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Communiqué de la CUAE contre le projet anti-étudiant.e.x.s et suite à l’assemblée de mobilisation du 26 mars

Ce mardi 26 mars la CUAE, syndicat des étudiant.e.x.s et faîtière universitaire de l’UniGE, a organisé une assemblée de mobilisation dans le hall d’UniMail. L’assemblée s’est fortement opposée au projet de loi (PL) anti-étudiant.e.x.s et à appeler à une forte mobilisation contre.

Contexte

Le 5 mars 2024, un projet de loi auprès du Grand Conseil a été déposée par l’UDC genevoise. Celui-ci inclut les mesures suivantes :

  • L’augmentation des taxes universitaires pour les étudiant.e.x.s étrangèr.e.x.s de 500 à 1500 francs par semestre. La raison ? Celleux-ci bénéficient des prestations de l’UniGE alors que leurs parents ne paient pas d’impôts en Suisse ;
  • L’ajout d’une taxe supplémentaire de 20 francs pour chaque examen afin que les étudiant.e.x.s prennent leurs études plus au sérieux ;
  • Le changement d’affectation des taxes universitaires de manière à ce que celles-ci ne financent plus la vie associative mais exclusivement l’encadrement académique des étudiant.e.x.s.

Une université inégalitaire…

Le triplement des taxes universitaires pour les étudiant.e.x.s étrangèr.e.x.s ne pourra avoir que des répercussions délétères pour la population étudiante et pour l’accès démocratique à l’université.

Cette mesure est xénophobe puisqu’elle cherche à compliquer encore plus l’accès à l’université et au territoire suisse de la population étrangère.

En plus de ça, elle est classiste puisqu’elle impacterait bien plus durement les personnes aux moyens financiers modestes. Elle s’inscrit dans une vision de l’université extrêmement élitiste et compétitive.

Des taxes de 1’500 CHF par semestre précariseraient les étudiant.e.x.s qui les paieraient. Mais elles seraient également un frein terrible à l’accès à l’université de Genève. Des taxes trois fois plus chères qu’aujourd’hui auront un fort effet dissuasif sur les étudiant.e.x.s précaires qui ne sont pas encore inscrit.e.x.s.

Ce sont par ailleurs l’égalité des chances (on en est déjà très loin aujourd’hui) et l’accès aux études supérieures qui sont directement attaqués par ce projet de loi. Le tri social exercé par l’université serait donc encore renforcé. 

Instaurer une différenciation de tarif pour l’accès aux études selon l’origine et/ou le lieu de résidence implique une vision terrifiante de la société. Dans cette logique, les impôts servent à légitimer une distinction entre suisse.sse.x.s et étrangèr.e.x.s au lieu de financer les services publics (dont l’éducation et l’université) pour tou.te.x.s.

Une université stressante…

Nous refusons également le principe d’une taxe supplémentaire pour le passage de chaque examen. Premièrement car cela signifierait une importante augmentation des coûts d’études. En effet, supposons 4 examens par semestre, cela signifierait minimum 800 francs supplémentaires pour un bachelor et master ! Prenons par ailleurs en compte que ce nombre d’examens est vraisemblablement plus grand selon la faculté (8 en moyenne en psycho).

Les études coûteraient plus cher pour des étudiant.e.x.s qui ont déjà plus de mal à réussir leurs examens. De plus, une telle taxe augmenterait largement le stress déjà présent lors d’une session d’examens puisqu’un examen raté signifierait 20 francs de plus. D’autre part, 20 francs ne signifiant évidemment pas la même quantité d’argent pour chaque étudiant.e.x, cela participerait à l’augmentation des inégalités entre étudiant.e.x.s.

Le résultat visé ne sera d’ailleurs pas acquis avec cette mesure, les étudiant.e.x.s sont déjà investi.e.x.s dans leurs études sans qu’on leur mette une pression financière de plus. Les règlements d’études sont d’ailleurs déjà trop stricts et sanctionnent durement les échecs. Il arrive de rater un examen ! Les sessions de rattrapages sont déjà une sanction en tant que tel, il n’y a pas besoin d’en rajouter une couche.

Une université sans liens sociaux…

Nous sommes scandalisé.e.x.s par le refus des initiant.es de considérer l’importance des activités étudiantes et par leur mesure pour rendre la vie des étudiant.e.x.s uniforme et monotone. En effet, la vie associative actuelle joue un rôle central dans la vie universitaire qui ne peut pas se réduire au simple fait de suivre des cours pour passer des examens.

Les évènements organisés par les associations sont primordiaux pour créer des réflexions, des discussions ou encore des espaces d’échanges. De plus, ces évènements sont pour la plupart ouverts au public permettant ainsi d’ouvrir ces réflexions au-delà du simple cadre universitaire. Ce sont des moments/événements très formateurs, aussi bien pour les organisateur.rice.x.s que pour les participant.e.x.s.

C’est également au volet syndical que ce projet de loi s’attaque. Il cherche à réduire les possibilités de défendre nos droits en tant qu’étudiant.e.x.s. Ce sont les permanences individuelles permettant l’accompagnement des étudiant.e.x.s dans tout type de démarches qui sont menacés. Contraindre ces aides vient à demander aux étudiant.e.x.s de se débrouiller seul.e.x.s face à des démarches complexes.

Mais c’est également la possibilité de se constituer en force politique qui défend les intérêts étudiants qui est directement attaquée.

Face à ça, la seule solution c’est la mobilisation !

Nous nous mobilisons depuis toujours pour que l’université soit un lieu ouvert, de partage, d’entraide et d’apprentissage collectif. Dans cette optique, nous nous mobiliserons jusqu’à ce que l’ensemble de ces mesures soient totalement abandonnées ! Derrière ce PL se cache une vision élitiste et raciste de l’université.

Pour toutes ces raisons, l’assemblée de ce midi, qui a réuni près de 50 étudiant.e.x.s, a décidé de continuer à se mobiliser face à ce projet anti-étudiant.e.x en lançant une lettre ouverte que les associations pourront signer et en organisant un rassemblement contre le projet lors de son débat en plénière.

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L’UDC déteste les étudiantexs étrangèrexs

Une proposition opportuniste

Vous l’avez sûrement vu passer, l’UDC a proposé d’hausser les taxes universitaires des étudiantexs étrangèrexs. Mais pourquoi en fait ?

Un peu de contexte : l’université de Genève est une université publique, ce qui implique qu’elle est financée en partie par l’état de Genève. L’argent que l’État donne à l’université chaque année dépend des objectifs fixés et des “défis” identifiés par l’université. Bref, il est habituel que l’argent accordé par l’État à l’université varie d’année en année.
Il n’est donc pas étonnant qu’en ce début d’année 2024, l’université demande à l’état une enveloppe plus conséquente que lors des dernières années. L’UDC a profité de cette “actualité” qui n’en est pas une (1) pour mettre en avant une proposition aussi précipitée qu’odieuse : augmenter les taxes universitaires des étudiantexs étrangèrexs. Cela permettrait – selon ce parti d’extrême droite – que l’université dépense moins l’argent des contribuables. Ainsi, le 10 janvier, la Tribune de Genève publiait un article (a) sur cette proposition et Léman Bleu en faisait un sujet de son téléjournal (b). Pour l’instant, la proposition de l’UDC reste extrêmement floue sur son application (2).
Le rectorat s’est exprimé sur le sujet. Il rejette bien heureusement cette proposition de l’UDC. Toutefois, il ne répond que par une logique purement comptable : augmenter les taxes des étudiantexs étrangèrexs ne fera pas augmenter l’argent dont l’université bénéficie (3) et ne pourra donc pas compenser d’autres dépenses de l’université (4).
En tant que CUAE, nous sommes atterréexs par une telle proposition. Il est inacceptable de faire payer plus les étudiantexs étrangèrexs, que ce soit à Genève ou ailleurs. Nous avons donc décidé de publier ce communiqué pour esquisser un argumentaire politique contre cette proposition raciste et anti-sociale de l’UDC et qui rejette cette proposition en tant que discrimination raciste, pas uniquement parce qu’elle n’est pas réaliste dans sa mise en application.


