Catégories
Actualités Migrant.e.x.s Politique universitaire

Flicage des étrangères : Le rectorat refuse de revenir sur une pratique honteuse

Début septembre, la CUAE dénonçait par voie d’affiche le traquenard tendu aux étudiantes permis B cette année. En effet, en invitant la police des étrangères à s’installer à l’université pendant les immatriculations, le passage par l’Office Cantonal de la Population (OCP) a été imposé à toute étudiante désirant s’immatriculer. De ce fait , des étudiantes n’ont pas pu commencer leurs études.

De nombreuses étudiantes et associations diverses ont fortement réagi à la dénonciation de cette nouvelle pratique. Mais le rectorat joue la carte de l’innocence et refuse toujours de garantir des immatriculations sans flicage l’année prochaine.

Nous exigeons un engagement écrit garantissant l’absence de la police des étrangères (OCP) lors des séances d’immatriculation l’année prochaine, ainsi que des informations sur la teneur exacte de la collaboration entre l’université et cette dernière. Que le rectorat prenne enfin ses responsabilités et mette un terme à l’intolérable !

Pour que l’université cesse immédiatement toute collaboration avec l’état policier et garantisse l’accès à la formation pour toutes !

Rassemblement mercredi 26 novembre 2008 – 14 h – Hall d’Uni-mail

Catégories
Actualités Politique universitaire

Bâtiment des philosophes

Comme vous le savez probablement, le bâtiment des philosophes a subit un incendie au début de cet été. Plusieurs mois après cet incident, et malgré des déclarations de membres du rectorat laissant entendre le contraire dans la presse, rien a été entrepris pour les étudiantes.

Aujourd’hui, les fenêtres n’ont toujours pas été remplacées, le chauffage ne fonctionne toujours pas, les bornes informatiques sont inexistantes et le coin cafétéria a un triste visage.

Le comité de la CUAE soutient la démarche entreprise par des étudiantes et soutenues par des associations membres qui exigent une amélioration de leur condition d’étude. L’Assemblée des Délégués s’est également montrée solidaire avec le sort des étudiantes du bâtiment du boulevard des philosophes. Le comité souligne également la politique des deux poids deux mesures du rectorat. Il y aura toujours suffisamment d’argent pour certaines alors que la politique des caisses vides restera une constante pour d’autres…

Une pétition a été lancée et est disponible, entre autres, aux locaux de la CUAE au 83 bd Carl-Vogt. Merci de la signer et de la diffuser largement.

Catégories
Politique universitaire Textes

Bologne et la non-mobilité

Plusieurs années après que la CUAE l’ait déclaré haut et fort, d’autres organismes se rendent enfin comptent de l’inefficacité de la réforme dite “de Bologne” en ce qui concerne l’accroissement de la mobilité des étudiantes.

Rappelez-vous, favoriser la mobilité était le leitmotiv préféré de Charles Beer qui, malheureusement, sévissait déjà au Département de l’Instruction Publique. On constate donc que le seul argument “vendeur” auprès des étudiantes étaient faux.

Les autres arguments avancés alors sont d’avantage lié à la création d’un marché européen des universités et aux besoins d’une meilleure lisibilité des diplômes pour les entreprises. Ainsi, nous pouvons aujourd’hui le ré-affirmer, Bologne n’avait aucun intérêt pour les étudiantes et se résume à un cadeau fait aux milieux économiques. Après l’Union National des Étudiant-e-s Suisses et la Conférence des Recteurs des Universités Suisses en septembre dernier, c’est au tour des autorités françaises de reconnaître que Bologne n’a pas amélioré la mobilité. Mme Pécresse reconnaît même que la mobilité ne concerne qu’une minorité d’étudiantes “inité[e]s et aisé[e]s”.

Ce constat, largement répandu, est également à mettre en lien avec les recommandations émises par les autorités académiques – et autres indicateurs – qui visent à ce que seules les personnes inscrites dans un réseau européen de recherche ou ayant passé plusieurs semestres dans une université étrangère puissent faire une carrière académique.

