université: permis B discriminés

En cette rentrée universitaire, il nous a semblé nécessaire de consacrer une partie ce Regard Critique à la situation des étudiant-e-s étrangers/ères. Notamment au vu du nombre toujours croissant de personnes qui viennent trouver la CUAE avec de nombreux problèmes pratiques quant à leur situation académique ou vie quotidienne à Genève. En effet, si notre université se vante d’avoir accueilli 36% d’étudiant-e-s autres que genevois-es ou confédéré-e-s durant l’année 2001-2002, il est indispensable de faire remarquer que certain-e-s d’entre eux ne proviennent pas des pays de l’Union européenne ou des pays ‘riches’. Pour ceux/celles-là, l’accès aux études dans notre pays est plus que difficile. La CUAE s’est engagée à lutter contre les discriminations faites à leur égard. Pour vous donner une petite idée de ce que représente la course d’obstacles qu’est l’immatriculation, puis le cursus d’un-e étudiant-e africain-e, latino-américain-e ou asiatique, nous vous proposons quelques exemples.

Tout d’abord, la personne désireuse d’étudier dans l’un ou l’autre canton suisse doit se présenter à la représentation diplomatique suisse de son pays, afin de se procurer les programmes de cours et conditions d’immatriculation. Chose peu facile pour un Algérien qui durant les troubles politiques de son pays a dû se rendre à l’ambassade suisse de Tunisie (la plus proche) car celle de son pays était fermée… Si la personne parvient à obtenir les renseignements qui lui sont nécessaires, elle doit faire parvenir une demande d’admission à l’Université de Genève entre le 1er avril et le 1er juin. Tous les dossiers sont étudiés en juin. Ce qui ne suffit pas toujours à l’étudiant-e pour recevoir son visa d’entrée à temps. En outre, malgré les coûts élevés pour l’inscription et les examens de Fribourg et de français, l’Université a introduit cette année une taxe de 65 Frs de frais de dossier pour toute demande d’admission afin de décourager les demandes soit disant peu sérieuses ! Ceci ne fait qu’infliger une difficulté supplémentaire et constitue en soi une discrimination.

En outre, à part les tracasseries de l’Université, l’étudiant-e, une fois accepté-e par notre Alma Mater est soumis-e à une pression constante. En effet, l’Office Cantonal de la Population (OCP) applique les ordonnances de la Loi sur le Séjour et l’Établissement des Étrangers arbitrairement en fonction de chaque personne et statue librement. Les décisions sur l’octroi et le renouvellement des permis B étudiant donc varient selon l’humeur de l’officier qui aura traité le cas.

Les étudiant-e-s sont donc sous une pression constante d’un éventuel non-renouvellement de leur permis B (ne pas pouvoir échouer à un examen, impossibilité de changer de cursus…). Ils-elles sont à la merci des décisions de l’Office Cantonal de la Population.

De plus, on est en droit de se demander si ces mesures ne feraient qu’appuyer la politique fédérale en matière d’immigration car si ces démarches administratives constituent de réels obstacles pour les étudiant-e-s étrangers/ères, nous ne parlons même pas des problèmes pratiques qui se posent à eux pour pouvoir vivre dignement à Genève. L’accès au logement leur est encore plus restreint, il leur est le plus souvent impossible de sortir de notre territoire ne serait-ce que pour aller faire des courses en France, et l’intégration dans notre petite ville n’est pas toujours facile, surtout si la personne provient d’un pays du Sud ou de l’Est. L’accès aux études pour toutes et tous reste donc dans la pratique complètement illusoire surtout lorsque les ordonnances à appliquer sont de l’ordre de : « les autorités doivent tenir compte des intérêts moraux et économiques du pays, ainsi que du degré de surpopulation étrangère » Il apparaît donc que dans un pays qui se vante de promouvoir l’égalité des chances, ces pratiques ne font que révéler son hypocrisie.

Les mesures actuelles ne sont déjà pas glorieuses pour un pays qui se vante de son ouverture aux cultures, mais la modification de la loi sur les étrangers (LEtr) en cours va restreindre encore plus l’accès des étudiant-e-s du dénommé ‘2e cercle’ aux études en Europe. La CUAE a donc décidé de s’engager dans l’opposition à l’introduction de cette nouvelle loi et à sensibiliser la population estudiantine sur ce sujet délicat mais bien réel. Vous serez bien entendu mis-e au courant de la suite des événements. De même, nous vous invitons à signer et faire circuler la pétition qui demande la suppression de la taxe de 65.- de frais de dossier pour les étudiants étrangers, ainsi que la modification du délai pour les remises de demandes d’admission.