Faire payer les étudiantexs

Les taxes d’encadrement de CHF 435 (3) payées par l’ensemble des étudiantexs permettent à l’université de récolter 13 millions de CHF, sachant que sur ces 13 millions, 5 sont payés par les étudiantexs étrangères. Le budget de l’université, quant à lui, représente environ 840 millions de francs par année. Il est donc évident que les taxes universitaires sont une source de rentrée d’argent marginale. Elles ne pourront jamais être la variable d’ajustement qui sert à couvrir le déficit ou à équilibrer d’autres dépenses de l’université.
Les sources de financements de l’UniGE sont variées et doivent le rester. Il est nécessaire que l’université continue à se financer en puisant de l’argent loin des poches des étudiantexs.De plus, le budget de l’université n’est que très peu destiné aux étudiantexs. Les principaux coûts de l’université sont plutôt orientés vers la recherche et le prestige de l’institution.Les étudiantexs et plus particulièrement les étudiantexs étrangèrexs n’ont pas à supporter les choix de budget de l’université alors qu’iels ne participent pas aux décisions politiques de celles-ci.
Au regard de ces quelques informations, il semble évident que l’UDC se sert du prétexte que l’université demande une rallonge pour “créer une actualité” et servir ses politiques anti-sociales, racistes et xénophobes. Lancer ce sujet médiatiquement a pour volonté d’imposer cette discussion dans le débat public et de rendre envisageable des mesures qui n’ont aucunes raisons d’exister.


Racisme, marchandisation des savoirs et mesures anti-sociales


Concrètement, faire payer plus aux étudiantexs étrangèrexs, c’est leur compliquer l’accès à l’université, voir les en priver. De nombreusexs étudiantexs étrangèrexs aux moyens financiers limités devront simplement renoncer à venir en Suisse pour se former, ce qui implique une population étudiante moins diverse, composée beaucoup plus largement d’étudiantexs (ayant eu leur diplôme en) suisses et d’étudiantexs de classes sociales privilégiées.
Faire des études ne se résume pas à aller à l’université. C’est se loger, c’est se nourrir convenablement, c’est payer une assurance-maladie, etc. Ce sont des choses qui ont aussi un prix. Et bien entendu, c’est sans parler d’autres modalités de la vie en Suisse, du coût des transports, des livres, des loisirs…
Tous ces coûts sont déjà à la source de nombreuses inégalités entre les étudiantexs suisses et les étudiantexs étrangèrexs. En effet, les logements sont de manière générale bien plus précaires et plus difficiles à trouver/obtenir, pour les personnes qui ne viennent en Suisse que pour quelques mois ou quelques années.L’accès à l’emploi en cours d’étude est limité pour les étudiantexs avec un permis de séjour. En Suisse en général et à Genève en particulier, les prix sont extrêmement hauts pour tout le monde. Cependant, le coût de la vie est plus important encore pour les étudiantexs étrangèrexs qui n’ont pas de famille à Genève, pouvant les accueillir gratuitement pour dormir ou chez qui iels peuvent aller manger.
En somme, les inégalités sociales et économiques que subissent les étudiantexs étrangèrexs sont déjà très nombreuses. Il serait dramatique d’encore les amplifier.
Aussi, il est plus facile d’obtenir un permis de séjour pour venir étudier que pour venir travailler en Suisse, particulièrement pour les extra-européennexs. Cette mesure est aussi une tentative de régulation de la migration et aurait des effets bien plus importants au-delà de la simple sphère universitaire.
En fait, on se rend vite compte que la logique sous-jacente, c’est celle de compliquer l’accès à l’université de façon plus globale. Et ça, c’est très dangereux en tant que tel parce que ça touche à la fonction de l’université au sein de la société. Cela revient à considérer l’université non pas comme une institution qui peut être bénéfique à la société dans son ensemble et devrait être utile à touxtes – un lieu d’apprentissage, d’enrichissement, de découverte, de partage de savoirs, de discussions, d’idées, etc. – mais comme un service qu’il faut payer et mériter, comme une prestation, comme une marchandise. Non seulement ça renforce l’université dans sa soumission aux logiques du marché du travail (5) – le but des études devenant alors uniquement celui de se qualifier professionnellement pour accéder à un emploi mieux rémunéré – et ça réduit l’éducation a un simple investissement en vue de l’entrée sur le marché de l’emploi. Mais il n’y a malheureusement rien d’étonnant dans le fait de retrouver cette logique élitiste et bourgeoise dans une proposition d’extrême droite, première ennemie de l’émancipation.


Soyons solidaires !


Derrière cette proposition économique, c’est un agenda politique xénophobe, néolibéral et anti-social qui se dévoile. On y retrouve en fait une volonté de faire porter individuellement le coût des services, au lieu de collectiviser ces frais et de les rendre ainsi accessibles au plus grand nombre. Rien d’étonnant pour un parti qui porte les coupes sociales, l’abaissement des impôts sur les grandes entreprises et le démantellement de l’état social au coeur de son programme. Personne ne le résume mieux qu’eux-mêmes : “Stop à l’Etat ! C’est trop à gauche et trop cher !” (titre de leur communiqué de presse du 6 janvier 2024). Les étudiantexs étrangèrexs aujourd’hui, demain la retraite, la culture, l’asile, …

Restons sur nos gardes, et restons solidaires.

Ressource: i) Pour approfondir le sujet des attaques de l’UDC contre les étudiantexs, nous vous renvoyons à un article publié le 21 février dernier sur notre site : https://cuae.ch/en-quoi-lextreme-droite-et-ludc-nuit-aux-etudiant%c2%b7e%c2%b7x%c2%b7s/


Notes de bas de page : (1) Il serait intéressant de se pencher en détail sur où part l’argent de l’université et quelles sont les sources de dépenses prioritaires. Toutefois, le simple fait que l’université demande plus d’argent à l’état est en fait quasiment insignifiant. (2) L’UDC ne précise par exemple pas de combien les taxes seraient augmentées pour les étudiantexs étrangèrexs.(3) Les taxes universitaires semestrielles sont de CHF 500. Elles sont composées des taxes fixes (65.-) et des taxes d’encadrement (435.-). Les taxes fixes sont destinées aux activités sportives, culturelles et associatives de l’unige. Les taxes d’encadrement sont liées à des dépenses spécifiques liées aux activités sociales, culturelles et sportives et à l’encadrement des étudiantexs.(4) De plus, selon le rectorat, les faibles recettes supplémentaires ne permettraient pas de “compenser le risque en terme de perte d’attractivité académique de l’Université de Genève” (a). Cette rhétorique de la part du rectorat, bien qu’elle soit contraire à l’augmentation des taxes s’inscrit dans une logique néolibérale qui voit les études comme un marchandise qu’il convient de valoriser pour sa valeur économique (par exemple sa valeur sur le marché de l’emploi).(5) On voit notamment cette tendance dans les attaques répétées de l’UDC contre les sciences sociales qui sont des formations moins professionalisantes mais pas moins utiles pour la société et la création de connaissances.


Sources : (a) https://www.tdg.ch/universite-de-geneve-ludc-veut-une-taxe-plus-haute-pour-les-etudiants-etrangers-933353535361(b) https://www.lemanbleu.ch/fr/Actualites/Geneve/L-UDC-veut-faire-payer-plus-cher-les-etudiants-etrangers.html

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Communiqué de la CUAE suite à la censure d’un événement associatif par l’UNIGE

Le mardi 17 octobre, une association reconnue par l’UNIGE, l’ASEMA, a organisé une discussion intitulée “Solidarité avec la Palestine, intifada jusqu’à la victoire” à Uni-Mail. Cet événement avait pour but d’offrir une perspective communiste sur la situation en Palestine.


L’université a interdit tout affichage annonçant la discussion dans les bâtiments universitaires, en estimant que l’affiche de l’événement n’était pas conforme aux valeurs de l’université. Lorsque l’association étudiante a poursuivi son affichage, l’université a menacé par mail de porter plainte contre le membre de l’association qui avait déposé la demande de réservation de salle. Le jour de la conférence, un fourgon de policiers anti-émeutes était parqué devant UniMail et les flics étaient en contact avec le chef de la sécurité de l’UNIGE. Au même moment, des policiers en uniforme patrouillaient dans le bâtiment. Interrogée sur cette présence policière, l’université n’a pas souhaité indiquer si elle avait prévenu la police ou non. Elle a ajouté qu’elle ne tolérait ni l’apologie du terrorisme, ni les déclarations ou manifestations antisémites, ni les appels à la violence – faisant ainsi un grossier amalgame avec le discours porté par l’événement.

