
    – Élection du collectif
  6. Élection du comité
  7. Élection des vérificatrices aux comptes
  8. Loi sur la laïcité : motion sur l’accessibilité des études
  9. Espaces
  10. Genre
  11. Adhésion de nouvelles associations étudiantes
  12. Divers

 

 

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Activités Actualités Politique universitaire

Soutien aux étudiantEs en lutte contre la sélection à l’entrée dans les universités françaises

Le paysage universitaire français fait beaucoup parler de lui ces derniers temps. De Bordeaux à Dijon, de Montpellier à Paris, les étudiant.e.x.s s’organisent. Jusqu’alors les critiques du système de formation supérieure classiste, raciste et sexiste ainsi que la volonté d’étudier autrement ont perduré. Toutefois, c’est aujourd’hui – par le biais des différentes mobilisations collectives- que reviennent à l’ordre du jour ces réflexions et ces luttes, tout en visibilisant la nécessité de ces dernières.

Ces mobilisations, pour lutter contre la réforme de l’université visant à parfaire le système le système de sélection pour l’accès à la formation supérieure, sont multiples. A la fois locales et globales, elles tendent à mettre au centre des réflexions les logiques néolibérales qui régissent, en France et partout ailleurs, l’éducation et la formation supérieure. Ces mobilisations cherchent aussi à croire et à construire d’autres formes d’apprentissage, de partage et de transmission des savoirs. Tout cela en s’organisant collectivement, par le biais d’actions directes, de concertations participatives et d’une convergence des luttes (avec la ZAD de Notre-Dame des Landes, avec les cheminot.e.s en grève, avec le personnel de la santé en lute,…). Et ce, dans le but non seulement de refuser les logiques actuelles mais aussi dans la volonté de prouver la force de groupes qui s’organisent.

Que dire alors des violences institutionnelles et policières, seule réponse étatique face à la critique d’un système éducatif vecteur de reproduction sociale et de discriminations structurelles ? Que penser de la complicité des structures internes aux différentes universités face à ces actes de violence intolérables ?

Cela démontre à quel point le système néolibéral a besoin de la répression pour asseoir ses objectifs destinés aux castes dominantes et non pas à tout un.e.x chacun.e.x. Cette escalade repressive témoigne de la volonté de supprimer toute contestation sociale quant à l’ordre établi.

C’est par l’occupation des bâtiments des différentes universités que certains de ces groupes cherchent à visibiliser, faire entendre leurs voix et asseoir leurs luttes.

Depuis la Suisse, nous, étudiant.e.x.s de l’université de Genève, appelons à la solidarité avec nos camarades en lutte, en France et partout ailleurs. Parce que, nous nous battons également contre des logiques d’austérité qui tendent à transformer les lieux de formation en entreprise et le savoir en marchandise. Et ce, notamment au travers de la coordination nationale AKEDUC et de la manifestation nationale du 24 mars à Berne contre les hausses des taxes généralisées dans les lieux de formation en Suisse.

Parce que nous ne sommes pas les “entrepreneuses de nous même profitant au système économique et social élitiste” ni “le capital humain” essentiel à l’enrichissement des dominants.

Parce que nous luttons contre l’élitisation des études, que ce soit sous la forme de hausses des taxes ou d’une réforme de la sélection universitaire.

Parce que nous croyons que les lieux de savoirs doivent être des lieux ouverts, débarrassés de toute forme d’oppression.

Parce que nous voulons que l’université soit un lieu de partage, de transmission de connaissances, un espace d’échange et inclusif, fait par et pour les étudiant.e.x.s.

Depuis Genève, nous affirmons par ce texte notre soutien à toutes les universités bloquées ces dernières semaines et condamnons les actes de violence inouïs commis par l’Etat français et sa police. Nous affirmons également notre soutien particulier à toutes les personnes blessé.e.x.s dans leur intégrité des suites des interventions policières survenues ces derniers jours partout en France afin d’enrayer la mobilisation sociales.

Si seule la lutte paye alors luttons ensemble pour des lieux de formation qui nous ressemblent !

Le Comité de la CUAE

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Activités Féminisme Politique universitaire

Notre éducation sera féministe, antiraciste, anticlassiste ou ne sera pas

Une semaine d’action pour l’éducation est lancée du 19 au 23 mars en prévision de la manifestation nationale ce samedi 24 mars à Berne pour une éducation accessible à tou.te.x.s. La journée nationale contre le harcèlement sexiste et sexuel dans les lieux de formation, elle, est prévue le 23 mars.

Ces journées visibilisent des luttes indissociables et notamment celles relatives à l’accès inclusif à la formation.

