Réaction de la CUAE face à la levée des mesures sanitaires à l’UNIGE

Pourquoi s’attarder maintenant à faire l’évaluation d’une pandémie qui donne l’impression de lentement être derrière nous? Il y a peu, nous avons expérimenté la levée des mesures sanitaires avec son lot de grands changements qui y sont liés. Ainsi, il nous semble important de réagir à cette période charnière que nous vivons et émettre un regard critique sur celle-ci.


Ces deux dernières années, nous pouvons toutexs dire que nos quotidiens ont été bouleversés. En effet, nous avons dû intégrer la variable covid dans nos habitudes. Ainsi, elle s’est très vite imposée sous la forme de gestes barrières et de mesures sanitaires et leurs multiples formes. Après le semi-confinement, les quarantaines, les cas contacts, la désinfection, les masques et les checks de coudes, nous arrivons dans une nouvelle période, celle de la levée des mesures. Cette période, ce fameux “retour à la normale”, nous l’attendions toutexs. Pourtant, maintenant que nous y sommes, que faut-il en penser, comment le vivons-nous et surtout qu’est ce que cette pandémie nous a appris?


Tout d’abord, ces deux années ont mis en lumière le type de réponse que nos sociétés sont en mesure d’apporter face à une pandémie de cette envergure. Ces réponses influencées par les logiques capitalistes ont par ailleurs vite montré leurs limites et  contradictions face aux recommendations sanitaires des scientifiques. En effet, alors que tout le monde s’entendait sur la nécessité d’atteindre une immunité collective, nous avons pu voir les lobby de la pharma s’opposer à la levée des brevets des vaccins et ce, jusqu’à ce jour. Ainsi, alors que certains pays commençaient déjà leurs campagnes vaccinales pour une deuxième dose, certains pays parmi les moins favorisés, n’avaient toujours pas accès au moindre vaccin pour leur population. Certains scandales ont ainsi éclaté, révélant des enveloppes conséquentes proposées par des pays occidentaux pour obtenir des passes-droits sur les doses disponibles. Comme quoi, la théorie du ruissellement se retrouve partout et ne fonctionne nulle part.
L’économie a ainsi façonné nombre des mesures sanitaires qui nous ont été présentées. Or, nous pensons qu’il faut plutôt des mesures sociales pour protéger les personnes les plus vulnérabilisées face aux fluctuations de l’économie. Cependant, les mesures sanitaires qui en résultent sont à prendre en connaissance de cette influence. Elles sont en effet relativement généralisées au niveau national et il est insensé de penser qu’elles soient applicables telles quelles au cas par cas. Ainsi, si l’université de Genève devait les mettre en application, il est important de rappeler qu’elles ne fixaient que le minimum de ce qui devait être fait. Car, nous avons pu le voir, cette crise sanitaire a révélé bien d’autres besoins et détresses chez les étudiantexs que les mesures du conseil fédéral seules, ne pouvaient régler. Nous pouvons entre autres citer une augmentation des précarités et de la détresse psychologique engendrée à la fois par la pandémie directement et par l’absence de considération pour ces réalités que vivent les étudiantexs. 


Ensuite, il est important de rappeler que cette crise n’est pas encore terminée. En effet, nous pouvons observer depuis la levée de la majorité des mesures sanitaires le 16 février 2022, une certaine euphorie parfois teintée d’une insouciance depuis longtemps désirée. Or, bien que la nature du virus actuel permette un allégement des mesures, il n’a pas disparu pour autant. De nombreuses personnes vivent encore isolées car ayant des personnes à risque dans leur entourage. De plus, les conséquences psychologiques qu’a laissé cette pandémie ne se lèveront pas du jours au lendemain comme de simples mesures sanitaires. C’est pourquoi, il est nécessaire que certains services comme les tests gratuits à l’université par exemple, restent d’actualité. Ainsi, nous nous positionnons en faveur d’une université qui permet un suivi des cours en présentiel mais tenons à appuyer la nécessité de garder certains services comme cités précédemment ainsi que des bornes de désinfections, masques, etc.. à dispostion.