Cette répression de la solidarité avec le peuple palestinien n’est malheureusement pas le seul cas en Suisse. Depuis le début de la vague de bombardements ayant commencé en début octobre, de nombreuses associations étudiantes se sont mobilisées en Suisse pour essayer d’introduire une alternative à la narration dominante dans les médias – narration qui dépeint l’Etat d’Israël comme la seule victime et qui néglige les massacres qu’il commet sur le peuple palestinien.


Le rectorat de l’université de Bâle a censuré un message de solidarité des étudiant.e.x.s de master en sciences sociales. De plus, à Zurich et à Berne, les débats sur la situation en Palestine ont été interdits par le rectorat. Cette forte répression de la part des institutions académiques en Suisse alémanique poursuit la décision d’interdiction de rassemblements et manifestiations de solidarité avec le peuple palestinien dans toutes les villes alémaniques, jusqu’à nouvel ordre.


La Suisse romande contrôle aussi les activités associatives liées à l’actualité en Palestine. A Fribourg, l’université a proscrit un rassemblement en soutien à la Palestine organisé par une association étudiante “en raison d’un positionnement jugé comme contrevenant à l’ordre universitaire”. A Lausanne, l’université a refusé de louer un terrain de foot à une association souhaitant organiser un tournoi en soutien aux organisations humanitaires palestiniennes parce qu’il était jugé “trop politique”. Justifier ainsi la répression de cet événement de solidarité avec la Palestine ne tient pas la route. Quelques semaines après ça, l’université de Lausanne prévoit d’accueillir Emmanuel Macron dans ses murs sans que ce soit jugé “trop politique”.

La CUAE s’inquiète de voir le rectorat de l’UNIGE interférer dans des événements associatifs. Une menace de plainte pénale pour “appel à la violence” et une présence policière aussi importante est disproportionnée et représente une intimidation que la CUAE condamne.

La liberté d’expression a avant tout pour fonction de défendre des positions minoritaires, contestataires. Alors que la position dominante consiste à soutenir plus ou moins indéfectiblement Israël, il est crucial que d’autres visions de la situation puissent aussi s’exprimer. L’université a un rôle prépondérant à jouer, elle se doit d’être un lieu d’expression critique et a minima de laisser les associations étudiantes proposer des analyses différentes de la situation. En menaçant de porter plainte contre des membres d’une association étudiante dans le cadre des activités associatives, l’UNIGE instaure un climat de répression. S’opposer à la position dominante revient donc à prendre des risques. 

La CUAE dénonce l’usage de plus en plus fréquent de la plainte pénale ou de la menace de plainte pénale de la part du rectorat de l’UNIGE contre des étudiant.e.x.s. L’université doit rester un lieu où les positions minoritaires peuvent s’exprimer et pour cela le droit à la contestation doit être préservé et non pas muselé par des outils répressifs.

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Communiqué de presse de la CUAE sur les suites de la tentative d’entartage de Céline Amaudruz – 11 janvier 2023

Communiqué de presse de la CUAE sur les suites de la tentative d’entartage de Céline Amaudruz – 11 janvier 2023

Le 21 décembre 2022, des militant.e.x.s ont tenté d’entarter Céline Amaudruz, conseillère nationale UDC et vice-présidente de ce même parti. Suite à cela, Mme Amaudruz a annoncé par voie de presse avoir porté plainte pour tentative de lésions corporelles simples et voies de fait. Elle a également annoncé vouloir compléter sa plainte pour menace. 

La CUAE n’a pas organisé cette action et ne la revendique pas. En publiant ce communiqué de presse, elle cherche à incarner son rôle de syndicat étudiant. Ainsi, elle prend la défense des étudiant.e.x.s potentiellement impliqué.e.x.s dans cette situation et s’oppose aux discours et aux idées d’extrême droite, dangereuses pour l’éducation publique et l’accès à la formation. En particulier, elle se mobilise contre les menaces de sanctions disciplinaires et pénales annoncées par voie de presse par le rectorat de l’UNIGE.

Bien qu’elle ne soit pas à l’initiative de l’action du 21 décembre 2022, la CUAE soutient l’existence de contestations politiques au sein de l’université. La pratique de l’entartage est une action symbolique ayant comme but de contester politiquement la présence d’idées dans un lieu donné. Par ailleurs, la CUAE se positionne fermement contre les idées d’extrême droite de l’UDC et la banalisation de sa présence au sein de l’université.

Ce qu’il s’est passé

La politicienne d’extrême droite Céline Amaudruz était invitée à l’université comme membre du jury d’une joute oratoire sur la neutralité suisse. Reprenons les faits énoncés dans le communiqué du club genevois de débat : “Une dizaine d’individus masqués et capuchonnés ont tenté de prendre d’assaut la salle MR280 afin d’entarter […] Céline Amaudruz. […] deux sont parvenus à forcer le passage. La tarte leur a été enlevée des mains […] l’un d’entre eux a projeté un liquide chimique […]. Il a hurlé à plusieurs reprises “Genève Antifasciste, Amaudruz tu pues.” Avant de préciser que “ni Mme la Conseillère nationale, ni le public, ni [leurs] membres n’ont subi d’atteinte physique”. Un communiqué publié sur le site renverse.co explique quant à lui que quelques participant.e.x.s “ont réussi à brièvement passer la porte, crier des slogans, lancer des flyers et déverser une bonne dose de purin d’orties dans la salle.” 

Or, dans la presse, c’est un autre son de cloche : les masques et capuches sont transformés en cagoules, les neuf individus en commando et la tentative d’entartage en agression violente. Tout le vocabulaire de la terreur est mobilisé et l’action est extrapolée pour en faire un fait divers sensationnaliste.

Pourquoi une telle action ?

Parmi les juré.e.s invité.e.s à cette joute oratoire, Céline Amaudruz était la seule à être invitée en raison de son engagement politique. Ce sont donc bien ses idées qui sont représentées par sa présence à un tel événement.

L’entartage est une action symbolique qui n’a rien de nouveau. Il est connu pour être un moyen de condamnation publique qui utilise l’humour plutôt que la violence. C’est une action symbolique qui ne cherche pas à terroriser mais plutôt à tourner en ridicule certains discours ou idées politiques. Ce n’est pas l’agression d’une personne mais la contestation politique d’idées dangereuses. Par cette action, ce n’est donc pas la personne de Céline Amaudruz mais bien son parti politique, l’UDC, qui est attaqué.

Intimidation et punition de la contestation politique

La CUAE regrette la disproportion de la réponse à cette action. En effet, depuis cette tentative d’entartage, la polémique fait rage, largement alimentée par l’UDC et ses intérêts électoraux. La plainte pénale de Mme Amaudruz ainsi que les menaces de plainte pénale et de sanctions disciplinaires du rectorat de l’UNIGE sont une réelle menace à la liberté d’expression à l’UNIGE. En effet, que quelques individu.e.x.s soient la cible d’un tel déchainement médiatique, politique et punitif pour une tarte à la crème est à la fois loufoque et alarmant. La liberté d’expression est aussi et surtout la protection du droit à la contestation politique. En l’espèce, le droit d’individu.e.x.s à exprimer leur désaccord avec les idées nauséabondes de l’UDC. 

Récupération politique par les partis de droite 

Il est effrayant de constater que dans de nombreux journaux, Mme Amaudruz et d’autres personnalités de droite s’attaquent au syndicat des étudiant.e.x.s de l’UNIGE. Yves Nidegger appelle de ses vœux que les subventions de la CUAE soient coupées. Laure Lugon accuse le syndicat d’avoir participé à l’organisation de l’action – sans mobiliser la moindre preuve ou rigueur journalistique.

D’autres utilisent cet événement pour transformer la réalité en affirmant que l’université est désormais acquise à l’idéologie de la gauche radicale, crédibilisant ainsi les inventions les plus folles de la droite et de l’extrême droite. On peut par exemple lire dans Le Temps des aberrations telles que : “Quiconque ne partage pas les vues éclairées de la gauche radicale et révolutionnaire, ce qui fait beaucoup de monde, peut s’attendre à une agression”.

Nous déplorons également que cette action soit sciemment décrite comme une agression pour la décrédibiliser et la vider de sa portée politique. Il nous est dès lors très douloureux de constater que des membres éminents du parti socialiste genevois soutiennent sans équivoque la conseillère nationale UDC ou encore que l’université se permette d’affirmer tout son soutien à Céline Amaudruz. Par ces déclarations, ces derniers accordent à l’UDC une respectabilité dont ce parti est absolument indigne.

