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Communiqué de presse – Publication du Rapport de la Coalition pour le Boycott Académique à l’Université de Genève

En réponse à la publication par l’Université de Genève du Rapport sur le rôle des universités dans le débat publique, la Coalition pour le boycott académique à l’Université de Genève (CBAU), composée par des membres de la Coordination étudiante pour la Palestine de l’Université de Genève (CEP-UNIGE), la Conférence universitaire des associations d’étudiant·e·x·s (CUAE) et le groupe de travail boycott académique du collectif Boycott, Divestment and Sanctions (BDS) Genève, ainsi que par des membres de la communauté de l’UNIGE, publie aujourd’hui un nouveau Rapport.

Ce présent Rapport veut d’abord être une réponse critique au rapport du Comité scientifique de l’Université de Genève (UNIGE) publié en février 2025, ainsi qu’à la deuxième version publiée le 23 mai dernier . Il apporte également de nouveaux arguments — supplémentaires à ceux déjà développés dans le rapport de la CEP-UNIGE du 6 juin 2024 — afin de démontrer la légitimité des demandes étudiantes en comparaison avec l’illégitimité du rapport du Comité scientifique de l’UNIGE.

Face au génocide en cours à Gaza, au système d’apartheid et d’occupation coloniale imposé sur toute la Palestine et aux violations massives des droits humains commis dans la bande de Gaza, les demandes et la mobilisation de la communauté universitaire constituent une réponse légitime, historiquement ancrée et juridiquement fondée. Ces formes d’actions ont démontré leur efficacité dans d’autres contextes et ne peuvent être disqualifiées sous prétexte d’une supposée réserve institutionnelle.

Les universités, en tant qu’institutions publiques, ne peuvent se réfugier derrière une interprétation minimaliste de leurs responsabilités ou instrumentaliser la liberté académique pour éluder leurs obligations. Il est nécessaire de rappeler que le maintien des partenariats avec des universités israéliennes peut non seulement être interprété comme un appui implicite, mais constitue une violation des obligations impératives de droit international. De plus, des responsabilités pénales individuelles pourraient découler de l’article 264 du Code pénal suisse.

Nous ne pouvons donc que rejeter les conclusions du Comité scientifique. Un travail d’évaluation des partenariats institutionnels, ainsi que de la politique d’achat de l’UNIGE, couplé par une suspension au moins temporaire de ces partenariats, comme cela a été suggéré aussi par plusieurs membres du comité scientifique dans leurs commentaires, semble une réponse nécessaire, même si très tardive, aux obligations de l’Université découlant du droit international.

En effet, des démarches comparables à celle du Comité scientifique de l’Université de Genève menées au Mexique, en Irlande, à Lausanne et ailleurs, montrent que des réponses institutionnelles à la hauteur de l’urgence morale et juridique sont non seulement possibles, mais aussi déjà mises en œuvre. Le contraste avec la posture actuelle de l’UNIGE met en évidence un manque de volonté politique, doublé d’une stratégie rhétorique destinée à justifier des décisions prises sans concertation avec la communauté universitaire.

L’usage détourné des concepts de liberté académique et de réserve institutionnelle sert ici de rempart contre des demandes légitimes formulées par la CEP-UNIGE. Ce refus de répondre à une mobilisation démocratique fondée sur des principes éthiques risque de fragiliser durablement la crédibilité de l’institution.

Nous recommandons donc au Rectorat de l’UNIGE de répondre favorablement aux demandes formulées par la CEP-UNIGE, notamment la suspension de toute collaboration avec des universités ou instituts de recherche israéliens ainsi que des activités de normalisation du gouvernement israélien, et une intervention auprès de Swissuniversities qui irait dans la même direction.

Nous recommandons aussi de rétablir un dialogue sérieux et démocratique avec l’ensemble de la communauté universitaire. Ce dialogue devrait notamment s’inscrire dans le cadre de l’Assemblée universitaire, dont les récentes élections, marquées par la victoire des candidat·e·x·s de la CEP- UNIGE, témoignent d’un large consensus autour de ces revendications.

Enfin, dans un contexte international où certaines universités aux États-Unis collaborent avec les autorités pour cibler les étudiant·e·x·s engagé·e·x·s, tandis que d’autres résistent et défendent leurs étudiant·e·x·s et employé·e·x·s, il est impératif que le Rectorat de l’UNIGE mesure l’importance de son rôle. Il lui revient de défendre l’autonomie de l’Université de Genève, de protéger une communauté engagée et prête à assumer ses responsabilités, et de faire de l’université un lieu de courage, de justice et d’intégrité face aux crises mondiales.

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Communiqué de presse de la CUAE : « Effectivement, ça tombe mal »

Audrey Leuba (2025, April 9) Audrey Leuba promet que des mesures « seront prises »
https://www.lemanbleu.ch/fr/Actualites/Geneve/Plagiat-a-l-UNIGE- Audrey-Leuba-promet-que-des-mesures-seront-prises.html

La CUAE, syndicat étudiant et faîtière des associations d’étudiant.e.x.s de l’Université de Genève, a convoqué une conférence de presse aujourd’hui, mercredi 16 avril 2025, suite à une accumulation d’événements depuis plusieurs semaines, voire depuis l’entrée en poste d’Audrey Leuba et du Rectorat, le 1er avril 2024.

Le 4 avril dernier, le quotidien Le Courrier a dénoncé un plagiat dans le rapport du comité dit « scientifique ». Suite à cette annonce, le Rectorat de l’Université de Genève a communiqué et pris position publiquement en minimisant l’ampleur du problème, comme dans l’intervention d’Audrey Leuba le 9 avril sur le plateau de Léman Bleu (cf. citation dans le titre). Par ailleurs, elle refuse de reconnaître sa responsabilité et se dédouane complètement, alors même qu’un membre du Rectorat, Édouard Gentaz, est membre du comité scientifique depuis sa création en mai 2024. De plus, les conséquences évoquées à l’heure actuelle par le Rectorat ne sont pas adéquates : à la place de retirer le rapport et d’entamer un réel processus démocratique, le Rectorat prévoit quelques modifications au niveau de la bibliographie, ainsi qu’un changement de présidence du comité en question. A titre de comparaison, un.e.x étudiant.e.x qui commettrait le même plagiat serait convoqué par le Conseil de discipline de l’UNIGE et risquerait d’être exclu.e.x dans de courts délais.

Cependant, comme la CUAE l’a déjà exprimé dans un communiqué précédent, le problème n’est pas seulement le rapport publié le 10 mars dernier mais bien l’existence même de ce comité non-scientifique : les membres de cet organe, créé par et pour le Rectorat, ont été cooptés informellement tandis que d’autres ont été écarté.e.x.s arbitrairement. De plus, le questionnement de départ, à savoir « Le rôle des universités dans le débat public », ne répond pas aux demandes de la mobilisation du printemps 2024, initiée par les étudiant.e.x.s puis rapidement soutenue par les corps intermédiaire et professoral.

L’UNIGE, ne saisissant pas la gravité de la situation, n’est pas à même de répondre aux besoins et aux demandes de la communauté universitaire. Le mécontentement grandit, et ce non seulement parmi les étudiant.e.x.s, mais aussi au sein de tous les autres corps et de toutes les autres instances de l’université. Pour toutes ces raisons, la CUAE a décidé de se charger de l’organisation du prochain Town Hall Meeting, le 12 mai prochain à 18h30 à Uni Dufour, en U600. Cette soirée sera l’occasion de présenter un contre rapport qui est en train d’être rédigé par des étudiant.e.x.s et qui répond vraiment aux questions soulevées lors de l’occupation d’UniMail – et plus généralement par les mobilisations au niveau international – mais également de recentrer la discussion sur la question de fond soulevée depuis le printemps 2024 : comment le Rectorat actuel gouverne-t-il l’Université de Genève ?

La CUAE convie toute la communauté universitaire y compris le Rectorat, ainsi que les membres de la Cité, au Town Hall Meeting lundi 12 mai 2025 à 18h30 en U600 (Uni Dufour). Elle vous invite également à rester attentif.ve.x.s aux prochains événements, de potentielles futures mobilisations étant à prévoir.

Le comité de la CUAE

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Communiqué de presse de la CUAE concernant le plagiat du comité scientifique

Pendant l’écriture de ce communiqué, l’UNIGE a annoncé le report du Town Hall meeting prévu le 8 avril (le minimum syndical). 


Le 10 mars 2025, le comité scientifique (ci-après : le comité) de l’UNIGE a publié son rapport sur le rôle des universités dans le débat public. Ce rapport avait déjà été critiqué par la CUAE pour ses prises de position lâches et dangereuses . Ce vendredi 4 avril, le Courrier a révélé qu’une partie du rapport a été plagiée d’un article de Cécile Laborde, professeure de théorie politique à l’Université d’Oxford. La CUAE dénonce ce plagiat et demande au rectorat de l’UNIGE d’agir rapidement et concrètement. 


Vendredi 4 avril, le Courrier révélait que le rapport du comité plagiait l’article de la Professeure Laborde sorti en octobre 2024 “Sur le positionnement politique des universités”. En lisant l’article du Courrier et l’article de la Prof. Laborde, il devient évident qu’il ne s’agit pas d’un simple oubli de la part du comité : il est impossible de nier le plagiat. En effet, la revendication phare du comité, soit la réserve institutionnelle, est construite de toute pièce sur l’article de la Prof. Laborde, souvent repris mot par mot, sans que cette dernière ne soit jamais citée (et ce sur plus de quatre pages), pas même dans la bibliographie. 


Ce plagiat démontre un manque de scientificité flagrant de la part du comité et l’absence totale de remise en question et de confrontation d’idées de la part de ses membres. De plus, ce que Cécile Laborde propose comme des potentielles pistes de réflexions, est présenté dans le rapport comme des faits. Finalement, le comité ne met pas en opposition les conclusions de Laborde avec d’autres travaux scientifiques et choisit uniquement les passages de l’article de cette dernière qui l’arrangent. Il n’y a rien de scientifique dans une telle démarche.