En conclusion, la mobilité est un nouveau critère d’excellence qui ne fait que reproduire les différences socio-économiques des individus. En d’autres termes, il s’agit du nouvel outil permettant de fermer l’accès de la recherche et des professions académiques aux classes les plus défavorisés.

Catégories
Activités Actualités Politique universitaire

Projection du film: Réfutations II : universités, le grand soir

Le Groupe travail interne sur la loi sur l’université (GTLU) vous invite à la projection publique du film de Thomas Lacoste :

Réfutations II : universités, le grand soir

19 novembre 18h15, Uni Mail MR070

Ce film donne la parole à des chercheur-e-s, enseignant-e-s et syndicalistes français-e-s qui “viennent démonter les pièges d’une réforme rétrograde et rappeler quelles sont les conditions de production et de transmission d’un savoir universel accessible au plus grand nombre qui devraient guider une réforme réellement progressiste de l’Université.” Au-delà des grandes différences qui opposent les systèmes universitaires français et suisse, ce film nous montre l’étonnnante similitude des réformes menées dans les deux pays et nous permet ainsi de replacer la nouvelle loi sur l’Université de Genève dans un contexte international.

Catégories
Actualités Politique universitaire

Solidarité avec les étudiantes italiennes

Le comité de la CUAE du lundi 3 novembre 2008 a formellement décidé de soutenir les camarades italiennes qui sont entrées dans un mouvement de résistance contre une loi de régression sociale.

Nous désirons apporter l’expression de notre solidarité avec leur lutte mais également souligner que cette lutte s’exprime de diverses manières, rappelant la nécessité de quitter le champ institutionnel pour poser les termes du débat sur de bonnes bases. Ainsi, nous sommes solidaires des actions entreprises qu’elles soient légales ou non. Nous nous réjouissons des nombreuses manifestations et occupations illégales qui ont lieu, signe de la vitalité du mouvement mais aussi porteuses d’espoir sur des mobilisations futures. De manière analogue, nous nous opposons logiquement à toute forme de criminalisation de ces pratiques politiques. Qu’il s’agisse de l’Italie ou d’un autre pays : la résistance continue.

Catégories
Activités Actualités Politique universitaire

Loi sur l’université : les débats

Jeudi 6 novembre 18h30 Uni Mail R060

Table ronde « Non à une loi qui consacre le règne du fric à l’uni », organisée par le comité référendaire.

Mercredi 12 novembre 20h00 Uni Dufour U600

Débat sur la loi sur l’université organisé par la Tribune de Genève, avec la participation de la CUAE, du SSP, du rectorat et du Conseil d’État.

Jeudi 13 novembre 12h15 Uni Mail M1150

Midi de science-po sur la loi sur l’université, avec la participation de SolidaritéS et du rectorat.

Non à la loi sur l’uni le 30 novembre !

Catégories
Actualités Politique universitaire

Grève au Tessin

Le syndicat indépendant des étudiant-e-s et apprenti-e-s (SISA – sindacato indipedente stutendi e apprendisti) lance une grève pour aujourd’hui mercredi 15 octobre en réaction notamment à la décision de diminuer le montant des bourses d’études. Il y également une manifestation prévue à Bellinzone dès 11h.

Dans le cadre des luttes sociales pour la démocratisation de l’université, la CUAE apporte son soutien à ce mouvement et appel toutes personnes désireuses de lutter pour la démocratisation de l’université à relayer la mobilisation.

Le lien vers leur communiqué de presse.

Catégories
Actualités Politique universitaire Textes

Contexte politique tendu [Regard Critique n°36]

Contexte politique tendu : la gôche majoritaire au gouvernement et l’illusion d’unanimité ou comment le PS et les vertes vous font croire être les maîtres à bord pour le plus grand profit et la plus grande joie de leurs copines de droite qui ne passent même plus pour des méchantes destructrices de l’état aux yeux de l’électorat qui ne sait plus qui croire.