En plus de ne correspondre à aucune réalité empirique, les attaques évoquées plus haut sont extraordinairement opportunistes. À la veille des élections cantonales et fédérales, ce sujet d’actualité brûlant est une aubaine pour la récupération politique. Les politicien.nes s’expriment ainsi dans la presse, parlant d’abord de l’incident mais n’hésitant pas à divaguer sur des sujets plus larges afin de mettre en avant leurs programmes électoraux. 

Revendications

La CUAE regrette de voir l’attitude du rectorat être influencée par le gonflement de la polémique et par les pressions politiques. C’est pourquoi nous exhortons le rectorat à ne pas rentrer dans le jeu des partis politiques et à ne pas participer à la surenchère répressive. 

Pour cela, nous lui demandons de retirer sa plainte pénale et de ne pas saisir le conseil de discipline.

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Jusqu’à quand ?

Bilan intermédiaire et critique de la gestion de la crise par l’Université


Dès le mois d’avril 2020, l’Université de Genève décidait de lancer son programme d’évaluation de la période de pandémie afin de tirer “les leçons de la crise”. Face à ce processus qui paraissait d’emblée inutilement prématuré, et face au refus persistant du rectorat d’inclure la communauté étudiante dans les prises de décision, la CUAE a décidé de publier son bilan intermédiaire et critique de la gestion de la crise par l’Université. Nos conditions d’étude se sont aggravées dans un contexte déjà très difficile. Une question émerge : combien de temps encore continuerons-nous sur cette voie ?
A travers différents thèmes, faisons le point sur les enjeux estudiantins principaux de cette crise.


1. Aides financières
De ce point de vue des plus essentiels pour nombre d’entre nous, l’Université a été plutôt bonne élève. De grosses sommes ont été débloquées et les démarches pour y accéder ont été facilitées.
Mais on aurait aimé une meilleure communication au sujet de ces aides et plus d’incitation à y faire appel. Pourquoi favoriser des annonces de conférences en ligne (au hasard celle d’octobre dernier invitant le richissime directeur de l’aéroport de Genève) dans les mails envoyés à toute la communauté étudiante, alors qu’il serait bien plus pertinent de rappeler régulièrement le soutien auquel les étudiant.e.x.s ont droit ?
Les mots prononcés par le recteur à l’Assemblée de l’Université du 6 mai 2020 “l’Uni ne doit pas être une charge pour la société” passent mal. Cette conception très libérale de l’Université a notamment donné lieu à un appel aux aides privées et aux fonds personnels de la communauté universitaire pour soutenir les étudiant.e.x.s précarisé.e.x.s. Oublier qu’une université est avant tout un enrichissement sans équivalent pour la société, c’est aussi oublier que les conditions de vie des étudiant.e.x.s conditionnent cette richesse sociale. Mais pour prétendre à une telle place dans la société, une université a besoin de fonds publics suffisants et doit, plus encore, reconnaître que les aides financières accordées aux étudiant.e.x.s sont un droit qui ne se mendie pas. De plus, faire appel à la “bienveillance” des collaborateurices et alumni de l’UNIGE pour obtenir des fonds semble assez mal placé quand on sait que la majorité du corps enseignant se trouve dans des conditions de travail très précaires.


2. Gouvernance
Là, le bilan se corse. On peut même parler de gestion catastrophique pour une institution qui s’autoproclame démocratique.
Entre mépris pour les avis des associations étudiantes et court-circuitage pur et simple des organes démocratiques en place (Commissions mixtes au niveau des disciplines, Conseils Participatifs pour les facultés et Assemblée de l’Université pour toute l’institution), l’attitude des autorités universitaires a frôlé l’insulte.
En plus, cette attitude a concerné des décisions d’importance fondamentale comme les modalités du passage en ligne des enseignements, la comptabilisation des tentatives, le format des examens ou l’augmentation du recours aux agent.e.x.s issu.e.x.s d’une société privée problématique pour policer les couloirs de l’Université.
Nous dénonçons cette stratégie du choc qui, sous prétexte de crise, oublie jusqu’à la définition même du terme “démocratie”.


3. Examens
La gestion des examens à coup de directives rectorales s’est apparentée à un cauchemar éveillé. Dans ses recommandations, le rectorat n’a fait preuve d’aucune (ou de si peu de) prise en compte de l’immense stress et de la détresse psychologique causés par la crise sanitaire que nous traversons encore.
D’un côté, des chiffres de dépression en hausse et des étudiant.e.x.s souvent à bout.1 De l’autre, des modalités d’examens inchangées voire durcies sous prétexte de la facilité du passage des examens en ligne ou de possibilités de triche trop accessibles.
D’un côté, une Université qui accueille dans ses murs des expert.e.x.s de la santé mentale ou des professionel.le.x.s des conséquences médicales du stress. De l’autre, des facultés comme la FAPSE, la faculté de Droit et la GSEM qui, souhaitant conserver à tout prix leur taux d’échec, créent des examens plus courts (avec parfois une seule minute à disposition par question), des examens à questions séquentielles (sans possibilité de revenir en arrière) et des examens surveillés à distance à l’aide de logiciels privés.
A l’Université de Genève, cette surveillance numérique a été permise et même encouragée de manière généralisée.
Dès lors, où est passée la notion de consentement? Le délai pour signaler son refus d’utiliser le logiciel TestWe était exagérément court en GSEM et l’accord des étudiant.e.x.s n’a même pas été demandé pour les examens surveillés par Zoom dans les autres facultés. Il existe un rapport du préposé cantonal à la protection des données qui condamne la pratique de surveillance numérique et le logiciel TestWe en particulier, pourquoi s’obstiner ?
De plus, la surveillance numérique n’était pas la seule option viable. L’Unige aurait pu s’inspirer d’autres institutions telles que l’EPFL qui, en plus de ne pas surveiller numériquement les examens, a décidé d’offrir une tentative supplémentaire en cas d’échec à la session d’hiver 2021.2
Rappelons que de telles pratiques supposent que chaque étudiant.e.x est un.e.x suspect.e.x par défaut. Le message sur le peu d’estime qu’a le rectorat vis-à-vis du travail de la communauté étudiante est inquiétant.


La CUAE a pris le parti de s’opposer à la vidéo-surveillance des examens. Nous refusons que notre institution s’inscrive dans ce mouvement général vers une société sécuritaire où il faut se méfier de tout le monde. Nous ne voulons pas d’une université qui nous flique, qui nous espionne et qui n’accorde aucune importance à nos droits fondamentaux.
L’Université est restée attachée aux conceptions traditionnelles et néo-libérales de l’évaluation et de la valeur des diplômes, ce qui l’a poussée sur la pente glissante de la surveillance numérique généralisée. Nous ne voulons pas d’une université qui ne conçoit la valeur des diplômes qu’au travers du prisme du marché du travail et de ses exigences capitalistes. Nos diplômes ont d’autres valeurs qui s’incarnent entre autres dans l’esprit critique que nous essayons tant bien que mal de développer, dans un enseignement de qualité et dans les liens que nous tissons à l’université. Et, comme par hasard, l’accès à ces valeurs-là ne nécessitent aucune surveillance numérique autoritaire.    

4. Enseignements en présentiel
Nous saluons la volonté de réouverture des portes universitaires à la rentrée d’automne 2020. Mais nous aimerions surtout voir le rectorat pointer publiquement les problèmes liés à l’enseignement en ligne et prendre clairement position sur le caractère provisoire et conjoncturel du distanciel.
Les conséquences néfastes de la situation sur nos vies et nos formations ne semblent pas avoir alarmé la direction de l’Univesité outre mesure. A part l’ouverture de salles de travail, où sont les mesures demandées par la CUAE au début du deuxième confinement?


