Comme tous les ans, la CUAE a commencé à distribuer son agenda-guide à partir du lundi précédant la rentrée académique. L’agenda revient toujours, et ce à travers d’un flipbook, sur un événement politique marquant de l’année précédente. Cette année, il revient sur l’occupation d’UniMail de mai 2024 en solidarité avec le peuple Palestinien. L’agenda revient également chaque année sur énormément de dates méconnues du grand public, certaines plus controversées que d’autres. Le but de ces dates étant de nourrir des débats politiques au sein de l’Université de Genève. Une d’entre elles a soulevé cette année des polémiques.
Suite à des pressions politiques de parties externes à l’université, le rectorat a décidé d’opter pour une condamnation publique[1] portant atteinte à la réputation de la CUAE. Le mercredi 11 septembre au soir, une convocation d’un représentant du Rectorat de l’UNIGE est envoyée pour une rencontre agendée dans un délai de moins de 12 heures. Malgré ces conditions austères et non-propices à un réel dialogue, la CUAE s’est rendue aux bureaux du vice-recteur avec plusieurs propositions concrètes dont l’insertion dans chaque agenda d’une contextualisation du slogan et de l’occupation du semestre dernier. À la suite de cela, la CUAE a été notifiée d’une interdiction totale de distribution de l’agenda. Cette interdiction est due au caractère supposément heurtant et inacceptable du slogan From the river to the sea et d’une date historique. La CUAE a tenté d’ouvrir un dialogue constructif avec le Rectorat, ce qui lui a été refusé. Pourtant, l’Université devrait être un lieu de débat ouvert où différents points de vue doivent pouvoir être discutés et débattus, dans le respect des personnes. Aujourd’hui l’alma mater a pris parti pour une position politique et censure une autre, élément dangereux pour la liberté d’expression au sein de l’Université.
La CUAE, qui prône l’inclusivité, le débat et le savoir critique et qui combat toutes formes de discriminations telles que le racisme ou l’antisémitisme, est choquée par cette décision du Rectorat et par les modalités qui l’entourent. Cette censure est intolérable tant sur le plan syndical que sur celui de la liberté associative. En tant que faîtière des associations et syndicat étudiant de l’Université de Genève, les agendas sont nécessaires à la communauté universitaire. Ils permettent aux étudiant.e.x.s de s’informer sur leurs droits, leurs devoirs ainsi que sur les services auxquels iels ont accès, à l’intérieur et à l’extérieur de l’UNIGE.
La censure totale d’un agenda en raison d’un désaccord politique sur quatre de ses plus que 200 pages est entièrement disproportionnée. Outre l’aspect syndical et associatif, cette censure est une attaque contre les luttes étudiantes et au mouvement de solidarité envers le peuple Palestinien. Le slogan From the river to the sea est utilisé par des palestinien.ne.x.s et des israélien.ne.x.s qui se battent pour une alternative réellement démocratique, qui accordera les mêmes droits à tou.te.x.s les habitant.e.x.s de la région, de la Méditerranée au Jourdain. Encore une fois, ce slogan appelle à la fin d’un régime politique qui se base sur la discrimination systématique d’une partie de sa population et sur une occupation coloniale, reconnu par le droit international[2]. Depuis le 19 juillet 2024, tous les États se doivent de reconnaître la situation d’occupation en territoires palestiniens comme illicite[3]. Que l’UNIGE, une institution publique, censure un slogan appelant au respect du droit international est inquiétant.
Si une chose heurte et clive la communauté universitaire, ce n’est pas un agenda nécessaire aux étudiant.e.x.s mais bien le silence de l’alma mater face à la situation en Palestine et à Gaza, qui a causé plus de 40’000 morts depuis le 8 octobre 2023 et qui est qualifiée par les expert.e.x.s du droit international de génocide[4]. Le refus de l’université de dialoguer avec les membres de la communauté désirant la fin des partenariats stratégiques avec des universités favorisant la violation du droit international devrait être au centre du débat aujourd’hui. Au vu de la censure de notre université, la CUAE distribuera ses agendas gratuits en dehors de cette dernière et tiendra les étudiant.e.x.s au courant des suites de cette situation.
Le comité de la CUAE
[1] https://www.unige.ch/actualites/archives/2024/le-rectorat-condamne-la-distribution-dun-agenda-problematique/
[2] Décision de la CIJ du 19 juillet 2024 réaffirmant l’illégalité de l’occupation de l’État israélien sur les territoires palestiniens
[3] Ibid.
[4] Anatomy of a Genocide – Report of the Special Rapporteur on the situation of human rights in the Palestinian territories occupied since 1967, Francesca Albanese (A/HRC/55/73)