Comme évoqué précédemment, un autre élément nous semble important à traiter. Finalement, ce que cette pandémie nous a appris et qu’est ce qui peut/doit être préservé et assuré pour la suite à l’université. Si nous abordons ceci ici, c’est parce que depuis la levée des mesures, nous pouvons observer une forte volonté de retrouver “la vie d’avant” ou plutôt la vie sans covid. Des signes de cette volonté se retrouvent à la fois au sein des étudiantexs mais également auprès des organes décisionnels de l’université. Or, comme nous l’avons dit précédemment le covid n’est pas à proprement dit “parti”. Ses conséquences directes comme la précarité étudiante sont toujours bien présentes. Pourtant, le rectorat n’a eu aucun scrupule à supprimer les repas à 3.- qui étaient pourtant une avancée significative pour lutter contre les nombreuses retombées de la crise. Nous avons du par ailleurs nous battre pour qu’il mette en place des repas à 5.- de manière anticipée. Leur arrivée a été acceuillis très positivement par les étudiantexs qui ont été nombreusexs à exprimer le soulagement qu’apportent ces repas et à quel points ces initiatives sociales sont nécessaires de manière générale et plus particulièrement en ces temps de crise. De plus, de nombreuses études montrent qu’avec l’évolution de la situation climatique, le cycle pandémique, c’est à dire le nombre d’années entre chaque pandémie, tend à drastiquement se raccourcir. Ainsi, cette situation exceptionnelle que nous venons de traverser ne sera pas un cas isolé. Il est donc important de tirer aujourd’hui, les apprentissages qui nous serons utiles pour affronter les crises de demain. 


Dans cette optique, il est impensable de désirer un retour à un statut quo d’avant pandémie dans une réalité qui est tout autre. En effet, certains outils mis à disposition durant cette période ont su montrer leur utilité voire même leur nécessité. Les cours de toutes les facultés par exemple étaient soudains enregistrés et mis à disposition des étudiantexs durant l’année entière. Cet outil a été acceuilli de manière très positive chez les étudiantexs qui pouvaient dès lors rattraper une leçon ou simplement revoir un passage d’un cours lors de leurs révisions. Or, tout aussi subitement que leur apparition, certains cours ont, depuis la rentrée, cessé d’être enregistrés. Rappellons de plus que deux volées entières d’étudiantexs ont vu leurs deux premières années d’université se dérouler quasiment exclusivement en ligne. Un tel retour en arrière vers une situation inconnue pour toutexs ces étudiantexs a de quoi être plus que déstabilisant surtout que, rappellons le encore, la crise sanitaire n’est pas terminée.


Toujours dans la même lignée, la nature des évaluations à l’université a montré ses limites quand il a soudain fallu les passer en ligne. Les modalités d’examens ont dû être improvisées et plusieurs sessions qui se sont déroulées pendant cette période ont démontré leur nature de projet pilote. Nous ne pouvons certes pas blâmer toutes les décisions qui ont été prises à ce sujet au tout début de la crise car, effectivement, tout restait à définir et nous ne possédions aucun recul sur cette situation. Cependant, cette pandémie à tout de même duré 2 ans (pour le moment) et pourtant une évolution des mesures, des initiatives ainsi que d’une évaluation pensées pour les étudiantexs n’ont pas fait leur apparition pour autant. La préoccupation première de l’université restant la préservation coûte que coûte de la “valeur” des papiers qu’elle fournit. Ainsi, une fois de plus nous avons dû nous mobiliser. Que ce soit pour pour une session d’examens extraordinaire supplémentaire au plus haut du pic de contaminations ou encore contre un logiciel de surveillance intolérable. Cela pour quel résultat? Un rectorat qui fait la sourde oreille et persévère à placer leurs priorités avant celles des étudiantexs. Mais en cette période de sortie de crise, les temps ont changé. Nous possédons maintenant le recul et les bases pour construire des réponses appropriées aux futures situations similaires que nous devrons traverser. Ainsi, repenser les modalité de l’évaluation est donc nécessaire pour pouvoir cette fois réagir de manière réfléchies et organisée tout en assurant la sécurité, la santé physique et mentale ainsi que l’égalité des chances de toutexs.


Les organes décisionnels de l’université n’ont évidemment pas à assumer la charge réflexive de tous les apprentissages de cette pandémie seuls.  En effet, il est impératif de chercher les informations là où elles sont les plus pertinentes, c’est-à-dire auprès des personnexs directement concernéexs, autrement dit, nous, les étudiantexs. Qu’ils ne s’inquiètent donc surtout pas, nous sommes là pour les aider dans cette lourde besogne.