5. Horizon post-covid
En dialoguant avec le rectorat et certaines directions facultaires, il s’est avéré que l’avenir qu’iels nous préparent risque de perpétuer les pratiques de surveillance autoritaires qui dégradent nos conditions d’études depuis un an. Ne soyons pas naïf.ve.x.s. Graver dans le marbre ne serait-ce que la possibilité de telles pratiques ouvre grand la porte à leur généralisation dans un futur proche pour tou.te.x.s les étudiant.e.x.s.
Par ailleurs, nous mettons en garde contre une volonté future du rectorat, une fois la pandémie derrière nous, de pallier le manque d’espaces par un passage forcé à l’enseignement à distance. Cette volonté est déjà perceptible dans certaines positions des autorités universitaires. Les vertus du numérique pourraient s’avérer nombreuses aux yeux du rectorat et au détriment des étudiant.e.x.s.

6. Appel à un changement de cap
Mettre l’Université de Genève en examen face à sa gestion de la crise du coronavirus nous force à constater qu’elle n’est pas à la hauteur de la période actuelle. 


Concrètement, la CUAE exige :   

– La pérennisation du large accès aux aides financières pour les étudiant.e.x.s.   

– Une véritable démocratisation de l’Université, notamment la prise en compte des associations étudiantes dans les décisions, plus de pouvoirs et de représentation étudiante pour les organes participatifs.   

– La fin de toute forme de surveillance numérique.   

– L’arrêt des activités des agent.e.x.s de surveillance privé.e.x.s au sein des bâtiments universitaires, et une alternative sociale de protection de l’intégrité des personnes.   

– Une adaptation des conditions d’examen en temps de crise, par exemple par la généralisation des dossiers à faire “à la maison”.   

– Un prolongement généralisé du délai maximum des études et un assouplissement général des règlements.    

– Une augmentation de l’encadrement des cours et plus généralement de meilleures conditions de travail pour tout le corps intermédiaire. Vraie solution au décrochage et à l’isolement à nos yeux.


La crise que nous vivons ne fait d’ailleurs que révéler plus vivement des tendances inquiétantes que la CUAE dénonce depuis des années. La pandémie n’a fait qu’exacerber des tendances structurelles fortes, telles que la gouvernance autoritaire de l’institution et la précarité qui y règne. Mais il n’est pas trop tard pour renverser la vapeur. L’accumulation du ras-le-bol général engendré par la gestion universitaire de la crise nous prouve qu’il est plus que temps d’adopter une autre attitude pour le semestre du printemps 2021 et ceux qui viendront ensuite.

1 https://lecourrier.ch/2021/02/08/depressions-en-hausse/

2 https://www.24heures.ch/pas-de-logiciel-espion-pour-les-examens-universitaires-234879284158

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Pourquoi faire grève le 29 octobre 2020 ?

Les prévisions budgétaires de l’État de Genève prévoient un déficit de 501 millions. C’est pourquoi le nouveau plan financier de l’État entend économiser entre 800 millions et 1 milliard de francs. Comment ? En réduisant drastiquement les salaires de la fonction publique par une baisse linéaire des salaires de 1% sur 4 ans. Mais – parce qu’il y a toujours un « mais » – la baisse réelle des revenus sera de 6 à 9%, notamment à cause de :

  • La non-indexation des salaires sur le coût de la vie ; 
  • Le blocage des annuités ;
  • L’augmentation des cotisations aux caisses de retraites publiques. 

Mais d’où vient ce trou budgétaire de 501 millions ? C’est une conséquence directe de la RFFA, cette réforme qui prévoyait moins d’impôts pour les entreprises. Cette réforme néo-libérale qui est passée en force il y a à peine deux ans rabote petit à petit le secteur public pour engraisser le secteur privé. Pourquoi cette réforme est-elle néolibérale ? Parce qu’elle avantage drastiquement les entreprises dans leurs impositions fiscales au détriment de l’Etat (et donc de la fonction publique, dont l’éducation publique). Concrètement, les entreprises, surtout les grosses, paient moins d’impôts. Il y a donc moins d’argent pour les services et la fonction publics. Qui dit moins d’argent, dit budget réduit ; et qui dit budget réduit, dit coupes budgétaires. On commence à voir où ça nous mène. Et pourquoi cette réforme est-elle passée en force ? Parce que la première réforme, la RIE 1, a été refusée par le peuple. La 2ème réforme, la RIE 2, a été refusée par le peuple. La 3ème réforme, la RIE 3, a été refusée par le peuple. Ce n’est qu’à la 4ème votation que la réforme est passée. Comment appelle-t-on ça ? Du forcing. Et le forcing, c’est pas beau, surtout quand ça vient des néo-libéraux.

Mais en tant qu’étudiant.e.x.s, pourquoi se mobiliser contre ce projet de budget ? Premièrement parce qu’attaquer les salaires, c’est attaquer nos conditions d’études. Les membres du Corps Intermédiaire, dont les assistant.e.x.s, la majorité du Personnel administratif et technique, les biliothécaires, les secrétariats et les conseillèr.e.x.s sont tout.e.x.s surchargé.e.x.s, et ce alors que leurs salaires sont déjà trop bas. Une coupe dans leurs salaires ne peut que dégrader encore la qualité des enseignements et des structures de soutien. Déjà actuellement, à cause de cette surcharge, personne n’a jamais assez de temps à nous accorder. Avec un salaire encore plus précaire, accepteront-ielles encore toutes ces heures supplémentaires pour un suivi et un soutien de qualité ? Face à ces coupes inacceptables, nous devons être solidaires avec nos enseignant.e.x.s et avec tout le personnel de l’Université. Nous devons lutter avec elleux pour de meilleures conditions de travail !

Mais ce n’est pas tout. Attaquer les salaires, c’est aussi attaquer nos futurs emplois potentiels. Les plus impacté.e.x.s par ces coupes budgétaires seront les personnes qui sortiront de formation et qui commenceront leur parcours dans le monde du travail. Autrement dit, c’est nous, les personnes qui sont actuellement en formation, qui vont être les plus touchées. Universitaires, mais aussi étudiant.e.x.s des HES et principalement celleux des Hautes écoles de santé et de travail social. Entrer sur le marché de l’emploi n’est déjà pas très agréable en soi. C’est un saut brutal dans un environnement où la concurrence est violente, de par les logiques néolibérales qui soutiennent le capitalisme sauvage actuel. La force de travail future, donc nous, est de plus en plus pressée comme des citrons. On justifie ça en disant qu’il faut être solidaire. Mais solidaire avec qui ? Avec les entreprises privées qui ont pour seul horizon le profit ? Avec les entreprises transnationales qui ont de moins en moins d’impôts et de plus en plus d’argent ? Non, nous ne serons pas solidaires sous couvert de profit ! Alors qu’on n’a même pas encore commencé à travailler, on nous réduit déjà notre salaire de 6 à 9%. Donc c’est nous, les étudiant.e.x.s, qui allons subir frontalement ces coupes salariales.

Dans ce contexte inquiétant, des cas particuliers se trouvent écartelés entre des conditions d’études toujours plus déplorables et une situation toujours plus précaire. On pense notamment aux étudiant.e.x.s de l’Institut Universitaire de formation des enseignantes (IUFE) qui sont touché.e.x.s par leur statut d’étudiant.e.x mais aussi via leurs stages et leurs futurs emplois. Les coupes ont déjà écrasé l’IUFE par la quasi-suppression des stages en responsabilité (c’est-à-dire rémunérés). Les étudiant.e.x.s se retrouvent alors sans possibilité de bourse, sans rémunération et avec une perspective de salaire plus bas. Comment encore avoir une formation de qualité ? Et comment, suite à cette formation, penser entrer dans le monde du travail brutal que nous venons de décrire ?

Pour couronner le tout, c’est la fonction publique qui est en première ligne durant l’actuelle crise sanitaire. Applaudir le personnel hospitalier depuis nos balcons pour maintenant réduire leur salaire, c’est une aberration ! 

Par ces coupes, c’est aussi la formation dans son ensemble qui est directement attaquée : étudiant.e.x.s, stagiaires, corps intermédiaire, corps professoral, corps administratif et technique, tout le monde y passe. Mais ces coupes ne sont que la pointe de l’iceberg d’un système de plus en plus néolibéral qui s’immisce petit à petit dans nos formations. L’université se perçoit comme une entreprise, les étudiant.e.x.s deviennent des client.e.x.s, les enseignant.e.x.s des machines et nos diplômes ne visent plus qu’à augmenter notre capital personnel. Pendant que l’Etat fait des cadeaux aux entreprises privées, on nous sort un discours de “responsabilité envers la société”, où la formation doit se serrer la ceinture. Alors ça y est, l’Etat ne doit plus financer l’éducation mais plutôt secourir les grandes entreprises dont le seul but est le profit ?