Dès lors, ce plagiat ne fait que dévoiler la vraie nature de ce rapport et du comité lui-même. Dès la naissance du comité, il était clair que sa fonction était d’empêcher l’existence d’un réel débat démocratique au sein de l’Université. Les interrogations et revendications de la CEP n’ont pas pu être réellement discutées avec les membres de la communauté universitaire (dont le Rectorat) mais ont été remplacées par des discussions stériles au sein d’un comité dont les membres ont été choisi.e.x.s par pure cooptation et écarté.e.x.s par pur arbitraire, contre toute démarche démocratique.


En effet, l’enjeu primordial de ce scandale est le lien entre scientificité et démocratie. Seulement une vraie discussion, une qui ne craint pas d’aborder les questions qui nous sont posées et de maintenir la recherche de la vérité comme but premier, pourrait déboucher dans un travail scientifique qui répond aux exigences de rigueur et d’intégrité. Dès lors, il n’est pas étonnant que le résultat d’un débat apprivoisé et pre-mâché ne soit rien d’autre qu’un plagiat grossier, comme cela vient d’être démontré.


La portée de ce scandale ne peut pas et ne doit pas être réduite à une simple question de plagiat – il s’agit ici d’un enjeu démocratique. Débattre sérieusement ce texte serait un insulte au travail quotidien sérieux des membres de la communauté universitaire. Continuer de se taire face aux revendications des étudiant.e.x.s mobilisé.e.x.s signifierait exacerber la crise démocratique que l’on vit à l’Université de Genève depuis désormais plusieurs années.


Pour toute ces raisons, la CUAE demande donc au Rectorat de l’UNIGE :

– l’annulation du Town Hall Meeting prévu pour le mardi 8 avril 2025 ;

– la dissolution du comité scientifique et le retrait du rapport ;

– l’ouverture d’un vrai débat démocratique au sein de l’UNIGE par le biais d’une réponse aux revendications de la Coordination Étudiante pour la Palestine.


La CUAE demande en outre aux membres du comité de démissioner et à toutes les composantes de la communauté universitaire de se désolidariser du rapport du comité et d’admettre l’existence d’un plagiat. 


Finalement, afin de stimuler le débat qui est nécessaire à cette communauté et que le Rectorat refuse toujours d’ouvrir, la CUAE invite l’Université et la Cité à participer à la discussion autour de nouveau livre du Prof. Joseph Daher qui aura lieu demain, mardi 8 avril.

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Rapport du comité scientifique de l’UNIGE : la neutralité ou comment choisir le camp de l’oppresseur et éliminer la contestation.

Un texte écrit par la CUAE le 17 mars 2025, retrouvable sur cuae.ch

Après un travail acharné de près d’un an (11 réunions de 2h environ étalées sur plus de 10 mois), le comité scientifique chargé de répondre à la question globale du “rôle des universités dans le débat public” a sorti son rapport. Vu combien cette dernière phrase veut tout et rien dire, on s’est ditexs à la CUAE que ça pouvait être chouette d’expliquer ce qu’était le comité scientifique, que disait son rapport et pourquoi ce rapport était dangereux (et nul).


1) C’est quoi le comité scientifique ? Qui est dedans ?

Le comité scientifique est un comité qui a été (habilement) créé par le Rectorat le 6 mai, soit un jour avant l’occupation en solidarité au peuple palestinien et contre le génocide en cours à Gaza (ci-après : occup de la CEP[1]). En effet, il a été créé en réponse aux différentes mobilisations étudiantes en soutien à la Palestine en Suisse et ailleurs. Le comité avait comme mandat de répondre à la question “est-ce que les universités peuvent se positionner dans le débat public et notamment sur des thématiques ou des sujets clivants pour leur communauté ?”. Le comité devait par ailleurs se positionner concernant le potentiel arrêt de collaboration avec certaines universités, dans le cas où elles ne respectent pas certains principes[2]. Notamment si elles enfreignent le droit international ou sont complices avec des crimes contre l’humanité ou des génocides. Le rapport ne répond pas à ces questions.

Une chose est à noter, toutes les personnes siégeant maintenant dans ce comité ont été cooptées par son président, Frédéric Esposito. Ce choix a été uniquement en raison de relations interpersonnelles. L’UNIGE ne s’est ici absolument pas cachée d’un déni total de démocratie.

Le 8 mai 2024, soit au lendemain du début de l’occup de la CEP, ce dernier a proposé à des membres de la CEP de rejoindre le comité. Le but était (supposément) de donner aux étudiant.e.x.s mobilisé.e.x.s pour la Palestine une voix dans les travaux du comité[3]. Néanmoins, ces dernier.ère.x.s ont été exclu.e.x.s du comité scientifique après que la CEP ait décidé de continuer à dormir à UniMail. La CEP avait décidé de continuer à dormir dans l’uni pour maintenir un rapport de force avec cette dernière – en réponse, elle a jeté la CEP hors de toute discussion avec l’institution. Non seulement les étudiant.e.x.s ne pouvaient plus discuter avec le comité scientifique, mais on leur refusait toute autre discussion avec l’institution – avec comme excuse que les discussions pertinentes  avaient lieu au sein du comité. Dès lors, la CEP n’avait plus de canal de discussion directe avec l’uni. Finalement, la contestation étudiante s’est éteinte en une plainte pénale de la rectrice. La police est arrivée et a délogé les étudiant.e.x.s le 14 mai 2024.

L’exclusion de la CEP a marqué la fin de toute contestation au sein du comité scientifique. Même au sein de cet organe ne servant qu’à légitimer les actions de l’UNIGE, la contestation et le débat sont étouffés. De plus, dans la version finale du rapport on voit qu’une majorité des membres du comité scientifique qui sont à l’UNIGE sont en désaccord avec les conclusions. Néanmoins, leurs opinions sont considérées comme minoritaire et la voix de personnes externes à l’UNIGE[4] est plus écoutée. Vive la démocratie.

Finalement, le rapport écrit par la CEP sur la question des collaborations avec le unis israéliennes, n’est pas cité du tout[5].  Vive la démocratie.

Pour plus d’informations concernant le comité scientifique et son implication dans l’occup de la CEP, voir notre texte “Unige complice, rien ne change”[6].


2) Que dit le rapport ?

Pour vous éviter la lecture de 35 pages vraiment pas du tout du tout intéressantes, on vous propose ici un résumé de ce que dit le comité scientifique.

Le rapport commence par une introduction puis continue avec les recommandations du comité scientifique. Ces recommandations sont centrales dans la prise de position du comité scientifique, nous les détaillerons donc plus dans la partie 3 de ce texte.

Après plusieurs paragraphes de justifications hasardeuses (voire éclatées au sol) – notamment sur comment l’université a été créée au Moyen-Âge et sur un texte fumeux des années soixantes, le tout sans mention de l’évolution que les universités ont vécues depuis mai 68 – nous arrivons à la partie centrale du rapport. 

À la suite des recommandations, le rapport définit plusieurs notions. Il définit :

  • la liberté d’expression à l’université : comme étant la possibilité de s’exprimer sur le sujet qui nous semble pertinent même si cela heurte/choque/inquiète une “fraction quelconque de la population”. Il faut néanmoins garantir la sérénité des membres de la communauté. (si vous trouvez ça paradoxal c’est parce que ça l’est) ;
  • la liberté académique : comme visant à garantir à chacun.e.x des membres de la communauté la possibilité de faire ces activités sans pression indue externe ou interne à l’université ;
  • la neutralité institutionnelle : comme étant un principe permettant à la fois de préserver les missions académiques de l’université tout en permettant une liberté d’expression large à ses membres ;
  • la réserve institutionnelle : comme étant une alternative souhaitable à la neutralité institutionnelle. En effet, elle permet d’éviter (par un simple changement de nom) les arguments des opposant.e.x.s au terme “neutralité”.

Ces définitions nous montrent une chose : le comité scientifique ne cherche qu’à légitimer les politiques actuelles de l’UNIGE et assurer que l’UNIGE puisse continuer à survivre malgré une ambiance de panique morale[7]. En effet, la liberté d’expression est faite pour protéger la liberté des minorités et des opprimé.e.x.s de s’exprimer sans craindre la répression. Dans une uni où on ne peut pas dénoncer des conférences transphobes ou un état génocidaire sans avoir une plainte pénale au cul, il est incohérent et dangereux de dire que l’uni se doit d’être neutre pour protéger la liberté d’expression de chacun.e.x.

Cela revient alors toujours à la même chose, les dominants peuvent s’exprimer, pendant que les autres se font arrêter par la police ou subissent d’autres formes de répression. Autoriser les discours haineux et dangereux pour protéger un supposé vivre-ensemble[8] qui ne fait que mettre en péril les opinions minoritaires. Faire croire que la neutralité permet l’expression libre alors que celle-ci permet uniquement l’expression des dominants.

La neutralité n’existe pas. Traiter indifféremment les dominants et les opprimé.e.x.s est au mieux un désintérêt de l’émancipation des second.e.x.s, et au pire des excuses pour dissimuler un soutien au premier. Si on pousse la logique de l’objectivité jusqu’au bout, alors devrait-on accorder autant d’importance à la voix des colons qu’à celle des colonisé.e.x.s? Il y a quelques années, dans un exercice d’un cours sur le genre et l’histoire à l’UNIGE, c’est exactement ce qui était demandé : se mettre dans la peau d’un pro-esclavagiste et d’une personne esclavagisée.

On vous laissera analyser vous-même les passages les plus cringe qui témoignent de l’ambiance de boomer qui devait régner lors de la rédaction de ce rapport. On prendra pour exemple le fait que nous vivions supposément dans une époque de polarisation à cause de TikTok ou le fait que l’uni devrait être un brave space et non un safe space[9].

À la fin du rapport se trouvent plusieurs petites parties sur les sujets suivants : la suspension des accords de collaboration et la place du service à la cité à l’UNIGE. Ici le comité scientifique justifie ses recommandations via des écrans de fumée de rhétorique.


