Muselage d’un mouvement et répression policière : le “malaise”

La CUAE condamne la répression exercée par le rectorat à l’encontre du mouvement de la Coordination étudiante pour la Palestine (CEP-UniGE). La CUAE souhaite par la même occasion réitérer son soutien aux revendications portées par la CEP-UniGE.


Dans la nuit du 13 au 14 mai, une centaine de policiers ont emmenés les occupant.e.x.s de la CEP au poste de police de la gravière et ont vidé l’occupation en détachant tous les drapeaux. Ces arrestations font suite au refus du rectorat de discuter réellement des revendications avec la CEP, préférant les faire discuter du fond des revendications avec le comité scientifique, organe non-décisionnel dont les recommandations ont été (depuis le départ) conditionnées à l’arrêt de l’occupation. En effet, samedi 11 mai, la rectrice appelait en numéro masqué une des membres de la CEP pour lui annoncer que seul l’arrêt total de l’occupation permettrait au rectorat d’avaliser les quelques faibles recommandations du conseil scientifique. Dès lors, affirmer que les occupant.e.x.s avaient coupé le dialogue [uniliste du 13 mai] n’était qu’une façon d’infantiliser et de diaboliser la CEP. 


Le samedi 11 mai, le rectorat a tout d’abord affirmé qu’il était obligé de fermer l’université aux externes pour des raisons “sécuritaires”. Cette affirmation est choquante pour deux raisons : elle fait croire que le mouvement est dangereux et que ce n’est pas le rôle de l’université de maintenir le droit de manifester de sa communauté. Or, la CEP a été, tout au long de l’occupation, un mouvement tolérant et pacifiste. De plus, c’est le rôle de l’uni de garantir le droit de manifester et non l’inverse. Dire que l’uni doit être fermée “à cause des occupant.e.x.s” n’est qu’une énième volonté d’étouffer un mouvement contestataire. 
Afin de déloger des étudiant.e.x.s, le rectorat a choisi de porter plainte. Il aurait évidemment pu agir autrement. Tout d’abord, il aurait évidemment pu accepter les revendications du mouvement en raison de leur pertinence. Ensuite, il n’était absolument pas nécessaire de porter plainte pour faire partir les manifestant.e.x.s. En effet, le rectorat aurait pu emprunter la voie civile, ce qui aurait évité l’envoi au poste de police de près de 50 personnes. Les occupant.e.x.s avaient annoncé.e.x.s dès le départ qu’en cas d’arrivée de la police iels partiraient directement et sans violence. La “stratégie des menottes” était claire : intimider tout un mouvement. En effet les occupant.e.x.s de l’UniGE ont été arrêtéexs pour des raisons politiques. Le rectorat a refusé le dialogue. Étant donné qu’il n’a pas voulu répondre aux revendications politiques du mouvement, il a préféré faire usage de la force physique. 


Nous voyons là une violation claire du droit de manifester, droit qui inclu notamment de manifester là où se trouvent les personnes et droit qui inclu aussi le fait de pouvoir “déranger”. En accusant le mouvement d’une instrumentalisation du mouvement par des groupes ayant un autre agenda[uniliste du 13 mai] et en proposant une cellule psychologique car la manifestation aurait créé un “malaise” [uniliste du 14 mai] auprès de la communauté universitaire, le rectorat infantilise les étudiant.e.x.s qui demandent l’acceptation de revendications claires. Ironiquement, le rectorat n’a ni “mis en place”[uniliste mardi 14 mai] cette cellule psychologique (qui existe depuis des années) ni avertit les collaborateurice.x.s de la cellule psychologique de leur potentielle nouvelle charge de travail, ni osé avouer que le dit “malaise”[uniliste mardi 14 mai] a été produit par la répression exercée par le rectorat envers des membres de sa propre communauté. 

Les revendications de la CEP, qui demandent simplement à l’université de se positionner face à un génocide et d’agir en conséquence, soit en arrêtant les partenariats UniGE- universités israéliennes, n’ont rien d’heurtant ni de radical. Elles sont dans la lignée claire de ce que revendique la CEP depuis le début – une condamnation claire de l’irrespect du droit international humanitaire et un appel à la paix.


Nous voyons donc dans les méthodes d’intimidation du rectorat trois choses : une répression du droit de manifester, une volonté de ne pas répondre aux revendications de la CEP et une privatisation inquiétante (en faisant usage de sécus afin de contrôler les identités et en fermant l’université à touxtes). 


Notre rectorat nous a donc envoyé un message politique fort : face au droit de manifester, d’autant plus pacifique, de personnes de la communauté choquées par un génocide, on ferme l’uni, on envoie les keufs et finalement on fait taire un mouvement de contestation.


Cette stratégie s’inscrit très directement dans tout ce que nous savons du nouveau rectorat : privilégier “l’employabilité” – soit la disciplinarisation au salariat – à la réflexion, des fausses mesures au vrai dialogue et la néolibéralisation de l’université à la création de savoir pour touxtes.
Tout au long de cette séquences politique, alors même que le rectorat empêchait tout dialogue avec le mouvement de la CEP-UniGE, la rectrice n’a eu de cesse de délivrer nombre d’éléments de discours – notamment à travers l’envoi de mails uniliste et d’apparitions médiatiques – infantilisant le mouvement et justifiant la répression menée à son encontre. Elle a pu ainsi faire usage d’une rhétorique sécuritaire afin de contrôler les identités des personnes entrant dans les bâtiments par des sécus et afin d’envoyer les flics.


C’est cette même logique répressive qui s’est abattue avec plus ou moins de violence sur les mouvements d’étudiant.e.x.s pour la Palestine des hautes écoles et autres universités. Ces lieux censés promouvoir des savoirs critiques, permettant la discussion informée et ouverte ont été transformés par leurs exécutifs respectifs en lieux de silence et d’opacité. Ce sont les mouvements d’étudiant.e.x.s pour la Palestine qui ont fait vivre la démocratie universitaire et académique, qui ont rassemblés nombre de personnes diverses pour échanger et dialoguer, qui ont permis une plus grande transparence sur les instituions. Ce sont les directions et rectorat qui ont clos le dialogue, qui ont appelés la police, qui ont rendus opaques leurs liens avec l’État d’Israël.
Ces attaques au droit de manifester s’inscrivent aussi dans une répression à tendance fascisante plus globale du droit de manifester en Suisse et en Europe. 

Malgré la répression, la CEP-UniGE continuer à se mobiliser et on continuera à la soutenir ! L’université appartient aux étudiant.e.x.s, qui continuent à se mobiliser pour la Palestine. FREE PLAESTINE !