Au-delà de ces coupes intolérables dans les salaires, c’est un système entier à démanteler. Parce que l’argent de l’Etat doit aller en priorité dans la santé, l’éducation et les aides sociales, parce qu’on ne veut plus que nos formations passent après le profit des entreprises privées, parce que nous voulons une éducation accessible à tout le monde et des enseignant.e.x.s avec des conditions de vie dignes, et parce que cela passe par une augmentation des salaires plutôt que par des coupes, nous disons non à ce projet de budget et à tout compromis mou que l’Etat pourrait nous proposer !

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Prise de position concernant les nouvelles mesures sanitaires de l’Université

Face à la 2ème vague de COVID-19 en Suisse et à Genève, des mesures restrictives limitant les interactions sociales et les rassemblements sont à nouveau d’actualité. Vendredi dernier, l’Université a décidé de faire passer la quasi-totalité de ses enseignements en ligne dès le 2 novembre. C’est la deuxième fois qu’une telle mesure est prise cette année et aujourd’hui encore, elle entraîne de nombreuses conséquences. Afin d’éviter que celles-ci ne retombent sur les personnes les plus précaires et vulnérables, nous avons établi une série de priorités. 

Nous demandons que les décisions concernant les plans d’études et les examens soient prises de manière démocratique. Il faut que les étudiant.e.x.s soient consulté.e.x.s, et surtout qu’iels participent concrètement aux prises de décisions. Les structures déjà en place telles que l’Assemblée de l’Université et les Conseils participatifs doivent être mobilisées. Nous appelons aussi tous les niveaux de l’institution universitaire à inclure les associations étudiantes dans les décisions. Concrètement, nous réclamons que les professeur.e.x.s consultent les étudiant.e.x.s participant à leurs cours pour l’établissement des modalités d’évaluation de ce semestre ; que les décanats décident des mesures facultaires avec les associations d’étudiant.e.x.s facultaires ; que le rectorat dialogue avec la CUAE pour les décisions universitaires. 

Quant aux examens, ils doivent être, au minimum, adaptés pour tenir compte des nombreuses difficultés liées aux enseignements en ligne et au stress accru que la situation fait peser sur chacun.e.x d’entre nous. Nous n’accepterons ni l’utilisation de logiciels de surveillance comme TestWe, ni tout autre durcissement du format des examens ayant compliqué la session de juin 2020 (réduction drastique du temps à disposition, questions séquentielles, points négatifs à outrance, photographie des étudiant.e.x.s). L’année passée, les justifications invoquées étaient le manque de temps et l’inconnu de la situation ; cette année, ces excuses sont obsolètes.
De plus, les étudiant.e.x.s de première année n’ont eu que quelques semaines en présence pour se familiariser avec le fonctionnement de l’Université.

Nous appelons à la création en urgence de postes pour encadrer et conseiller ces étudiant.e.x.s dans le parcours souvent déstabilisant que représente le suivi des enseignements à distance. Pour cela, nous préconisons un renforcement des équipes des conseillèr.e.x.s aux études et des moniteurices. Toutefois, ce renforcement ne doit pas s’inscrire dans une politique de précarisation ; les postes ne doivent pas être surchargés, mais doivent au contraire être accompagnés de renforcement des structures existantes par de nouvelles embauches.

Enfin, nous proposons que l’Université mette à disposition des salles vacantes, dans le respect des mesures sanitaires. Ceci permettrait de pouvoir suivre les cours en ligne (car la bibliothèque se doit d’être silencieuse) mais également de désengorger les flux de personnes se rendant dans les espaces de travail sans effectuer de tri social au détriment des personnes non-universitaires.

Pour nous tou.te.x.s, l’air de déjà vu est désagréablement troublant. Tandis que tout est fait pour limiter l’impact du virus sur les activités économiques, la majorité de ce qui constitue réellement nos quotidiens est frappé de plein fouet. Les mesures sanitaires causées par la pandémie affectent nos vies sociales, nos activités, nos centres d’intérêts et nos passions. De même, nos formations ne sont pas épargnées et il est une nouvelle fois primordial de les défendre collectivement et de façon solidaire pour que la crise ne débouche pas sur la négligence et le délaissement des plus précaires et vulnérables d’entre nous.

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Un appel national pour des garanties sur nos formations

Lancé depuis la Suisse romande avec une portée nationale, cet appel est adressé aux divers centres de décisions en matière d’examens et de validation des enseignements, à savoir tout autant les directions d’institutions de formation que les regroupements intercantonaux (HES-SO, swissuniversities, Conférence des directeurs/trices de l’instruction publique, etc.) et les services confédéraux compétents (Secrétariat d’Etat à la formation).

L’appel vise à rassembler largement les personnes en formation, des gymnases aux Hautes Ecoles en passant par les Ecoles professionnelles et les programmes-passerelles. Des initiatives locales (Genève, Neuchâtel) ou centrées sur des filières (gymnases) ont fleuri ces derniers temps, pour réclamer des solutions viables et équitables pour cette fin de semestre. Ces voix n’ont pas été entendues et les problèmes sont partout similaires. Nous mettons désormais nos forces en commun pour soutenir ces revendications et obtenir des solutions à la hauteur des enjeux et de la crise que nous traversons.

Il s’agit de voir les choses en face : maintenir des sessions d’examens, à distance ou non, n’a pas de sens. Malgré les beaux discours sur la « continuité pédagogique » et les efforts de nos enseignant-e-s pour préserver le lien, nos institutions et nous-mêmes n’étions pas prêt-e-s pour ce qui se passe en ce moment. Nous subissons de plein fouet la pandémie, sur les plans psychiques, physiques, relationnels, financiers, familiaux. Notre disponibilité à la formation est affectée par la crise du coronavirus, et les formations ont été de fait interrompues : ce qui s’est fait et qui a été appelé « continuité », est de l’ordre de la rupture et certainement pas de la pédagogie. Ce n’aura pas été un semestre de formation « à distance », ç’aura été un semestre de distance avec nos formations. Et les enseignant-e-s le savent…

Pour autant, nous n’avons pas à payer d’une année supplémentaire d’études ou de notre santé cette crise. Les formations doivent être réagencées sur le long terme pour prendre en compte ce grand chamboulement. Nous refusons les pansements sur plaies béantes que sont les actuelles propositions de maintien des examens et évaluations, moyennant des possibilités de retrait jusqu’à une date X ou de non-comptabilisation des échecs à la session Y, ou la possibilité de prolonger sa formation jusqu’à Z… Cessons les calculs d’apothicaires et les arrangements irréalistes !

Nous avons besoin de garanties, nous avons besoin de pouvoir continuer notre cursus, ou de pouvoir le commencer, sereinement et sans temps perdu.

Les Cantons disent à la Confédération que le principe d’équité ne pourra pas être assuré pour les examens des gymnasien-ne-s et préconisent de les annuler : comment pourrait-il en être différemment ailleurs ?

Stop aux demi-mesures et aux pseudo-solutions : des validations et des garanties !

Lien vers l’appel : http://www.action-education.ch/fr/

Genève, Lausanne, Neuchâtel, le 23 avril 2020

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Prise de position de la CUAE sur les examens

La CUAE appelle à une solution solidaire et égalitaire pour les examens

Devant la situation d’actuelle pandémie, la CUAE prend position sur la question des examens de la session de juin 2020. En effet, compte tenu de la fermeture des bâtiments universitaires – et par conséquent de l’altération des différentes prestations offertes aux étudiant.e.x.s en temps normaux (bibliothèques, espaces de travail silencieux, services d’impressions, contacts entre étudiant.e.x.s et professeur.e.x.s, etc.) -, compte tenu de la mise en place du système de cours en ligne et des difficultés qui s’ensuivent, compte tenu des diverses complications liées à la situation actuelle, il est clair que la session d’examens de juin doit être repensée dans son ensemble. En tant que syndicat étudiant, la CUAE défend les droits et intérêts de la communauté estudiantine, et, aujourd’hui plus que jamais, de ceux des personnes qui sont ou vont être impactées par la crise en cours. Nous sommes conscient.e.x.s que la situation actuelle rend complexe toute décision concernant les cursus académiques. Nous saluons à ce sujet les mesures rapidement mises en place par l’Université de Genève et les services techniques visant à assurer une qualité et une continuité de ses enseignements. La question des examens de juin a fait l’objet de toute notre attention. Il est pour nous hors de question de laisser des étudiant.e.x.s de côté dans cette décision.