3) Les recommandations du comité scientifique

Le comité scientifique donne plusieurs recommandations à l’UNIGE. Elles sont mentionnées au début du rapport et rappelées dans sa conclusion. Pour faciliter la compréhension du texte, on les a regroupés en deux parties : celles inutiles et celles dangereuses.

a) Les recommandations inutiles

Dans cette première partie, nous parlerons des conclusions suivantes :

  • améliorer la diffusion et l’appropriation de la Charte ;
  • harmoniser l’évaluation éthique des recherches ;
  • arrêter d’utiliser la terminologie actuelle de l’université “partenariat stratégique”[10] pour éviter toute confusion ou récupération politique.

Ce que propose en somme le comité scientifique c’est de garantir que les membres de la communauté lisent mieux la Charte d’éthique, que l’UNIGE ait un outil plus simple et transparent pour juger l’éthique d’un projet et de cacher l’existence matérielle des partenariats stratégiques pour éviter que l’on voit qu’ils ont effectivement un poids économique, politique, académique et symbolique.

Ces recommandations ne sont pas réellement inutiles. En tant que membres de la communauté universitaire, elles ne risquent pas de changer notre quotidien. En tant qu’étudiant.e.x, on devra sûrement suivre un MOOC[11] sur la Charte d’éthique au début de nos études ou la réciter tous les matins la main sur le cœur. En tant que collaborateur.ice.x, on devra sûrement signer une feuille garantissant qu’on respecte la Charte lorsqu’on fait de la recherche[12]. Derrière ces modifications futiles se cache une seule utilité : protéger l’UNIGE. En effet, si une personne va à l’encontre de la Charte[13], l’UNIGE pourra se dédouaner en disant “oui mais on lui a fait signer la Charte”. Ainsi, l’UNIGE n’a plus à prendre ses responsabilités et individualise tout problème. Ainsi, si un.e.x chercheur.euse.x fait une étude en collaboration avec un État génocidaire, l’UNIGE n’aurait rien à se reprocher. Si un.e.x chercheur.euse.x se fait attaquer car il critique trop une entreprise ou un Etat, l’UNIGE ne le.a défend pas et répète juste en boucle qu’elle n’a rien fait de mal. Elle lui avait demandé de signer la Charte.

b) Les recommandations dangereuses

Dans cette seconde partie, nous parlerons des recommandations suivantes :

  • le devoir de “réserve” institutionnelle de l’UNIGE. Cette “réserve” institutionnelle serait censée garantir la liberté d’expression et académique ;
  • la préservation des accords de collaboration et des partenariats scientifiques ;
  • la clarification de l’affection et de l’utilisation des locaux de l’Université.

Concernant la notion de “réserve” institutionnelle, nous avons déjà introduit notre avis plus haut[14]. En gros, le comité scientifique nous dit que si l’uni ne dit rien, les membres de l’uni pourraient dire plus. L’UNIGE ne pourrait pas prendre position sur plusieurs avis[15] et cela permettrait à ses membres de débattre et analyser tranquillement – tout en ne prenant pas position.

Or il reviendrait à nier le travail de milliers de collaborateur.ice.x.s que dire que l’uni ne prend pas position. Faire une recherche sur la dangerosité de l’illégalité de l’avortement et sur le fait que ce dernier existe indépendamment de sa légalité, c’est prendre position. Faire une recherche sur les infractions du droit international de la Russie, c’est prendre position. Faire de la recherche, c’est prendre position. Le comité scientifique nous dit qu’en ne prenant pas position, on peut favoriser le débat et l’analyse. Mais le débat et l’analyse n’existent pas dans une réalité abstraite sans rapports de pouvoir et société, ils existent ici et maintenant. Quand on débat, on prend position. Dire le contraire est dangereux et empêche aux membres de la communauté universitaire de mener à bien leurs recherches et de se positionner dans un monde toujours plus réfractaire aux positions critiques (positions que l’uni se devrait de préserver).

En outre, cette pseudo-neutralité est un miroir de la fascisation et du conservatisme croissant que nous traversons ces dernières années en Europe et Amérique du Nord. En effet, en ne prenant pas position de façon indépendante sur des sujets d’actualité où l’université est supposée “experte”[16], elle se plie au discours hégémonique, soit celui des dominants. Dans un monde où les politiques se droitisent, où les parlementaires coupent les budgets de l’éducation[17] et augmentent ceux de l’armée[18], où les médias sont dans les mains de quelques milliardaires réactionnaires[19] et où l’extrême-droite est de plus en plus normalisée, les espaces de production de savoir critique doivent être préservés. En se positionnant comme chevaliers de la neutralité, le comité scientifique fait tout le contraire : il abandonne l’indépendance de l’uni au profit de politiques néolibérales, réactionnaires et anti-intellectualistes[20]. Par exemple, dire que l’UNIGE ne peut pas se positionner quant à la légalité de l’avortement, c’est ouvrir les portes aux atttaques contre ce droit fondamental.

La position du comité scientifique peut donc se résumer à deux mots : lâche mais surtout dangereuse[21].


4) La suite

Maintenant, le rectorat va devoir prendre position sur le rapport du comité scientifique et ce après une “consultation” des membres de sa communauté. Cette consultation prendra plusieurs formes, notamment l’organisationun énième town hall[22] (soit une conférence avec un nom chelou) et une discussion à l’assemblée universitaire, organe pseudo-démocratique où siège 20 profs, 10 étudiant.e.x.s, 10 membres du CCER et 5 membres du personnel administratif et technique (PAT)[23].

De notre côté, nous continuons notre mobilisation pour les droits des étudiant.e.x.s. Restez à l’affût <3.

« Rester neutre face à l’injustice, c’est choisir le camp de l’oppresseur. »

Desmond Tutu

[1] Coordination Étudiante pour la Palestine

[2] et ce sachant qu’un comité d’éthique et de déontologie existe déjà à l’UNIGE. On ne connaît néanmoins pas son travail car ses rapports ne sont pas publics.

[3] Habilement, cela permettait aux étudiant.e.x.s de parler avec des représentant.e.x.s de l’UNIGE en n’ayant jamais à parler avec celleux qui ont réellement le pouvoir : la rectrice.

[4] Isabelle Falconnier, Martine Brunschwig Graf, Pierre Hazan, Ruth Dreifuss.

[5] https://cuae.ch/wp-content/uploads/2024/06/rapport-CEP-UNIGE-20240606.pdf

[6] disponible sur cuae.ch

[7] expliqué très bien dans le livre de Francis Dupuis-Déri: “Panique à l’université : rectitude politique, wokes et autres menaces imaginaires”.

[8] le vivre-ensemble est une des priorités du rectorat actuel.

[9] Apparemment, l’uni devrait être un lieu où on peut dire ce qu’on veut sans se sentir ostracisés et non un safe space soit un lieu où les idées dérangeantes devraient être évitées. On a là une nouvelle preuve que le comité scientifique utilise des termes qu’il ne comprend pas – le terme safe space étant généralement utiliser pour décrire un espace où on peut s’exprimer d’une façon safe, soit sans craindre la reproduction d’oppression systémique ou de jugement car on appartient à une minorité. Si on en croit le comité scientifique, un brave space serait donc un espace où on peut s’exprimer librement sans prendre en compte les oppressions systémiques de notre société (racisme, sexisme, transphobie, classisme, etc.) et où donc finalement les mecs blancs hétéro-cis (si possible de plus de 60 ans) peuvent continuer à dire ce qu’ils veulent sans avoir peur de la moindre répercussion. Et si on les contredit, on est méchants et on ne comprend pas leurs émotions. C’est le boss final de la cancel culture – on devrait respecter les opinions et sentiments de tout le monde – mais surtout de ceux qui ont déjà du pouvoir. On vous propose d’écouter la musique “Club ouin ouin” de Camion bip bip.

[10] soit un lien académique fort que l’UNIGE a avec huit autres universités

[11] cours en ligne

[12] et ce sachant qu’à l’heure actuelle une telle commission existe déjà (cureg.unige.ch)

[13] ou en tout cas va à l’encontre de ce que considère le rectorat être la Charte – cette dernière étant très floue

[14] cf. partie 2

[15] par exemple “la légalité l’avortement ou de l’euthanasie, la guerre en Ukraine, ou le conflit israélo-palestinien”.

[16] Par ailleurs, nous refusons de croire que les expert.e.x.s sont les détenteur.euse.x.s du savoir tel que construit par notre société mais on a pas le temps d’élaborer beaucoup plus ici. Voir le texte du RC n°51 de la CUAE, “Neutralité mon cul”

[17]https://www.uss.ch/themes/formation-jeunesse/detail/luss-condamne-les-mesures-deconomies-irresponsables-dans-le-secteur-de-la-formation-et-de-la-jeunesse

[18]https://www.rts.ch/info/suisse/2024/article/au-terme-d-un-vif-debat-les-chambres-accordent-4-milliards-de-plus-a-l-armee-pour-les-annees-2025-2028-28635986.html

[19] voir documentaire de Off investigation “Les médias de la haine” (https://www.youtube.com/watch?v=Mi5jZcPMQhQ)

[20] En 2023, l’UDC a proposé de supprimer la Faculté de SdS. Le rectorat n’avait pas réagit alors que la CUAE le lui avait demandé.
(voir : https://www.lematin.ch/story/ludc-sattaque-frontalement-a-luniversite-de-geneve-434516784169)

[21] ça fait 4 mots déso

[22] pendant les vacances de Pâques. Donc quand les étudiant.e.x.s ne sont pas là. lolz

[23]on dit pseudo-démocratique car cet organe n’a pas de réel pouvoir décisionnel et ne représente pas la réalité des membres de la communauté universitaire. Si cet organe était réellement représentatif de l’UNIGE, il y aurait 20 profs, 89 membres du CCER, environ 600 étudiant.e.x.s et 62 membres du PAT.

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UNIGE complice – rien ne change

Ce texte a été écrit lors de l’été 2024.

À l’arrivée du nouveau rectorat, Leuba et sa team nous ont dit qu’un de leur but était de mettre en avant le « vivre-ensemble ». Or, il n’a même pas fallu attendre deux mois pour se rendre compte que cette rhétorique du vivre-ensemble n’était qu’une façade pour mieux faire passer la répression, la condescendance et la complicité de l’UNIGE. En réalité, le nouveau rectorat est tout aussi condescendant et néolibéral que le dernier (si ce n’est encore plus).