Vous croyiez qu’à Genève on ne fait rien comme les autres et qu’on est incapable d’avoir des politiques de compromis(sion) ? Détrompez-vous ! Au moins depuis que l’on connaît la « cohabitation » [1] on en est capable. Du coup, beaucoup considèrent à tort que quand une loi est votée par tous les partis, il s’agit d’une loi « équilibrée » [2] Voici une petite réflexion sur le contexte politique genevois et le discours dominant habituel qui tend à tout rendre technique et apolitique.

Cohabitation et compromission : un jeu « win-win [3] »

Que la gôche se compromette pour accéder au gouvernement n’est pas nouveau [4]. La seule différence c’est que pour la première fois elle gouverne en se croyant majoritaire alors que tant que le Grand Conseil est tenu par la droite elle ne le sera pas. Du coup, et ce n’est pas un scoop, le pouvoir suprême n’est pas l’exécutif mais le législatif [5]. Le PS et les vertes le savent très bien, elles ont juste fait semblant de ne pas s’en rappeler et martèlent à qui veut l’entendre qu’elles sont aux affaires. Évidemment, il y a un vrai enjeu à rester au pouvoir : ça rapporte des postes et ça permet de faire une campagne permanente grâce à la « couverture » médiatique ! La droite se tait : sa politique est appliquée par d’autres sans qu’elle ait trop à se fatiguer. C’est ce qu’on appelle un jeu win-win, tout le monde est gagnant. C’est ainsi qu’il faut comprendre l’excellente « coopération » entre les partis de droite et de gôche [6].

Les conséquences d’une telle pratique des deux « grands » partis de gôche peuvent apparaître comme graves. Depuis la « cohabitation », la politique du gouvernement ne connaît pas d’opposition au parlement… si ce n’est celle de l’extrême droite démagogue et parfois des libéraux les poussant à aller « plus loin ». Bien plus grave encore, le PS et les vertes ne manifestent plus, ne récoltent plus de signatures, bref ne contestent plus [7]. Cela donne une impression d’unanimité. Cela donne l’impression que les lois sont « équilibrées » alors que la période n’est pas au répit [8]. En résumé, on constate que ces deux partis de gôche se profilent désormais exclusivement comme des partis « gouvernementaux » habitués au pouvoir et s’habituant à avoir comme but principal la conservation de parcelles de pouvoir (et non pas la conquête du pouvoir et encore moins un projet politique de transformation de la société comme ils le prétendent à longueur d’année). Faire le constat de l’abandon du terrain politique qu’est la rue [9] ne peut que confirmer l’impression d’acceptation de la politique actuelle : les « militantes » devaient être bien fatiguées d’être dans l’opposition et contentes de devenir « membre » d’un club qui a deux conseillères d’états, et donc deux départements avec tous les postes de fonctionnaires à distribuer. Le passage de la gôche de l’opposition au pouvoir, c’est aussi la professionnalisation des partis avec tous les intérêts économiques en jeu [10]. D’ailleurs, combien de « militantes » autrefois d’extrême gôche ont pris une carte au PS à l’annonce de la possibilité d’un poste ?

La fin de la politique ou pourquoi il ne sert à rien de débattre.

Mais ne vous inquiétez pas ! Selon eux-mêmes, le PS et les Vertes sont toujours de gôche. Ce n’est pas qu’elles ont viré à droite en même temps qu’elles accédaient au pouvoir, c’est simplement que maintenant c’en est fini des luttes idéologiques. En fait, dans leur discours « idéologie » est péjoratif puisqu’il se rapporte à une page sombre de leur histoire, où les gens luttaient encore pour essayer de changer l’organisation de notre société en un système plus juste. L’idéologie, c’est bon pour les marginaux [11] ! Place au gouvernement « responsable  [12]», celui qui ne fait pas de la politique mais qui gouverne à la manière d’une manager ou d’une cheffe d’entreprise. En cela, le discours du PS et des Vertes est en tout point semblable à celui d’une libérale [13]. En l’absence d’idéologie, ou autrement dit de conception différente d’une société, il ne sert à rien de débattre des lois ou de leur pertinence. On peut y voir la fin de l’histoire ou du moins de la politique. Étant tous d’accord sur la direction à prendre (le fameux « consensus » [14]) , il ne sert à rien d’allonger les débats. Le « consensus » c’est la fin de la contestation, le début de l’acceptation du pire, ou du moins, le début de l’acceptation de la politique de « l’autre », la droite, c’est-à-dire l’acceptation par la gôche gouvernementale d’une politique intrinsèquement anti-social(ist)e sous le couvert qu’il ne s’agit pas de politique (au sens idéologique) mais de « bonne gouvernance ».

