Communiqué de presse de la CUAE concernant la nomination du nouveau rectorat et celle de la commission externe chargée de présenter un avant-projet de loi sur l’Université
La CUAE prend note de la nomination du nouveau rectorat de l’Université de Genève. Elle constate qu’il s’agit de personnes d’expérience et souhaite qu’elles aient tout le dynamisme nécessaire pour mener à bien leur tâche. Elle se réjouit du refus de Jean-Marc Rapp de prendre les rênes d’une université susceptible de résistance à un éventuel pouvoir absolu du rectorat. Sa manière spécialement peu démocratique d’imposer sans tenir compte des avis divergents la déclaration de Bologne notamment, à la fois à la tête de la CRUS et à l’Université de Lausanne va à l’encontre du modèle d’université démocratique basé sur la cogestion que nous prônons.
Malheureusement, nous retrouvons avec consternation la présence de ce triste sire dans la commission externe chargée de présenter un avant projet-de loi sur l’Université. Mis à part un représentant alibi des étudiants (à moins que ce dernier ne représente le Parti Socialiste Genevois dont il a été membre du comité directeur) et la caution morale de Ruth Dreifuss, on ne trouve dans cette commission que des « experts » en new public management. Le monde politique genevois se distingue par sa quasi absence puisque seul un ancien président du Grand Conseil y siège, et que l’on y trouve aucun élu.
La CUAE avait demandé une représentation paritaire des quatre corps de l’Université, ce qui n’est pas le cas, puisqu’un seul étudiant a été nommé et que le corps intermédiaire et le personnel administratif et technique n’ont aucun représentant. Il est regrettable que des propositions visant à assurer un fonctionnement démocratique de l’Université via une représentation équitable de tous les membre de la communauté universitaire soient ainsi systématiquement écartées. La prise en compte des différentes réalités de la vie universitaire est en effet indispensable au moment de s’atteler au chantier de la révision de la loi sur l’Université.
Le mandat donné à cette commission doit aboutir à un cadre légal permettant l’ « autonomie » de l’Université. Au vu des derniers événements, nous doutons fortement qu’augmenter cette autonomie soit un choix judicieux car on déjà constaté de larges abus dans le cadre de celle dont elle dispose actuellement. Plus inquiétant encore nous semble l’abandon du dossier de l’université par le pouvoir politique. Différentes déclarations de responsables de différents partis en faveur de l’augmentation des pouvoirs du recteur, voire d’une gestion « managériale » le démontre. Sous couvert de développer l’« autonomie » de l’Université, le désengagement de l’Etat est dangereux pour sa mission de service public et couvre en fait une privatisation déguisée de l’institution, relayée par le mandat de la commission externe qui vise à l’intégration de sources extérieures de financement. Il est temps que les dirigeants politiques prennent leurs responsabilités et assument leur mission de surveillance de la gestion de l’université, sans bien sûr sacrifier son indépendance concernant les questions de recherche et d’enseignement.