La semaine d’action pour l’éducation, nommée « Révolte pour l’éducation » est un mouvement national qui a été créé par une coalition d’organisations syndicales et étudiantes suisses, face aux incessantes hausses des taxes annoncées tour à tour dans les hautes écoles, universités et EPF en Suisse. Cette semaine vise à thématiser largement la question de l’accessibilité aux études et à préparer les étudiant.e.x.s à une grande manifestation nationale à Berne ce samedi 24 mars.

La journée nationale contre le harcèlement sexiste et sexuel dans les lieux de formation, créée l’année dernière, dans le cadre de la campagne nationale menée par différentes organisations étudiantes en Suisse, tombe par hasard dans cette semaine de mobilisation mais y a tout à fait sa place. En effet, le harcèlement sexuel et les oppressions sexistes plus largement, sont de véritables freins aux études pour les personnes touchées.

Le sexisme, le racisme et les rapports de classe ne s’arrêtent certainement pas aux portes de nos institutions académiques. Bien au contraire, l’organisation hiérarchique de celles-ci maintient, si ce n’est ne renforce, ces rapports dans l’espace déjà cloisonné qu’est l’éducation supérieure.

En effet, l’accès à l’Université n’est déjà pas donné à tout le monde. Le système sociétal actuel privilégie les privilégiés, ceux qui engraissent le système mis en place et dominent le monde. Le système éducatif, dès l’école primaire, est fabriqué pour les personnes qui « s’en sortiront » à priori plutôt bien. Les stéréotypes et les dynamiques racistes, sexistes et classistes de notre société n’encouragent nullement toute.x individue.x à poursuivre ses études et à accéder aux plus « hautes sphères »1 académiques. Comme des statistiques le montrent très factuellement, les personnes issues de quartiers populaires sont bien moins nombreuses sur les bancs de l’Université (et même du collège) que les enfants d’universitaires. La reproduction sociale sévit et prouve qu’il est dur de sortir de sa « condition » sociale.

L’Université et les EPF principalement sont donc déjà des sphères dites « privilégiées ». Cela ne veut pas dire qu’aucune personne issue de quartiers populaires, non-blanche ou structurellement discriminée en raison de son genre n’obtient pas de diplôme ou de poste de doctorat. Loin de là ! Il est cependant important de souligner que ce parcours n’est pas le même en fonction d’où l’on se situe dans l’échelle des classes et des catégories sociales, l’égalité des chances n’est donc pas au rendez-vous : un parcours de lae combattant.e.x pour certaine.x.s, une voie déjà (presque) toute tracée pour les autres.

Le harcèlement sexuel et le sexisme ont des répercussions de ce type dans la hiérarchie de l’Université. Plus l’on avance dans la hiérarchie académique et ses postes, plus les hommes blancs cis-genres2 sont nombreux dans ces sphères, alors que les bancs d’écoles des premières années sont plus peuplés de personnes considérées femmes3. Si ces oppressions ne sont pas la seule raison de la moindre égalité des genres dans les sphères dites « élevées » des institutions académiques, ils en sont certainement une des causes. Il est simple de le constater, dans beaucoup de cas, les personnes harcelées sont celles qui s’en vont ou même celles qui sont déplacées, voire virées dans les pires situations, alors que le harceleur n’est que très peu inquiété et souvent reste à son poste sans encombre majeure. Il ne s’agit là que d’un exemple parmi bien d’autres obstacles à la poursuite d’un parcours universitaire pour les personnes structurellement discriminées.

En bref, les obstacles aux études sont multiples. Les discriminations liées au genre, à la racisation et à la « classe » s’imbriquent et mènent conjointement à l’élitisation des études de manière flagrante. Le harcèlement sexuel et sexiste doit être combattu autant que le racisme institutionnel, que l’incessante augmentation des taxes et des frais d’études. L’Université n’est pas un espace neutre de savoir et de réflexions. C’est une structure institutionnelle construite en fonction d’un système que nous ne cesserons de qualifier de raciste, sexiste et classiste, et ce, tant qu’il le faudra !

L’éducation et le choix réel des études est un droit et doit être effectivement appliqué.

Stop à l’élitisation des études, stop au sexisme, au racisme et aux hiérarchies !

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Activités Politique universitaire

Hausses des taxes et marchandisation de l’éducation : quels discours pour faire accepter l’inacceptable ?

