Introduction d'un examen obligatoire en Faculté de Médecine – Communiqué de la CUAE

Le comité de la CUAE est opposé à l’introduction d’un examen obligatoire pour toutes les personnes s’inscrivant au bachelor de la faculté de médecine de l’université de Genève. Toutes les futures étudiantes de médecine devront passer cet examen non-éliminatoire dans le courant du mois de juillet. Après cela, elles recevront un courrier leur indiquant leur résultat et les personnes ayant le moins bien réussi seront envoyées vers une orientatrice dont le seul but sera de les décourager en prétendant qu’elles n’ont pas les capacités intellectuelles suffisantes pour réussir les études de médecine avant même d’avoir reçu le moindre enseignement. Il ne s’agit pas ici de discuter de ce que représente les examens en général ou le numerus clausus mais de donner quelques arguments contre l’introduction de cette mesure.

Nous regrettons la mise en place d’une mesure particulièrement paternaliste. L’état renie la possibilité aux étudiantes qui ont décroché leur maturité à choisir par elles-mêmes leur formation et les guide vers ce qu’il considère être le mieux pour elles. Cela contrevient à la conception, jusqu’à lors pas remise en cause, qui veut qu’une personne atteint l’âge adulte à 18 ans et qu’elle est libre de déterminer par elle même son parcours de vie ainsi que le choix de sa formation. En cherchant à aiguiller les étudiantes selon leur capacité présumée, on renie le fait que chaque personne détenant une maturité peut s’inscrire dans le bachelor de son choix sans examen préalable.

Nous considérons également qu’il s’agit d’un premier pas déguisé vers un numerus clausus. Nous y sommes opposées et regrettons que, une fois de plus, tout soit fait pour occulter cet aspect du débat en présentant une telle mesure comme une aide pour les étudiantes.

De plus, exiger un examen avant le début des études revient à renier l’aspect formateur de ces dernières : avant même d’enseigner la matière on suggère déjà que vous n’êtes pas capable de l’assimiler. Cela ne fera que renforcer le clivage social existant entre les différentes facultés, les étudiantes issues des classes inférieures côtoieront les étudiantes des classes supérieures seulement si elles sont « méritantes ». Les autres, les étudiantes des classes inférieures moins « méritantes », resteront entre elles dans d’autres facultés. La massification des études n’effacera pas la hiérarchie entre diplômes, facultés et champs disciplinaires.

On peut également douter de l’opportunité de faire passer un examen pendant les vacances d’été. Il se murmure que le fait de le faire passer en plein été aurait comme ambition de tester « la motivation » des futures étudiantes à faire médecine, en obligeant certaines à repousser un voyage ou à prendre congé d’un travail d’été le 9 juillet.

Si la faculté prétend qu’aucune connaissance scientifique n’est nécessaire pour la réussite de cet examen, on peut sérieusement en douter. En effet, parmi les exemples présentés, de nombreuses questions font références à des notions médicales et scientifiques, donnant automatiquement un avantage à des étudiantes ayant choisi une filière scientifique au collège. La valeur indicative d’un tel examen est donc nulle en ce qui concerne les capacités d’apprentissage et de travail des futures étudiantes en médecine.

On cherche à limiter l’entrée d’étudiantes en faculté de médecine par tous les moyens. Or, les examens de fin de première année sélectionnent les étudiantes non pas uniquement sur la base de leur capacité mais sur la base des places disponibles en deuxième année. Ainsi, on ne mesure pas la compétence nécessaire au passage en second année mais on organise un concours afin de garantir un stock constant d’étudiantes à travers le temps.

En conclusion, le comité de la CUAE considère l’instauration d’un tel examen comme une attaque au libre choix de formation auquel nous restons attachées. A quand l’obligation de suivre certaines options spécifiques au collège pour pouvoir s’inscrire dans certaines facultés ? A quand l’instauration d’examen éliminatoire avant que le moindre enseignement ne soit dispensé ? A quand l’abolition du libre choix de la formation ?