Communiqué de presse Covid-19

Communiqué et revendications de la CUAE

En ces temps de pandémie internationale, de nombreuses habitudes sont chamboulées et beaucoup de questions restent en suspens. Le coronavirus oblige les institutions publiques à mettre en place des mesures pour garantir la santé publique.

Les pouvoirs politiques appellent à unir nos forces et à la responsabilisation individuelle de nos comportements pendant que les directives arrivent au compte-gouttes.

Si nous comprenons que l’exceptionnalité de la situation prenne tout le monde de court, nous, étudiant.e.x.s de l’enseignement secondaire et supérieur, n’oublions pas que de nombreux intérêts sont en jeu, et que les nôtres ne sauront être défendus que par nous même aussi bien en terme de cursus de formation que de travail étudiant.

Effectivement, ces mesures de protections ne se limitent pas dans leurs effets sur nos formations mais également sur la plupart de nos emplois alimentaires. Ainsi nous demandons des mesures de compensations sur ces deux plans.

La plupart d’entre nous étant jeunes et peu « à risques » nous sommes prêt.e.x.s à nous organiser pour prendre soin de nos benjamin.e.x.s, venir en renfort des institutions qui se retrouveraient surchargées ou toute autre tâche qui pourrait aider à lutter contre le virus.

La fermeture des instituts de formation soulève des questions auxquelles nous demandons des réponses puisque nous ne sommes pas associé.e.x.s aux discussions et décisions.

  • À l’université les cours sont d’ores et déjà annulés et remplacés par des cours en ligne. Nous souhaitons que cette mesure s’accompagne d’un encadrement élargi de la part des professeur.e.x.s que ce soit par Skype ou par des « foires aux questions » et que le programme soit allégé. Effectivement, plusieurs études montrent que les personnes précaires scolairement sont défavorisées par les enseignements en ligne[1]. Ainsi, il semble clair que le semestre ne pourra pas s’effectuer dans des conditions « normales » pour les étudiant.e.x.s et que des compensations en terme de nombre de tentatives, de barème et de charge de travail soient mises en œuvre pour les examens.
  • De plus, si cette situation venait à se prolonger nous souhaitons que les examens de fin d’années soient maintenus afin de ne pas péjorer des inscriptions dans d’autres institutions ou allonger le temps des études. Cependant, nous souhaitons que le barème et la difficulté soient abaissés ou que le nombre de tentatives soit augmenté prenant ainsi en compte les difficultés de nos formations dues aux mesures contre le coronavirus.

Une récente étude de l’observatoire de la vie étudiante faisant état d’un accroissement inquiétant du stress chez les étudiant.e.x.s de l’université, il est donc primordial que la crise actuelle ne se transforme pas en angoisse supplémentaire quant à la leur possibilité de réussite académique.

  • Ainsi nous préconisons également d’entamer des discussions autour de la possibilité d’admission conditionnelle dans les suites de cursus des personnes en formation. En effet, certaines personnes pourraient ne pas valider tous les acquis nécessaires (stages, examens de maturité, etc…) pour entrer dans leur formation suivante. Nous souhaitons voir quels arrangements pourraient être possibles pour qu’elles y entrent tout de même, en validant les derniers acquis d’une autre manière ou plus tardivement.
  • La question des stages et d’un éventuel report de ceux-ci est également un enjeu important. Nous demandons qu’une solution soit trouvée pour que le report de ceux-ci n’impacte pas les étudiant.e.x.s qui ont du planifier leurs stages et la suite de leur cursus de formation par la délivrance d’équivalences ou par la négociation d’inscriptions sous conditions dans les institutions dans lesquels les personnes ont prévu de poursuivre leurs trajectoires.

Les effets, dus à la nécessaire gestion du coronavirus, ont des conséquences économiques qui impactent directement les personnes en formations. Devant la crise et l’exceptionnalité du Covid-19, nous demandons aux institutions publiques de mettre en place une série de mesures économiques en soutien aux étudiant.e.x.s précaires.

Les étudiant.e.x.s qui travaillent à côté de leurs études ont, dans la grande majorité des cas, des contrats précaires, le plus souvent à l’appel et payés à l’heure. Ces emplois sont également ceux qui semblent le plus subir les mesures de cloisonnement dues au coronavirus.

Ainsi nous craignons  une augmentation de la précarité étudiante ces prochains temps, d’autant plus que les offres d’emploi et d’embauche se raréfient drastiquement dans le contexte actuel.

– Ainsi nous enjoignons les autorités compétentes à débloquer des fonds spéciaux pour parer à ces pertes des revenus.

– Dans le cas de l’Universtié et des HES-SO de Genève, nous demandons une augmentation exceptionnelle du fond du Pôle Santé Social attribué aux demandes d’aide ponctuelles afin de fournir un revenu de replacement aux étudiant.e.x.s dont le revenu est supprimé en raison de l’épidémie.

– Nous demandons également d’informer largement les étudiant.e.x.s de ces mesures et d’engager quelqun.e.x afin de faire face à l’augmentation des demandes afin d’éviter une surcharge pour les conseil.lère.s sociales.[2]

– De plus, nous proposons d’employer des étudiant.e.x.s dans les services qui verraient une charge de travail augmentée : informatique, aide ponctuelle, et surtout pour le soutien au corps intermédiaire (assistant.e.x.s, chargé.e.x.s de cours, maitre de recherche, etc…). Ce dernier point nous tient particulièrement à cœur car nous soutenons le corps intermédiaires dans leurs demandes de meilleures conditions de travail discutées depuis longtemps à l’Assemblée de l’Université.

– Finalement il nous paraît judicieux de de communiquer sur les possibilités qu’offre le centre carrière pour que les étudiant.e.x.s puissent offrir leurs services, en tant que baby-sitter ou aide à domicile, à la population. Nous pensons qu’il serait également judicieux que les personnes proposant des offres de travail, notamment de garde d’enfants, puissent s’inscrire gratuitement sur le site si elles proposent un salaire minimum de 23.-/h.

Mais les pouvoirs publics ne sont pas les seuls à avoir le devoir de protéger les travailleur.euse.x.s et il est important que les employeur.euse.x.s privé.e.x.s assument leur part de protections salariale.

– Nous demandons donc des ressources juridiques (permanences, foires aux questions, avis de droits) pour que les étudiant.e.x.s aient une information complète quant à leurs droits en terme de salaire et de prestation sociale. N’hésitez pas à vous rendre aux permanences juridiques gratuites (et de vous syndiquer) d’Unia et du SIT.

Alors en ce temps de repos forcé,  de crash des bourses, de peur de la récession, il nous semble de bon conseil que tout le monde et surtout les plus productif.ve.x.s aient pour consigne claire de rester chez soi, de se reposer, de faire le point, de réfléchir à ce qui nous importe vraiment et de comment changer le système pour que la relance économique qui sera nécessaire, ne tombe pas dans les poches des spéculateurices mais soit utilisée de façon à construire un futur qui nous donne de l’espoir.


[1] http://doc.cadeul.com/avis/Reflexion-sur-l-enseignement-en-ligne.pdf : p.14

[2] https://www.unige.ch/dife/sante-social/aides-financieres/bourses/aide-ponctuelle/