Suite à l’instauration de frais d’inscription à l’Unige, l’automne 2016 avait été agité en terme de contestation étudiante à Genève. En automne 2017, l’agitation s’est emparée d’autres universités de Suisse où les étudiantes* se mobilisent contre l’augmentation des taxes universitaires. Tour à tour, les étudiantes de Bâle, Zürich, Lausanne et Fribourg sont montées au créneau afin de défendre une éducation publique et accessible à toutes. Si à Bâle, une hausse des taxes d’études est en phase de consultation, des hausses allant jusqu’à 500 francs par an ont été décidées et rentreront prochainement en application dans d’autres universités suisses. La mobilisation a probablement été la plus intense à Fribourg où les étudiantes ont très vite compris que cette hausse revêtait des objectifs idéologiques clairs de privatisation de l’Université et de désengagement de l’État du domaine de la formation. La conception de l’éducation sous-jacente à la rhétorique accompagnant ces récentes augmentation des taxes est pour plusieurs raisons inquiétante et mérite que l’on s’y intéresse.

Comment ne pas voir un lien entre la teneur de ces discours et le paradigme de l’université-entreprise, modèle théorique développé à la fin des années 90 et postulant dans le cadre de l’université, une gestion similaire à la gestion entrepreneuriale. Cette « nouvelle » gestion vise, notamment, l’abaissement des coûts de l’éducation et le désengagement progressif de l’État de sa responsabilité en matière de formation.

À Fribourg, des éléments se rattachant à ce paradigme de l’université-entreprise ont pu transparaitre dans les discours du rectorat afin de faire accepter cette hausse. Pour le rectorat, il est normal que les étudiantes participent au financement de leur université car la croissance de celle-ci, notamment le développement de ses infrastructures, leur profitera également (RTS, 18.10.17). Les défenseurs de l’université-entreprise et de la privatisation en découlant assument pleinement que l’augmentation des taxes universitaires est une source de financement alternative au désengagement de l’État. De plus, la décision de faire porter la responsabilité du financement de l’université de Fribourg à ses étudiantes ne rentre pas dans le cadre d’une cure d’austérité puisque en 2016, le canton réalisait un bénéfice de 100 millions. Dans le discours du rectorat fribourgeois, le caractère essentiel de l’éducation comme vecteur d’émancipation sociale est nié, de même que le report du financement de l’éducation sur les épaules étudiantes est assumé.

En outre, affirmer que les étudiantes doivent financer elles-mêmes leur université revient aussi à assumer le caractère marchand du savoir qui y est enseigné. L’éducation n’est pas un bien à caractère public mais il convient de la marchandiser d’avantage. Cette conception du savoir rappelle celle du professeur de l’Unige Denis Duboule, qui affirmait au micro de l’émission Forum en janvier 2016 à propos des coûts de l’enseignement supérieur : « Ils ne sont pas suffisamment élevés pour que les étudiantes se rendent compte de la qualité des enseignements et à quel point l’acquisition de connaissances est quelque chose de précieux ».

Alors que le coût réel des études (taxes d’études, logement, nourriture, assurances, etc.) en Suisse (près de 30’000 CHF par an et par étudiante) est déjà parmi les plus élevés au monde (RTS, 21.01.16), que la reproduction sociale n’est nulle part aussi forte qu’à l’Université (60% des étudiantes des universités suisses ont aussi un parent universitaire (OFS, 2013)), que 75% des étudiantes travaillent déjà en marge de leurs études (OFS, 2013), augmenter les taxes d’études semble être une priorité à l’agenda des tenants de l’université-entreprise. En effet, le caractère simultané de ces hausses des taxes (4 universités ou hautes écoles ont annoncé vouloir augmenter leurs taxes d’études à l’automne 2016) est révélateur de cette volonté d’évoluer toujours plus vers le paradigme de l’université-entreprise, et avec pour conséquence d’évoluer toujours moins vers une université accessible au plus grand nombre.

Dans cette perspective la tentative, à l’automne 2016, du rectorat de l’Unige d’instaurer une taxe d’inscription aux nouvelles étudiantes peut être considérée comme une conséquence de la mise en application du paradigme de l’université-entreprise. En effet, un service garanti par l’Unige jusqu’alors (l’inscription à l’Université) devenait payant et c’était aux étudiantes d’en assumer les frais.

Si la dernière hausse des taxes d’études universitaires date de 1994 à Genève, une tentative de faire porter la responsabilité du financement de leur université à ses étudiantes et d’augmenter indirectement le coût des études a essuyé un échec en 2016 suite à une forte mobilisation étudiante coordonnée par la CUAE. Au regard du caractère simultané de ces hausses et de la vision de l’éducation sous-jacente à celles-ci, il semble plus important que jamais de se solidariser des étudiantEs actuellement en lutte contre des hausses des taxes d’études. Personne ne défendra les conditions d’études des étudiantes, si ce n’est elles-mêmes. Pour une éducation de qualité, accessible à toutes & à l’abri des logiques marchandes, rendons-nous à Berne le 24 mars**.