Instrumentalisation accrue des lois ou pourquoi la presse n’a plus de journalistes mais que des laquais aux services des puissantes et qu’elles sont prêtes au pire pour s’y maintenir.

Le seul débat possible, mais souvent occulté puisque les partis gouvernementaux se partagent l’élaboration des lois, est celui portant sur les mesures d’applications et les indicateurs servant à l’évaluation d’une loi. Il s’agit de choisir les « bonnes » mesures, celles qui permettent d’accroître le contrôle social et la politique de désengagement de l’état, faussement appelée politique de « responsabilisation individuelle  [15]». Il s’agit de choisir les « bons » indicateurs, ceux qui mettront le plus en évidence la « qualité » du travail effectué par tel département ou tel parti politique. Ainsi, les lois ne sont plus la solution trouvée par notre classe politique pour répondre à un problème de société mais un outil de propagande partisan. A chaque projet de loi correspond sa conférence de presse qui mettra en avant tour à tour telle ou telle conseillère d’état. Dans une telle optique, leur évaluation sert avant tout à mettre en avant la réussite que constitue telle ou telle mesure [16]. Les conseillères d’états se profilent grâce à « leur » loi – puisqu’elles se les partagent – profitant de la paresse des médias et de leur allégeance pour répandre leur propagande. On le voit bien, la politique est d’avantage déterminée par des questions de marketing que par le contenu des projets. Le timing ou la mise à l’agenda est logiquement soumis à la même règle. Elles ne font plus une loi au « bon » moment pour répondre à un problème, elles font une loi au moment « opportun », au moment où les médias ont bien préparé le terrain [17], au moment où cela assoit leur base électorale. La politique n’est plus un enjeu noble de transformation de la société – si elle l’a été une fois – mais un enjeu de conservation du pouvoir. Autrement dit, on fait de la politique pour faire de la politique, on fait des lois pour continuer à en faire, pour se maintenir au pouvoir et distribuer des places à ses copines. Dans un tel contexte, celles qui faisaient confiance ou avaient des espérances dans le jeu politique peuvent déchanter. Les élues sont prêtes à tout, à retourner leur veste comme suivre le sens du vent. Et peu importe que le vent nous mène droit dans le précipice, il faut le suivre.

Face à ce constat, il nous faut résister avec tous les moyens à disposition : C’est pourquoi la CUAE vous appelle à voter NON à la loi sur l’université ! Le 30 novembre prochain.


1. Pour rappel : Conseil d’État majoritairement de gôche (2 « Verts » et 2 « Socialistes » sur 7) et Grand Conseil majoritairement à droite (avec une belle dose d’extrême droite).

2. La loi sur l’université est un exemple récent.

3. Le jeu win-win est un type de jeu dérivé du « choix rationnel ». Dans ce type de jeu, les deux « joueurs » sont gagnants (d’où son nom « win-win ») s’ils coopèrent. Une des questions qui restent en suspens est le partage des bénéfices. Nous le verrons dans cette étude du cas genevois, dans un jeu win-win on trouve toujours une solution acceptable pour les deux « joueurs ».

4. On ne va pas refaire un cours d’histoire politique suisse mais on a, en Suisse, ce qu’on appelle la « cooptation » : T’arrive pas à faire taire ton adversaire politique ? Intègre-le au gouvernement, il fermera sa gueule et tu pourras continuer ta politique. C’est ce qu’à fait le PRD en intégrant successivement le PDC puis l’UDC et enfin le PS au gouvernement fédéral. Avant cela le PS, s’était déjà compromis dans des gouvernements cantonaux.