Un des exemples les plus édifiants de tout cela a été l’occupation pour la Palestine qui a eu lieu en printemps 2024.


1)    Petit rappel des faits

Vous l’avez sûrement vu passer, le hall d’UniMail a été occupé ce printemps en solidarité avec le peuple palestinien. Pendant une semaine, des centaines d’étudiant.e.x.s se sont nourri.e.x.s dans le hall, y ont dormi, s’y sont formé.e.x.s et y ont manifesté l’obtention de leurs revendications. Les étudiant.e.x.s étaient soutenu.e.x.s par des assistant.e.x.s (lien lettre assistant.e.x.s), des professeur.e.x.s (lien pétition) et par des personnes issues de la société civile qui ont apporté leur soutien aux occupant.e.x.s en venant sur place, apportant de la nourriture et du matériel, etc. Ce mouvement de contestation était adressé à l’université de Genève (et plus précisément au rectorat, et encore plus précisément à la rectrice). Les étudiant.e.x.s occupaient car iels voulaient que l’université se positionne clairement face au génocide[1] en cours à Gaza. Les revendications étaient très claires : appeler à un cessez-le-feu, dénoncer le génocide, arrêter toute collaboration avec l’État d’Israël et ses universités, accueillir proactivement des palestinien.ne.x.s à l’UNIGE et la transparence des accords entre l’UNIGE et les universités israëliennes[2]. Iels ont ensuite rédigé un rapport expliquant les liens concrets entre l’UNIGE et les universités israéliennes[3].

Si une minorité de ces revendications ont été « entendues », comme la transparence entre l’UNIGE et les université israéliennes ainsi que l’accueil (pas proactif) des gazaouis (et pas des palestinien.ne.x.s) via une structure existant déjà à l’université, leur majorité reste ignorée pour le rectorat. En effet, il estime impossible d’appeler directement à un cessez-le-feu et refuse de stopper toute collaboration avec les universités israéliennes. Au contraire, l’université “soutient les appels des organisations internationales humanitaires tendant à la libération des otages et à un cessez-le-feu afin d’éviter une catastrophe humanitaire” et “[s’]engag[e] sur la voie d’une réflexion sur le rôle des universités dans le débat public notamment en cas de conflits armés” dans sa prise de position concernant la “guerre Israël-Hamas” du 20 mai 2024[4]. Il est d’abord entièrement faux de qualifier de guerre ce qu’il se passe à Gaza depuis le 8 octobre et ce qu’il se passe en Palestine depuis plus de 75 ans (ne serait-ce qu’au regard du droit international). De plus, on voit très clairement que l’université ne veut pas se positionner et utilise des jolis mots et des tournures de phrases alambiquées pour éviter de dire tout simplement : l’université ne se positionnera pas et ce malgré la demande de notre communauté. De plus, les revendications « entendues » ne le sont qu’en surface. En effet, rien n’a encore été mis en place pour réellement accueillir pro-activement des gazaouis.

Dans ce texte, nous allons voir comment et pourquoi l’UNIGE est complice des crimes de guerre de l’état d’Israël mais aussi comment elle a fait pour éteindre de son mieux un mouvement de contestation au sein de ces murs. 

Ici, nous ne reviendrons pas sur les différentes avancées depuis la fin du semestre de printemps 2024.


2)    « Collaborer » ou comment tenter d’éteindre la contestation

Un jour après le début de l’occupation, une petite délégation des occupant.e.x.s ont pu rencontrer en huis clos le vice-recteur Édouard Gentaz ainsi que Fréderic Esposito, responsable du bachelor en relations internationales. Les occupant.e.x.s voulaient pouvoir discuter directement de la mise en place des revendications ainsi que de la forme des négociations. 

Dès leur arrivée à la réunion, la couleur était annoncée : il n’y aurait pas de négociation avec le rectorat. Plutôt, cette même délégation allait rejoindre – à titre provisoire et conditionné – un “comité scientifique”. La participation au comité scientifique allait servir de substitut à la négociation.

Pour revenir au comité scientifique, le rectorat avait (habilement) annoncé un jour avant l’occupation la mise en place d’un “comité scientifique” ayant pour but de réfléchir à la place de l’université dans le débat public, notamment en lien avec la situation à Gaza et “de permettre et d’éclairer les débats par une approche scientifique, en partageant leur exp ertise juridique, politique, historique ou sociologique”. On aurait difficilement réussi à faire plus flou comme but. 

Il y a plusieurs choses à dire concernant ce comité. Tout d’abord, du point de vue purement formel, il est étonnant que le rectorat se permette de créer un comité[5] sans passer par aucune des instances “démocratiques”[6] alors que cela est la procédure usuelle. Sachant que le génocide avait commencé 7 mois auparavant et que l’université a historiquement toujours dû se positionner politiquement, la création de ce comité semblait avoir pour unique but de montrer que l’université faisait quelque chose alors même que la contestation des étudiant.e.x.s était en train de monter dans toute la Suisse et plus largement dans le monde entier.

Autre point formel étonnant, l’appellation “scientifique”. On pourrait questionner (et on va le faire à la fin de cet article[7]) ce qu’est la science et à quel point elle est grandement influencé par la pensée des dominants, mais il est tout bonnement lunaire d’estimer que quelques personnes choisies par cooptation – personnes dans lesquelles figurent notamment l’ancienne conseillère fédérale Ruth Dreifuss, des étudiant.e.x.s suivant les cours du président du comité ainsi que la doyenne de la faculté des Lettres – puissent se targuer de l’appellation “scientifique” concernant les prises de position politique de l’université. Il nous semble plutôt que l’appellation “scientifique” serve ici d’argument de légitimation aux prises de position du rectorat. 

Mais alors, pourquoi ce comité existe ? Étant donné que toutes les “décisions” du comité doivent passer par le rectorat selon ce dernier (c’est entièrement faux[8]) et qu’un vice-recteur siège au sein du comité, ce dernier n’est absolument pas neutre et est entièrement dépendant de la volonté du rectorat. Si le comité disait “nous condamnons le génocide à Gaza”, le rectorat pourrait tout à fait refuser que cela soit la prise de position officielle de l’université et dire autre chose. Cela permet aussi au rectorat d’éviter de dialoguer directement avec les personnes qui contestent sa politique. En effet, alors même que les occupant.e.x.s voulaient rencontrer dès le premier jour la rectrice Audrey Leuba, cette dernière refusait de les rencontrer car, selon elle, les occupant.e.x.s négociait déjà avec le comité scientifique. Cela permettait au rectorat de dire publiquement qu’il débattait avec les occupant.e.x.s, alors qu’en réalité, il refusait toute discussion de fond avec ces dernier.ère.x.s. Ce comité sert donc uniquement au rectorat à se laver les mains et à ne pas prendre ses responsabilités politiques tout en disant que ces mêmes responsabilités ne sont pas politiques mais « scientifiques ». Cette tentative de dépolitisation du politique, présente à toutes les sphères de la société, permet de lisser des décisions anti-démocratiques et oppressantes. En disant qu’un comité « neutre » a pris une décision, le rectorat n’adresse pas l’aspect politique de la décision d’une part et la légitime – de par sa neutralité – de l’autre.

En plus de tout cela, le comité permettait surtout au rectorat de maîtriser le mouvement. Comme dit plus haut, le rectorat avait conditionné la participation des occupant.e.x.s aux « négociations » à certaines conditions. À l’origine, le rectorat conditionnait la participation au comité scientifique à la levée de l’occupation de nuit. Cela revenait en somme à tuer quasiment tout dérangement que l’occupation apportait à l’université. L’occupation comme forme de contestation n’est pas un choix anodin, elle permet de déranger l’espace occupé et donc de montrer physiquement et matériellement un mécontentement. Arrêter l’occupation de nuit revenait à réduire l’occupation à une simple manifestation journalière, chose qui enlevait beaucoup de son sens à cette dernière, d’autant plus qu’elle n’empêchait ni la tenue des cours[9] ni la tenue des activités économiques à l’UNIGE[10].

Heureusement, les occupant.e.x.s ont réussi à s’extirper de ce conditionnement dans un premier temps et à accéder au comité scientifique tout en tenant l’occupation de nuit. Néanmoins, iels n’avait toujours pas accès à une négociation directe avec le rectorat.

Après deux réunions avec le comité scientifique qui ont résulté en quelques promesses en l’air et à un soutien aux appels au cessez-le-feu, les étudiant.e.x.s ont encore une fois refusé de lever l’occupation de nuit après 5 jours d’occupation. Cela a résulté à leur exclusion du comité scientifique et à une diabolisation du mouvement de la part du rectorat. En effet, selon la rectrice, les occupant.e.xs ont à ce moment-là « brisé le dialogue »[11]. En réalité, c’est bien le rectorat qui a brisé le dialogue. Pour être même plus précis.e.x.s, le rectorat n’a même initié aucun dialogue. Au contraire, il a refusé tout dialogue et après 5 jours d’occupation il a activement commencé à tuer le mouvement matériellement et médiatiquement.

En plus de tuer le mouvement, le rectorat a aussi essayé de le calmer en adoptant une attitude infantilisante et nonchalante avec les étudiant.e.x.s participant à l’occupation. Ce dernier a multiplié les interactions informelles tout au long de l’occupation alors que les membres de la CEP avaient exigé un cadre clair de négociation, et ce depuis le début de l’occupation. La venue répétée des membres du rectorat et de leurs sbires collaborateur.ice.x.s avaient pour but de convaincre les étudiant.e.x.s (et ce explicitement) que ces négociations n’étaient pas politiques. Cette personnification et pseudo-humanisation des enjeux politiques invisibilise les dynamiques de pouvoir entre les parties au profit de supposées discussions entre « humains ». Les dominants ne sont considérés plus des vice-recteurs, secrétaires généraux ou directeurs de programmes d’études mais des humains (avec un petit cœur qui bat). Cette stratégie désamorce, lisse et évite d’entrer en conflictualité. La politique laisse place à l’émotion, ce qui rend très compliqué les négociations de fond et délégitime les personnes cherchant à obtenir certaines revendications (ici les étudiant.e.x.s).