Les étudiant.e.x.s sont particulièrement touché.e.x.s par l’actuelle pandémie. Il nous parait important de relever quelques problèmes généraux liés aux enseignements en ligne. Ces derniers témoignent des difficultés qu’engendre la mise en place d’un tel système. La décision des modalités des examens de juin doit se prendre en tenant pleinement compte de ces difficultés.

En premier lieu, les étudiant.e.x.s sont pleinement impliqué.e.x.s dans la crise actuelle. En effet, le Conseil Fédéral a annoncé un soutien de l’armée suisse, mobilisant jusqu’à 8’000 personnes, et ce jusqu’à fin 2020. La protection civile de la Ville de Genève a quant à elle commencé à mobiliser du personnel depuis lundi 16 mars, et l’ensemble de ses effectifs est convocable dès le lundi 23 mars. L’obligation de servir empêche des étudiant.e.x.s de suivre correctement les enseignements en ligne. Si iels ne sont pas mobilisé.e.x.s par l’Etat, d’autres étudiant.e.x.s se consacrent à la solidarité nécessaire à la situation actuelle : dans les villages, dans les associations, dans l’aide apportée au voisinage et aux proches (grands-parents, parents, frères et sœurs, enfants, ami.e.x.s), en se rendant dans les magasins ou pharmacies, permettant ainsi aux personnes plus fragiles de se protéger du virus et d’enrayer sa propagation, ou encore en effectuant du travail administratif. Ainsi, la mobilisation volontaire limite également le temps disponible pour suivre les enseignements en ligne.

S’ajoute à cela le stress lié à une situation financière instable. Avec la fermeture de la plupart des lieux de vie, et ce pour une durée indéterminée, de nombreux.se.x.s étudiant.e.x.s se retrouvent aux chômage technique ou simplement licencié.e.x.s. Certaines entreprises vont également faire faillite, soustrayant encore de précieuses sources de revenus pour les étudiant.e.x.s. Ces ruptures économiques touchent particulièrement les secteurs de la vente, de la culture, de l’enseignement (remplacements), de l’aéroportuaire, de la restauration, des bars et boites de nuit, des marchés, de la sécurité et des activités indépendantes, secteurs dans lesquels les étudiant.e.x.s sont nombreu.euses à travailler. En ce sens, l’instabilité économique et le stress de ne pas pouvoir payer son loyer, sa nourriture, ses factures et ses assurances, sont des facteurs altérant un suivi adéquat des enseignements en ligne.

Les étudiant.e.x.s ne peuvent suivre convenablement les enseignements en ligne pour des raisons pratiques. En effet, le passage au numérique nécessite un logement adapté, comportant a minima une pièce isolée. Cela est difficile, voire impossible, lorsque l’on vit en colocation, que l’on doit partager sa chambre, ou que le lieu de vie est bruyant. De plus, les personnes ayant une famille et/ou des enfants à charge ne parviennent pas à suivre assidument et régulièrement les enseignements en ligne. À ces cas s’ajoutent les problèmes logistiques liés à l’accès au matériel informatique et/ou à une connexion internet. Le corps enseignant rencontre les mêmes difficultés liées aux bouleversements de nos quotidiens.

Enfin, rappelons que même si ces éléments factuels ne sont pas présents, les étudiant.e.x.s peuvent éprouver du stress et de l’anxiété vis-à-vis de la situation générale. En effet, cette conjoncture particulière et exceptionnelle nous met parfois dans des états émotionnels bouleversants, et ces sentiments sont parfaitement légitimes.

Ces problèmes sont réels et s’inscrivent dans une constellation plus large de cas particuliers. Notre objectif, par cette énumération partielle, est d’alerter l’ensemble de la communauté académique des complications liées aux enseignements en ligne qui doivent être prises en compte dans la décision concernant les examens de juin. Si tous les cas ne se ressemblent pas, certains problèmes sont néanmoins partagés par beaucoup d’entre nous.

Si les conditions ne semblent pas réunies pour le bon déroulement de la session d’examens, nous ne souhaitons pas pour autant que les examens soient annulés. En effet, cela engendrerait des complications pour beaucoup d’entre nous. D’une part, les étudiant.e.x.s souhaitant continuer un cursus académique dans une autre institution nécessitant l’obtention d’un diplôme universitaire doivent pouvoir le faire ; l’annulation pure et simple des examens les en empêcherait. D’autre part, certain.e.x.s étudiant.e.x.s ne peuvent se permettre de prolonger leur formation. Pour des raisons familiales d’abord, il est parfois impossible de dédier une année supplémentaire aux études. Pour des raisons économiques ensuite, certain.e.x.s d’entre nous ne peuvent consacrer une année supplémentaire à leur cursus : soit parce que nous l’avons planifié, soit parce qu’une année supplémentaire signifierait une année de plus dans la précarité, à jongler entre les jobs étudiants. Pour ces raisons, l’annulation des examens n’est pas une solution viable.

En revanche, nous revendiquons le droit pour tout.e.x étudiant.e.x de prolonger volontairement son cursus, de manière automatique et sans conséquence financière. De manière automatique, en offrant une année supplémentaire aux cursus de Bachelor (4 ans) et de Master (3 ans) à toute personne le désirant. Sans conséquences financières, par une exonération exceptionnelle des taxes universitaires, et par l’extension des bourses aux mois de juillet et août ainsi qu’à l’année suivante. De sorte que prolonger son cursus ne rime pas avec ruine économique.

Compte tenu de la complexité de la situation et des complications liées au système des enseignements en ligne, la CUAE appelle à la validation de tous les enseignements suivis ce semestre ainsi que l’obtention de tous les crédits liés à ces enseignements. La situation actuelle appelle des mesures exceptionnelles ; la tenue habituelle des examens dans de bonnes conditions est parfaitement inenvisageable. En parallèle, au vu des complications liées aux enseignements en ligne énumérées plus haut, il semble également impossible de garantir les mêmes conditions d’études pour tou.x.te.s les étudiant.e.x.s en vue de passer équitablement les examens. La position que nous soutenons permet une stricte égalité de traitement, et les personnes les plus impactées par l’actuelle pandémie ne seront pas d’avantage pénalisées.

La position que nous soutenons est simple et efficace. Simple, car elle peut s’appliquer à la quasi-totalité de l’Université, hormis quelques exceptions. Efficace, car elle permet d’outrepasser le particularisme des facultés et à fortiori des départements : effectivement, on voit mal comment les professeur.e.x.s et membres du corps intermédiaire pourraient, en l’état, assurer une session d’examens de qualité.

La position que nous soutenons permet également de reconstruire la solidarité. Interne d’une part, en ne péjorant pas les étudiant.e.x.s impacté.e.x.s par le virus et ses implications. Externe d’autre part, en permettant aux étudiant.e.x.s de se soigner calmement, de prendre soin de leurs proches, de gérer le stress de la crise, d’exercer leur solidarité envers leurs concitoyen.ne.x.s,  ainsi que de prendre soin des autres. Comme l’a récemment mentionné le conseiller fédéral Alain Berset, en rappelant le préambule de la Constitution helvétique, “la force d’une société se mesure à l’attention qui est portée aux plus faibles de ses membres“. La solidarité est pour nous essentielle, en particulier avec les étudiant.e.x.s les plus impacté.e.x.s en cette période difficile. Nous savons que cette préoccupation est également partagée par l’Université de Genève.

Pour toutes les raisons évoquées, nous rappelons encore une fois que nous n’appelons pas à l’annulation des examens mais à leur validation.

La position que nous soutenons tient compte des difficultés d’étude après le bouleversement de nos modes de vie. Si la numérisation des cours a assuré une continuité dans l’enseignement, et nous saluons ici encore une fois les efforts menés par l’Université de Genève en ce sens, nous avons besoin de temps pour réorganiser nos vies, pour réfléchir, pour comprendre et vivre la situation présente. Nous souhaitons remercier particulièrement le corps enseignant qui a su réagir et s’adapter à ce système numérique provisoire.