5. Locke, en 1690 déjà, l’avait compris.

6. La loi sur l’université nous fournit exemple récent, Bertinat (UDC) allant même jusqu’à féliciter Beer (PS) et Dreifuss (PS).

7. Nous ne parlons même pas des autres formes de contestation politique totalement étrangères aux bobos qui forment l’essentiel des membres du PS et des vertes.

8. Les lois « sociales » sont un bon indicateur. Le durcissement de l’aide sociale, l’augmentation des critères de restriction, des changements fondamentaux dans l’utilisation que l’Hospice Général fait de son parc immobilier (la perspective de gain en période où les loyers prennent l’ascenseur éclipse les besoins d’habitats des plus pauvres), la criminalisation des contestations politiques, les restrictions du droit de manifester sont autant d’exemples de comment le contrôle social s’accroît dans différents domaines. Les conseillers aux états de gôche l’ont tous très bien compris et appliquent, chacun dans son domaine et département respectif, la consigne à la lettre.

9. Parce que c’est dans la rue qu’on manifeste et qu’on récolte des signatures, son abandon signe l’arrêt d’une politique d’opposition. Désormais, le PS est les vertes se contenteront du 1er mai et c’est déjà bien suffisant ! (Nous, nous préférerions qu’elles ne viennent plus puisque c’est sensé être la fête du travail et des travailleuses et non l’apologie de la compromission avec le patronat.)

10. Ueli Leuenberger, nouvellement élu président du parti national des vertes, a d’emblée annoncé la professionnalisation du parti comme un de ses objectifs.

11. Comprendre les communistes, l’extrême gôche et la CUAE.

12. Une fois de plus, l’utilisation d’un tel terme n’est pas anodin. Un peu à la manière de « l’autonomie » de l’université qui s’oppose à « dépendance » et « soumission », un gouvernement « responsable » s’oppose à un gouvernement… « irresponsable ». Traduction : ceux qui croyaient qu’une fois au pouvoir elles allaient l’utiliser pour faire passer un programme politique se trompent ! Une fois au pouvoir, la gôche se « responsabilise », elle fait passer le programme de la droite à sa place. C’est ça la « bonne gouvernance ».

13. Toutefois, ne vous méprenez pas ! Même si les libéraux vous semblent tenir des discours très idéologiques avec ses théories néo-libérales du désengagement de l’état et de marchandisation de l’ensemble de la société sans restriction (sauf peut-être la justice mais même ça ils n’en sont pas sûr); le néo libéralisme n’est plus une idéologie c’est « la réalité de notre temps ». Ainsi, personne n’oserait affirmer que les libéraux ont une posture idéologique. Non, lui, eux sont « bien ancrés dans notre époque » en nous proposant des mesures extrêmement conservatrices.

14. Désengagement de l’état, mise en concurrence des services publiques sur la base de ce qui se pratique dans le secteur privé et accroissement du contrôle social.

15. Et d’ailleurs on voyait fleurir en période électorale sur les espaces d’affichage publique le slogan « libre donc responsable » qui était alors l’apanage d’un parti de droite. Ce slogan, qui ne nécessite aucune explication et ne souffre d’aucune critique possible, est aujourd’hui repris par la gôche gouvernemental. Qui oserait être contre la liberté et la responsabilité individuelle ?

16. L’évaluation de la « performance » des offices privés de placements de chômeurs est un bon exemple. On occulte plusieurs indicateurs importants pour permettre aux expertes de conclure que « toute chose étant égale par ailleurs » – ce qui en l’occurrence ne l’était pas – les offices privés trouvent plus rapidement du travail aux chômeuses. Sans non plus se soucier du « bien-être en emploi » (quel oxymore !) ou de l’adéquation entre les aspirations des chômeuses et la place trouvée. D’une manière générale, les milieux académiques sont complices puisqu’on retrouve de nombreuses professeures parmi les expertes.

17. Comme pour les chiens dangereux, un problème devenu urgent et important au fur et à mesure que sa « couverture » médiatique occupait les laquais de la Tribune de Genève.

Catégories
Actualités Politique universitaire Textes

Autonomie mon cul! [Regard Critique n°36]

Autonomie mon cul !

