OCP A L’UNI : LE POURQUOI DU COMMENT

Dans ce petit texte, nous expliquons brièvement les enjeux qui se cachent derrière la présence de l’Office Cantonal de la Population (OCP) dans l’université lors des immatriculations, puis la raison du refus par le Comité de la Conférence Universitaire des Associations d’Etudiantes (CUAE) de la “proposition” rectorale.

Quand l’université invite l’OCP

Rappelons tout d’abord que la présence de l’OCP à Dufour cet été n’est pas due à une demande de la part de la police des habitantes [ref]Les termes utilisés au féminin peuvent également être compris au masculin, et vice-versa.[/ref] mais à une invitation du rectorat. Qu’elle que soit l’intention ou la justification postérieure de ce dernier – “aider les étudiantes” en leur évitant le trajet jusqu’au bureau de l’OCP à la route de Chancy, alors qu’un simple mail suffit dans la plupart des cas – un tel changement de pratique ne peut être sans conséquence, et de fait, ne l’a pas été, puisque des étudiantes n’ont pas pu s’immatriculer à l’université. On peut donc légitimement s’interroger sur la capacité du rectorat à saisir les enjeux qui accompagnent de telles mesures administratives. Mais puisque, selon eux, rien n’est politique, mais affaire de bon sens et d’efficacité lorsque l’on gère une université, cela n’a rien d’étonnant. Malgré des demandes répétées de journalistes, la CUAE a considéré que la négociation interne était sans doute préférable à une médiatisation prématurée.

L’accueil des sans-papiers : une question politique

Et pourtant, les exemples de l’école primaire, du cycle et du collège, montrent à quel point la question de l’accueil des sans-papiers dans les institutions publiques de formation relève d’un choix politique. En effet, la scolarisation d’enfants sans-papiers repose sur des bases légales contradictoires et est donc le fait d’une pratique, revendiquée politiquement, d’accueil de chacune. Au sein de l’université, alors que le précédent recteur André Hurst, annonçait « Je m’engage à accueillir toute personne à l’université » Jean-Dominique Vassalli, qui lui a succédé, l’a transformé lors du dernier CU en « Je m’engage à garantir l’accès à l’université à toutes et tous, pour autant qu’il séjourne légalement en Suisse ». La nouvelle pratique inaugurée ce été trouve donc malheureusement un écho sinistre dans la bouche même du recteur et laisse augurer un changement plus profond dans l’institution. La présence de l’OCP en constitue un pas supplémentaire que nous ne pouvons accepter. En plus de leur justification qui, comme expliqué plus haut, sonne comme un aveu d’incompétence quand bien même on la considère de toute bonne foi, le rectorat ne manquera pas de jouer la victime, expliquant combien de cas sensibles il aurait contribué à régler. Mais, on l’a vu, une telle question ne se règle pas au cas par cas, mais doit être l’objet d’une politique générale.

Quoiqu’il en soit, l’université collabore déjà largement avec l’OCP. Pour exemple, une étudiante a même reçu de ce dernier une lettre lui annonçant qu’elle était exmatriculée, avant même de recevoir la décision de l’université… La Division Administrative et Sociale des Etudiantes (DASE), pour ne citer qu’elle, semble donc avoir des échanges répétés avec l’OCP. Les personnes disposant d’un permis B ne sont pas en reste. Plusieurs d’entre elles nous ont confié avoir subi des discriminations, notamment au sujet de certificats médicaux refusés par l’administration facultaire. C’est sur ces points que la CUAE désire des informations précises.

La CUAE refuse de se faire mener en bateau

Si vous ne l’avez pas compris grâce à notre historique, voilà pourquoi la CUAE a refusé de poursuivre le jeu du rectorat. Il a fallu pas moins de 20 jours pour avoir ne serait-ce que des nouvelles du vice-recteur Flückiger, 23 pour une réponse. La demande de la CUAE était pourtant claire et avait reçu un bon accueil lors de la réunion du 10 octobre. Une mesure administrative prise à la hâte sans aucune consultation pouvait facilement être enterrée. La proposition de présenter le problème une nouvelle fois au CU pour que la décision repose « sur une base démocratique large » ne pouvait être acceptée. Non seulement, le rectorat s’invente démocrate lorsque ça l’arrange, mais fait étalage de la vision et de la connaissance qu’il a du CU. Premièrement, ce dernier n’est pas compétent pour se saisir de mesures administratives comme c’est le cas avec l’invitation de l’OCP. Deuxièmement, son ordre du jour était déjà fixé au moment de la proposition de Flückiger, et aurait donc requis un vote des membres présentes pour être modifié. Troisièmement, derrière cette manœuvre se cache une tentative du rectorat de diluer ses responsabilités dans la fausse caution démocratique que représente le CU. La CUAE ne va donc pas s’attaquer à l’écriture d’un argumentaire en quelques jours pour qu’il soit rendu inutile si la question n’est même pas abordée. Rappelons au passage, que le 19 novembre aura lieu la dernière réunion du CU. Ainsi, la CUAE refuse d’être menée en bateau par le rectorat et attend de lui qu’il réponde à sa demande, comme convenu, au lieu d’essayer de gagner du temps pour fuir ses responsabilités.

Nous réaffirmons donc l’exigence d’une garantie écrite du rectorat, assurant la fin de la pratique instaurée cet été. Tant que cette condition n’aura pas été remplie, la CUAE considère que toute collaboration est impossible. Dans tous les cas, nous exigeons que soit clarifiés les liens entre l’université – et plus particulièrement la DASE – et l’OCP.

Dans ce but, nous appelons toute personne qui voudrait ajouter son expérience personnelle à ce texte à réagir sur notre site. De plus, nous convions toutes celles qui se reconnaîtraient dans les revendications de la CUAE à un

Rassemblement de protestation le 26 novembre à 14 heures dans le hall d’Uni-mail