23 francs de l’heure, une nécessité brutalement évidente

Ce dimanche 27 septembre, les Genevois.e.x.s voteront sur l’instauration d’un salaire minimum à hauteur de 23 francs par heure. La CUAE soutient cette initiative et appelle à voter oui.

D’un point de vue étudiant, le besoin est flagrant. En effet, pas moins de 53% des étudiant.e.x.s travaillent à côté de leurs études à Genève. Et la majorité des emplois concernés sont justement des jobs rémunérés en dessous de 23 francs. Ce qui signifie qu’avant même l’entrée dans la vie active, la majorité des étudiant.e.x.s cumulent les heures mal payées pour pouvoir tourner. Cela a un impact sur leur santé et sur leur bien-être. Un rapport de l’Observatoire de la vie étudiante datant de 2019[1] souligne l’augmentation du stress, de l’angoisse et du mal-être parmi les étudiant.e.x.s.

Car étudier à Genève, c’est très chouette, mais c’est aussi très cher. On estime à 28’000 francs le coût annuel de la vie d’une personne à l’Université de Genève en prenant en compte un petit logement et les besoins de base. Actuellement, notre société néo-libérale nous impose adaptabilité et surproductivité. Elle oblige les employé.e.x.s à accepter des salaires toujours plus bas en réservant le chômage aux réfractaires.

Dès lors, pour stopper cette course à la précarisation, le bien-fondé d’un salaire minimum (tel qu’il existe déjà dans le Jura et à Neuchâtel) semble indéniable.

 Mais les étudiant.e.x.s ne sont pas les seules personnes à être concernées par cette nécessité. 10% de la population active est actuellement payée moins de 23 francs de l’heure à Genève. 30’000 personnes travaillent pour presque rien dans notre canton. Dans 2/3 des cas, ces personnes sont des femmes[2]. Ce sont elles, de manière tristement peu surprenante, qui assument la majeure partie du travail peu ou pas rémunéré. Elles sont les premières touchées par la précarité. Elles ne gagnent souvent pas de quoi vivre dignement, alors que le droit à une vie digne est inscrit dans la déclaration des droits humains.

Beaucoup de ces personnes doivent recourir à des aides sociales alors même qu’elles travaillent. Cela signifie que l’Etat soutient indirectement les entreprises qui payent mal en leur permettant de verser des salaires indécemment bas. Obliger les entreprises à verser au minimum 23 frs par heure, cela transfère cette obligation sur les entreprises et cela permet de dégager des fonds publics. Plus de fonds publics signifie plus d’argent pour des secteurs comme l’éducation.

Du côté des opposant.e.x.s à cette initiative (il y en a beaucoup), le risque « terrible » pour l’emploi et l’argument nauséabond du nivellement par le bas sont assénés. Alors que l’argent, le secteur privé n’en manque pas. Pendant le confinement, les 37 plus grosses entreprises de Suisse ont versé pas moins de 63 milliards de francs à leurs actionnaires tout en appelant à une baisse des salaires pour absorber les effets de la crise. C’est plus que le plan total d’aide aux entreprises de la Confédération. Ce sont donc une fois de plus des personnes riches qui expliquent à des personnes pauvres comment se contenter de peu et comment l’économie est menacée par un salaire minimum trop élevé.

Alors, 23 frs/heure, c’est un minimum. On regrette quand même que les apprenti.e.x.s et les stagiaires (pourtant nombreu.x.se.s dans les cursus universitaires) ne soient pas inclus.e.x.s dans cette initiative. Ce sera l’objet d’une prochaine lutte.


[1] Etude longitudinale ETUDIANT-E-S, Enquête santé étudiantEs UNIGE et/ou HES-SO Genève vague 2019, https://www.unige.ch/dife/observatoire/resultats/par-date-de-publication, consulté le 22 septembre 2020.

[2] Site de l’initiative, https://salaireminimum.ch/argumentaire-court/, consulté le 22 septembre 2020..