Il y a maintenant six mois, à l’issue de nombreux échanges avec un rectorat affirmant qu’il avait entendu, compris, et pris en compte les besoins des associations étudiantes en matière de locaux, tombait la proposition des cubes préfabriqués de la rue Alcide-Jenzer, à côté de la maternité. La CUAE, soutenue par son assemblée générale et ses associations membres et accompagnée dans sa démarche par les autres utilisatrices des bureaux du 83, boulevard Carl-Vogt, avait alors répondu que cela ne correspondait pas à ce qui avait été discuté auparavant.[ref]Lire à ce sujet le communiqué de presse du 2 juillet 2009 , Le rectorat veut nous virer mais nous restons.[/ref] Elle a alors fait plusieurs propositions concrètes que le rectorat a toutes déclinées, arguant des raisons plus ou moins fumeuses. Parmi ces propositions, les locaux du 8-10, passage Baud-Bovy.
Ces locaux appartiennent à l’université, et accueillent des séminaires et une salle informatique. Ils sont adéquats sous tous critères pour reloger les activités étudiantes. Sans trop nous dire pourquoi, on nous a répondu que c’était impossible. Alors, on a insisté… Et pour cause, après six mois à décrire par le menu les différents critères requis pour des locaux adéquats, le rectorat nous donne aujourd’hui les mêmes garanties qu’il y a un an, lorsqu’il nous a appris qu’il ne ferait pas opposition à la non reconduction du bail par la régie. Le temps passant et le 8 juillet, date du déménagement, approchant, nous avons transmis au rectorat que nous attendrions la réponse à nos demandes avant de faire nos cartons. Là, ça c’est un peu accéléré.
Les échanges de mail et par téléphone sont allés bon train et il semble bien que la pression ait une influence salvatrice sur les capacités du rectorat à passer de l’écoute distraite à la proposition. Mais toujours pas un mot sur Baud-Bovy, sinon la nécessité de faire quelques travaux, tout comme à Alcide-Jenzer, ce qui nous paraissait faible pour rendre caduque cette proposition. La veille du déménagement nous recevions des précisions supplémentaires quant au cas Baud-Bovy ainsi que la durée prévue de notre séjour près de la maternité ; jusqu’en septembre 2010.
“Nous ne pouvons pas aujourd’hui nous engager à attribuer des locaux à Baud-Bovy, ce qui demanderait de s’engager à évacuer des activités d’enseignement et de service à la Cité, missions fondamentales de l’Université.” Mais en quoi la mission fondamentale d’enseignement de l’université serait elle altérée si on déplaçait ces cours dans une des nombreuses salles de séminaire sous-occupée à Uni-mail, ou à Alcide-Jenzer ? Notre proposition de laisser à la disposition de l’université du troisième âge, déjà utilisatrice des locaux, les salles pour leurs enseignements ne constitue-t-elle pas une preuve de notre ” ouverture sur la cité “. Cette réponse négative du rectorat nous a malheureusement confirmé que, malgré qu’il n’existe aujourd’hui à disposition des 13’000 étudiantes de Genève aucun autre local pour se réunir, il ne veut pas prendre en compte à leur juste importance les activités associatives. Alors que celles-ci sont en pleine effervescence, plutôt que de s’en féliciter et de les encourager, il finit par les entraver.
Le constat est d’autant plus amer que dans le même temps, beaucoup d’énergie et d’argent sont dépensés pour créer de toute pièce et promouvoir l’Alumni, association à la mode anglo-saxonne d’anciennes étudiantes aux ordres, dont il peut même choisir le président. Les drapeaux roses et l’auto-promotion scandaleusement dépensière du 450e masque aujourd’hui difficilement une réalité moins haute en couleurs. Un rectorat tout puissant qui a la capacité d’entraver sérieusement le fonctionnement de celles qui ne sont pas à sa botte. Et qui ne s’en prive pas…
Nous ne voulons pas nous retrouver en été 2010 dans la même situation qu’aujourd’hui à devoir nous battre pour une proposition décente de relogement, à la différence près que nous serions alors dans des locaux déjà inadéquats. Nous avons donc décidé d’attendre une proposition concrète du rectorat avant de déménager. Rien n’est venu. Trois jours ont passé, et le rectorat ne semble toujours pas vouloir renouer le dialogue qu’il a rompu. Nous restons donc dans nos locaux actuels, forts du soutien des étudiantes et des habitantes du quartier qui nous rendent visites, apportent à manger et participent aux activités annoncées.