Le rectorat a répondu à nos questions et on en est pas plus avancé.e.x.s…

Nous avons enfin reçu la réponse du rectorat aux multiples questions que nous lui avions posées lors de l’Assemblée Universitaire. Nous vous invitons à la lire, mais ne vous attendez pas à y trouver du réconfort ou plus de clarté sur les questions toujours en suspens, toutes les réponses sont similaires et elles sont de trois types. 

Premièrement, beaucoup des questions que nous avions étaient évidemment rhétoriques. Lorsque nous demandions si les personnes prenant congé pourraient faire leurs rattrapages de la session de janvier en août, nous souhaitions surtout leur faire comprendre qu’ils devraient mettre cela en œuvre au minimum au vu de leur mesurette. Mais leur réponse est simplement négative. 

Deuxièmement, le rectorat renvoit la balle aux facultés. Chacune de leurs réponses revient à dire: on ne peut pas, ce sont les facultés qui décident. Et lorsque l’on questionne les facultés, de nombreuses nous répondent : on ne peut pas, c’est le rectorat qui décide. Les instances de l’université se rendent à l’évidence : leur décision est profondément inégalitaire et laisse des centaines d’étudiant.e.x.s de côté. Évidemment, personne ne souhaite assumer cette inégalité de traitement.

Enfin, leur dernier type de réponse est de nous rabâcher la possibilité de prendre congé ou que les tentatives ne seront pas comptées. Ce type de réponse n’est pas pertinent car la plupart des questions concernaient justement la nécessité des précisions concernant cette décision. Nous avons bien compris que nous pouvions prendre congé et qu’une tentative supplémentaire sera accordée en cas d’absence ou d’échec, mais nos questions étaient justement là pour montrer que cette décision n’est ni bienveillante, ni solidaire pour les étudiant.e.x.s. En laissant nos questions sans réponses, le rectorat nous montre à quel point leur position n’est pas à la hauteur de la situation. Le rectorat s’évertue à redorer son blason nous rappelant qu’il met tout en œuvre pour l’égalité de traitement. Mais si l’égalité de traitement est vraiment votre objectif, notre proposition apparaît chaque jour plus pertinente : valider en bloc tous les enseignements suivis ce semestre et proposer des examens blancs pour que les étudiant.e.x.s sachent où ielxs en sont dans l’acquisition des connaissances. 

Pour le moment, seule la faculté de médecine a pris de réelles mesures. En effet, tou.te.x.s les étudiant.e.x.s, exceptées les premières, verront leur semestre et leur année validés avec des “évaluations formatives” qui leur permettront d’obtenir une aide individuelle s’ielxs estiment avoir des lacunes. Et ceci alors que cette même faculté dispose d’un diplôme reconnu comme difficile à obtenir et d’enseignements réputés très compétitifs. Le fait que cette décision, équivalente à la position de la CUAE, ait été prise par la faculté de médecine montre que le discours du rectorat sur la “valeur des diplômes” n’a aucun sens. De plus, l’obstination du rectorat à tenir sa position crée des situations tout à fait cocasses. 
Ainsi, un enseignement de criminologie suivi par des étudiant.e.x.s de médecine et de psychologie se verra validé en bloc pour les un.e.x.s alors que les autres devront fournir un travail sanctionné. Est-ce donc cela la fameuse égalité de traitement et la bienveillance que le rectorat prétend appliquer ?

Notons encore peut-être que l’enseignement primaire et secondaire, les apprentissages, les collèges, les ECG, enfin pour dire court, le DIP, font valider les années de tou.te.x.s les élèves. Tout le monde semble commencer à comprendre qu’il faut des mesures fortes pour gérer une telle crise mais les Universités suisses s’obstinent dans leurs maigres mesures ne tenant pas compte des réels besoins de leurs étudiant.e.x.s. Peut-être le rectorat s’est-il rué trop vite vers sa solution et n’oserait plus, pour ne pas perdre la face, revenir dessus. Mais à quel prix ? Peut-être s’humiliera-t-il tout autant en s’obstinant à “oublier” des centaines de laissé.e.x.s pour compte et avant tout les plus précaires et les personnes solidaires (par choix ou par nécessité) ? Dans un moment de crise comme celui-ci, nous devons tout.e.x.s faire un choix : voulons-nous d’une université qui, au nom  l’élitisme et, prétendument, du prestige, sacrifie le bien-être de ses étudiant.e.x.s et collaborateur.ices en les laissant sur le bas-côté ? Face à cette conception erronée de la transmission du savoir nous affirmons vouloir une université où le bon fonctionnement de l’apprentissage et l’égalité face à ce dernier sont garantis.

La réponse du rectorat insiste sur la coordination et l’inclusion des associations étudiantes dans les décisions au sein des facultés. Pourtant, malgré la grande implication des associations, les décisions prises indiquent clairement qu’iels ne considèrent guère le travail de réflexion fourni pour trouver des solutions égalitaire. Encore un fois, suite à sa directive, le rectorat refuse également d’ouvrir le dialogue sur les problématiques engendrées par celle-ci. La CUAE appelle donc, avec plus de trois mille signataires à l’appui, à la validation en bloc de tous les enseignements suivis ce semestre pour tout le monde. Malgré la situation qui nous prive des moyens de lutte habituels, les étudiant.e.x.s ne sont pas impuissant.e.x.s. Si le rectorat s’obstine donc à maintenir sa position intenable et sans ouverture de dialogue pour trouver des solutions aux problèmes que ses décisions engendrent, les étudiant.e.x.s trouveront d’autres manières de lui faire prendre conscience de la nécessité de revoir cette position. Nous ne permettrons pas que la situation liée au Covid-19 approfondisse les inégalités du système universitaire.