Finalement, notre position est motivée par la faculté d’autonomie et la capacité de responsabilisation étudiante. On pourrait nous opposer qu’une telle validation entraînerait une forte baisse d’investissement des étudiant.e.x.s dans leurs enseignements de ce semestre. Nous sommes convaincu.e.x.s. qu’il n’en sera rien. En effet, la formation universitaire est un choix, pas une obligation. Nous sommes persuadé.e.x.s que les étudiant.e.x.s mettront tout en œuvre pour assurer le bon déroulement de leur cursus académique. De plus, les étudiant.e.x.s sont responsables, et sauront évaluer judicieusement si iels ont acquis les connaissances nécessaires pour la suite de leur parcours. C’est pour cela qu’il est important de maintenir la session d’examens, d’offrir la possibilité aux étudiant.e.x.s de savoir si iels ont bien assimilé la matière d’un cours. Dans le cas ou iels considère que les connaissances ne sont pas acquises, iels pourront choisir de repasser les examens l’année d’après. Nous affirmons ici qu’il s’agit de la meilleure solution possible pour tous les corps de l’Université de Genève, car elle intègre toutes les problématiques causées par l’actuelle pandémie.

Validation de tous les enseignements suivis ce semestre et obtention de tous les crédits liés à ces enseignements pour tou.te.x.s les étudiant.e.x.s !

Face à la crise, recréons la solidarité !

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Communiqué de presse Covid-19

Communiqué et revendications de la CUAE

En ces temps de pandémie internationale, de nombreuses habitudes sont chamboulées et beaucoup de questions restent en suspens. Le coronavirus oblige les institutions publiques à mettre en place des mesures pour garantir la santé publique.

Les pouvoirs politiques appellent à unir nos forces et à la responsabilisation individuelle de nos comportements pendant que les directives arrivent au compte-gouttes.

Si nous comprenons que l’exceptionnalité de la situation prenne tout le monde de court, nous, étudiant.e.x.s de l’enseignement secondaire et supérieur, n’oublions pas que de nombreux intérêts sont en jeu, et que les nôtres ne sauront être défendus que par nous même aussi bien en terme de cursus de formation que de travail étudiant.

Effectivement, ces mesures de protections ne se limitent pas dans leurs effets sur nos formations mais également sur la plupart de nos emplois alimentaires. Ainsi nous demandons des mesures de compensations sur ces deux plans.

La plupart d’entre nous étant jeunes et peu « à risques » nous sommes prêt.e.x.s à nous organiser pour prendre soin de nos benjamin.e.x.s, venir en renfort des institutions qui se retrouveraient surchargées ou toute autre tâche qui pourrait aider à lutter contre le virus.

La fermeture des instituts de formation soulève des questions auxquelles nous demandons des réponses puisque nous ne sommes pas associé.e.x.s aux discussions et décisions.

  • À l’université les cours sont d’ores et déjà annulés et remplacés par des cours en ligne. Nous souhaitons que cette mesure s’accompagne d’un encadrement élargi de la part des professeur.e.x.s que ce soit par Skype ou par des « foires aux questions » et que le programme soit allégé. Effectivement, plusieurs études montrent que les personnes précaires scolairement sont défavorisées par les enseignements en ligne[1]. Ainsi, il semble clair que le semestre ne pourra pas s’effectuer dans des conditions « normales » pour les étudiant.e.x.s et que des compensations en terme de nombre de tentatives, de barème et de charge de travail soient mises en œuvre pour les examens.
  • De plus, si cette situation venait à se prolonger nous souhaitons que les examens de fin d’années soient maintenus afin de ne pas péjorer des inscriptions dans d’autres institutions ou allonger le temps des études. Cependant, nous souhaitons que le barème et la difficulté soient abaissés ou que le nombre de tentatives soit augmenté prenant ainsi en compte les difficultés de nos formations dues aux mesures contre le coronavirus.

Une récente étude de l’observatoire de la vie étudiante faisant état d’un accroissement inquiétant du stress chez les étudiant.e.x.s de l’université, il est donc primordial que la crise actuelle ne se transforme pas en angoisse supplémentaire quant à la leur possibilité de réussite académique.

  • Ainsi nous préconisons également d’entamer des discussions autour de la possibilité d’admission conditionnelle dans les suites de cursus des personnes en formation. En effet, certaines personnes pourraient ne pas valider tous les acquis nécessaires (stages, examens de maturité, etc…) pour entrer dans leur formation suivante. Nous souhaitons voir quels arrangements pourraient être possibles pour qu’elles y entrent tout de même, en validant les derniers acquis d’une autre manière ou plus tardivement.
  • La question des stages et d’un éventuel report de ceux-ci est également un enjeu important. Nous demandons qu’une solution soit trouvée pour que le report de ceux-ci n’impacte pas les étudiant.e.x.s qui ont du planifier leurs stages et la suite de leur cursus de formation par la délivrance d’équivalences ou par la négociation d’inscriptions sous conditions dans les institutions dans lesquels les personnes ont prévu de poursuivre leurs trajectoires.

Les effets, dus à la nécessaire gestion du coronavirus, ont des conséquences économiques qui impactent directement les personnes en formations. Devant la crise et l’exceptionnalité du Covid-19, nous demandons aux institutions publiques de mettre en place une série de mesures économiques en soutien aux étudiant.e.x.s précaires.

Les étudiant.e.x.s qui travaillent à côté de leurs études ont, dans la grande majorité des cas, des contrats précaires, le plus souvent à l’appel et payés à l’heure. Ces emplois sont également ceux qui semblent le plus subir les mesures de cloisonnement dues au coronavirus.

Ainsi nous craignons  une augmentation de la précarité étudiante ces prochains temps, d’autant plus que les offres d’emploi et d’embauche se raréfient drastiquement dans le contexte actuel.

– Ainsi nous enjoignons les autorités compétentes à débloquer des fonds spéciaux pour parer à ces pertes des revenus.

– Dans le cas de l’Universtié et des HES-SO de Genève, nous demandons une augmentation exceptionnelle du fond du Pôle Santé Social attribué aux demandes d’aide ponctuelles afin de fournir un revenu de replacement aux étudiant.e.x.s dont le revenu est supprimé en raison de l’épidémie.

– Nous demandons également d’informer largement les étudiant.e.x.s de ces mesures et d’engager quelqun.e.x afin de faire face à l’augmentation des demandes afin d’éviter une surcharge pour les conseil.lère.s sociales.[2]

– De plus, nous proposons d’employer des étudiant.e.x.s dans les services qui verraient une charge de travail augmentée : informatique, aide ponctuelle, et surtout pour le soutien au corps intermédiaire (assistant.e.x.s, chargé.e.x.s de cours, maitre de recherche, etc…). Ce dernier point nous tient particulièrement à cœur car nous soutenons le corps intermédiaires dans leurs demandes de meilleures conditions de travail discutées depuis longtemps à l’Assemblée de l’Université.

– Finalement il nous paraît judicieux de de communiquer sur les possibilités qu’offre le centre carrière pour que les étudiant.e.x.s puissent offrir leurs services, en tant que baby-sitter ou aide à domicile, à la population. Nous pensons qu’il serait également judicieux que les personnes proposant des offres de travail, notamment de garde d’enfants, puissent s’inscrire gratuitement sur le site si elles proposent un salaire minimum de 23.-/h.

Mais les pouvoirs publics ne sont pas les seuls à avoir le devoir de protéger les travailleur.euse.x.s et il est important que les employeur.euse.x.s privé.e.x.s assument leur part de protections salariale.

– Nous demandons donc des ressources juridiques (permanences, foires aux questions, avis de droits) pour que les étudiant.e.x.s aient une information complète quant à leurs droits en terme de salaire et de prestation sociale. N’hésitez pas à vous rendre aux permanences juridiques gratuites (et de vous syndiquer) d’Unia et du SIT.

Alors en ce temps de repos forcé,  de crash des bourses, de peur de la récession, il nous semble de bon conseil que tout le monde et surtout les plus productif.ve.x.s aient pour consigne claire de rester chez soi, de se reposer, de faire le point, de réfléchir à ce qui nous importe vraiment et de comment changer le système pour que la relance économique qui sera nécessaire, ne tombe pas dans les poches des spéculateurices mais soit utilisée de façon à construire un futur qui nous donne de l’espoir.


[1] http://doc.cadeul.com/avis/Reflexion-sur-l-enseignement-en-ligne.pdf : p.14

[2] https://www.unige.ch/dife/sante-social/aides-financieres/bourses/aide-ponctuelle/