Les dysfonctionnements de l’université montrent que des changements d’organisation sont nécessaires au sein de l’institution. Il y a cinq ans déjà dans le cadre des débats parlementaires autour de la loi sur l’université, la CUAE affirmait : « Nous sommes favorables, dans la perspective d’une réforme, au renforcement de la participation interne, au détriment d’un pouvoir exécutif concentré dans les mains d’un très petit nombre de personnes. En l’état, le projet de loi attribue les pouvoirs essentiels au département de l’instruction publique et au rectorat. Ce modèle ne clarifiera pas la gestion de l’université, au contraire, les négociations auront lieu à huis clos et le Grand Conseil comme les membres de la communauté universitaire ne pourront que se positionner pour le principe. Nous pensons que la loi doit renforcer d’une part la participation des membres de la communauté universitaire aux décisions qui concernent l’institution et doit intégrer d’autre part un contrôle politique au niveau législatif. Ce principe sera combattu par ceux qui, au sein de l’université et parmi les politiques, entretiennent la confusion entre l’autonomie scientifique et l’autonomie financière de l’université. Nous estimons quant à nous qu’un lien fort entre le pouvoir politique et l’université, associé à une véritable participation interne est le meilleur moyen pour l’institution d’assurer son autonomie scientifique face à un pouvoir redoutable et illégitime : le pouvoir économique. »
Nous maintenons qu’un contrôle politique est nécessaire au niveau de la gestion de l’université et que les décisions doivent se prendre en considérant l’ensemble des acteurs du monde académique. Nous proposons donc trois modifications importantes à la loi sur l’université. Premièrement, il est nécessaire que l’ensemble des corps composant l’université soit représenté de manière paritaire au sein des conseils délibératifs à chaque niveau (conseil de département, de section, de faculté et conseil de l’université) ainsi que dans les différentes commissions. Cette mesure permettrait de mieux tenir compte des attentes de chacun. Elle favorisera également l’implication de toutes et tous. Or, celle-ci est une source importante de motivation avec des répercutions certaines sur la qualité de la recherche, de l’enseignement et de la formation. Finalement, cette proposition présente l’avantage de mettre fin à l’hégémonie du corps professoral. Le pouvoir des professeurs se trouvera donc mieux contrôlé. Cela contribuera donc à ce que ceux qui, au sein du corps professoral, se sentent au-dessus des lois n’outrepassent leurs droits.
La deuxième mesure découle de la première. Il faut renforcer le pouvoir des conseils délibératifs par rapport aux pouvoirs exécutifs que sont les chefs de départements, les doyens et le recteur. Raffermir le pouvoir des conseils délibératifs assurera une meilleure légitimité aux décisions. Celles-ci seront donc claires et soutenues ce qui facilitera l’engagement et le développement de l’université, des facultés et des départements. Finalement, nous demandons que les représentants du peuple prennent part aux décisions de l’université. C’est pourquoi nous proposons qu’il siège au sein du conseil de l’université. Cette présence du monde politique permettra d’avoir un contrôle citoyen au sein de l’université. Cela facilitera également les contacts entre les aspirations du monde universitaire et les volontés politiques. Cela améliora le temps de prise de décision. Enfin, il s’agit d’une présence symbolique forte rappelant que l’université est avant tout le moyen que le peuple se donne pour acquérir de nouvelles connaissances, pour obtenir une meilleure représentation du monde afin d’améliorer la qualité de vie de toutes et tous. Il faut cependant être clair sur un point. Nous voulons que les représentants politiques, au même titre que les membres de la communauté universitaire, contrôlent et participent à la gestion de l’université. Nous ne voulons en aucun cas que la recherche et l’enseignement soit influencée par le pouvoir politique.
C’est pourquoi, il faut garantir une plus grande autonomie des espaces académiques. Chaque département doit avoir un maximum de pouvoir en ce qui concerne la recherche et doit être en mesure de s’organiser en conséquence. Cette organisation est la seule capable de lutter efficacement contre l’ingérence du pouvoir politique et économique sur la recherche et l’enseignement.