 

3) Lisser et infantiliser, ou comment éteindre la contestation

Après avoir définitivement écarté les étudiant.e.x.s de toute négociation, le rectorat a commencé à affaiblir le mouvement à petit feu en prenant des décisions remettant en question le fait que l’université soit un lieu public et en diabolisant explicitement l’occupation via des unilistes[12].

Le soir même de l’exclusion des occupant.e.x.s du comité scientifique, le rectorat a décidé de fermer tous ses bâtiments au public pour des raisons “sécuritaires”. Cette affirmation était choquante pour deux raisons : elle faisait croire que le mouvement était dangereux d’une part et que ce n’était pas le rôle de l’université de maintenir le droit de manifester de sa communauté de l’autre. Or, la CEP a été, tout au long de l’occupation, un mouvement inclusif et pacifique. De plus, c’est le rôle de l’uni de garantir le droit de manifester et non l’inverse. Dire que l’uni doit être fermée “à cause des occupant.e.x.s” n’est qu’une énième volonté d’étouffer un mouvement contestataire. 


Afin de déloger des étudiant.e.x.s, le rectorat a finalement choisi de porter plainte. Il aurait évidemment pu agir autrement. Tout d’abord, il aurait évidemment pu accepter les revendications du mouvement en raison de leur pertinence. Ensuite, il n’était absolument pas nécessaire de porter plainte pour faire partir les manifestant.e.x.s. En effet, le rectorat aurait pu emprunter la voie civile, ce qui aurait évité l’envoi au poste de police de près de 50 personnes. Les occupant.e.x.s avaient annoncé.e.x.s dès le départ qu’en cas d’arrivée de la police iels partiraient directement et sans violence. La “stratégie des menottes” était claire : intimider tout un mouvement. En effet les occupant.e.x.s de l’UNIGE ont été arrêtéexs pour des raisons politiques. Le rectorat a refusé le dialogue. Étant donné qu’il n’a pas voulu répondre aux revendications politiques du mouvement, il a préféré faire usage de la force physique. 


Nous voyons là une violation claire du droit de manifester, droit qui inclut notamment de manifester là où se trouvent les personnes et le fait de pouvoir “déranger”. En accusant le mouvement d’une instrumentalisation du mouvement par des groupes ayant un autre agenda[uniliste du 13 mai] et en proposant une cellule psychologique car la manifestation aurait créé un « malaise » [uniliste du 14 mai] auprès de la communauté universitaire, le rectorat infantilise les étudiant.e.x.s qui demandent l’acceptation de revendications claires. Ironiquement, le rectorat n’a ni “mis en place”[uniliste mardi 14 mai] cette cellule psychologique (qui existe depuis des années) ni averti les collaborateurice.x.s de la cellule psychologique de leur potentielle nouvelle charge de travail, ni osé avouer que le dit “malaise”[uniliste mardi 14 mai] a été produit par la répression exercée par le rectorat envers des membres de sa propre communauté. 

Les revendications de la CEP, qui demandent simplement à l’université de se positionner face à un génocide et d’agir en conséquence, soit en arrêtant les partenariats UNIGE- universités israéliennes, n’ont rien d’heurtant ni de radical. Elles sont dans la lignée claire de ce que revendique la CEP depuis le début – une condamnation claire de l’irrespect du droit international humanitaire et un appel à la paix.


Nous voyons donc dans les méthodes d’intimidation du rectorat trois choses : une répression du droit de manifester, une volonté de ne pas répondre aux revendications de la CEP et une privatisation inquiétante de l’université (en faisant usage de sécus afin de contrôler les identités et en fermant l’université à touxtes). 


Notre rectorat nous a donc envoyé un message politique fort : face au droit de manifester, d’autant plus pacifique, de personnes de la communauté choquées par un génocide, on ferme l’uni, on envoie la police et finalement on fait taire un mouvement de contestation.


Cette stratégie s’inscrit très directement dans tout ce que nous savons du nouveau rectorat : privilégier “l’employabilité” – soit la disciplinarisation au salariat – à la réflexion, des fausses mesures au vrai dialogue et la néolibéralisation de l’université à la création de savoir pour touxtes.


Tout au long de cette séquence politique, alors même que le rectorat empêchait tout dialogue avec le mouvement de la CEP-UNIGE, la rectrice n’a eu de cesse de délivrer nombre d’éléments de discours – notamment à travers l’envoi de mails uniliste et d’apparitions médiatiques – infantilisant le mouvement et justifiant la répression menée à son encontre. Elle a pu ainsi faire usage d’une rhétorique sécuritaire afin de contrôler les identités des personnes entrant dans les bâtiments par des sécus et afin d’envoyer les flics.


4) Mais pourquoi éteindre la contestation ?

Officiellement, l’UNIGE a « dû » arrêter l’occupation car cette dernière aurait supposément « échapp[er] au collectif » [uniliste du 14 mai]. Les occupant.e.x.s seraient en réalité des « personnes extérieures à l’Université », se feraient influencer par des groupes politiques, seraient un danger pour la sécurité et ne retireraient pas une banderole « polémique ». On ne reviendra pas trop ici sur le pourquoi du comment ces allégations sont entièrement fausses, la CEP l’a très bien fait dans plusieurs de ses posts insta[13] et communiquésmais il faut retenir une chose : elles sont toutes fausses et détournent la réalité. Par exemple, alors même que le rectorat et les étudiant.e.x.s avaient trouvé un accord concernant la banderole « polémique » (les étudiant.e.x.s pouvaient la laisser mais mettaient une explication sur les réseaux sociaux et à côté de la banderole), le rectorat a finalement retourné sa veste et exigé qu’elle soit enlevée.

Bref, les réactions irrespectueuses et infantilisantes du rectorat témoignaient d’une chose : sa peur. Sa peur que sa complicité à un génocide soit mise en avant et sa peur que sa collaboration avec des universités travaillant activement pour ce génocide soit aussi mise en avant.

Aujourd’hui l’UNIGE collabore avec trois universités israéliennes qui soutiennent toutes le gouvernement israélien et son armée dans leurs actions. Ces collaborations ne sont scientifiquement et monétairement pas importantes pour l’UNIGE, qui n’a donc visiblement pas d’autres raisons que celles politiques de les continuer. Par exemple, l’université hébraïque de Jérusalem a un partenariat très spécial[14] avec l’UNIGE alors même que leurs échanges académiques sont rares.

Avec ces collaborations, l’UNIGE légitime politiquement et académiquement ses universités alors même que ces dernières participent activement au massacre de l’État israélien, qui a fait dans les premiers 9 mois du génocide plus de 186’000 en bande de Gaza[15].

L’UNIGE se cache derrière un neutralité et un comité « scientifique » pour éviter de montrer au grand jour qu’elle soutient et légitime des institutions travaillant main dans la main avec un état génocidaire.


5) Neutralité ?[16]

La scientificité́ construite des savoirs va souvent de pair avec un apolitisme revendiqué. Ce dernier joue en réalité́ un rôle idéologique. Comme mentionné plus haut, il sert à cacher les rapports de domination et à définir comme «objectivement vrais» les savoirs des dominants. A l’université́, ça permet de cacher que ce sont toujours les mêmes qui les produisent et les diffusent. On nous fait constamment oublier que tout savoir est construit, en premier lieu dans une salle de cours, et qu’on pourrait être partie prenante de leur production et de leur diffusion. En bref, que ces connaissances pourraient être les nôtres.

Mais cette association entre science et apolitisme n’est bien entendu pas naturelle. Bien que toujours minoritaires, de plus en plus de chercheur.euse.x.s produisent du savoir « militant », c’est-à-dire avec un parti pris en faveur des dominé.e.x.s assumé ouvertement. D’autres font un pas supplémentaire et produisent du savoir par et pour les luttes sociales, à l’image du récent site Internet ENQUETECRITIQUE.ORG.

Au niveau institutionnel, on nous brandit sans cesse un apolitisme qui nie le caractère hiérarchique de l’université́. Par exemple, depuis des années, l’UNIGE refuse d’envoyer les unilistes de la part de la CUAE lorsqu’elles sont jugées « à caractère politique ». Pas de politique à l’université́, nous dit-on donc.

Doit-on rappeler que le buste de Carl Vogt, une figure du racisme scientifique, est toujours censé revenir trôner fièrement devant Uni-Bastions à la fin des travaux malgré des demandes répétées de plusieurs collectifs de le retirer? Comment l’université peut-elle se prétendre neutre lorsque qu’elle fait le choix réfléchi d’accorder une place si valorisante à un racialiste ? En 2015, l’UNIGE a d’ailleurs également baptisé le plus récent de ses bâtiments en l’honneur de Carl Vogt. Après de nombreuses contestations étudiantes, elle l’a finalement dépabtisé (même si le bâtiment n’est toujours pas renommé). Souvent, lorsque des critiques s’élèvent contre la valorisation de personnages racistes dans l’espace public, les réacs répondent que de toute façon, on ne peut plus rien dire et qu’il est quand même bien dommage de juger le passé avec les critères du présent. Mais ce genre de réaction illustre, une fois de plus, que ces personnes considèrent leur vision de l’histoire, leur lecture des rapports sociaux comme la norme, figée dans le temps et immuable. Et que toute tentative de renverser cette norme est une censure, une lubie politique. Plus généralement, le monde académique se réfugie derrière une infrastructure stable pour garantir les intérêts des dominants. Il possède une panoplie d’outils pour éviter une remise en cause trop radicale en son sein, comme l’a très bien démontré le comité scientifique en considérant qu’un appel au cessez-le-feu à Gaza était trop radical.

La tentative des dominants de faire passer leur politique pour de la neutralité́ et notre politique comme une agression est un stratagème pour nous réduire au silence. Mais dans un monde traversé par des rapports de domination, voulons-nous vraiment rester «objecti.f.ve.x.s» et «neutres» face à des relations qui engendrent de l’oppression ? L’idéal d’objectivité́ voudrait qu’on traite sur un pied d’égalité́ toutes les opinions de manière à faire entendre toutes les voix. Mais traiter indifféremment les dominants et les opprimé.e.x.s est au mieux un désintérêt pour l’émancipation des second.e.x.s, et au pire une excuse pour dissimuler un soutien aux premiers.