* Les termes au féminin s’entendent au masculin et incluent toutes les identités de genre

** La CUAE organise un déplacement collectif en car à petit prix & ouvert à toutes le 24 mars (départ 10h de Genève, retour prévu aux alentours de 19). Il suffit d’envoyer un e-mail à cuae@unige.ch d’ici au 21 mars à minuit avec nom(s) & prénom(s). Des informations pratiques (heures précises, lieu de rendez-vous, etc.) vous seront communiquées.

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Activités Fonctionnement Politique universitaire

Assemblée Générale de la CUAE

Chère étudiante, cher étudiant,

La Conférence Universitaire des Associations d’EtudiantEs (CUAE) a le plaisir de te convier à l’Assemblée Générale du semestre de printemps 2018 qui aura lieu le :

 

MERCREDI 21 MARS 2018
18H15 à Uni-Mail en MR060

 

L’ordre du jour proposé est le suivant :

  1. Approbation du PV du 18 octobre 2017
    Ce point consiste à approuver le procès-verbal de l’Assemblée Générale du semestre d’automne.
  2. Communications
    Point dédié principalement aux communications du comité de la CUAE, ce point d’informer l’assemblée sur les activités menées depuis sa dernière AG.
  3. Adhésion de nouvelles associations
    Les associations souhaitant rejoindre la CUAE ont l’occasion de le faire durant notre assemblée générale
  4. Action Education
    Suite à plusieurs augmentations des taxes universitaires survenues en Suisse, une coalition d’organisations étudiantes se réunit depuis le mois de décembre afin de se mobiliser sur la question de l’accès à l’éducation et de sensibiliser sur l’impact des politiques d’austérité. Une manifestation est prévue le 24 mars à Berne.
  5. Droit à la Ville & Espaces
    Une coalition se mobilise depuis près d’une année pour le droit à la ville et d’avantage de logements. Les étudiantEs étant particulièrement concernéEs par ces questions et la CUAE ayant toujours défendu un meilleur accès au logement, la tenue de ce point permettra de faire un topo sur cette mobilisation et d’aborder la question des espaces à l’UNIGE également.
  6. Genre
    La CUAE travaille activement sur les questions de genre. Depuis plus d’une année et en collaboration avec plusieurs organisations étudiantes en Suisse, la CUAE participe à une campagne pour l’extension dans les lieux de formations de la loi sur l’égalité afin que celle-ci protège aussi les étudiantEs. Ce point sera l’occasion de discuter de la campagne en cours mais également d’aborder des perspectives futures.
  7. Divers

 

L’Assemblée se clôturera par un apéritif festif ! Nous nous réjouissons de t’y rencontrer !

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Politique universitaire

Assemblée des DéléguéEs

Le comité de la CUAE a le plaisir de vous inviter à participer à la prochaine Assemblée des DéléguéEs qui aura lieu le :

MERCREDI 14 MARS 2018 – 18H15
en salle B107 (Uni Bastions, 1er étage)

 

L’ordre du jour est le suivant :

  1. Approbation du PV du 29.11.2017
  2. Communications
    – du comité
    – des associations
  3. Associatif
    – retour sur la BAL
    – journée des associations
  4. Genre
  5. Hausse des taxes
  6. Droit à la Ville
  7. Règlement CGTF
  8. Commission de Nomination
  9. Divers

 

Merci de bien vouloir transmettre cette information à vos déléguéEs. Les associations peuvent être représentées par deux déléguéEs.

Nous vous prions d’annoncer votre présence via email ou téléphone au secrétariat de la CUAE.

L’assemblée sera close par un apéro convivial, on se réjouit de vous y voir !

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Activités Politique universitaire

Gigantesque manifestation pour le Droit à la Ville et des logements accessibles

 