Ou comment l’indépendance académique est sacrifiée par la classe dirigeante pour mettre l’université au service des intérêts du capitalisme.

Pour les signataires de la déclaration de Bologne, les objectifs de celle-ci devaient être réalisés « en respectant pleinement […] l’autonomie des universités. » Par un curieux retournement de sens dont sont coutumiers les fossoyeurs-réformateurs de l’université [1], l’autonomie n’est plus aujourd’hui une caractéristique déjà acquise et qu’il convient de protéger, mais au contraire un but que chacune devrait viser, et que la nouvelle loi nous promet d’atteindre, le rapport des expertes autoproclamées Dreifuss et consorts se sous-titrant sans rire Une Université autonome et responsable.

Cette nouvelle autonomie qui resterait à acquérir ne peut donc correspondre à la liberté académique, qui visait à préserver autant que possible la recherche académique des interférences d’autres champs, notamment économique et politique [2]. Ceci ne fut bien entendu jamais une réalité absolue, mais restait néanmoins proclamé par les universités et les scientifiques comme un bien non négociable. Aujourd’hui, la lecture de la presse de l’ennemi de classe à l’occasion de la nomination d’une professeure de HEC conduit à un tout autre constat. Sous le titre « Crédibilité renforcée », on se félicite en effet que « le rectorat de 1’Université de Genève [veuille] renforcer son image auprès des professionnels de la finance. »[3] Évidemment, aucune allusion à la recherche ou à un quelconque progrès scientifique possible. Il s’agit ici de rassurer les investisseurs, au moment ou l’université s’apprête à recourir de plus en plus largement aux fonds privés.

La nouvelle loi sur l’université prévoit que « L’Université recherche activement des sources de financements complémentaires, publics, institutionnels et privés. »[4] La logique qui prévaut à l’attribution des fonds privés est ici celle des profits envisagés par les entreprises pourvoyeuses des fonds. Elle est à peine différente du côté des fonds institutionnels, vu le noyautage du fonds national pour la recherche scientifique par le lobby de l’économie et les résultats visibles sur l’attribution des pôles nationaux. Quant aux financements complémentaires publics, on attend impatiemment que les auteurs de cette phrase daignent nous expliquer ce qu’ils entendaient par là… Cette manière de faire dépendre le financement d’un projet, en tout ou en partie, d’acteurs situés hors du champs de la recherche académique, permet d’imposer de l’extérieur à la fois les questionnement des scientifiques et, en règle générale, les réponses que ceux-ci vont y apporter.

La fin de toute prétention à une organisation démocratique de l’université est également consacrée par la nouvelle loi. Une assemblée de l’université aura l’immense privilège de pouvoir donner des préavis ou des recommandations à la rectrice souveraine qu’elle se sera donnée. On imagine sans peine que les débats devraient s’élever au niveau de la discussion de bistrot, avec les mêmes conséquences pour l’avenir de l’institution, vu l’attention que le rectorat actuel accorde habituellement aux procédures de consultation quand celles-ci ne se contentent pas de légitimer sagement sa politique [5]. On préférera naturellement se référer au comité d’orientation stratégique, sorte de proto-conseil d’administration prête à servir les ambitions de développement du rectorat, ou aux recommandations de l’assurance-qualité [6], experte à imposer comme norme indiscutable les revendications du champ économique.

L’université doit donc se mettre « au service de la cité ». Inutile de préciser que ni la mission d’enseignement ni la recherche fondamentale ne sont considérées par les décideurs économiques comme un service rendu à la société. Cette position est également suivie par leurs laquais, politiciennes ou cadres de l’université. En revanche, on insiste sur le rôle d’expertise que doit jouer l’institution et sur l’importance de « [la réactivité] dans un environnement soumis aux défis de la mondialisation » pour pouvoir toujours suivre le vent dominant du moment et attirer un potentiel « Rolex Learning Center. » [7]. Cette stratégie nécessite naturellement un effort de communication. On continuera donc à former les étudiantes dans des conditions d’encadrement indignes, tout en développant le service de presse du rectorat pour assurer une propagande efficace et se complaire dans l’autosatisfaction.