7) La suite ?

En refusant de prendre position et en continuant de collaborer avec des états impérialistes et coloniaux au nom d’un soi-disant apolitisme et d’une soi-disant nécessité de rigueur et de liberté académique, l’université est complice. De plus, l’uni instrumentalise les positionnements politiques des étudiant.e.x.s occupant.e.x.s comme des pseudos-agressions. Comme l’a dit Adèle Haenel, « dépolitiser le réel, c’est le repolitiser au profit de l’oppresseur », et c’est bien ça que font les dominants (comprendre ici : le rectorat) en faisant passer leur politique pour de la neutralité et notre politique comme une agression. 

Aujourd’hui plus que jamais, il faut continuer de se mobiliser autour de la question palestinienne et ne pas baisser les bras face aux attaques du rectorat. En effet, l’université ne doit pas être un lieu de légitimation d’états génocidaires au nom d’une pseudo-neutralité. Au contraire, elle se doit d’être un lieu d’apprentissage critique. Les étudiant.e.x.s ont une position très privilégiée dans la société : nous avons souvent plus de temps et de moyens de lutter. Alors même si nos unis ne nous apprennent pas à penser de façon critique mais ne sont que des machines à création de travailleur.euse.x.s discipliné.e.x.s pour le patronat, de notre côté on peut continuer de lutter, de s’informer et d’occuper. Du coup, n’hésite pas à rejoindre la CEP !


[1] rapport de Francesca Albanese

[2] https://cuae.ch/lettre-de-la-cep-au-rectorat-de-lunige/

[3] https://cuae.ch/rapport-de-la-cep-concernant-les-liens-entre-lunige-et-les-universites-israeliennes/

[4] https://www.unige.ch/index.php?cID=635

[5] il y a très peu de comités à l’université et ceux-ci ont d’habitude un but précis

[6] Notamment l’assemblée universitaire de l’UNIGE, sorte de parlement de l’UNIGE. Seulement un quart de ses membres sont des étudiant.e.x.s alors qu’iels sont de très loin le plus grand corps de l’UNIGE. Bien que l’assemblée universitaire soit considérée comme le parlement de l’UNIGE, elle n’a en réalité aucun pouvoir décisionnel et ne peut que donner des recommendations au Rectorat.

[7] cf. p. 6

[8] par exemple, le comité des bourses prend des décisions sans que cela ne passe par le rectorat

[9] contrairement à l’occupation d’un auditoire qui a permit d’obtenir le Nadir, espace autogéré étudiant

[10] contrairement à l’occupation de la cafétéria de 2021

[11] l’interview de Leuba au 19h30 du 10 mai 2024 https://www.rts.ch/play/tv/19h30/video/19h30?urn=urn:rts:video:14897473

[12] mails envoyés à tou.te.x.s les étudiant.e.x.s

[13] Voir l’instagram : @cepunige

[14] rapport sur les liens entre l’Université de Genève, les universités israéliennes et le régime israélien p.37ss

[15] et ce selon le média the Lancet en date du 5 juillet 2024 https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(24)01169-3/fulltext

[16] cette partie est en partie reprise de l’article « Neutralité mon cul ! » du Regard Critique n°51 de la CUAE

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Communiqué de la CUAE contre la hausse des taxes à la HES-SO

Contexte 


Le 10 octobre 2024, les étudiant.e.x.s  de l’HES-SO Genève ont reçu un courriel  annoncant “l’adaptation” de la taxe d’étude semestrielle et la mise en application de celle-ci dès la rentrée académique en septembre 2025. Cette décision implique une augmentation des taxes d’études pour les étudiant.e.x.s suisse.x.s en formation de CHF 500.- à CHF 700.- par semestre et pour les étudiant.e.x.s étrangèr.e.x.s de 500.- à CHF 1’050.- par semestre. Cette décision a été prise unilatéralement par le Comité gouvernemental de la HES-SO, composé de conseiller.ères d’État qui représentent les cantons romands membres de la HES-SO (Genève, Vaud, Valais, Fribourg, Neuchâtel). Cette décision a été prise sans consultation préalable des étudiant.e.x.s, ni sans la moindre communication ou prévention préalable concernant cette mesure, qui a pourtant des répercussions directes sur l’ensemble de la communauté estudiantine. 
Face à cette augmentation de plus de 200.- (pour les étudiantexs suisses) et de 550.- (pour les étudiant.e.x.s étrangèr.e.x.s) par semestre dissimulée sous la dénomination d'”adapation”, la seule mesure proposée par la HES-SO consiste alors à orienter les étudiant.e.x.s vers le dispositif d’aide existant au sein de la HES-SO Genève. Elle soutient aussi être en pleine réflexion pour renforcer leurs mécanismes de soutien afin d’offrir des conditions d’études optimales.

Des menaces redondantes


Les menaces de hausse des taxes ne sont pas nouvelles, ni à l’UNIGE ni en Suisse. En effet, en 2016, l’UNIGE avait déjà menacé les étudiant.e.x.s d’augmenter les taxes et ce en utilisant presque le même argumentaire que celui utilisé aujourd’hui par la HES-SO. Une hausse des taxes avait aussi menacé les universités de Bâle, Zürich, Lausanne et Fribourg en 2017. Aujourd’hui, le comité gouvernemental de la HES-SO nous communique qu’il aurait notamment “pris en considération le fait que la taxe d’études n’avait pas été adaptée depuis [sa création] en 1998”. Il réaffirme aussi que la HES-SO resterait “l’une des deux HES les plus abordables du pays pour les étudiant.es suisses”. Or, face à la hausse du coût de la vie – notamment l’augmentation constante des primes d’assurance-maladie et du logement – la réponse des institutions d’enseignement supérieur ne peut pas être la hausse des taxes. La HES-SO a de plus l’audace de se cacher derrière une rhétorique d’harmonisation des coûts avec les autres HES et, au lieu d’assumer cette hausse qui va encore plus précariser ses étudiant.e.x.s, elle se permet de leur assurer que cette hausse ne serait pas si grave, étant donné que la HES-SO resterait une des moins chères du pays. 
Or, cette hausse revête clairement des objectifs de désengagement de l’État du domaine de la formation, ainsi que de sa privatisation. En effet, cela fait de nombreuses années que l’État abandonne le domaine de la formation et suggère aux hautes écoles et universités de trouver son financement ailleurs. Cet abandon a pour résultat de renforcer les partenariats publics-privés et les mesures d’austérité au sein des établissements de l’enseignement supérieur, notamment la hausse des taxes des étudiant.e.x.s.

Déjà au début de l’année 2024, un projet de loi en faveur d’un triplement des taxes pour les étudiant.e.x.s étranger.ère.x.s à l’UNIGE a été déposé au Grand Conseil de Genève. Les arguments de ce projet sont globalement les mêmes que ceux amenés par le Comité gouvernemental de la HES-SO. En effet, dans les intentions du parti qui a déposé ce projet, l’UDC, cette mesure aurait permis de renflouer les caisses de l’université et de mettre l’UNIGE sur un pied d’égalité avec la majorité des universités suisses, qui font déjà payer plus de taxes à leur étudiant.e.x.s étranger.ère.x.s. Or, ces deux arguments sont complètement fallacieux, et heureusement début septembre la Commission de l’Enseignement Supérieur a donné son avis négatif.


Un projet inutile


Le gain budgétaire d’une augmentation des taxes serait moindre. En effet, pour voir un réel changement dans la qualité de l’enseignement supérieur, seule une intervention conséquente de l’État ferait une différence. Faire payer les manquements de l’État aux étudiant.e.x.s, population déjà précaire, ne fait aucun sens. Cette réalité est encore plus frappante dans le cas de la HES-SO. En effet, de nombreux.se.x.s étudiant.e.x.s de la HES-SO font des stages trop peu voire non rémunérés dans le cadre de leurs études, ce qui les empêchent matériellement de travailler lors de ces dernières, ce qui les précarisent encore plus que les étudiant.e.x.s des universités (sans parler du fait que les métiers des HES-SO sont beaucoup moins valorisés que ceux des universités).

Début septembre, c’était aussi l’Union des Etudiant-e-s de Suisse (UNES) qui, dans un communiqué de presse(1), denonçait les propos d’augmentation des taxes universitaires et le fait que – une enième fois – l’enseignement supérieur devenait objet de coupures budgetaires. En effet, cette communication de l’UNES a notamment été rédigée, car le Conseil des États a confirmé début septembre le triplement des taxes pour les étudiant.e.x.s étranger.ère.x.s dans tous les EPF (Lausanne et Zürich). 

La CUAE condamne fermement toute mesure qui vise à augmenter la précarité des étudiant.e.x.s et le poids économique des études universitaires. Nous sommes prêt.e.x.s à nous opposer à toute tentative d’augmentation des taxes universitaires pour les étudiant.e.x.s de l’UNIGE, ainsi qu’à nous mobiliser en solidarité aux étudiant.e.x.s et aux associations des HES-SO.

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Prise de parole de la CUAE lors du rassemblement du jeudi 19 septembre 2024

Bonjour à touxtes,

Merci énormément d’être là pour ce rassemblement, on est vraiment très heureux.se.x.s d’avoir pu organiser quelque chose un délai si court alors même qu’on est en pleine rentrée universitaire. Aujourd’hui c’est la première étape de cette mobilisation.

Notre discours sera suivi d’une prise de parole d’Amnesty Unige, de l’AJP-Uni, de la CEP Unige ainsi que d’un collaborateur de l’UniGE.

Nous sommes là parce qu’il y a une semaine le Rectorat nous a interdit de distribuer nos agendas à l’université. Ces agendas, qu’on distribue tous les ans depuis 20 ans sont nécessaires pour les étudiant.e.x.s : il y a dedans 100 pages sur les droits des étudiant.e.x.s, toutes les dates académiques et les agendas permettent à énormément d’assos de se faire subventionner à l’aide des plaquettes qu’il y a dedans.

Alors pourquoi est-ce qu’on a plus le droit de distribuer ces agendas alors même qu’ils sont nécessaires pour les étudiant.e.x.s ? Pour un slogan et pour une date.

