Contribution à la réflexion sur la formation supérieure en marge du Forum Social Européen à Paris – Financer l'enseignement supérieur?

FINANCER L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ?

“ Le maintien d’un contrôle public sur l’enseignement supérieur n’est […] en rien la garantie immunitaire contre une dérive “marchande“ ou strictement utilitariste. Sans doute parce que tous les acteurs de la société partagent peu ou prou aujourd’hui cette vision : les parents d’élèves comme les étudiants cherchent la formation qui maximisera leurs chances sur le marché du travail ; les entreprises privées […] exigent un personnel directement opérationnel et se plaignent des insuffisances du système d’enseignement supérieur ; les hommes politiques […] considèrent la maximisation de la performance économique comme le seul objectif [1]. ”

C’est en ces termes que Jean-Luc de Meulemeester renvoie dos-à-dos les positions respectives de l’Etat et des entreprises privées en matière d’enseignement supérieur. Parallèlement, de nombreux mouvements qui s’affirment à la gauche de la gauche, de nombreux syndicats actifs dans le domaine de l’enseignement, posent comme centrale la revendication d’un retour de l’Etat sur le terrain qu’il a laissé au capital. Cette revendication ne revient-elle pas à oublier les liens qui unissent l’Etat au grand capital ? Plus largement, si l’enseignement ne doit pas être soumis au marché, le contrôle de l’Etat est-il l’unique alternative ou une alternative transitoire ? faut-il lutter pour un autre rapport entre l’Etat et les institutions d’enseignement – c’est-à-dire s’engager, à un titre ou à un autre dans le processus parlementaire – ou changer l’Etat lui-même ? Enfin, l’enseignement doit-il forcément être financé ?

Partant de ces questions, il s’agirait de réfléchir aux moyens de faire échapper l’enseignement à l’évaluation monétaire (prix des enseignements, salaires, “ investissement ” de la part des étudiants, etc.) Une telle perspective pourrait sans doute mener à des réflexions utopiques propres à donner l’impression – mais l’impression seulement – de la radicalité. Pour éviter ce travers, nous proposons, dans le cadre exposé ci-dessus, d’examiner des problématiques concrètes : Que signifie la notion de contrôle public sur les institutions d’enseignement supérieur et sur l’organisation de celles-ci ? Quelles alternatives à l’adage “ qui paie contrôle ” ?

Concrètement, quels modes d’organisation basés sur l’autonomie des étudiants dans leur propre formation souhaitons-nous ? Ces modes alternatifs d’organisation sont-ils de nature à éliminer ou à réduire l’évaluation monétaire de l’enseignement ?

[1] “ Education et capital humain ”, in Agone, sociologie, histoire & politique, n°29/30, septembre 2003, p. 190