L’autonomie proclamée par les partisans de la nouvelle loi sur l’université n’est donc en définitive qu’un trompe-l’œil destiné à camoufler les véritables intentions des classes dominantes : mettre fin à tout effort en faveur de la démocratisation du savoir, pour remettre l’université à la place que lui assigne le nouvel ordre économique : formation d’une main d’œuvre à bon marché et sous-traitance des besoins de l’économie ou de ce qui reste de l’État. Pour la défense de l’indépendance académique, d’une véritable démarche scientifique et de la liberté de se poser des questions hors de la pensée préformatée, il est indispensable de refuser la loi sur l’université.

1. Il suffit de penser à ce que peuvent signifier la qualité, la coopération et la concurrence, ou encore la gouvernance dans le langage de l’idéologie néolibérale dominante. Voir à ce sujet Christian de Montlibert, « La réforme universitaire : une affaire de mots », in Le cauchemar de Humboldt, Paris, 2008.

2. Historiquement, la liberté académique devait préserver l’université de l’influence de la sphère religieuse.

3. « Crédibilité renforcée », in Private Banking, 1er septembre 2008.

4. Art. 20, al. 2.

5. Voir l’article à ce sujet dans le n° de Courants « Spécial CDE » ou sur le site de la CUAE.

6. Au sujet de de l’organe d’accréditation et d’assurance qualité (OAQ), on peut se référer au Regard critique n°30, « Spécial 21 mai », disponible sur le site www.cuae.ch.

7. Courrier des lecteurs du député Patrick Saudan, Le Temps, 26 août 2008.

Catégories
Politique universitaire Textes

Les taxes à l'IHEID: Un avant-goût de l'autonomie dans la gestion? [Regard Critique n°36]

L’Insitut des Hautes Études Internationales est bien connu dans notre canton et voudrait l’être dans le monde. Il se glose, surtout en la personne de son directeur M. Philippe Burrin, d’être de « niveau international » et de prôner « l’excellence ». A ce titre, il pratique en toute illégalité des taxes de 3’000.- par an pour les étudiantes de Masters – 5’000.- pour les étudiantes étrangères, ce qui pourrait être interprété comme un manquement aux accords bilatéraux. Heureusement, une courageuse étudiante soutenue par la CUAE a fait recours.

Philippe Burrin suggère que les étudiantes ne peuvent pas comparer la qualité des enseignements entre les universités (« l’offre » dans le langage de M. Philippe Burrin) sans qu’une hausse massive (x 3 à x 5) soit instaurée.1 Au delà des inepties proférées par Philippe Burrin, aujourd’hui, plus de 3 mois après le dépôt du recours, force est de constater que la «Commission des oppositions » ainsi que le « Collège des professeur[e]s», à qui Philippe Burrin a transmis la lettre d’opposition, n’ont pas pris la peine d’étudier le cas ou, plus grave encore, n’ont pas pris la peine de communiquer une réponse à la recourante. Cette attitude est particulièrement significative du comportement que Phillipe Burrin a décidé d’adopter sur cette affaire, d’autant plus que l’IHEID a probablement les ressources nécessaires afin d’étudier la question puisque de nombreuses professeures y prodiguent des cours de droit. N’y a-t-il donc pas une juriste compétente à l’IHEID ?

Constatant un manquement à la loi (art. 63 al. 1), nous demandons au Conseil d’Etat (responsable de la surveillance suivant l’art 9 al. 1 et al. 3 de la loi sur l’université) de prendre ses responsabilités et que M. Charles Beer en tant responsable du Département de l’Instruction Publique veille à la bonne application de la loi. Dans l’attente de changements rapides dans la gestion de l’IHEID et de la réparation pécuniaire des personnes lésées, nous resterons vigilant à ce que M. Charles Beer prenne enfin la peine de s’occuper des affaires qui le concernent et nous espérons qu’il ne s’agisse pas là d’un avant goût de la nouvelle loi sur l’université tant au sujet des taxes que de la démission des responsables politiques.