La fin d'un mythe – Les étudiant-e-s n'habitent pas dans les bibliothèques

La CUAE a comme tâche de défendre les intérêts des étudiant-e-s. En ce sens, nous ne voulons pas nous limiter au plan strictement académique, car nous considérons que la formation comporte plusieurs aspects et que ses composantes sociales y occupent une grande place. De ce fait, la lutte pour trouver et choisir son toit nous apparaît comme essentielle et étroitement liée à notre revendication de réelle démocratisation de la formation.

La CUAE s’est attaquée à la question du logement depuis environ deux ans. Nous avons toujours estimé que nos actions et revendications s’inscrivent dans la lutte générale pour le droit au logement. En effet, nous sommes bien conscients que la crise ne concerne de loin pas uniquement les personnes en formation, mais de par sa condition d’association d’étudiants la CUAE s’est concentrée sur cette catégorie de la population, sans pour autant perdre de vue la problématique dans son ensemble.

La CUAE a attiré l’attention du rectorat sur la pénurie croissante de logement pour les personnes en formation. L’Université a mis un certain temps à réagir, puisque la première campagne, qui demandait à la population genevoise de loger des étudiant-e-s, n’a démarré qu’en été 2002. Si environ 300 étudiant-e-s ont pu être ainsi logé-e-s chez des particuliers, le mode de logement proposé par cette campagne n’est pas très heureux. En effet, non seulement c’est une solution à court terme, mais c’est surtout un type de logement qui fonctionne sur le principe de la sélection basée sur des critères définis par le logeur.

En outre, malgré cette campagne, à la rentrée 2002 de nombreuses personnes se sont vues obligées d’abandonner leurs projets d’études à Genève, faute de logement ; et d’autres, déjà sur place, ont continué à affluer dans nos bureaux et ceux de la Ciguë (coopérative de logement pour personnes en formation) pour demander de l’aide dans leur vaine recherche de logement. Face à ce malheureux constat nous avons décidé d’agir de manière directe : entre octobre et novembre 2002 nous avons lancé deux occupations d’immeubles. Celles-ci ont permis à la Ciguë d’obtenir des contrats de prêt à usage (dont ont pu bénéficier près de 100 personnes) pour l’année académique en cours. Par ailleurs, dès le début de nos actions, nous avons interpellé le politique pour dénoncer le caractère spéculatif de la crise et pour rappeler le Conseil d’Etat à ses obligations, soit l’application de la LDTR1 (qui serait le minimum qu’il puisse faire !)

A l’heure actuelle, des discussions se poursuivent avec les régisseurs et/ou propriétaires. Mais face à leur mauvaise volonté, il n’y pas grand espoir de solution concrète. Quelques constructions sont envisagées mais n’aboutiront pas avant 4-5 ans et les immeubles vides (et il y en a !) le sont toujours. Un projet de loi2 est également à l’étude à la commission logement du Grand Conseil qui demande la mise en place d’un fond spécifique au logement pour personnes en formation, ainsi que la création d’une structure officielle de coordination. La CUAE a été auditionnée par la Commission ; nous avons réaffirmé l’urgence de la situation et à nouveau attiré l’attention des député-e-s sur la non-application des articles 26 à 31 de la LDTR.

Toutes ces démarches nous semblent largement insuffisantes. En effet, les personnes ayant besoin d’un logement n’ont pas disparu comme par enchantement. D’ici peu nous nous retrouverons à nouveau avec des centaines de personnes à la rue : certains contrats de prêts à usage qui ont été signés par la Ciguë vont prendre fin, de nouveaux/elles étudiant-e-s vont arriver à Genève, et sans compter les personnes qui sont toujours en quête d’un logement digne de ce nom…

Jusqu’ici aucune mesure sérieuse n’a été prise ; c’est pourquoi le Comité de la CUAE va passer à nouveau à l’action et certainement reprendre ses travaux pratiques… pour réclamer une politique de logement réellement démocratique et en solidarité avec les personnes qui revendiquent le droit de choisir leur toit ! La suite… au prochain épisode.