Occupation de la CUS

LE MOUVEMENT ETUDIANT REMUE ENCORE !

LasséEs d’être entenduEs sans être écoutéEs ; lasséEs de voir les options politiques en matière de formation supérieure échapper systématiquement au débat démocratique ; lasséEs d’assister à la vente à l’encan de leurs universités ; lasséEs de constater le désengagement des cantons et de la Confédération dans le financement de la formation ; lasséEs d’entendre à longueur de cours et de séminaires des professeurs à la botte des dominants ; lasséEs de la docilité des rectorats ; lasséEs d’entendre les parlementaires s’abriter derrière leur statut de miliciens pour excuser leur méconnaissance du dossier de la formation supérieure ; lasséEs d’être les spectateurs/trices passifs/ives des décisions irresponsables de l’administration fédérale, les étudiantEs genevoisEs ont décidé, lors de l’assemblée générale du 20 mars dernier, d’autoriser leur association faîtière, la CUAE, à quitter l’Union Nationale des ÉtudiantEs de Suisse.

Par cette décision, les étudiantEs genevoisEs ont souhaité s’engager dans des formes d’actions plus radicales que celles menées jusqu’ici. L’action de ce jour est le point de départ d’un mouvement étudiant qui ne laissera pas de répit aux ennemis d’une véritable démocratisation de la formation supérieure. Les revendications de ce mouvement sont notamment les suivantes :

Gratuité totale des études et instauration d’un revenu étudiant ; Réengagement massif et inconditionnel des collectivités publiques dans le financement des universités et interdiction du financement privé ; Réforme profonde des structures administratives et politiques qui régissent la formation supérieure en Suisse (notamment avec l’instauration d’un contrôle démocratique) ; Introduction du principe de co-gestion dans les universités ; Annulation totale de l’ensemble des dettes publiques ; Abandon des démarches visant à introduire la Déclaration de Bologne et désaveu publique de la signature de ce document par le secrétaire d’État autocrate Kleiber ; Dissolution de l’Organe d’Accréditation et d’Assurance Qualité ; Démission dans les plus brefs délais du secrétaire d’État autocrate Kleiber

Pour atteindre ces objectifs, la CUAE entend s’associer au mouvement anti-capitaliste mondial. Elle développera une critique radicale des structures sociales de la production scientifique et parallèlement mènera des actions visant à stigmatiser ceux qui s’opposent, dans leurs actes ou dans leurs discours, aux objectifs mentionnés ci-dessus. Genève – Bern, le 4 avril 2002.

Communiqué de presse

Le mouvement étudiant remue encore !

(les noms de fonction s’entendent au féminin et au masculin)

Ce jeudi 4 avril 2002, la Conférence Universitaire Suisse (CUS) se réunit à Berne pour entériner et présenter à la presse les plus importantes réformes de ces dix dernières années en matière de formation supérieure. La Conférence Universitaire des Associations d’Etudiants (CUAE), association faîtière des étudiants genevois, manifestera sa présence lors de cette séance et fera entendre la voix des étudiants. La CUAE donne donc rendez-vous à la presse dès 9h devant le bâtiment de la CUS (Sennweg 2, 3012 Berne) pour y suivre l’ensemble de l’action ou dès 11h au même endroit pour la conférence de presse.

Qu’est-ce que la CUS et que va-t-elle décider ce jeudi ?

La CUS est l’organe concordataire fédéral pour l’enseignement supérieur. Elle réunit donc l’ensemble des chefs des départements cantonaux de l’instruction publique, notamment Mme Brunschwig Graf pour Genève, M. Buschor pour Zürich, Mme Jeanprêtre pour le canton de Vaud, etc. La CUS est donc un organe politique réservé aux représentants des exécutifs. Curieusement, la CUS n’est pas présidée par un représentant du pouvoir exécutif, mais par un haut fonctionnaire, Charles Kleiber, par ailleurs secrétaire d’Etat à la Science et à la Recherche et directeur du Groupement de la Science et de la Recherche (GSR). Exceptionnellement, la CUS a invité à sa séance de jeudi des recteurs des universités de Suisse. C’est qu’elle a de grandes décisions à prendre : émettre des directives contraignantes pour l’application de la Déclaration de Bologne approuver les statuts et les compétences de l’Organe fédéral d’Accréditation et d’Assurance Qualité (OAQ).

Il vaut la peine d’examiner ces deux points à l’ordre du jour de la réunion de la CUS.

La Déclaration de Bologne

Ce document a été signé, en juin 1999, par les ministres de l’éducation de 28 pays européens et pour la Suisse, par le secrétaire d’Etat Charles Kleiber !! Outre le fait que la signature de ce texte par un secrétaire d’Etat et non par la conseillère fédérale chargée du dossier constitue un abus de pouvoir, la Déclaration de Bologne n’est pas un traité international. Il s’agit seulement d’une déclaration d’intention. Son application relève donc du bon vouloir des autorités politiques et académiques. Si la Suisse, alors qu’elle n’est pas membre de la communauté européenne, a décidé d’appliquer au plus vite les principes affirmés dans la déclaration, c’est que l’influence de l’OCDE est immense en ce qui concerne la politique de formation : sous la pression des organisations patronales, le pouvoir politique s’empresse depuis 20 ans d’appliquer toutes les recommandations de l’OCDE en matière d’éducation. Or, la déclaration n’est que la formalisation, plus ou moins juridique, des intentions exprimées par l’organisation1. [Organe fédéral d’Accréditation et d’Assurance Qualité

L’objectif de cet organe est d’accréditer les universités sur le modèle des accréditations distribuées par la Société Générale de Surveillance par exemple. Sur la base de cette accréditation, les autorités fédérales choisiront de maintenir ou non les subventions fédérales pour l’établissement ou la filière évalués (voir nouvelle LAU). Les critères retenus pour l’accréditation sont pour l’heure encore très flous. On y trouve pêle-mêle la taille des salles de cours, « l’existence d’un plan d’étude [sic] », le ratio enseignants – étudiants, etc. Evidemment, après 20 ans de politique de restriction budgétaire au profit des créanciers de l’Etat, seules les écoles polytechniques, la HEC de Saint-Gall [Ces deux réformes viennent porter le coup de grâce aux institutions de formation supérieure misent à mal depuis les années 80 pour cause de déficit budgétaire généralisé. Elles s’inscrivent dans le processus de démantèlement des services publics qui marque la politique fédérale actuelle. Du reste, M. Buschor, qui sera présent ce jeudi, ne s’en cachait pas lorsqu’il déclarait à la NZZ : « les nouvelles techniques de financement servent à réguler le nombre d’étudiants » [A réforme, réforme et demi ! Du changement dans le mouvement étudiant.

Face à ces attaques, la CUAE estime que le mouvement étudiant doit se doter de véritables moyens d’actions. Pour ce faire, son assemblée générale a décidé de se retirer de l’Union des Etudiants de Suisse (VSS-UNES) jugée trop consensuelle et trop portée à la participation. L’action qui aura lieu ce jeudi à Berne marque donc aussi la naissance d’un nouveau réseau national de lutte pour la défense d’une formation et d’une recherche académique, libres des pressions du monde économique et véritablement soutenues par les Etats. Ce réseau mettra en lien des groupes d’étudiants qui sont prêts à produire une critique radicale des structures sociales de la production scientifique autant qu’à combattre efficacement les ennemis d’une véritable démocratisation de la formation supérieure.

Pour plus d’informations, prière de s’adresser à la CUAE ou de nous rejoindre demain à Berne…

Genève, le 3 avril 2002.