Le slogan, c’est le slogan « From the river to the sea », slogan qui était présent à l’occupation du semestre passé en solidarité avec le peuple palestinien et qui pour cette raison a été affiché dans l’agenda. En effet, tous les ans le flipbook de l’agenda revient sur la lutte qui plus a marqué l’année précédente. Évidemment cette année il s’agissait de l’occupation d’UniMail. Le slogan « From the river to the sea » demande la création d’un état démocratique entre la mer mediterranee et la rivière du Jourdain, où tout le monde – juifs et arabes, palestiniens et israëliens – puisse avoir les mêmes droits. Ce slogan ne fait que rappeler au respect du droit international et à la condamnation de l’état d’Israël par la cour internationale de justice du 19 juillet. Sa présence dans notre agenda met en lumière deux choses :

  • Il met en lumière le soutien de milliers d’étudiant.e.x.s, en Suisse et ailleurs, envers le peuple palestinien et contre les crimes de l’état d’Israël ;
  • Il met en lumière le silence de notre université face à cette catastrophe.

La date, c’est la date du 6 septembre. Le 6 septembre, c’est les 55 ans du triple détournement d’avions par le front populaire de libération de la palestine. On nous accuse aujourd’hui d’apologie du terrorisme en mettant cette date. On nous demande si on condamne ce détournement d’avion. Mais est-ce que lorsqu’on met les 2 ans de la grève féministe de 2023 on nous demande si on la condamne ou on la commémore ? Est-ce que lorsqu’on met les 10 ans de l’augmentation des taxes à l’IHEID on nous demande si on la condamne ou on la commémore ? Évidemment que non. Les personnes qui nous attaquent aujourd’hui essaie de nous faire dire des choses que nous n’avons jamais dites. Le détournement d’avion à Zarka est un évènement historique majeur et d’une ampleur unique à ce jour. Ce détournement dramatique, unique fois dans l’histoire où un avion suisse a été détourné, détournement où les personnes juives et non juives ont été séparées, détournement sans victimes, est aussi représentatif d’une tragédie majeure pour la résistance palestinienne. En effet, ce détournement a servi de prétexte au roi Hussein de Jordanie pour accomplir le massacre du « Septembre noir », soit environ 10’000 morts palestiniens, essentiellement des civils. Ce massacre a obligé les organisations politiques palestiniennes à fuir la Jordanie pour se regrouper au Liban. La direction politique du nationalisme palestinien en a été terriblement affaiblie. La portée historique du détournement de Zarka implique des éléments différents et contradictoires, qui s’emmêlent.

Le fait d’interdire le rappel d’un évènement aussi important et complexe qui a marqué l’histoire récente de l’humanité est complètement déraisonnable. Tout de même, jeudi passé nous avons proposé au rectorat d’insérer une fiche explicative dans les agendas pour contextualiser la date et le slogan et pour balayer tous les doutes quant à notre positionnement, qui d’ailleurs a toujours été clair, au moins pour ceux qui veulent l’entendre. Le rectorat n’a pas refusé cette contextualisation et notre proposition de médiation, il l’a tout simplement ignoré et nous a interdit toute distribution dans les bâtiments universitaires. D’ailleurs déjà mercredi, avant même de nous contacter, il avait publié un communiqué de presse qui nous condamnait. Cela va à l’encontre de toute règle démocratique, de tout vivre-ensemble et de tout respect de sa communauté.

On a alors respecté cette décision tout en distribuant les agendas en dehors de l’université, et comme réponse mardi matin le rectorat nous a reproché de le distribuer « a proximité des bâtiments universitaires» et nous menace maintenant de dissoudre la CUAE. Même si ce n’est pas notre faute s’ils ne savent pas écrire des décisions claires, hier nous avons quand même décidé d’interrompre la distribution devant l’université. Ils cherchent un prétexte pour nous dissoudre, on ne va pas leur en donner un : c’est leur position qui est intenable. Ils veulent utiliser ce scandale qui en n’est pas un pour se libérer de la force majeure qui est là pour défendre les intérêts des étudiantexs. On attend toujours des réponses de la part du rectorat. On a demandé une rencontre avec la rectrice, avec le secrétaire général du rectorat et avec le directeur de la communication. Et ça une première fois il y a une semaine et une deuxième fois il y a deux jours, quand on a déposé l’opposition à la décision d’interdire la distribution des agendas. Encore une fois le rectorat n’a même pas refusé, il nous a simplement ignoré.

Comme réponse, on a juste reçu une menace de dissolution de la CUAE. Ce rectorat aime bien les records : il a été le premier rectorat dans l’histoire de l’UNIGE à faire intervenir la police à l’intérieure de l’université , il a été le premier rectorat à censurer la publication d’une association, et maintenant il est le premier rectorat à menacer de dissolution l’association qui est le syndicat et la faîtière de son université. La situation est extrêmement grave. Notre rectorat se dit ouvert au dialogue, se dit grand défenseur du vivre-ensemble, mais visiblement pour bien vivre avec le rectorat il faut vivre selon ses conditions et ça, nous ne l’acceptons pas.

Avant de donner la parole à Amnesty Unige, nous voulons revenir sur une chose. Il y a des voix qui nous accusent d’antisémitisme. Depuis toujours, nous nous battons contre toute forme de discrimination, et le fait de dire « y compris l’antisémitisme » ne relève pas de la rhétorique. Seulement dans les dernier mois, nous avons invité Pierre Stamboul, juif et président de l’Union Juive Française pour la Paix, et Stephanie Fox, juive et directrice de Jewish Voices for Peace. L’antisémitisme dont vous parlez, il faut le chercher ailleurs, et pas chez nous. On aimerait rappeler une chose au rectorat : se battre contre l’antisémitisme, être horrifié par la situation à Gaza et en Palestine, être empathiques avec toutes les victimes, être pour l’inclusivité et la diversité et se battre contre les politiques de l’état d’Israël ne sont pas des choses mutuellement exclusives. A la CUAE, on fait ce travail. Au rectorat, on ne fait rien de tout ça.

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Communiqué de presse : Censure de la CUAE et interdiction du slogan « From the river to the sea » à l’UNIGE

Comme tous les ans, la CUAE a commencé à distribuer son agenda-guide à partir du lundi précédant la rentrée académique. L’agenda revient toujours, et ce à travers d’un flipbook, sur un événement politique marquant de l’année précédente. Cette année, il revient sur l’occupation d’UniMail de mai 2024 en solidarité avec le peuple Palestinien. L’agenda revient également chaque année sur énormément de dates méconnues du grand public, certaines plus controversées que d’autres. Le but de ces dates étant de nourrir des débats politiques au sein de l’Université de Genève. Une d’entre elles a soulevé cette année des polémiques.

Suite à des pressions politiques de parties externes à l’université, le rectorat a décidé d’opter pour une condamnation publique[1] portant atteinte à la réputation de la CUAE. Le mercredi 11 septembre au soir, une convocation d’un représentant du Rectorat de l’UNIGE est envoyée pour une rencontre agendée dans un délai de moins de 12 heures. Malgré ces conditions austères et non-propices à un réel dialogue, la CUAE s’est rendue aux bureaux du vice-recteur avec plusieurs propositions concrètes dont l’insertion dans chaque agenda d’une contextualisation du slogan et de l’occupation du semestre dernier. À la suite de cela, la CUAE a été notifiée d’une interdiction totale de distribution de l’agenda. Cette interdiction est due au caractère supposément heurtant et inacceptable du slogan From the river to the sea et d’une date historique. La CUAE a tenté d’ouvrir un dialogue constructif avec le Rectorat, ce qui lui a été refusé. Pourtant, l’Université devrait être un lieu de débat ouvert où différents points de vue doivent pouvoir être discutés et débattus, dans le respect des personnes. Aujourd’hui l’alma mater  a pris parti pour une position politique et censure une autre, élément dangereux pour la liberté d’expression au sein de l’Université.

La CUAE, qui prône l’inclusivité, le débat et le savoir critique et qui combat toutes formes de discriminations telles que le racisme ou l’antisémitisme, est choquée par cette décision du Rectorat et par les modalités qui l’entourent. Cette censure est intolérable tant sur le plan syndical que sur celui de la liberté associative. En tant que faîtière des associations et syndicat étudiant de l’Université de Genève, les agendas sont nécessaires à la communauté universitaire. Ils permettent aux étudiant.e.x.s de s’informer sur leurs droits, leurs devoirs ainsi que sur les services auxquels iels ont accès, à l’intérieur et à l’extérieur de l’UNIGE.

La censure totale d’un agenda en raison d’un désaccord politique sur quatre de ses plus que 200 pages est entièrement disproportionnée. Outre l’aspect syndical et associatif, cette censure est une attaque contre les luttes étudiantes et au mouvement de solidarité envers le peuple Palestinien. Le slogan From the river to the sea est utilisé par des palestinien.ne.x.s et des israélien.ne.x.s qui se battent pour une alternative réellement démocratique, qui accordera les mêmes droits à tou.te.x.s les habitant.e.x.s de la région, de la Méditerranée au Jourdain. Encore une fois, ce slogan appelle à la fin d’un régime politique qui se base sur la discrimination systématique d’une partie de sa population et sur une occupation coloniale, reconnu par le droit international[2]. Depuis le 19 juillet 2024, tous les États se doivent de reconnaître la situation d’occupation en territoires palestiniens comme illicite[3]. Que l’UNIGE, une institution publique, censure un slogan appelant au respect du droit international est inquiétant.

Si une chose heurte et clive la communauté universitaire, ce n’est pas un agenda nécessaire aux étudiant.e.x.s mais bien le silence de l’alma mater face à la situation en Palestine et à Gaza, qui a causé plus de 40’000 morts depuis le 8 octobre 2023 et qui est qualifiée par les expert.e.x.s du droit international de génocide[4]. Le refus de l’université de dialoguer avec les membres de la communauté désirant la fin des partenariats stratégiques avec des universités favorisant la violation du droit international devrait être au centre du débat aujourd’hui. Au vu de la censure de notre université, la CUAE distribuera ses agendas gratuits en dehors de cette dernière et tiendra les étudiant.e.x.s au courant des suites de cette situation.