« 1200- pour un logement » reste insultant ! 
Le 7 octobre dernier nous étions près de 3000 personnes à nous réapproprier l’espace public, le temps d’un après-midi jusqu’à tard dans la nuit. Nous avons réussi lors de cet instant, à faire entendre nos voix de manière festive et déterminée pour dénoncer la politique immobilière genevoise et la marchandisation de l’espace public qui régit nos villes, afin d’exiger des logements accessibles et des espaces qui nous ressemblent.
Aujourd’hui, la situation générale du logement et de l’accès à l’espace public face à la Genève financière n’est pas plus favorable aux habitantEs. À l’heure où le centre ville est occupé par des terrasses où l’on sert des cafés à 4,90.-, des bureaux à vitres teintées ainsi que des deux-pièces à 2900.- par mois, les populations les plus précaires sont reléguées en périphérie de la ville. Cette (dé)possession de l’espace urbain par les catégories sociales les plus aisées n’est ni l’effet du hasard ni de conjonctures locales, mais de stratégies de ghettoïsation, de discrimination et de contrôle policier afin de préserver leur « ghetto de riches ». Seule la force sociale, c’est-à-dire : nous étudiantEs, nous habitantEs, nous oppriméEs, peut prendre en charge la réalisation d’une société urbaine non-marchande, non-spéculative, et insoumise aux politiques de planification urbaine discriminantes.
Nous refusons de nous soumettre à leurs stratégies de ségrégation, de racialisation et de ghettoïsation de l’espace, c’est pourquoi nous appelons à une 3ème mobilisation pour un Droit à la Ville qui aura lieu le 17.03.2018.
L’idéologie urbaine cherche à effacer les personnes dites « indésirables », celles qui « polluent » – ne serait-ce que visuellement – l’environnement urbain, qui sont soumises à une exclusion forcée et volontaire du centre ville au profit des personnes dites de « mérite », celles qui détiennent les moyens financiers et contribuent à la spéculation immobilière. 
S’étant toujours positionnée en faveur de logements et d’espaces publics accessibles à toutes et à tous, la CUAE réitère aujourd’hui son appel à une réappropriation de nos espaces vécus et habités, par et pour les habitantEs. Nous voulons un retour à des activités collectives spontanées et non-marchandes ainsi que des espaces pluriels d’expression et de création autonomes. Nous revendiquons également la cessation des activités de l’Etat par ses planifications urbaines insensées, des entrepreneurs bien lotis dans leurs bureaux en centre-ville et des grands projets immobiliers qui bétonnent nos villes et nos vies. Loger les habitantEs ne peut plus rester secondaire dans les politiques urbaines !
Aujourd’hui, les personnes les plus précaires et celles en formation sont encore trop souvent victimes d’inégalités, voire du manque d’accès à un logement décent. Nous dénonçons la politique immobilière genevoise pour soutenir : l’augmentation de subventions pour le logement étudiant, la pérennisation et l’augmentation de logements décents ainsi que la protection du droit de bail pour les habitantEs de logements étudiants et pour les personnes en situation de précarité.
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Activités Actualités Politique universitaire

Assemblée Générale mercredi 18 octobre

18h15, salle MR060 (UniMail)

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Ordre du jour:

  1. Approbation du Pv
  2. Communications
  3. Présentations des rapports d’activité
    1. Du comité
    2. Du secrétariat
  4. Comptabilités
  5. Présentation du Collectif Datcha et validation de la comptabilité du collectif
  6. Élections:
    1. Du Comité de la CUAE
    2. Des vérificatrices aux comptes
  7. Adhésion des nouvelles associations
  8. Espaces et Logement
  9. Austérité
  10. Genre
  11. Solidarité internationale
  12. Campagne contre l’élitisation des études
  13. Divers

Toute étudiante est la bienvenue, l’assemblée sera suivie d’un apéritif.

Nous nous réjouissons de te rencontrer!

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Activités Politique universitaire

"Antisionisme et antisémitisme: quelle différence?", conférence de Michèle Sibony le 4 octobre à Uni-Mail

La CUAE suit régulièrement le conflit israélo-palestinien et ce depuis des années. Récemment sous l’impulsion de l’IHRA (Alliance internationale pour le Souvenir de l’Holocauste) une nouvelle définition de l’antisémitisme est en train d’être introduite. Selon cette dernière, toute critique de l’Etat d’Israël serait considérée comme antisémite et donc punissable. Les gouvernements de Grande-Bretagne, du Canada et des Etats-Unis en tête ont adopté cette « nouvelle » définition , de même que 15 autres gouvernements dans le monde.

Michèle Sibony est une intellectuelle et une activiste de longue date contre toute forme de racisme. Membre de L’Union juive française pour la paix, membre de l’Alternative Information Center à Jérusalem, Michèle Sibony est une conférencière reconnue sur le sujet de l’antisémitisme et de l’antisionisme et s’est exprimée à de nombreuses reprises contre l’islamophobie en France.

Afin d’apporter un éclairage sur le processus de modification de la définition de l’antisémitisme en cours, le comité de la CUAE a donc invité Michèle Sibony et vous convie à sa conférence le 4 octobre à 18h15 à Uni Mail (salle MR060).

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