No TAV à l'espace autogéré Le Nadir

Dans le cadre de « La glace est fine » – Cycle de conférences sur les luttes sociales d’hier et d’aujourd’hui

RENCONTRE AVEC LE MOUVEMENT NO TAV

Cela fait 20 ans que, dans le Val de Suse, de nombreux collectifs et habitant-e-s se battent contre la construction d’une ligne TGV reliant Lyon et Turin.
Nous avons l’honneur d’accueillir, le 7 mars, quelques personnes venant du Centro Sociale Askatusana de Turin qui nous présenteront le livre « A sara dura » – un essai d’analyse des spécificités du mouvement – et qui nous parleront de la lutte No TAV.

Jeudi 7 mars 2013 à 18h à l’espace autogéré Le Nadir (8-10 passage Baud-Bovy – en face d’UniMail côté parc)

On se réjouit de vous voir nombreuses!

Suit un extrait du livre autour duquel va s’articuler la discussion :

Ce n’est pas par principe, mais pour la vie et l’existence même d’un territoire, dans la Vallée de Suse on se mobilise depuis plus d’une décennie pour empêcher la construction d’une ligne ferroviaire à Grande Vitesse. Il s’agit d’une communauté qui a consolidé un mouvement de masse ; en même temps la lutte no tav est en train de transformer cette communauté. Sont récoltés et présentés ici des réflexions et des vécus qui essaient de raconter cette expérience. Nous voulons faire connaître le mouvement en l’observant depuis l’intérieur et en même temps raisonner sur les difficultés et les possibilités futures. Au Val de Suse, il est en train de se passer quelque chose de nouveau et d’inattendu. En contraste avec ce qu’imposent les médias, les partis politiques, les forces de l’ordre, les milieux économiques, les PDG des entreprises, les coopératives de construction et le pouvoir judiciaire, un mouvement de masse grandit, lutte et, initiative après initiative, consolide la conscience de pouvoir gagner. Il s’agit d’un processus subversif car il change les attentes, les comportements ; il concrétise une nouvelle légitimité et instaure des rapports de force différents.

Certains protagonistes de ces luttes prennent ici la parole, comme dans une assemblée, et interviennent sur la spécificité et les perspectives d’un mouvement qui projette et construit en tant que tel une coopération sociale différente. Ce sont des liens humains, sociaux et politiques qui s’enracinent dans la population d’un territoire, dans le but de construire et de diffuser une opposition vivante et mobilisatrice. Croyances, expériences, savoirs, science « autre », connaissance antagoniste et résistance populaire se mélangent construisant ainsi une nouvelle culture partisane qui fait monter en puissance la lutte et la motive ; ces modes de raisonner et d’être ensemble définissent un point de vu collectif qui sait s’opposer, tenir et mûrir. L’opposition est nette, définie et organique. Elle cimente une unité effective d’intentions qui lie et implique des subjectivités qui peuvent être très différentes – celles-ci cohabitent, se respectent et se soutiennent en trouvant une possibilité pour s’exprimer et se confronter, se définir avec plus de solidité – ceci constitue la force du mouvement qui de cette manière s’est élargi et s’est donné de la continuité. C’est justement grâce à ces caractéristiques que le conflit no tav inquiète ceux qui se considèrent être les patrons des institutions. En effet le conflit social est considéré par ces derniers comme un cancer à isoler et à anéantir car sa diffusion propose une alternative réalisable au système de domination actuel qui, pour garantir des grands profits à quelques-uns, ne développe rien d’autre que crise, appauvrissement et destruction insensée des ressources collectives. Pour les populations du Val de Suse, la persistance du conflit social génère une possible alternative concrète et construit une richesse différente : la formation d’une subjectivité antagoniste enracinée et massifiée. Cette dernière devient un point de repère et une proposition pour un nouvel agir social et politique. Il construit une nouvelle destinée.

Nous présentons dans ce livre un parcours in-conclu, nous pourrions même dire que nous sommes encore aux prolégomènes d’une recherche artisanale, qui se différencie et réagit contre les usines, contre les entreprises institutionnelles qui produisent de la information-marchandise-, de la connaissance-marchandise, et de la science-marchandise afin de supporter des logiques de consensus envers le système, envers l’accumulation d’argent et de privilèges. On propose de commencer des activités pour la construction de savoirs utiles pour une transformation radicale de l’existant. Il s’agit de produire les armes nécessaires pour pouvoir bouger et combattre politiquement dans le territoire social. Ce sont des textes in-conclus qui ont l’ambition non seulement d’être lus, mais d’être utilisés par toute personne qui pense ou rêve d’un monde différent de celui modelé par le capitalisme. Ce sont des raisonnements collectifs pour donner des outils à manier, utiliser, critiquer et perfectionner, pas pour attirer, pas pour faire de la propagande ou pour faire de l’exhibition d’ une culture.

Théorie pour et dans la praxis.