Le comité de la CUAE


[1] https://www.unige.ch/actualites/archives/2024/le-rectorat-condamne-la-distribution-dun-agenda-problematique/

[2] Décision de la CIJ du 19 juillet 2024 réaffirmant l’illégalité de l’occupation de l’État israélien sur les territoires palestiniens

[3] Ibid.

[4] Anatomy of a Genocide – Report of the Special Rapporteur on the situation of human rights in the Palestinian territories occupied since 1967, Francesca Albanese (A/HRC/55/73)

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Muselage d’un mouvement et répression policière : le “malaise”

La CUAE condamne la répression exercée par le rectorat à l’encontre du mouvement de la Coordination étudiante pour la Palestine (CEP-UniGE). La CUAE souhaite par la même occasion réitérer son soutien aux revendications portées par la CEP-UniGE.


Dans la nuit du 13 au 14 mai, une centaine de policiers ont emmenés les occupant.e.x.s de la CEP au poste de police de la gravière et ont vidé l’occupation en détachant tous les drapeaux. Ces arrestations font suite au refus du rectorat de discuter réellement des revendications avec la CEP, préférant les faire discuter du fond des revendications avec le comité scientifique, organe non-décisionnel dont les recommandations ont été (depuis le départ) conditionnées à l’arrêt de l’occupation. En effet, samedi 11 mai, la rectrice appelait en numéro masqué une des membres de la CEP pour lui annoncer que seul l’arrêt total de l’occupation permettrait au rectorat d’avaliser les quelques faibles recommandations du conseil scientifique. Dès lors, affirmer que les occupant.e.x.s avaient coupé le dialogue [uniliste du 13 mai] n’était qu’une façon d’infantiliser et de diaboliser la CEP. 


Le samedi 11 mai, le rectorat a tout d’abord affirmé qu’il était obligé de fermer l’université aux externes pour des raisons “sécuritaires”. Cette affirmation est choquante pour deux raisons : elle fait croire que le mouvement est dangereux et que ce n’est pas le rôle de l’université de maintenir le droit de manifester de sa communauté. Or, la CEP a été, tout au long de l’occupation, un mouvement tolérant et pacifiste. De plus, c’est le rôle de l’uni de garantir le droit de manifester et non l’inverse. Dire que l’uni doit être fermée “à cause des occupant.e.x.s” n’est qu’une énième volonté d’étouffer un mouvement contestataire. 
Afin de déloger des étudiant.e.x.s, le rectorat a choisi de porter plainte. Il aurait évidemment pu agir autrement. Tout d’abord, il aurait évidemment pu accepter les revendications du mouvement en raison de leur pertinence. Ensuite, il n’était absolument pas nécessaire de porter plainte pour faire partir les manifestant.e.x.s. En effet, le rectorat aurait pu emprunter la voie civile, ce qui aurait évité l’envoi au poste de police de près de 50 personnes. Les occupant.e.x.s avaient annoncé.e.x.s dès le départ qu’en cas d’arrivée de la police iels partiraient directement et sans violence. La “stratégie des menottes” était claire : intimider tout un mouvement. En effet les occupant.e.x.s de l’UniGE ont été arrêtéexs pour des raisons politiques. Le rectorat a refusé le dialogue. Étant donné qu’il n’a pas voulu répondre aux revendications politiques du mouvement, il a préféré faire usage de la force physique. 


Nous voyons là une violation claire du droit de manifester, droit qui inclu notamment de manifester là où se trouvent les personnes et droit qui inclu aussi le fait de pouvoir “déranger”. En accusant le mouvement d’une instrumentalisation du mouvement par des groupes ayant un autre agenda[uniliste du 13 mai] et en proposant une cellule psychologique car la manifestation aurait créé un “malaise” [uniliste du 14 mai] auprès de la communauté universitaire, le rectorat infantilise les étudiant.e.x.s qui demandent l’acceptation de revendications claires. Ironiquement, le rectorat n’a ni “mis en place”[uniliste mardi 14 mai] cette cellule psychologique (qui existe depuis des années) ni avertit les collaborateurice.x.s de la cellule psychologique de leur potentielle nouvelle charge de travail, ni osé avouer que le dit “malaise”[uniliste mardi 14 mai] a été produit par la répression exercée par le rectorat envers des membres de sa propre communauté. 

Les revendications de la CEP, qui demandent simplement à l’université de se positionner face à un génocide et d’agir en conséquence, soit en arrêtant les partenariats UniGE- universités israéliennes, n’ont rien d’heurtant ni de radical. Elles sont dans la lignée claire de ce que revendique la CEP depuis le début – une condamnation claire de l’irrespect du droit international humanitaire et un appel à la paix.


Nous voyons donc dans les méthodes d’intimidation du rectorat trois choses : une répression du droit de manifester, une volonté de ne pas répondre aux revendications de la CEP et une privatisation inquiétante (en faisant usage de sécus afin de contrôler les identités et en fermant l’université à touxtes). 


Notre rectorat nous a donc envoyé un message politique fort : face au droit de manifester, d’autant plus pacifique, de personnes de la communauté choquées par un génocide, on ferme l’uni, on envoie les keufs et finalement on fait taire un mouvement de contestation.


Cette stratégie s’inscrit très directement dans tout ce que nous savons du nouveau rectorat : privilégier “l’employabilité” – soit la disciplinarisation au salariat – à la réflexion, des fausses mesures au vrai dialogue et la néolibéralisation de l’université à la création de savoir pour touxtes.
Tout au long de cette séquences politique, alors même que le rectorat empêchait tout dialogue avec le mouvement de la CEP-UniGE, la rectrice n’a eu de cesse de délivrer nombre d’éléments de discours – notamment à travers l’envoi de mails uniliste et d’apparitions médiatiques – infantilisant le mouvement et justifiant la répression menée à son encontre. Elle a pu ainsi faire usage d’une rhétorique sécuritaire afin de contrôler les identités des personnes entrant dans les bâtiments par des sécus et afin d’envoyer les flics.


C’est cette même logique répressive qui s’est abattue avec plus ou moins de violence sur les mouvements d’étudiant.e.x.s pour la Palestine des hautes écoles et autres universités. Ces lieux censés promouvoir des savoirs critiques, permettant la discussion informée et ouverte ont été transformés par leurs exécutifs respectifs en lieux de silence et d’opacité. Ce sont les mouvements d’étudiant.e.x.s pour la Palestine qui ont fait vivre la démocratie universitaire et académique, qui ont rassemblés nombre de personnes diverses pour échanger et dialoguer, qui ont permis une plus grande transparence sur les instituions. Ce sont les directions et rectorat qui ont clos le dialogue, qui ont appelés la police, qui ont rendus opaques leurs liens avec l’État d’Israël.
Ces attaques au droit de manifester s’inscrivent aussi dans une répression à tendance fascisante plus globale du droit de manifester en Suisse et en Europe. 

Malgré la répression, la CEP-UniGE continuer à se mobiliser et on continuera à la soutenir ! L’université appartient aux étudiant.e.x.s, qui continuent à se mobiliser pour la Palestine. FREE PLAESTINE !

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Soutien à la CEP et condamnation de la fermeture des bâtiments universitaires

La CUAE condamne fermement la fermeture de l’université aux usagèr.e.x.s externes à l’université et réitère son soutien à la CEP. 

Depuis mardi, les militant.e.x.s de la CEP occupent le hall d’UniMail. Tous les soirs, plus de 100 personnes dorment sur place et tous les jours iels organisent des activités, font à manger, font vivre le hall et se mobilisent pour l’obtention de leurs revendications. 


Leurs revendications sont claires : une condamnation ferme du génocide à Gaza, une condamnation ferme des destructions des universités, un soutien aux universités et étudiant.e.x.s palestinien.ne.x.s et un arrêt total des collaborations entre l’UniGE et les universités israéliennes.
Face à leurs revendications claires, leur mobilisation déterminée et leur volonté d’organiser une occupation pacifique, le rectorat a choisi des méthodes d’intimidation face à la CEP. 


En guise d’ouverture au dialogue, le rectorat n’a pas choisi une voie directe et décisionnelle. Il a préféré, comme à l’habitude de l’UniGE, un pseudo-organe qui donne des recommandations. Recommandations qui peuvent, et qui ont été, complètement balayées par le rectorat et ceci car la CEP a refusé de lever l’occupation de nuit après un ultimatum du rectorat. Cet ultimatum infantilisant réduit à néant la pertinence du conseil scientifique et confirme ce que la CEP craignait : ce conseil scientifique n’a qu’une vocation de temporisation. 


Hier soir, nous avons appris qu’en réponse à l’occupation et à des supposés “risques sécuritaires”, l’université empêchait l’accès à ses bâtiments à toutes les personnes externes à la communauté universitaire, et ce jusqu’à nouvel ordre. En tant que syndicat étudiant nous sommes profondément choqué.e.x.s et condamnons fermement cette mesure.


Le rectorat nous montre qu’il mobilise l’argument de l’ouverture de l’université à la cité uniquement quand cela l’arrange. En effet, la grande force de l’occupation lancée par la CEP est de créer un magnifique espace de rencontre, de partage, d’échange, de formation entre les membres de la communauté universitaire et le reste des habitant.e.x.s de la région. Remettre en question le libre-accès à l’uni remet en question la mission première de l’université et sa qualité de service public. 


De plus, cette position a pour but de diaboliser et couler le mouvement de la CEP. La CEP a un comportement exemplaire, pacisfiste et bienveillant depuis le début de l’occupation. Invoquer des risques sécuritaires pour restreindre l’accès au bâtiment relève du mensonge. En effet, ce n’est qu’une mesure politique qui cherche à empêcher l’organisation d’un mouvement qui fait peur au rectorat. Qui plus est, c’est une entrave très grave à la liberté de réunion et au droit de manifester.

C’est pour cela qu’on vous invite à un grand rassemblement devant UniMail le 13 mai à 17h :

  • Contre le blocage politique et sécuritaire de l’Université de Genève ;
  • Pour le boycott académique des institutions israéliennes ;
  • Pour la généralisation du mouvement.